Jeune festival en plein essor, le Ramdam, à Tournai, présentait sa troisième édition du 15 au 23 janvier. La fréquentation a doublé cette année. Retour sur le succès non volé d’un événement singulier.
« Le Ramdam, le festival du film qui dérange ». Un slogan qui, de prime abord, laisse perplexe. La définition de « déranger » est bien subjective et qui plus est, pour nous, défenseur d’un cinéma qui ne mâche pas ses mots, elle semble des plus évidentes. Sans trash, ni gore, ni porno à l’affiche, ce n’est pas un festival du risque, il reste dans l’ensemble très consensuel.
Néanmoins,…
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Après la chute de l'Union soviétique, les pays de l'ancienne république sont durement touchés par une crise économique, dont le Kirghizistan, pays d'Asie Centrale, situé entre le Kazakhstan, l'Ouzbékistan et la Chine. Plus de 500.000 habitants quittent le pays pour aller vivre en Chine ou en Russie. Deux mois après la révolution du 7 avril 2010 qui a fait tomber le président Bakiev, accusé de corruption, des émeutes meurtrières éclatent à Osh, entre les Kirghizes et les représentants de la minorité ouzbek, attisés par des partisans du président déchu dans le but de déstabiliser le nouveau pouvoir mis en place. Suite à ces… Lire l'article
La puissance et la joie
Dans le vif et violent bordel d’un quartier pauvre de Kinsasha, les shégués, ces enfants qu’on balance à la rue sous prétexte qu’ils sont sorciers, nous embarquent dans une fiction en forme de docu d’une vitalité très précieuse et d’une intelligence rare. Une heure et demie de bastringues et de bastons, de cris et de musiques, d’éclats de violence et de joie…
Marc-Henri Wajnberg serait plutôt documentariste, et si son premier film (Just Friends) était une fiction raide dingue de jazz, elle était en partie nourrie (c’est lui qui le dit) par le travail génial et hors normes du grand maître Peter Watkins (Punishment Park est à…
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Un road-movie enjoué et léger : cap sur l’Argentine et son vent de liberté !
Qui n’a pas souhaité, sur un coup de tête, traverser l’Amérique du Sud à moto en sortant de Carnets de voyage ? L'Argentine fait rêver le vieux continent. Elle nous attire, réveille nos fantasmes, chante au loin sa sensualité. Là-bas, même la langue espagnole perd de ses aspérités pour susurrer à nos oreilles des mots caressants. On l’imagine, de l’autre côté de l’océan, trépidante et enflammée, gorgée de soleil et de vin.
Il semblerait que le pays du Sol de Mayo ait exercé son charme sur Edouard Deluc. Ce n’est…
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Les chevaux de Dieu ouvrent les portes du Paradis
Le Paradis est-il une notion désuète aux yeux des esprits éclairés, intellectuels instruits dans les philosophies du savoir, rompus aux exercices de la logique, pour qui la foi est synonyme d'obscurantisme ? Le paradis représente pourtant, pour beaucoup, l'unique espoir de rendre la vie sur terre acceptable, de ne pas perdre la raison de vivre face à l'humiliation, l'injustice et la misère. Le paradis est peut-être ce qui reste encore comme lueur d'humanité dans le regard abattu de ceux qui sont réduits à vivre comme des fourmis. Ceux qui vivent cachés, enfouis dans les bidonvilles de l'opulence, les renégats du Welfare…
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La fin du monde ou le désastre
Ah ! Un film d’auteur européen au scénario de film catastrophe ! Chouette chouette ! On se frottait les mains en se demandant bien ce qu’ils nous avaient concocté là. Certes, Brosens et Woodworth viennent du documentaire, et lui, des sciences-humaines, avant d'avoir réalisé une trilogie en Mongolie. Khadak et Altiplano étaient tous deux des films très contemplatifs, amples et lyriques. Tous deux racontaient l’histoire de peuples en lutte contre leur extermination programmée (entendre ici la méthode moderne : l’exploitation capitaliste de la terre et des hommes, jusqu’à la mort). On ne s’attendait donc pas non plus à…
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Un coup de foudre sinon rien
La vie bien rangée, dans un couple pantouflard, de Paulo, pianiste à la Cinémathèque, se brise lorsqu'il croise le regard d'Ilir, un musicien d'origine albanaise. Après une soirée alcoolisée qui a éteint les inhibitions et les interdits, Paulo s'éveille aux côtés de cet amant soudain et inattendu, ou sans doute trop attendu.
Pour son premier long métrage, après Vivre encore un peu (2009), court très remarqué, David Lambert filme une histoire d'amour entre deux garçons et parvient d'emblée à s'échapper de la thématique sociale « homosexualité » pour s'attacher,…
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Pour le meilleur et pour le pire
Une femme très belle s’offre à un homme très riche. Lui n’est pas beau. Elle n’a pas besoin d’argent. Qu’est-ce qui les lie ? Qu’est-ce qui les tient, collés l’un à l’autre, entre besoin et rejet, fascination et dégoût, attirance et répulsion ? Quel est ce lien qui les conduira fatalement au désastre ? Avec une bonne dose d’audace et beaucoup de naïveté, Helène Fillières s’empare du roman de Régis Jauffret, Sévère, pour réaliser son premier long métrage, inspiré lui-même d’un fait-divers tragique, l’assassinat du banquier Stern par…
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Le silence et l’effroi
Dans Someone Else Happiness, une voiture renversait un enfant qu’elle laissait pour mort sur le bas de la route avant de prendre la fuite. L’accident venait lézarder l’univers d’une banlieue résidentielle cadavérique déjà sous perfusion. La disparition d’un enfant était à nouveau le cœur d’Unspoken, sinon qu’elle avait déjà eu lieu depuis de nombreuses années, et qu’un homme et une femme s’y débattaient avec l’absence, embourbés tous deux dans la temporalité immobile et pâteuse d’une vie à jamais arrêtée, jusqu’à ce qu’une infime série de micro…
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Bona Nox, (« Bonne nuit en latin », donc, mais aussi une sorte de petite chanson de Mozart) raconte l’impossible à raconter et c’est ce qui fait de lui un vrai petit bijou. Il nous plonge dans l’imaginaire d’un enfant avec beaucoup maîtrises, d’inventivités créatrices mais aussi avec une joie de l’enfance qui s’invente, que rien, au vu de son sujet, n’aurait laissé présager. Un vrai régal qu’on aura découvert au FIFF dans la compétition nationale des courts métrages et que l’on revoit au Festival Media 10/10.
Un petit garçon perd sa maman et ses jambes dans un accident de voiture. Comment survit-on à un tel drame ?…
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Les derniers sioux de l'Ardenne enchantée
Au moment où les agriculteurs vont batailler sur les marches du Parlement, où Jean-Jacques Andrien se penche avec beauté sur leur vie et les mutations/convulsions du monde moderne, Manu Bonmariage a empoigné lui aussi sa caméra pour aller filmer, en Ardenne, quelques familles amoureuses de leurs vaches, accrochées à leur territoire, écrasées par la violence de politiques communes qui leur sont imposées. En quelques visages, en plusieurs paysages, Bonmariage filme avec chaleur un monde très riche, très divers, qui lutte, se débat, se révolte ou fait son bonhomme de chemin, mais des familles qui résistent et avancent, « les…
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Présenté au Festival du Film Francophone de Namur, au Pink Screen Festival, puis dans la compétition nationale du Festival Media 10/10, Atomes d’Arnaud Dufeys fait le tour des festivals. Ancien élève de l’IAD, il a déjà réalisé plusieurs courts métrages - dont Chrysalides et Deux trois accords que l’on peut voir en ligne sur vimeo - dans le cadre d’un collectif nommé Quarantaine qui se donne pour but de faire des films à la volée à partir d’un sujet d’inspiration, avec des contraintes de temps et de matériels très minimalistes. Atomes, réalisé dans un tout autre esprit, plus professionnel, est un essai plutôt brillant et très… Lire l'article
Autrement le cinéma
« La technique : l’ensemble des procédés ordonnés, scientifiquement mis au point, qui sont employés à l’investigation et à la transformation de la nature. » Le Robert
Autrement, la Molussie, le dernier film de Nicolas Rey, se présente de prime abord comme une invention cinématographique ou plus précisément comme une invention « pour faire du cinéma ». À ceci près qu’il ne s’agit pas ici de souscrire à la fabrication d’une nouvelle technique visant à reproduire la réalité, mais d’élaborer une forme d’écriture explorant le réel de façon…
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Le cinéma de fiction peut davantage jouer sur le temps en le reconstituant, grâce aux comédiens. Que se passe-t-il lorsqu'un cinéma qui est pauvre dans la durée rencontre des gens pauvres et leur demande de raconter leur vie ? Cela donne, par exemple, Le prix du pain, un film de Yves Dorme qui se connecte et offre aux spectateurs un monde vivant qui vibre en essayant de survivre avec un minimum d'aliments. Contrairement au spectre du « visuel » qui domine la nouvelle humanité (1), le cinéaste nous fait voir ce que l'on n'a pas l'habitude de voir.
Le prix du pain est une brève cartographie - dans la province du Luxembourg - du vouloir vivre malgré tout autour de quatre familles…
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Les parents et grands-parents se souviennent de la petite souris espiègle et du gros ours, doux, tendre et protecteur dont ils racontaient les histoires à leurs petits. Ces deux-là ne couraient pas les aventures rocambolesques, ils traversaient simplement les étapes de la vie : la maladie (Ernest était malade à force de rester dehors à faire la manche avec son violon), les poux (un classique pour rassurer parents et enfants terrorisés par le peigne fin et les inspections des têtes par l'infirmière de l'école), la perte d'un être cher, les questions embarrassantes, etc.
Gabrielle Vincent, dessinatrice et conteuse de cette série, pourrait se revendiquer adepte de Françoise Dolto…
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