Premier film d'une femme connue dans le milieu socio-culturel bruxellois, fonctionnaire de profession, anthropologue de passion et surtout collectionneuse des savoirs artisanaux traditionnels, Patricia Gérimont signe, aux côtés de Jean-Claude Taburiaux, un premier film, Dames de couleurs.
Long métrage documentaire qui se situe entre le film d'art et l'anthropologie sociale, il est le résultat de cinq années d'allers-retours à Bamako, au Mali, à la rencontre de teinturières, créatrices de basins. Portée par son admiration des techniques textiles, elle se lie d'amitié avec Sanata et Diko, toutes deux teinturières, la première vivant à Bamako et travaillant motifs…
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Les orphelins grandissent aussi
Vincent Lannoo et son humour décalé, son univers foutraque peuplé de vampires (Vampires), de pov’fille enfermée dans des coffres de voiture (Ordinary man) et de gourous théâtreux pervers (Strass), signe, avec Little Glory, une fresque mélancolique sur l’adolescence au cœur du Michigan. Si l’on ne s’étonnera pas de retrouver le cinéaste outre-atlantique pour un film qui emprunte, comme tous les précédents, aux genres américains, on sera sans doute surpris par le sérieux de l’entreprise. Little Glory renouvelle son cinéma en douceur, l’enrichi de nouvelles influences, lui fait prendre une nouvelle direction, sans pour autant…
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Un petit régal que cette pédicure procédurière mise en scène par Jessica Champeaux. On s’amuse beaucoup d’un procédé cinématographique tout simple : les pieds de la réalisatrice gigotent en bas de l’écran tandis que sa mère s’active sur les plus très petits petons, à poncer, vernir, couper… Et un dialogue commence entre les deux femmes rapidement rejointe par une troisième. Et là, ça tire à vue. Attention, il s’agit ici de règlements de comptes entre femmes. Et ça mitraille à qui mieux mieux !
Que va être ce film, s’interroge Sherry devant la caméra de sa fille ? Un film d’action ?…
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Les futurs réalisateurs seront… des réalisatrices
Après la journée de projection de films de fin d'études à l'IAD (Louvain-la-Neuve), c'était au tour des étudiants en cinéma de l'INSAS (Bruxelles) de montrer un peu ce qu'ils avaient dans le ventre. Beaucoup de déception, mais aussi de jolies découvertes au sein de cette école qui, cette année, fête ses 50 printemps.
L’INSAS a donc 50 ans… le temps file. Les étudiants, eux, en ont toujours 20 : ce sera encore le cas dans 50 ans. Ils ont 20 ans ou un peu plus et ils incarnent le cinéma de demain, en un mot, l’espoir… cette « bouée fragile ».…
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Que la chute soit douce…
Après La fiancée de Saint-Nicolas, réalisé dans le cadre de la fin de ses études à l’IAD, après Noël 347 et L’heure bleue, tous deux cosignés par Michael Bier, Alice de Vestele retrouve le bleu des villes désertées et les corps solitaires pour son quatrième long métrage, Que la suite soit douce, récompensé lui aussi au Brussels Film Festival de deux prix, dont celui de TV5 Monde. Lui aussi car Que la suite soit douce semble fonctionner en binôme avec New Old Story d’Antoine Cuypers, Prix du meilleur court métrage, lui aussi produit par Entre Chien et Loup, lui aussi écrit par Antoine Cuypers.
Et les similitudes ne…
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La vie en solde…
Comédien à la gueule bien trempée, Fouazi Bensaïdi, qu’Entre Chien et Loup produit depuis ses débuts derrière la caméra, avait réalisé Milles mois et WWW : WhatAWonderfulWorld. Deux films très différents mais vraiment surprenants, nourris d’audaces cinématographiques, d’étonnantes innovations et d’hybridations réjouissantes. Le premier, plus classique, tourné dans l’Atlas marocain, s’affirmait lentement comme un drame tendrement drôle tandis que le second s'affranchissait de toutes les lois des genres pour courir dans Tanger derrière un tueur à gages à la Kitano. Ce troisième…
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Mr Edhi n'apprécie pas le grand capital, pas plus que les fondamentalistes, les journaux, se promener sur la plage et les gens prodigues qui boivent trop de thé. Il aime en revanche faire des sermons, les travestis, Allah et la compagnie des femmes. À peu près aussi connu chez nous que Rémy Bricka doit l'être au Pakistan, Abdul Sattar Edhi est une véritable icône dans son pays, l'équivalent musulman d'une Mère Teresa, la bigoterie en moins. Il a fondé et pérennisé un réseau d'aides médicales et sociales comptant aujourd'hui trois cent trente antennes pour plus de cinq mille employés, le plus important du pays.
L'institut Edhi fonctionne à…
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L’amour dans tous ses états
Déjà plein de prix dans sa besace, et tout dernièrement celui du Meilleur court métrage au Brussels Film Festival, A New Old Story, le nouveau film d’Antoine Cuypers, reprend des motifs qui nourrissaient déjà ses précédents films pour les ciseler et affirmer un univers fort, bourré d’un vrai plaisir de faire du cinéma, qui se donne en partage. À déguster, donc.
Antoine Cuypers aime les films chorals, cela ne fait plus de doute, et les chorégraphies de corps en poursuites, en danses, en batailles et caresses. Des corps, en un mot, désirants. Cela aussi se confirme. Ici, non pas huit personnages comme dans Autonomie de la volonté…
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Où donc a bien pu passer l’espoir ?
Pendant que les étudiants, en ce mois de juin, planchent sur leurs copies, ceux de l’IAD (Institut des Arts de diffusion) de Louvain-la-Neuve ont passé un an sur leurs courts métrages de fin d’études qu’ils ont présentés dans la grande salle du Cinéscope. Un invité-surprise, en tournage dans la région, est venu voir ce que la nouvelle génération avait à proposer, le grand Michel Piccoli. L’histoire ne le dit pas, mais l’illustre acteur a dû repartir le cœur plus lourd qu’à son arrivée.
Où donc a bien pu passer l’espoir ?
Pendant que les étudiants, en ce mois…
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À l'ombre de soi
Contrôle, dépersonnification, dressage des corps, acharnement des gestes routiniers et absurdes, le système carcéral tente de soumettre les corps et les priver de parole. La leur donner a tenté plus d'un documentariste, et en dépit de quelques exceptions, la prison demeure un lieu insaisissable pour les observateurs qui restent toujours extérieurs, libres. Qu'y a-t-il derrière ces murs ? Qu'entend-on dans ces silences ? Avec Fort intérieur, Chris Pellerin a si peu tenté de faire un documentaire de prison qu'elle a réussi, avec ses images poétiques, par trouver quelque chose d'intense et d’universel.
C'est un feu d'artifice liquide…
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Dans ma maison, vous viendrez…
Violaine de Villers explore, depuis de nombreuses années, ce « drôle de genre » qu’est celui du film sur l’art. Avec ses deux films consacrés à l’artiste Marianne Berenhaut, la cinéaste nous propose une balade intime où sculpture, maison, famille, art et vie forment un grand tout, dans un joyeux et joli bordel.
Les familles de Marianne Berenhaut
Chez l’artiste belge Marianne Berenhaut, la récupération n’a pas de connotations péjoratives, c’est plutôt un art de vivre, un art tout court. Sa maison lui sert d’atelier, à moins que ce ne soit le contraire, et dans son jardin, un tissu pourpre soupire coincé entre…
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Trublion audiovisuel à la hargne mordante, Pierre Carles, pour avoir, depuis près de vingt ans, mis le doigt sur (ou plutôt dans) ce que le système politico-médiatique français a de moins ragoûtant, est aujourd'hui totalement grillé auprès de quasiment tout le milieu.
C'est donc à la relève, en la personne de Julien Brygo et Aurore Van Opstal (journaliste belge), qu'a incombé la tâche d'aller taquiner les patrons de presse, les questionnant dans ce nouveau documentaire sur le traitement médiatique réservé aux candidats lors de la grand-messe des élections présidentielles, par ce qu'ils nomment le PPA (pour Parti du Pouvoir et de l'Argent,…
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Benoit Poevoorde et Albert Dupontel en progéniture punk de Brigitte Fontaine et d'Areski, foutant le souk dans une zone commerciale gardée par Bouli Lanners… « Ah ouais quand même, ça va envoyer », se disait-on candidement à la lecture du nouveau pitch des deux réalisateurs grolandais. Alors, tout impatient, on scrute le Net à l'affût de nouvelles fraîches. On tombe d'abord sur un premier extrait vidéo : Poelvoorde mettant sa couenne à un pingouin en peluche tandis que l'autre se vautre mort saoul dans les ballons de baudruche. Puis un autre où M.Manatane slamme tout froc baissé lors d'un concert des Wampas pour finir dans une grosse poubelle bleue. Là,… Lire l'article
Itinéraire d’un enfant adopté
L’adaptation d’une bande dessinée au cinéma peut donner le pire (Poulet aux prunes, Tintin) mais aussi le meilleur (Persepolis, Le chat du rabbin).
En 2007, le dessinateur belge Jung publiait le premier tome de Couleur de peau : miel,un récit autobiographique en noir et blanc. Cinq ans plus tard, les images fixes des cases ont pris vie et couleurs sous l’œil de leur dessinateur et du réalisateur Laurent Boileau. Après un premier passage au Festival d’Annecy, Couleurs de peau : miel a eu droit à l’écrin du beau Studio 4 du Flagey lors du Brussels Film Festival et poursuit sa carrière en salle.
Avec Valse avec Bachir d’Ari Folman, en…
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Il pleure dans mon cœur
Joachim Lafosse, réalisateur des extrêmes, sonde l'âme humaine pour mettre sur la place publique des sujets profondément personnels. Ses films dénoncent des relations familiales malsaines, génératrices de violence. Que ce soit l'hystérie fusionnelle d'un père qui n'a plus que son fils pour le raccrocher à la vie, mais qui l'étouffe au sens figuré et propre par son trop plein d'amour dans Folie privée, ou l'amour entre deux frères qui se transforme en haine, obsédés par leur mère qui ne sait pas prendre sa place d'adulte et imposer les limites du respect dans Nue propriété, ou encore des parents…
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