Panique à l’abattage.
Dans le paysage sombre et désespéré que nous propose le court-métrage belge d’animation actuel et où se décline sur tous les modes graphiques et souvent avec talent l’expression d’une faillite existentielle faite de solitude et de renoncement, l’apparition de Paola Poule Pondeuse de Louise-Marie Colon fait l’effet d’un cocorico tonique et joyeux, bouffée d’oxygène pleine d’humour et de pertinence.
Soulignons avant toute chose qu’il s’agit là d’un travail d’atelier qui sous la houlette éclairée et complice de Louise-Marie Colon réunit un groupe d’enfants de deuxième primaire particulièrement…
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L’ancienne école vétérinaire d’Anderlecht semble plaire aux repéreurs belges. Quelques mois après que la RTBF et TF1 aient posé leurs caméras pour Françoise Dolto, le désir de vivre avec Josiane Balasko, c’est le film My Queen Karo de Dorothée van den Berghe (Meisje) qui s’y est installé pour la partie belge d’un tournage bouclé à Amsterdam.
L’histoire relate la vie d’une famille dans un squat, au cours de la période hippie, sous le regard de Karo, une jeune fille qui mène une existence insouciante dans cette utopie pour adultes, où se partagent argent, sexe et idéaux. Et où, on l'imagine, il n'est…
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Lady Boy
« En Belgique, un des problèmes du cinéma est, selon moi, qu’il n’y a plus de comédies populaires. En tout cas depuis Dikkenek en 2006 au moins, et encore, elle a été refusée partout avant qu’un Français, Luc Besson, ne la produise ! » C’est avec ce constat en tête que le réalisateur, Joël Warnant, a voulu tourner Lady Boy, qu’il présentera au marché du film de Cannes en mai, avec la ferme intention d’y trouver un distributeur. Une entreprise tout à fait réalisable compte tenu du casting de cette fiction 100% belge : on citera entre autres Jean-Luc Couchard, Renaud Rutten, Antoine Vandenberghe, Eric Godon, ou Noël Godin. Et en « guest »,…
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Un certain art du portrait
En 1987, Jean-Noël Gobron réalisait Portrait de mon père aquarelliste, film documentaire attachant et sensible où il interrogeait avec bonheur la démarche de peintre de son père. Il nous rendait proche un univers pictural fait de passion et d’intelligence et réussissait un portrait singulier en conjuguant les aquarelles et les courts récits autobiographiques de son père comme une seule et même parole.
C’est au détour d’un récit paternel, dans le creux charnel d’un tableau, que surgissait la figure de la mère, personnage énigmatique et comme légèrement effacé mais qui laissait entrevoir une zone d’ombre amoureuse, intrigante…
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« Semer des graines, arroser, récolter » et picorer !
À Anima, J’ai faim, qu’on découvrira bientôt à Annecy où il est sélectionné, coordonné par Louise-Marie Colon avec Delphine Hermans, nous avait ravis. Mais c’est Paola, la poule pondeuse, coordonné cette fois avec Quentin Speguel, qui chavira nos cœurs et emporta notre adhésion. D’une part, le film détonnait par rapport au panel plutôt déprimé que le court métrage belge nous présentait. Il était gai, joyeux, enlevé et drôle. D’autre part, il réinventait, à sa façon naïve et fraîche, une position politique…
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Il y a cinquante ans déjà, sur l’initiative de l’inventif conservateur de la Cinémathèque royale, Jacques Ledoux, l’année 1949 s’affichait sous le signe d’un cinéma qui se voulait différent. A l’instar de la nouvelle CINEMATEK, ce festival avait déjà amputé quelques lettres à son nom et adopté la majuscule : festival EXPRMNTL.…
Cette année, l’asbl Vidéogr@phie(s) à Liège a tenté de renouer avec cette belle initiative. La première édition du Festival EXPRMNTL [21] s’est donc tenue du 18 au 20 mars au cinéma Sauvenière et aux Chiroux. Pourquoi Liège ? Parce que c’est une ville qui…
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Séraphine, le film de Martin Provost, a remporté, avec brio, 7 statuettes lors des Césars 2009 : meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario, meilleure musique, meilleure photo, meilleurs costumes, et meilleurs décors. On aurait pu y ajouter le meilleur son (par notre compatriote Philippe Vandendriessche)
1912, Wilhem Uhde, un collectionneur allemand qui a découvert les peintures de Picasso, du Douanier Rousseau, passe ses vacances à Senlis, non loin de Paris, avec sa sœur. C’est là qu’il découvre que Séraphine, sa femme de ménage, peint dans le plus secret. Sans cesse à la recherche de nouveaux talents, intrigué, il remarque qu'elle travaille sur du bois plutôt…
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Meilleur film de l'année 2008 pour les lecteurs des Cahiers du cinéma, Le silence de Lorna connaît une seconde vie grâce à son édition en DVD. L'occasion de revoir ou de découvrir le meilleur film des Dardenne.
Lorna (Arta Dobroshi), jeune Albanaise, épouse Claudy Moreau (Jérémie Renier), un jeune Belge héroïnomane afin d'accéder à la nationalité belge. Un mariage blanc qui permet à Lorna d'espérer obtenir un snack avec son amoureux secret. Claudy ignore que Lorna a passé un deal avec Fabio (Fabrizio Rongione), un mafieux dont la spécificité consiste à organiser de faux mariages contre de rondelettes sommes d'argent.…
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En réalisant, l'Empire des sens, une ode à l'amour fou (amour +sexe), le premier film « pink-eiga » hardcore, en 1976, Nagisa Oshima a révolutionné un genre qui, porté à son apogée, produisait, au Japon, 100 films par an. Le triomphe mondial de l'Empire des sens a propulsé Nagisa Oshima hors d'un Japon scandalisé qui le poursuivra via la justice jusqu'en 1982, année de son acquittement.Jusqu'à cette date, le film fut mutilé et flouté comme Eyes wide shut de Stanley Kubrick aux USA.Dans son propre pays, Oshima n'était pas à son premier coup d'éclat. En 1960, critiquant l'académisme des cinéastes dépendants…
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Partager l’univers singulier d’Abel et Gordon n’est jamais une expérience ordinaire. C’est un voyage dans un pays étrange où tout peut arriver. À chaque coin d’image, l’humour loufoque se collète avec une poésie de Pierrot lunaire. Dans des décors composés avec une précision de maquettiste, aux couleurs vives et pleines comme les aiment les enfants, des personnages décalés et maladroits se débattent avec un quotidien malicieux qui s’ingénie à leur mettre des bâtons dans les jambes. Chez Abel et Gordon, c’est le corps qui parle. Le plan fixe met les mouvements en évidence, les longs plans séquence leur permettent de s’exprimer… Lire l'article
Jan Bucquoy s’en va. C’est terrible, mais c’est comme ça. Tournant le dos à une Belgique qui n’en finit pas de se déconstruire jusqu’à l’absurde de son point final, il a choisi l’exil sans le royaume, emportant avec lui cette certitude que l’esprit belge est exportable.
Salut en de kost
Avant que vogue la galère et que tremblent, ailleurs, les garants de l’ordre établi et autres ganaches du pouvoir, Jan Bucquoy fait le point grâce à la complicité de la galerie 100 titres qui lui consacre une rétrospective portant sur quarante années d’iconoclaste subversion.De 1968 à 2009, de l’année érotique à l’année du rat,…
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Corridor sort, en dvd, le long métrage de fiction d’Alex Stockman, Verboden te zuchten / Le pressentiment. Film d’un noir pessimisme, on y retrouve cette tradition du réalisme fantastique propre au cinéma flamand. Il rappelle, par bien de ses qualités, L’homme au crâne rasé d’André Delvaux qui en est un exemple particulièrement réussi.
Naufrage existentiel
Joris un jeune homme de 26 ans, lunaire et décalé, sorte de Buster Keaton postmoderne au regard absent et pourtant étonné d’être là, décide de quitter Bruxelles alors que se termine sa relation amoureuse avec Valérie. Au moment de prendre son train, sous le coup d’une émotion qu’il…
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Elle est formidable, exceptionnelle, fantastique, étonnante, intense, magnifique, pharamineuse. Qui ? Prodigieuse, remarquable, sublime, unique… Oui, oui, oui, mais qui ? Sandrine Blancke, of course, irréprochable de précision et de vérité. Sitôt sortie de Toto le héros de Jaco Van Dormael (Caméra d'or au Festival de Cannes en 1991), elle explose à nouveau, chez Aline Isserman dans l'Ombre du doute (1992), sauvant un film qui joue avec le feu. L'Ombre du doute, un film dans lequel Alain Bashung (Victoires de la musique 2009) et Mireille Perrier (Toto le héros), sobres et efficaces, apportent tout leur talent à une drôle d'histoire, nous confie le drame de la pédophilie…
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Garrel encore et toujours
Trois textes issus du journal intime de Philippe Garrel1. La frontière de l'aube, le dernier film de Philippe Garrel, fait l'objet d'un article de Fabrice Revault, (directeur de l'excellente collection Côté films chez Yellow Now, à Liège) intitulé, Rien n'est oublié. La Frontière de l'aube est-il un film sur la hantise de l'amour, un thème qui, chez Philippe Garrel, n'est pas que fictionnel ? Dans tous ses films, le cinéaste laisse des traces de son vécu, de l'amour et de la passion qui l'emportent au-delà de la mort de ses amis (Nico ou Jean Seberg). Son atout : des films nés de cette nécessité intérieure…
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Wes movies
Nous l'avons découvert avec La Famille Tanenbaum (2001), il nous a surpris avec La Vie aquatique (2004) et nous a emportés avec l'époustouflant À Bord du Daarjeling Limited(2007) que nous avons vu et revu. Wes Anderson, le réalisateur de ces trois films, est le plus européen des cinéastes américains, un genre qui, depuis la chute du Nouvel Hollywood, semblait avoir disparu.
Admiré par Scorsese, considéré comme l'un des meilleurs réalisateurs de la nouvelle génération des cinéastes américains par Coppola, qui est donc cet hurluberlu qui collectionne, avec un humour sans failles, les névroses familiales dans un monde peuplé de personnages…
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