Žižek, de qui, de quoi, le cinéma est-il fait ?
Bienvenue dans le monde de Žižek (que les lecteurs de Trafic connaissent bien). Drôle, insaisissable, provocant, critique, sceptique, féroce à contresens (lorsqu'il nous affirme que Deleuze et Foucault sont pervers), provocant (Alexandre Kojeve présenté comme un espion soviétique et non comme l'homme qui a fait connaître Hegel en France), lacanien, aussi incorruptible que dans un film de Brian De Palma, surnommé « Marx Brother » par le New York Times, Slavoj Žižek (prononcez JiJek), philosophe et psychanalyste, est aussi un globe-trotter du cinéma. Il se moque, dans un style hilarant, de l'obscurantisme de la séquence…
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Commençons par l'énigme du trimestre. Bonnets noirs et bonnets blancs, l'article de Mark Rappaport n'a rien à voir, rassurez-vous, avec la célèbre phrase d'un homme politique, à l'accent rocailleux, vis-à-vis de ses collègues : « C'est bonnet blanc et blanc bonnet ». Point du tout. Il s'agit des dessous de Janet Leigh dans Psycho (1960) d'Alfred Hitchcock. Le maître planifiant, dessinant sur storyboard, ses films, plans après plans, Rappaport s'interroge sur la couleur des dessous de Marion Crane (Janet Leigh). Le film étant en noir et blanc, pourquoi porte-t-elle – avant d'être assassinée dans sa douche – un soutien…
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Le livre de Marguerite Duras qu'illustre le film aurait dû obtenir en 1950, lors de sa parution chez Gallimard, le prix Goncourt. Il ne l'obtint point, mais eu du succès. Au point que huit ans plus tard, René Clément l'adapte au cinéma : Un Barrage contre le Pacifique (Diga sul Pacifica) produit par Dino de Laurentis avec Silvana Mangano et Anthony Perkins.
Cinquante ans plus tard, Rithy Panh reprend Un Barrage contre le Pacifique, au Cambodge, près de Kampot, à l'endroit même où Marguerite Donnadieu, dite Duras, a passé son adolescence avec sa mère et son frère Joseph. La mère, Marie Legrand, épouse Donnadieu, fille de paysans du Nord-Pas de Calais en…
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Palme d'or à Cannes en 2008, Entre les murs de Laurent Cantet nous présente un monde intra muros dans lequel vingt-quatre élèves et un prof de français se lancent dans l'épopée d'un langage oral et écrit.Venant d'un kaléidoscope de cultures et de niveaux scolaires différents, les élèves de la classe du collège Françoise Dolto, un petit collège ZEP (zone d'éducation prioritaire) passent du classicisme français aux vannes qui fusent de partout.Le scénario de François Bégaudeau (qui joue François Marin, le professeur, tout en ayant écrit un roman tiré de son expérience d'enseignant),…
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Film événement, "buzz" 2009 bardé de prix aux Golden Globes, aux Bafta (Oscars britanniques) et aux Oscars 2009, énorme succès public à sa sortie en salles, on se devait de retrouver Slumdog Millionnaire à la rentrée dans les sorties DVD de tête de gondole. C'est chose faite pour Cinéart, qui nous propose une version simple, bon marché, mais quasi exempte de bonus, et une version double DVD, plus fournie et plus éclairante.
Le film de Danny Boyle n'a pas laissé grand monde indifférent. Il y a ceux qui l'ont encensé, et ceux qui l'ont détesté. Ceux qui y voient l'émergence du cinéma des années 2010 et ceux qui n'y trouvent…
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La longue marche
Lorsque Steven Soderbergh présente au festival de Cannes son imposante monographie sur Che Guevara, il la veut d’un seul tenant. Une projection de 4h26, à peine interrompue par un quart d’heure d’entracte. Aux Etats-Unis, ce marathon s'est répété dans les circuits d’Art et d’Essai. En Europe par contre, les distributeurs ont imposé plus sagement l’option d’une exploitation en deux parties d’un peu plus de 2h chacune. Préférence confirmée avec la parution conjointe, étonnamment rapide (quelques semaines à peine après l’apparition en salle de la seconde moitié, Guérilla), de deux DVD séparés. N’en…
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Derrière les collines, cette nuit qui nous guette
Avec trois longs métrages, Les enfants de l’amour (2001), Vidange perdue (2006) et Happy Together (2007), Geoffrey Enthoven s’est déjà fait une sacrée réputation (et le chœur de notre rédaction le confirme) d’auteur intelligent amateur de sujets plus ou moins difficiles, tendus sur le fil du rasoir d’un humour caustique. Alors, nous nous demandions ce qui allait lui arriver, là. C’est qu’on les connaît, désormais, les productions d’A Private View. Non pas qu’il s’agisse de mauvais films, loin de là…
Depuis plus de quinze ans, Jean-Claude Van Rijckeghem, scénariste,…
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Objet flottant doucement identifié
Premier long métrage, seul film belge en compétition officielle au Festival Européen de Bruxelles, Somewhere between here and now a débarqué comme ça, sans distributeur, autoproduit, venant un peu de nulle part, petit ovni un peu tremblant sur ses quilles fragiles. Accueilli chaleureusement, il a reçu le prix Prime Télénet du Meilleur film, un prix décerné par le public qui lui garantit sa diffusion.
Modeste et simple, Somewhere between réussit peut-être à toucher et émouvoir parce qu’il assume clairement ses ambitions, son propos et ses fragilités. Peut-être aussi qu’il creuse, sans vouloir les résoudre,…
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Somewhere between here and nowInterview d’Olivier Boonjing, Olan Bowland et Jean-François Metz
Un pour tous, et le reste suivra
Qui sont-ils, ceux-là qui sont partis à l’aventure d’un premier long métrage autoproduit et réalisé presque en catimini ? Au générique du film, trois noms – rien que ça - pour la photographie. Le premier, Olivier Boonjing porte le film puisqu’il signe aussi le scénario et la réalisation, mais si l’on fouille plus loin le générique, il est aussi à la production, au son, au montage, à la postproduction… Et Olivier nous fait remarquer que c’est plutôt courant, qu’au générique…
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Allumez le feu !
Calvaire, le premier long de Fabrice du Welz, nous avait épatés par son jusqu'au-boutisme et son côté radical. Quand notre homme nous avait appris qu'il emmenait Emmanuelle Béart et Rufus Sewell au plus profond de la jungle thaïlandaise, à la frontière birmane, pour un voyage halluciné aux confins de la folie et de la mort, toutes nos antennes de critiques, de cinéphiles et de passionnés se sont braquées sur son Vinyan. On brûlait d'impatience, et la découverte avait été à la mesure du plaisir de l'attente. L'ami Gregory Cavinato pouvait parler de « pur cinéma ».Le cinéma qui va au…
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La première difficulté qui se pose à l'heure de tracer un panorama du cinéma expérimental en Belgique est celle du terme. Underground, cinéma radical, abstrait, de recherche, d'avant-garde, d'artiste, marginal, non-narratif, non-figuratif, documentaire créatif, indépendant, non-commercial, cinéma différent, pur... Si la question « qu'est-ce le cinéma expérimental ? » n'a jamais de réponse(s) facile(s), la question « qu'est-ce le cinéma expérimental belge » est encore moins évidente ? Certes, la notion d’« expérimental » est relative, comme bien d'autres d'ailleurs : cinéma…
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1. Archives cinématographiques et numériques
La question agite notre CINEMATEK, mais aussi les cinémathèques du monde entier : le numérique est-il fiable pour sauver les milliers de films que nous conservons depuis que Henri Langlois et Georges Franju, dans les années 30, ont décidé de sauver les vieilles bobines de la jungle de la marchandisation ? Après avoir paré au plus pressé, être passé du nitrate à l'acétate, avoir restauré la dépréciation des films en couleurs, le numérique est arrivé, tel Zorro. Mais permet-il l'inscription d'un film sur un support que l'on maîtrise ? Le fait que le numérique ne cesse d'évoluer…
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Regards sur les cinémas chinois
Bien que de régimes politiques et de particularismes régionaux différents, la Chine continentale, Taiwan et Hong Kong sont, depuis plus de soixante ans, les trois pôles du cinéma chinois. Il y a donc, comme le souligne Pascal Lorot dans l'éditorial du passionnant numéro 17 de la revue Monde Chinois, une pluralité que ce dossier consacré au cinéma met en avant.Depuis toujours, Hollywood est le soft power de l'influence du rayonnement et du prestige des Etats-Unis dans le monde. Pour Lorot, il n'y a pas de grand peuple sans une forte culture. Mieux, « le cinéma est un instrument du soft power car il permet de construire…
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Raphaël Nadjari, que les cinéphiles connaissent bien depuis la présentation à Berlin et à Cannes d'Avanim et de Tehilim vient de réaliser une histoire du cinéma israélien diffusée au mois de mai sur Arte et et qui sort actuellement en DVD, en deux parties : 1932-1976 (1h43) et 1978-2007 (1h46). Né en France, Nadjari se distingue dés un premier long métrage, réalisé à New-York, The Shade, une adaptation d'Une Femme douce de Dostoievski (la version de Robert Bresson nous a fait découvrir Dominique Sanda).
D'innombrables extraits de films font découvrir un cinéma peu connu si cen'est par son aspect le plus contemporain mais aussi…
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Ana, simplement femme
Mystérieuse, attirante et répulsive, la femme est souvent pour le mâle, objet d’idolâtrie ou de désir jusqu’à la possession, voire la destruction. L’oiseau libre, la colombe, image de la puissance du savoir et de la sagesse, peut se faire lâchement massacrer par les rapaces envieux de son insouciance, imposant crainte et barreaux de prison par nécessité de toute puissance.
Caotica Ana est l’hommage d’un homme à la femme, à sa beauté, à sa force et à ses souffrances, comme seul un frère amoureux peut rendre à son être complémentaire, libéré du désir de détention, simplement admiratif…
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