«Mais qu'est-ce qu'elle est chiante !» répète Jacky Beroyer en levant les yeux face à la caméra. Avec son premier film déjà - Le Bouton rouge primé au festival Climax 1998, embryon de Oh ce court ! - Marc-Olivier Picron brouillait les images des écrans de surveillance et mélangeait humour et science-fiction dans un climat de tension (électrique) à la limite de l'étrange et de l'absurde. L'univers de Marcus ne change pas, et La Télévision refuse de s'éteindre.
Déposée par le Père Noël dans l'angle mort du petit salon d'un vieux couple, elle laisse d'abord de marbre le taiseux et taciturne mari soupirant…
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Les caprices de Marianne
Nous sommes à Laeken, à une portée de flèche de l'Atomium, rue Gustave Gilson, dans un appartement transformé en studio. Toutes les fenêtres ont été occultées pour permettre aux mandarines et boîtes à lumière d'éclairer la scène à huis clos qui se déroule sous nos yeux. Il fait une chaleur étouffante, tout le monde transpire, les tee-shirts mouillés ressemblent à celui de Steve Mac Queen dans les Sept mercenaires de John Sturges. Seuls Marianne (Chantal Descampagne) et Jules (Marcel Dossogne), le couple attablé, que filme l'équipe avec une caméra Aaton S16, semblent imperturbables et frais sous…
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Bxl-Minuit commence là ou il aurait pu se terminer. Barbara et Paul, son amant, se croisent sur des escaliers mécaniques chacun roulant en sens inverse. Barbara est amoureuse du garçon et heureuse jusqu'à ce qu'elle découvre que celui-ci la trompe avec plus cruche qu'elle (ça fâche davantage). Elle erre comme une âme en peine dans la ville à pieds, en métro et en taxi. Tout au long de la nuit, elle se remémore (à l'aide de trois de flash backs) ses moments de bonheur avec l'amant volage (Lacan précise : « la pulsion libidinale est centrée sur la fonction de l'imaginaire »).
Un jeune mec lui pique son sac dans une boîte où elle…
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Le niveau de la compétition était très élevé, on l'a déjà dit, et au rayon des films bredouilles, on ne peut que conseiller vivement Joyeux Noël, Rachid, le nouveau film de Sam Garbarski (La Dinde), à la fraîcheur de l'enfance.
Rachid et son compagnon de jeu sont musulmans, l'un est arabe, l'autre noir, comme quoi ! D'ailleurs, en cette période de Noël, ils regardent avec le même émerveillement que les autres enfants de leur âge les vitrines illuminées des magasins de Playstation et panoplies d'indiens. Il paraît qu'à Noël, les chrétiens mangent de la dinde et se font des cadeaux. Toute la ville en parle, qui a revêtu…
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On va vous conter « la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui », écrivait Madame de Sévigné à Coulanges, en 1670. Gageons qu'en l'an 2000, la marquise submergerait son monde d'e-mails (textes, photos, petits films). Invraisemblable, inimaginable, étonnant, ébouriffant, renversant et, on en passe... Le web ne finit pas de reculer les frontières du possible.… Lire l'article
Rien de particulier dans la vie de la petite Caroline : après l'école, murmurant des chansons à l'oreille de son timide lapin de compagnie, elle promène sagement ses baskets de fille unique sur les trottoirs propres mais gris de son quartier résidentiel.
Le ciel est lourd mais tout va bien dans le plus carré des mondes : elle habite une jolie maison, s'ennuie à table et soupire sans arrêt, comme si elle imitait ses parents, gentils et bien comme il faut, mais un peu à la masse, étranges parfois, et bientôt hystériques : papa n'a jamais été à une maladresse près et trouve normal de prêter Pitou à un collègue de bureau, pour la…
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Le jeu cruel des sentiments
Un couple dans le jardin d'une demeure patricienne, par une belle après-midi d'été. La jeune fille dans un hamac fait la sieste, le garçon la contemple endormie. La caméra se substitue à son regard dans la lumière dorée, caressant le visage de la belle avec une sensualité amoureuse, s'attardant sur un battement de paupières, un frémissement de lèvres. Elle glisse le long du cou, jusqu'à la main aux ongles rouges qui tient une photo. Entre celles du jeune homme, une lettre qui visiblement l'embarrasse. C'est un faire-part de décès. Un décès qu'il va lui falloir annoncer..."J'ai aimé cette histoire…
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Le moins qu'on puisse dire, c'est que Pourquoi se marier le jour de la fin du monde de Harry Cleven, ne provoque pas l'indifférence. Le film a ses détracteurs, il a aussi ses défenseurs passionnés. A Cinergie, nous sommes résolument dans le clan des seconds. Nous vous avons expliqué pourquoi à l'occasion de notre reportage sur le tournage, de notre critique du film et de la transcription de l'entrevue que nous a accordée le réalisateur. Sur le tournage, nous avions aussi rencontré Pascal Greggory. A l'heure où le film sort en salles, nous sommes allés voir du côté des deux autres comédiens comment ils ont vécu l'aventure.Nous avions pris le thé… Lire l'article
Il fait beau ce matin-là, quand pour se rendre au boulot, un jeune benêt endimanché se donne un semblant de consistance, s'accroche à sa maigre serviette et traverse son joli quartier peuplé de filles de joie hautes en couleurs.
Mal à l'aise, prenant soin d'éviter les regards insistants, parfois patibulaires mais troublants, le réalisateur producteur scénariste et comédien !Dominique Abel s'arrête bientôt pourtant, et dans un clin d'oeil au comique visuel anglais de Mister Bean (Rowan Atkinson), son nez se retrousse devant une vitrine que lave pour l'heure une jeune femme en tablier, chiffons à la main, debout sur une chaise et... surprenante de naturel : Fiona Gordon,…
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Après quatorze ans d'une enfance heureuse et sans histoires, Emmanuel Jespers découvre le cinéma grâce au Studio, un cinéma de quartier. Cette fenêtre vers l'extérieur lui fait découvrir un monde et des histoires qui sont aussi ses histoires. Le cinéma le regarde comme il regarde le cinéma. Kubrick, De Palma (Phantom of the Paradise, en particulier) mais aussi le cinéma fantastique et de science-fiction deviennent des compagnons de route.
Il interrompt des études d'architecture pour entreprendre la réalisation à l'IAD. Après Delle, un court métrage de fin d'études et un mémoire consacré à Antonioni, il part en en Croatie,…
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Il y a un an à peine, et c'était la première interview de ma vie alors tu parles si je m'en souviens, je rencontrais autour d'une table de bistrot le sympathique réalisateur bruxellois Dominique Deruddere, dont Hombres complicados venait de marquer, après l'expérience américaine de Wait until spring, Bandini !, le retour à un cinéma plus personnel et intime, un cinéma moins cher mais surtout un cinéma d'amis, à l'échelle humaine et souvent kitsch du grand village qu'est la Belgique.
Revenu d'un rêve transatlantique qu'il niera sans doute avoir jamais eu, l'homme est épanoui, l'oeil jubile plus encore et le jeu des comédiens,…
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Faire un film, c'est essayer d'être au monde
Né à Kinshasa en 1957, Thierry Knauff, sitôt rentré à Bruxelles, fréquente dés l'âge de sept ans, le mercredi après midi, les cinémas de quartier de la capitale : le Brazil, le Central, le Métro, le Century et surtout le Wolu. Maciste, Jason, Sinbad, d'Artagnan, la fée Clochette, Laurel et Hardy, Jerry Lewis et bien d'autres projettent la magie de leurs personnages sur la toile de son imagination. Rien d'étonnant si, après des études de Philologie Romane à l'UCL, il entreprend des études de réalisation à l'INSAS et réalise dans la foulée le Sphinx,…
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Sauve qui peut la vie
" Il est difficile d'admettre, impensable de déclarer que la présence d'une multitude d'humains devient précaire, non du fait que la mort devient inéluctable, mais du fait, que de leur vivant, leur présence ne correspond plus aux logiques régnantes, puisqu'elle ne rapporte plus, mais se révèle au contraire coûteuse, trop coûteuse ", écrivait il y a trois ans Viviane Forrester dans l'Horreur économique. Depuis lors, une régulation de l'économie mondiale ne s'est pas substituée à la dérégulation des économies nationales mais l'humain continue à manifester sa présence, résiste,…
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A comme Adrienne, B comme Boris, C comme Cinéma...
Une heure du matin, des émotions plein la tête, je suis sous le charme. Je reviens d'Aarschot, là-bas en terre flamande où je viens de voir le dernier film de Boris Lehman, A comme Adrienne. Conclusion attendue d'une après-midi champêtre dans une ferme-atelier de peintre, perdue dans le vert tendre d'un printemps ensoleillé, la projection du film prenait place dans une exposition consacrée à Boris Lehman vu par ses amis.
Et les amis étaient là, venus qui de Bruxelles ou de France, qui d'Allemagne ou de Moscou, pour cet instant de retrouvailles et de nouvelles rencontres, temps comme hors du temps où se voir, se parler trouvait…
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Le Dernier rêve navigue ou pour être plus précis flotte entre rêve et réalité, sans qu'on sache trop quel est l'un et quel est l'autre. Un projectionniste casse la pellicule d'une bobine de film et essaie en vain de recoller les deux morceaux. L'image se casse comme sa vie, s'évanouit comme le couple virtuel qu'il aurait pu former avec Laurie. Le coup de flash d'un enfant, ange de la mort façon Marc Behm, et les brumes d'un entre-deux entre vie et mort déroule son filet. On l'a compris ce film multi-piste se joue par la bande (comme au billard de la vie) avec en prime une histoire d'amour qui se déroule hors-champ dans les rétroviseurs de notre imagination. Ces 15'… Lire l'article