En janvier dernier, André Delvaux était l'invité d'honneur du vingt-septième Festival international du film de Bruxelles. Durant tout le mois de mai, c'est au tour du Centre culturel Jacques Franck d'accueillir une grande rétrospective de son oeuvre, émaillée de rencontres et de débats. Une occasion rêvée pour s'entretenir avec André Delvaux de sa double vie : celle d'un réalisateur-pionnier qui a tourné quelques films-phares du "cinéma belge" à une époque où cette expression faisait encore sourire et celle d'un enseignant visionnaire qui a favorisé, avec ses collègues, la création d'une… Lire l'article
Un adolescent et un vieil homme contemplent dans un parc, qui surplombe la ville, une sorte de tour de verre. D'abord et avant tout, il y a ce premier plan qui montre la complicité des deux personnages, sujet du film, tout en ne disant rien du "joke", le Macguffin du film.
The Joke nous raconte l'histoire de Jim, un ado, refusant de voir s'éteindre son grand-père. Celui-ci, placé dans une chambre d'hôpital, refuse de s'alimenter et dépérit devant sa famille consternée et impuissante. Comment allumer grand-père sinon en reproduisant le joke, ce jeu secret qu'il partage avec Jim. The Joke est un film sur un rite de passage. Le réalisateur nous montre qu'il n'y a pas que les sociétés…
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Premiers regards
Formé à l'IAD, Benoît Dervaux, trente-trois ans, est un cadreur qui n'a travaillé, à ce jour, que sur deux longs métrages de fiction. C'est peu, penserez-vous peut-être, pour l'avoir choisi comme interlocuteur d'un "métier" qui, en Belgique, ne manque pas de talentueux (et expérimentés) représentants. Il se trouve, toutefois, que Benoît Dervaux n'a pas fait le cadre de n'importe quels films puisqu'il est le cameraman des deux plus importants produits et réalisés dans le pays au cours de cette décennie, nous voulons parler, bien sûr, de La Promesse et de Rosetta de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Auteur, par ailleurs, de deux…
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Samedi 18 décembre. Fin du dernier siècle. Au théâtre Marni (où la Ligue d'Improvisation décidait de poser ses valises), la conversation battait son plein : rappelant la politique de fonds de poches de son alternative activité, l'AJC ! projetait un large aperçu de sa cuvée 1999.
Avant d'offrir le verre de l'amitié, 11 films étaient montrés. Suffisant pour remarquer que dans la gamme du très petit budget, aux côtés du documentaire de trottoir, un embarrassant nombrilisme paraît occuper une place de choix. Pourtant, souvent drôles, tendres et ironiques, les portraits et autoportraits se suivent sans forcément se ressembler. Ainsi Céline…
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The Best years of our lives
Nous sommes à Grenay, près de Lens, dans la région Nord Pas de Calais. Aux frontières d'une cité ouvrière, un terrain vague sur lequel la déco du film a installé une sorte d'arrêt de bus. Quatre hommes dans le préau d'un bâtiment désaffecté, sous un ciel de printemps qu'une pluie battante réglée par la déco obscurcit quelque peu, se font des vannes. La sonnerie d'un portable interrompt les conversations. Sergent (Etienne Chicot) décroche : " Ah!, Bonjour ma bichette...quoi ? ". Coup de klaxon. La camionnette de Demanet (Benoît Poelvoorde) s'arrête au milieu de la rue. " Jérôme ! "…
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De Aanspreker
Le thème de la mort aura paru davantage à la mode en Flandres. Peut-être l'Institutionnel est-il plus concret, plus présent et oppressant dans les esprits, plus lourd sur les épaules des jeunes réalisateurs flamands, qui tuent papa en rigolant (le " Woow " très trash de Fien Troch) ou en pleurant, comme c'est le cas du film de Geoffrey Enthoven : De Aanspreker. Traduisez : croque-mort, et effectivement on y passe, en corbillard, de la morgue à l'hôpital.
C'est-à-dire dans le sens inverse, même si les flash backs sont ailleurs : " Tu feras comme moi, mon fils, et comme ton grand-père : tu seras croque-mort. Ton arrière grand-père aussi……
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Le Dernier rêve
La mort est un bon Objet, aurait dit Mitry, ou Deleuze, je ne sais plus, dans quelque étude sur le cinéma. Un thème pas très gai, pourtant, et un peu vieux jeu : le bonheur est peut-être semblable à l'orgasme dont Artaud disait qu'il n'était aujourd'hui plus un droit mais une oppressante obligation. Qui trouve la mort banale, y pense sans doute davantage sur l'écran noir de ses nuits blanches, qu'il ose la voir en face ou l'entendre parler.
Prototype du gentil rondouillard, un projectionniste surmené et cardiaque flirte avec le Styx : un raccord de dernière minute, une pilule, la goutte au front, et pas vraiment le temps de manger. Sans doute Nicolas se…
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La plus belle pour aller danser
Quelques jours avant son célèbre carnaval - dont Henri Storck, il y a une trentaine d'années déjà, avait immortalisé les frasques des tambours, claquements des sabots et jets d'oranges - Philippe Hesmans arrive dans la petite ville de Binche : divisée en clans, la tribu se prépare à fêter le retour du printemps.
Les traditions se perpétuent, la relève semble d'ailleurs assurée, au grand bonheur des aînés, mais si " faire le Gilles "este un privilège exclusivement masculin, les hommes " tout dit pimponnés " rendent hommage à leurs dames, sans qui tout cela serait impossible : entre cuisine…
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A l'insu de leur plein gré
Chemin de Putdael, à Woluwe Saint-Pierre. Dans la cuisine d'une villa cossue. Une table ronde éclairée indirectement par des mandarines et par une boîte à lumière au-dessus de la table. Quatre enfants et Manon, une adolescente ayant revêtu le peignoir de la mère, sont disposés autour d'une table.
En face d'eux, des assiettes. Simon ouvre un Tupperware et s'exclame : " Berk ! ". Manon mimant la mère lui dit : " Simon ! Comment ça " berk " c'est délicieux ce crumble aux cerises ", ajoute-t-elle en constatant que l'intérieur du Tupperware est recouvert d'un duvet de pourriture.Elle…
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La parole et la lettre
Au 13, rue de Belgrade, dans les locaux de Radowski films, Mustafa Balci (le réalisateur de Toprak) monte Tyrannopolis 1 et 2, un long métrage en forme de diptyque Istanbul versus Bruxelles. "Autant Bruxelles est un regard, autant Istanbul est une parole, nous confie le réalisateur. L'idée était de faire parler les gosses des rues parce qu'ils n'ont pas droit au regard, sont considérés comme des parias. Leur seule façon d'exister était de prendre la parole. Bruxelles servant de contrepoint à Istanbul. Réaliser un film sur eux a changé leur perception du monde. Pour la première fois quelqu'un s'intéressait à eux, venait - d'Europe,…
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Nicole Van Goethem nous a quitté au début de ce mois. Elle nous avait confié en 1995, à l'occasion du Centenaire du cinéma, un texte sur l'origine de sa passion pour les images animées que nous avions édité dans l'ouvrage A chacun son cinéma. Nous le reproduisons ci-dessous.
Par hasard
Je suis entrée dans le monde du dessin animé par hasard. J'étais graphiste, je faisais des illustrations, des créations d'affiches et je publiais des dessins humoristiques dans Nimo et autres périodiques. Un jour, Picha m'a demandé si je ne voulais pas faire des décors pour Tarzoon, la honte de la jungle. L'amour du dessin animé m'a enflammé alors…
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C'est un superbe livre que Philippe Moins a consacré à Raoul Servais, notre cinéaste d'animation le plus connu. Retraçant son itinéraire de ciné-peintre avec une précision qui doit beaucoup à la longue amitié qui le lie au réalisateur de Chromophobia. L'ouvrage est écrit avec un style alerte qui en fait un vrai bonheur de lecture.
Entretien avec Philippe Moins
Depuis que je connais Raoul Servais - et ça fait maintenant quelques années - ce qui m'a toujours fasciné c'est sa passion pour le cinéma d'animation, qui remonte à la petite enfance et qui s'est maintenue envers et contre tout et a construit sa vie. Ce que des gens comme moi comprennent…
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Un ballet pour le XXIe siècle
Thierry De Mey est un cas à part dans le cinéma belge. Formé à l'IAD, il réalise Floréal, son premier court métrage, en 1985. Mais il délaisse la caméra pour se consacrer durant neuf ans à la composition musicale. Il se forge rapidement un nom et une réputation de qualité dans le domaine difficile de la musique contemporaine. Ce n'est qu'en 1994 qu'il se remet à la mise en scène avec Love Sonnets. Construit autour d'un ballet de la compagnie de danse contemporaine de sa soeur Anne De Mey, le film récolte éloges et récompenses. Avec cette même compagnie, de réputation internationale, il réalise…
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Au troisième étage, dans l'une des salle de montage du studio Lou Ease, 51-55, rue Gustave Huberti, à Schaerbeek, Michèle Macquet (chef-monteuse), vêtue d'un pull épais de couleur mauve, les cheveux courts, lunettes, fait face à deux écrans. Elle déplace la souris de l'écran de contrôle, en haut deux plans du film s'affichent comme deux petites fenêtres. Elle clique sur une icône, la flèche se transforme pendant quelques secondes en sablier, puis un gestionnaire de programme avec divers symboles s'affichant à la droite de l'écran. Autour de la monteuse, Alain de Halleux, le réalisateur de La Trace et de No pour dire oui, (un… Lire l'article
Le réalisateur Santos Hevia nous présente avec amour ses vertes montagnes espagnoles, baignées de soleil : depuis l'aube des temps, l'homme et le cheval y vivent dans une totale complicité, en parfaite harmonie.
D'ailleurs, c'est le moins qu'on puisse dire puisque l'ami cheval connaît par coeur le chemin de la ferme, et que le vieux paysan rêveur et bon vivant n'a plus, après une journée dans les prés, qu'à s'allonger sur le foin et faire la sieste, les mains derrière la tête et le sourire au ciel. La douceur de vivre est une question d'habitudes, comme celle qui chaque jour arrête la pittoresque carriole dans la cour de chaque fermette rencontrée :…
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