Des tours et des détours du désir
Bien loin d'un certain humour belge, tantôt grinçant tantôt absurde, loin des lourdeurs d'un burlesque de boulevard ou d'un surréalisme pop et rock'n'roll très en vogue en ce moment, Amélie Van Elmbt réalise un tout premier film drôle et profond, en forme de road-movie initiatique, un petit chef-d’œuvre de fraîcheur, léger et pétillant. Un vrai régal.
Zoé prend la tangente pour aller à la rencontre d'un écrivain qu'elle admire et dont elle se croit profondément amoureuse. Au bord de la route où elle fait du stop, elle croise le chemin d'Adrien, jeune comédien en vadrouille,…
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Voici déjà cinq ans que le festival Elles tournent a investi le Botanique. Lorsqu’on évoque ce festival consacré aux films faits par les femmes, les sourires condescendants ne sont pas loin… et les discours sur cette séparation « ridicule » des sexes alimentent alors les conversations, tous genres confondus, d’ailleurs. Et pourtant…
Cette année, lors du prestigieux festival de Cannes, pas l’ombre d’une jupe derrière la caméra. A qui fera-t-on croire que sur les milliers de films proposés, pas une seule réalisatrice n’a su attirer l’attention ? En Belgique, 86 % des budgets publics consacrés à la production cinématographique…
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JC ou les infortunes du cinéaste
Film potache, faux documentaire sur un petit génie du cinéma, JC comme Jésus-Christ, prend ce prétexte narratif pour dézinguer joyeusement le petit monde du cinéma parisien. Point de vue d’un comédien belge qui travaille principalement en France, c’est décapant et amusant. Vu au Festival de Namur dans la compétition Emile Cantillon, ça se déguste vite… ou pas assez vite peut-être ?
Voilà un comédien belge plutôt très doué qui s’attaque, après un essai de court, à un long métrage qu’il tourne à Paris, sur le milieu du cinéma. Argument : Jean-Christophe Kern est une…
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El gusto, en espagnol, en français, le goût, la saveur. Dans ces notions, transparaissent le plaisir, le bonheur, la plénitude. Ce sont sans doute ces sentiments qu'animaient les musiciens de chaa'bi qu'a rencontrés Safinez Bousbia pour donner ce nom à leur orchestre reconstitué.
Au départ d'un miroir titillant l'envie et la curiosité de la réalisatrice, on aboutit aux retrouvailles d'une vingtaine de lauds, de darboukas, de violons, de piano et voix venus des deux rives de la Méditerranéen, et l’on va d'Alger la Blanche, berceau de cette musique populaire, à Paris la lumineuse, refuge de la communauté juive expulsée de la médina après…
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De la poussière à la poussière…
Regard éminemment politique et brûlant que celui qui ose aujourd’hui ramener l’animal au cœur de l’homme. Et c’est à travers la mort, celle qui affecte au corps son dernier devenir, uniquement organique, que Sacha Kullberg s’y attelle avec force et détermination dans un premier documentaire, Une philosophie des yeux fermés, découvert lors de sa projection en avant-première, au Beursschouwburg, ce mardi 14 février. Mais paradoxalement, au lieu de nourrir une autre vision du réel, plus le film avance, plus il se fige, glacé dans la démonstration réitérée.
À l’ouverture, un instant vibrant…
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Dans le titre du film, tout est dit : le personnage principal étant un mobile home, un lieu de séjour itinérant. Les habitants ? Deux trentenaires qui, voyant les années s'écouler à grande vitesse, décident de rattraper leurs rêves d'adolescents, quand ils passaient des nuits blanches à noircir du papier gras et remplir des casiers de vidanges de bière, à chanter et gratter les cordes de leur guitare. A l'âge tendre de la peau délicate et du regard clair, le sac à dos et la tente étaient des éléments superflus à la panoplie du globe-trotteur. Une dizaine d'années plus tard, on pense à préserver ses os et ses muscles et on opte pour… Lire l'article
Depuis plusieurs dizaines d'années, l'arrivée sur le marché de caméras domestiques a permis à d’innombrables foyers de découvrir en leur sein un parent endossant, le temps d'un baptême ou d'un séjour à la mer, la casquette d'un Renoir du dimanche. Combien de réalisateurs se sont découverts une vocation devant les vieilles bobines de super 8 de papa remisées dans un coin du grenier ? S'il n'est pas toujours évident de trouver dans ces petits films amateurs l'intention et le panache qui les rendraient soutenables hors du cadre restreint de la famille, leur ontologie sociale mérite pourtant que l'on s'y arrête. Le cinéma des… Lire l'article
« Entre 2000 et 3000 expulsions en France depuis le début de l'été », « 1595 arrestations durant la chasse aux sans-papiers du week-end à Athènes », « Naufrage d'une embarcation près de Lampedusa, une centaine d'immigrants à bord ». Ces chiffres que l'on retrouve quotidiennement dans la presse, se perdent parmi d'autres drames, dans le flux assommant d'une information qui finit par tout déshumaniser. Au-delà des annonces de politiques "responsables" et des procès moraux de comptoir aux relents de gros rouge, une réalité s'impose, difficile pour beaucoup à concevoir, impossible à accepter.
On a…
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Premier film d'une femme connue dans le milieu socio-culturel bruxellois, fonctionnaire de profession, anthropologue de passion et surtout collectionneuse des savoirs artisanaux traditionnels, Patricia Gérimont signe, aux côtés de Jean-Claude Taburiaux, un premier film, Dames de couleurs.
Long métrage documentaire qui se situe entre le film d'art et l'anthropologie sociale, il est le résultat de cinq années d'allers-retours à Bamako, au Mali, à la rencontre de teinturières, créatrices de basins. Portée par son admiration des techniques textiles, elle se lie d'amitié avec Sanata et Diko, toutes deux teinturières, la première vivant à Bamako et travaillant motifs…
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Les orphelins grandissent aussi
Vincent Lannoo et son humour décalé, son univers foutraque peuplé de vampires (Vampires), de pov’fille enfermée dans des coffres de voiture (Ordinary man) et de gourous théâtreux pervers (Strass), signe, avec Little Glory, une fresque mélancolique sur l’adolescence au cœur du Michigan. Si l’on ne s’étonnera pas de retrouver le cinéaste outre-atlantique pour un film qui emprunte, comme tous les précédents, aux genres américains, on sera sans doute surpris par le sérieux de l’entreprise. Little Glory renouvelle son cinéma en douceur, l’enrichi de nouvelles influences, lui fait prendre une nouvelle direction, sans pour autant…
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Un petit régal que cette pédicure procédurière mise en scène par Jessica Champeaux. On s’amuse beaucoup d’un procédé cinématographique tout simple : les pieds de la réalisatrice gigotent en bas de l’écran tandis que sa mère s’active sur les plus très petits petons, à poncer, vernir, couper… Et un dialogue commence entre les deux femmes rapidement rejointe par une troisième. Et là, ça tire à vue. Attention, il s’agit ici de règlements de comptes entre femmes. Et ça mitraille à qui mieux mieux !
Que va être ce film, s’interroge Sherry devant la caméra de sa fille ? Un film d’action ?…
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Les futurs réalisateurs seront… des réalisatrices
Après la journée de projection de films de fin d'études à l'IAD (Louvain-la-Neuve), c'était au tour des étudiants en cinéma de l'INSAS (Bruxelles) de montrer un peu ce qu'ils avaient dans le ventre. Beaucoup de déception, mais aussi de jolies découvertes au sein de cette école qui, cette année, fête ses 50 printemps.
L’INSAS a donc 50 ans… le temps file. Les étudiants, eux, en ont toujours 20 : ce sera encore le cas dans 50 ans. Ils ont 20 ans ou un peu plus et ils incarnent le cinéma de demain, en un mot, l’espoir… cette « bouée fragile ».…
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Que la chute soit douce…
Après La fiancée de Saint-Nicolas, réalisé dans le cadre de la fin de ses études à l’IAD, après Noël 347 et L’heure bleue, tous deux cosignés par Michael Bier, Alice de Vestele retrouve le bleu des villes désertées et les corps solitaires pour son quatrième long métrage, Que la suite soit douce, récompensé lui aussi au Brussels Film Festival de deux prix, dont celui de TV5 Monde. Lui aussi car Que la suite soit douce semble fonctionner en binôme avec New Old Story d’Antoine Cuypers, Prix du meilleur court métrage, lui aussi produit par Entre Chien et Loup, lui aussi écrit par Antoine Cuypers.
Et les similitudes ne…
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La vie en solde…
Comédien à la gueule bien trempée, Fouazi Bensaïdi, qu’Entre Chien et Loup produit depuis ses débuts derrière la caméra, avait réalisé Milles mois et WWW : WhatAWonderfulWorld. Deux films très différents mais vraiment surprenants, nourris d’audaces cinématographiques, d’étonnantes innovations et d’hybridations réjouissantes. Le premier, plus classique, tourné dans l’Atlas marocain, s’affirmait lentement comme un drame tendrement drôle tandis que le second s'affranchissait de toutes les lois des genres pour courir dans Tanger derrière un tueur à gages à la Kitano. Ce troisième…
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Mr Edhi n'apprécie pas le grand capital, pas plus que les fondamentalistes, les journaux, se promener sur la plage et les gens prodigues qui boivent trop de thé. Il aime en revanche faire des sermons, les travestis, Allah et la compagnie des femmes. À peu près aussi connu chez nous que Rémy Bricka doit l'être au Pakistan, Abdul Sattar Edhi est une véritable icône dans son pays, l'équivalent musulman d'une Mère Teresa, la bigoterie en moins. Il a fondé et pérennisé un réseau d'aides médicales et sociales comptant aujourd'hui trois cent trente antennes pour plus de cinq mille employés, le plus important du pays.
L'institut Edhi fonctionne à…
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