Animal, mon frère
Film après film, la relation au réel de Dominique Loreau se précise en un lent mouvement de dépouillement, souci d’épure où se déclinent son attention au vivant et les interrogations existentielles que celle-ci entraîne. Qu’elle s’attache à suivre la métamorphose d’un objet industriel en une incarnation des mystères du sacré (Divine carcasse), ou les aléas de la création quand elle s’abandonne aux méandres de l’éphémère (Au gré du temps), son cinéma est avant tout philosophique. Quête ontologique, questionnement métaphysique, il tente sans cesse de saisir une présence, une…
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En 2012, lors de la sortie de La Folie Almayer, Chantal Akerman nous a offert un long entretien.Et cela à l’endroit même où Saute ma ville, son premier film, a été tourné en 1968. Depuis, la cinéaste nous a offert une évolution de ce que les Allemands, dans les années 20, ont appelé le kammerspiel (le film de chambre, style Lubitsch).
Questions/Réponses.
Cinergie : Une phrase de Tarkovski me fait penser à ta démarche : « Je crois que la motivation de quelqu'un qui va au cinéma est une recherche du temps, du temps perdu, du temps négligé et du temps retrouvé ».Chantal Akerman : J'espère que lorsque…
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Kaspar Almayer, négociant hollandais – ambitieux et rêveur – a épousé une Malaise recueillie par Tom Lingard, patron d'un comptoir de commerce en Malaisie (sud-est asiatique). Lingard & cie vend et fait le trafic de rotin et de résine. Almayer, homme blanc à la recherche du trésor ou prétendu trésor de Lingard, s'installe avec sa femme et sa fille dans une maison appelée « La Folie ». Il aime et adore Nina, sa fille métisse, et déteste sa femme malaise. Partagée entre deux mondes, Nina s'enfuit du pensionnat qui la déracine de la vie malaise.
La Folie Almayer, le film de Chantal Akerman, parcourt l'Asie avec ses fantasmes de négociants,…
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Une petite sirène pour grands enfants
Le dernier court métrage de l’animatrice liégeoise de Caméra etc. n’est pas passé inaperçu au sein de la compétition nationale présentée cette année au festival Anima. Louise-Marie Colon remporte, avec La boîte de sardines, le Grand Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que le prix de la RTBF/La Trois. Succès bien mérité pour cette délicieuse version du conte de Hans Christian Andersen.
Eva, une minuscule sirène aux airs d’enfant sage avec sa raie dessinée bien au milieu et ses deux pommettes rosées, cherche désespérément l’âme sœur.…
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Gabrielle Claes, conservatrice de la Cinémathèque Royale de Belgique jusqu'en décembre 2011, devenu CINEMATEK, nous a accordé un entretien, comme nous l'avait offert jadis Jacques Ledoux, auquel elle avait succédé. Nous avions choisi 5 photos de films programmés en janvier-février 2012.
Gabrielle Claes les a commentées, images après images, dans notre entretien filmé. Ensuite, nous avons abordé quelques étapes d'un parcours qui suscite l'admiration des conservateurs des cinémathèques européennes.
Cinergie : Quels sont les moyens que la Cinémathèque a mis en œuvre pour faire circuler les films en sa possession et les diffuser auprès…
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Illustration de Gwendoline Clossais
Un homme caresse sa femme sous la douche. Il trouve que ses seins sont toujours aussi beaux. Naît de cette phrase une envie que l’on sent profonde, le désir d’un enfant. Mais ce n’est guère partagé. Le lieu où ils habitent est petit et les moyens le sont aussi. Dans cet entresol obscur avec pour seule échappée sur la rue et son tram une fenêtre protégée par des barreaux de prison, Mémo se montre à peine. Sa femme travaille la journée et il prépare comme repas du soir, avec le souvenir de sa mère en tête, un plat mijoté. L’attente est rythmée par les interventions de l’extérieur. Il voit descendre…
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« Retour progressif à l'humanité »On le pensait sombre, il est chaleureux. On l'imaginait fatigué à la fin de cette longue journée d'interview, non, il a encore du ressort, dit-il. Alors que son nouveau film doit sortir sur les écrans belges et français ce 14 mars, Lucas Belvaux a commencé la course des avant-premières après le Festival de Rotterdam. Mais c'est « chouette », 38 témoins est vu, attendu, les gens y sont sensibles, déconcertés peut-être, mais surtout « secoués ». Energique et bien présent, il entre de plein fouet dans une discussion, joue le jeu, débat, et nous entraîne souvent là… Lire l'article
Au sortir de la vision de l'Hiver dernier de John Shank, nous avons été bluffé par la beauté des paysages, des intérieurs à la lumière ténue, de l'accord parfait de la lumière et des ombres, des nuances de l'obscurité. L'impression d'avoir contemplé une succession de peintures, aux couleurs chaleureuses de la terre, revient quand on repense à l'histoire du jeune éleveur de bovins pris dans les affres de la rentabilité. Nous rappelant que cette sensation de nature captée dans sa rudesse nous avait déjà envahie dans un autre film, Au cul du loup, nous avons tenu à rencontrer le maître d'œuvre de l'image de ces deux longs… Lire l'article
Un premier long métrage est toujours une aventure délicate. Au désir de bien raconter une histoire, s'ajoute la nécessité de convaincre la production, la distribution, la presse et surtout le public qui vous découvre à peine. Pour la première partie qui lui incombe, John Shank a mis tous les atouts de son côté; lieu de tournage aux paysages grandioses, image sculptée par le scalpel aérien de Hicham Alouie, comédien au physique brut, Vincent Rottiers, musique « organique » signée DAAU et sujet universel, la transition du présent, entre passé et avenir. Le résultat est prometteur. On y aperçoit l'art de la narration, la capacité d'exprimer… Lire l'article
Djo Munga, réalisateur du très explosif Viva Riva, est également producteur à Kinshasa. Partant de son désir de tisser une structure cinématographique au Congo, il allie aides à la réalisation avec formations. Avec l'aide du Centre Wallonie-Bruxelles International, il a mis en place un cycle annuel de formation en audiovisuel, à Kinshasa. Lors d'un de ses passages à Bruxelles, nous le rencontrons, curieux d'en savoir davantage sur cette école naissante, inspirée par l'enseignement de l'INSAS d'où il est sorti.
Cinergie : Comment vous est venue l'idée de mettre sur pied une formation en audiovisuel à Kinshasa ?Djo Munga : J'ai fait mes études…
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Du strass et des galettes
Il y a quatre ans de cela, émigré de mon Nord/Pas-de-Calais natal, je déposais mon bagage plein d'aspirations et de casseroles à Rennes, porte de la Bretagne, ville étudiante et Mecque de la galette saucisse. Je découvrais ainsi pêle-mêle, la ville, Alan Stivell, les fest-noz (singulières festivités cabalistiques durant lesquelles on tourne en cercle des heures durant en se tenant par le petit doigt), la rue de la soif, ses punks à chiens et le festival Travelling. Je m'engageais alors comme bénévole régie, chouette souvenir pour l'édition Jérusalem, lors de laquelle, en plus de m'être initié à l'heureux…
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À toute vitesse
Enorme buzz à Cannes où il était sélectionné à la Semaine de la Critique en 2011, gros succès auprès d’une critique unanime qui n’en est pas revenue d’être ainsi surprise, émue et secouée, véritable succès en salle pour ce film au budget riquiqui, bricolé, lancé comme une fusée, La guerre est déclarée fut le grand oublié de ces Césars 2012. On ne s’en étonne qu’à peine. Manifeste vivant, vibrant du contre-pied, ce film modeste par sa taille, son budget et son traitement, secoue les puces, toutes les puces, furieux, joyeux, volontairement enragé. Cela s’appelle…
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Histoire d’une bavure cinématographique
Polisse de Maïwenn a beaucoup fait parlé de lui à sa sortie… Il y avait son sujet bien sûr, s’attaquer à la pédophilie sans tomber dans le sordide est un exercice hautement périlleux, il y avait aussi son casting people : Karin Viard, Marina Foïs, JoeyStarr, Nicolas Duvauchelle, Maïwenn herself, et bien sûr son prix du Jury au Festival de Cannes. On a beaucoup parlé de Polisse donc, et finalement, pour pas grand-chose.
Polisse est sorti sur les écrans en octobre 2011, il est aujourd’hui édité en DVD, rien de plus logique en somme. Polisse aurait tout aussi bien pu sortir en épisodes sur une chaîne publique, mais…
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Si Philippe Blasband est davantage connu comme scénariste et auteur dont les succès nationaux et internationaux ne se comptent plus, c’est aussi un cinéaste qui a, à son actif, trois courts et quatre longs métrages. Si les deux premiers longs avaient déjà bénéficié d’une sortie DVD, ce n’était pas le cas des deux derniers. Mi 2011, un coffret proposé par Big Bang, la firme de distribution de son producteur Olivier Rausin, est venu combler cette lacune. L’occasion de redécouvrir les deux plus récentes œuvres cinématographiques d’un auteur subtil, dont la vision du monde brossée par petites touches est toujours étonnante, et parfois dérangeante.… Lire l'article
Vanitas vanitatum omnia vanitas
Du groin au jambon, tout est bon dans le cochon. L'adage populaire l'affirme, Iris Alexandre l'illustre dans un « délicieux » court métrage d'animation. Cette étudiante de La Cambre se joue de la nature morte qu'elle transforme en œuvre très animée. En compétition nationale au festival Anima 2012, elle a séduit le jury de Cinergie qui lui a donné son Prix. Prochainement vous pourrez découvrir la réalisatrice devant notre caméra. Iris Alexandre nous a déjà fait le plaisir de pouvoir visionner son film, à partir de cette page.
Dans la peinture classique, la nature morte a longtemps été considérée,…
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