L’immigration est une synthèse douloureuse
Comme documentariste, Manuel Poutte n’a de cesse de pratiquer une quête du sens à rebours des idées toutes faites. Dans En Vie, il s’attaquait au postulat selon lequel il n’y a pas d’alternatives à notre société capitaliste et consumériste en nous faisant partager trois pratiques de vie différentes, allant de la recherche individuelle à l’expérience la plus collective. Sans renier ses sympathies, il filmait ses sujets avec une totale absence de jugement et une honnêteté foncière qui provoquaient, chez le spectateur, davantage d’interrogations et de remises en question que tous les discours. Bien sûr que…
Lire l'article
À feu et à sang
En 2001, la réalisatrice uruguayenne Beatriz Flores Silva suivait, sur les trottoirs de Montevideo, la jeune Elisa et son passage du rêve au désenchantement dans En la Puta Vida. Avec Masangeles, la réalisatrice revient sur une autre « putain de vie », celle d’une orpheline précipitée dans une famille et un pays déchiré par la violence.
Masangeles a sept ans et vit seule avec sa mère dans un joli appartement de Montevideo. Son père, elle le voit le plus souvent à la télévision, dans des émissions politiques. Lorsqu’il ne passe pas sur le petit écran, le fameux politicien Aurelio Saavedra vit avec sa nombreuse…
Lire l'article
Derrière les collines, cette nuit qui nous guette
Avec trois longs métrages, Les enfants de l’amour (2001), Vidange perdue (2006) et Happy Together (2007), Geoffrey Enthoven s’est déjà fait une sacrée réputation (et le chœur de notre rédaction le confirme) d’auteur intelligent amateur de sujets plus ou moins difficiles, tendus sur le fil du rasoir d’un humour caustique. Alors, nous nous demandions ce qui allait lui arriver, là. C’est qu’on les connaît, désormais, les productions d’A Private View. Non pas qu’il s’agisse de mauvais films, loin de là…
Depuis plus de quinze ans, Jean-Claude Van Rijckeghem, scénariste,…
Lire l'article
Objet flottant doucement identifié
Premier long métrage, seul film belge en compétition officielle au Festival Européen de Bruxelles, Somewhere between here and now a débarqué comme ça, sans distributeur, autoproduit, venant un peu de nulle part, petit ovni un peu tremblant sur ses quilles fragiles. Accueilli chaleureusement, il a reçu le prix Prime Télénet du Meilleur film, un prix décerné par le public qui lui garantit sa diffusion.
Modeste et simple, Somewhere between réussit peut-être à toucher et émouvoir parce qu’il assume clairement ses ambitions, son propos et ses fragilités. Peut-être aussi qu’il creuse, sans vouloir les résoudre,…
Lire l'article
Y’a d’la joie… Toute l’équipe de Sans rancune ! était là, à Flagey, au Festival du Film Européen de Bruxelles. Et avec elle, l’ambiance joyeuse que nous avions sentie pendant le tournage et que le film confirmait : Yves Hanchar, qui n’avait pas tourné depuis plusieurs années, justifiait son absence par un crash d’ordinateur qui nous laissa tous tout à fait dubitatifs ; Milan Mauger, qui tient le rôle principal du film, saluait la tenue vestimentaire de Thierry Lhermitte (une chemise noire éclatante d’étoiles blanches, très originale) ; le comédien du Splendid, quant à lui, avec beaucoup de gentillesse et une modestie à laquelle… Lire l'article
Films de fin d'études
Journées de projections des films de fin d’études des étudiants de l’INSAS. Une bonne année, entendait-on chuchoter dans les couloirs et à la pause-café. Signalons que cette année 2009 est un peu particulière puisque ont été présentés les courts métrages de la première promotion post réforme de Bologne, qui a transformé le cycle de quatre ans en cinq. Cette année supplémentaire a visiblement été bénéfique au niveau du fond comme de la forme. Les thèmes principalement abordés par les étudiants sortant du MASTER cinéma ne tournaient pas autour de leur nombril : déracinement,…
Lire l'article
Tu aimeras ton prochain
Parmi les documentaires présentés à l'INSAS cette année, Place Moscou a apporté un souffle de tendresse et de bonne humeur. Le jury et les quelques spectateurs présents dans la salle ont difficilement pu résister à la jovialité communicative de Kim, le personnage principal de ce film.
Un documentaire focalisé sur une personnalité forte est un exercice périlleux qui peut vite lasser et tourner à la moquerie ou à l’idéalisation. Le film de Mohamed Bouhari, Place Moscou, évite de façon subtile ces deux travers en suivant un couple de « missionnaires » coréens, installé à…
Lire l'article
Dormir pour toujours
Si les films des étudiants du MASTER cinéma de l’Insas proposaient, pour la plupart, une réelle narration et une véritable cohérence formelle, certains films de troisième année se sont aussi avérés prometteurs. Un Havre de paix de Léo Médard, a touché juste avec simplicité et profondeur.
Difficile souvent d’expliquer la mort aux enfants. Les parents maladroits, ne sachant trop comment exprimer ce qui est, pour eux-mêmes, inexplicable lancent souvent un « il est au ciel » ou bien encore « c’est comme s’il dormait pour toujours ». Mais « toujours » qu’est-ce que ça…
Lire l'article
Caméra-fusil
Magnifique début de Jagdfieber (la fièvre de la chasse) : un œil animal, ouvert et mort, en très gros plan, nous fait face. La bête est tuée. Ce qu'il s'agit de traquer, ça n'est pas du tout l'objet de la chasse, son gibier. L'affaire est expédiée avec ce tout premier plan. De quoi s'agit-il donc alors ? Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, ce film de fin d'études, réalisé à l'INSAS, est une sorte de documentaire, à l'orée du film expérimental.
Des hommes seuls, différents hommes seuls, courent sur un plateau un peu sauvage. À…
Lire l'article
Michel ou les monstres du quotidien
Tourné dans le Quartier des Balances, quartier de logements sociaux, à Salzinne, Michel s'inscrit dans le cadre d'un atelier de l'IAD dirigé par Benoît Mariage où douze courts métrages réalisés en binômes ont vu le jour. Michel en est l'un des plus réussis. Prix d'interprétation masculine pour Pierre Nisse (absolument brillant) et Jean-Benoît Ugeux au dernier festival du court métrage de Bruxelles, Mention Spéciale du Jury Presse, ce Michel, là fait froid dans le dos.
Banlieue grisâtre, jour déroulé sous l'épaisse couche de nuages. Lumières…
Lire l'article
Echappée belle
Catherine Salée, l’interprète principale de ce huis clos étonnant, a reçu le prix d'interprétation féminine au dernier festival du court métrage de Bruxelles. Sans avoir rien à redire ni à son jeu ni à ce prix, on aurait aimé que celui à qui elle donne la réplique tout au long du film soit aussi récompensé. Car la prestation de ce petit garçon est épatante – et son personnage, réjouissant.
Classes vertes, au fond, est plutôt bleu comme la piscine de la fameuse chanson de Gainsbourg si merveilleusement chantée par Adjani, avec sa voix à la fois fluette et cassée, son désespoir border line et ses…
Lire l'article
Brillant travail de transposition !
D’emblée, quand Stéphane Aubier et Vincent Patar ont proposé leur série Panique au Village, Cinergie a réagi avec enthousiasme. Quelle idée ! Ressusciter devant la caméra le tapis de jeu de nos dix ans, y faire évoluer cow-boys, indiens, cyclistes, animaux de la ferme et autres figurines de plastique de notre enfance, les animer pour leur faire vivre les aventures les plus délirantes qu’un esprit d’enfant puisse inventer. Et l’animation décalée, hachée, calquée sur quelques attitudes de figurines donnait à l’ensemble une incroyable dynamique. Le style brut des décors et de la réalisation focalisait l’attention…
Lire l'article
Ou comment (enfin) retrouver la joie, la foi et Cantona
Voilà qu’on s’asseyait dans une salle de cinéma, en soupirant d’avance : « Mon Dieu, encore un Ken Loach ! » tentant d’éprouver une vague surprise à la vue du casting, appâtée seulement par Eric Cantona, son parler musical, sa fièvre de l’aphorisme, sa carrure plus qu’athlétique… Et voilà qu’on n’en revint pas ! Looking for Eric est une petite et belle et tendre comédie, réjouissante, galvanisante, revigorante !
Par « petite » comédie, entendre : «simple, modeste, petit faubourg ouvrier anglais, personnages aux…
Lire l'article
Un an après Ça m’est égal si demain n’arrive pas, les frères Malandrin (qui signent à deux un film qu’ils ont co-écrit et que Guillaume a réalisé) retrouvent le chemin des salles avec un deuxième long métrage au titre encore plus farfelu, Où est la main de l’homme sans tête ? À vous de le découvrir dans ce thriller noir et mystérieux, aux indéniables accents lynchiens, qui fera certainement sensation au festival de Namur, avant sa sortie en 2008.
Si le film est aussi étrange que son titre, autant vous prévenir, il ne prête pas à rire une seule seconde. Tout ici est noir de noir, du propos sur la cellule familiale…
Lire l'article
Pisse-froid s’abstenir
On est toujours le con de quelqu’un, voire de plusieurs, et pourtant, le con, c’est toujours l’autre, celui qui n’a rien à voir avec nous en somme. Qu’est-ce qu’un con finalement ? Une question qui trouve une réponse possible dans le dernier court métrage de François Paquay adapté d’une nouvelle de Xavier Diskeuve.
Ils s’appellent François Pignon (L’emmerdeur, Le dîner de cons), Hubert Bonisseur de La Bath (OSS 117), ou encore Frank Dubosc (dans la vie comme au cinéma), les cons sont les personnages indispensables des comédies, bonnes ou mauvaises. Cela ne date pas d’hier, ni même du cinéma. Sans les cons, Molière…
Lire l'article