Sans images, il n’y a pas d’histoire
Ample et lyrique, construit autour d’une riche et profonde réflexion sur la nature et le rôle des images, Altiplano tisse les quatre coins du monde dans la même matière vibrante, mouvante et habitée, et réenchante le réel à mesure que ceux qui l’habitent tentent de le préserver de ceux qui le dévastent.
Dans Kadhak, leur premier long métrage qu’ils cosignaient déjà, Brosens et Woodworth filmaient, en Mongolie, la révolte d’un peuple dessaisi de son lien à sa terre exploitée par des voisins frontaliers, industrieux et capitalistes. Altiplano creuse ces thématiques. Autour…
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Le second film de Micha Wald se détourne du parcours épique plein de lyrisme des Casaques de Voleurs de chevaux. Avec Les folles aventures de Simon Konianski, nous sommes dans un road movie burlesque. Micha Wald, qui a réalisé le splendide Alice et moi (court métrage, Prix du jury jeune à Locarno en 2004), lui donne, en quelque sorte, une version longue avec Simon Konianski. (« Afin d'éviter la frustration de devoir couper pour adapter mes histoires au format court, j'écris généralement en parallèle un traitement de long métrage. C'est donc pendant Alice et moi qu'est né Simon Konianski »).
Simon, interprété par Jonathan Zaccaï (impeccable),…
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Entre son second long métrage, Cinéastes à tout prix et son troisième (en cours de montage), Frédéric Sojcher a tourné Climax, un court métrage inspiré de l'aventure insensée qu'il a vécu dans une île grecque. L’équipe du film Regarde-moi, en rébellion, interrompt le tournage, poussée par le désir du comédien principal de diriger l'équipe à la place du réalisateur. Une puissance sans la gloire qui s'est terminée en queue de souris pour les rebelles. Frédéric Sojcher a repris intelligemment la donne, en changeant d'équipe, hors du tumulte éolien de la dynamique de groupe qui faillit le couler… Lire l'article
Qu’est la volupté elle même, sinon un moment d’attention passionnée au corps ? (Marguerite Yourcenar)Primé au Festival d’Ismailia, en Egypte, et sélectionné au festival d’Ostende, la Désinvolture a dernièrement été présenté au FIFF, à Namur, dans le cadre de la carte blanche à la boîte de production Ambiances asbl. Son auteur, Charline Lancel, artiste visuelle belge, effectue ici un exercice de style à la fois esthétique et déroutant, s’appuyant sur la simplicité et le minimalisme.
Dépouillé de toute narration intelligible comme de tout dialogue, la Désinvolture capte les mouvements d’une jeune…
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Incursion intéressante dans le milieu de la science-fiction, ce court à quatre mains, présenté en compétition nationale, au FIFF, se distingue par la représentation d’un univers singulier aux influences kafkaïennes. Dans une société communautaire poussée à l’extrême, Anatole (Cédric Eeckhout) est LE lauréat de la loterie du Tiraniwen. En guise de récompense, il gagne l’immense privilège d’habiter dans un logement individuel. Déployant sa fragile constitution dans un décor froid aux couleurs artificielles et insipides, il est très vite gagné par l’ennui et commence à regretter l’impudique masse grouillante de son…
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Ça baronne à Molenbeek
Ça va baronner dans les cinés, on vous le dit ! Les Barons ont fait pétiller les spectateurs à la soirée d’ouverture du Festival International du Film Francophone de Namur. Avec ce premier long métrage en feu d’artifice, Nabil Ben Yadir a fait sauter gaiement tout ce qu’on croyait savoir, sur la communauté maghrébine, l’intégration, les quartiers populaires, Bruxelles et peut-être même, sur le cinéma belge…
Hassan, Aziz et Mounir ont une vie de « privilégiés ». «Les barons », c’est ainsi qu’ils s’appellent, passent leurs journées couchés…
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Une vraie jeune fille ?
Avis aux amateurs de genre, ils vont sans doute se régaler. Présenté au Festival du Film de Namur dans la compétition Emile Cantillon, Amer, premier long métrage d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, est une sorte de créature hybride entre Russ Meyer et Dario Argento, totalement et absolument seventies, qui déplie sa grammaire cinématographique à l’infini, un système presque autoréférentiel, super supra cinéphilique qui devrait en réjouir plus d’un. Aussi fascinant qu’agaçant, amusant qu’ennuyeux, Amer laisse finalement plutôt perplexe.
Trois temps, trois genres. Dans une grande maison perchée…
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Cul sec ! et à l’air….
En 2003, Félix van Groeningen imposait à l'écran sa radicalité formelle en suivant les pas d’un jeune dealer et d’une arpenteuse de trottoir dans Steve+Sky. Trois ans plus tard, le jeune réalisateur flamand revenait avec Dagen zonder Lief où six trentenaires oscillaient entre insouciance et prise de conscience.
Cette année, avec La Merditude des choses, sélectionné pour les Oscars 2010, il passe, pour la première fois, à l’adaptation d’un roman éponyme sans pour autant abandonner un style très personnel.
On annonce, depuis quelque temps, une « nouvelle vague » flamande ;…
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African Couenne
Manuel Poutte manie aussi bien la fiction que le documentaire. Il choisit le genre de film le mieux adapté à son propos, mais son travail est toujours hanté par les mêmes questions fondamentales : qu’est-ce qui fait que l’homme est un homme, et quelle est sa place au sein d’un univers de plus en plus rationaliste, de plus en plus aseptisé, bref de moins en moins humain ? Cette fois, c’est en Afrique qu’il a choisi de poser sa caméra. Il la connaissait déjà pour y avoir erré à la rencontre de gens et de cultures très différentes, mais il n’y avait jamais encore exercé son activité de réalisateur. L'Afrique, il la sent marquée…
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L’immigration est une synthèse douloureuse
Comme documentariste, Manuel Poutte n’a de cesse de pratiquer une quête du sens à rebours des idées toutes faites. Dans En Vie, il s’attaquait au postulat selon lequel il n’y a pas d’alternatives à notre société capitaliste et consumériste en nous faisant partager trois pratiques de vie différentes, allant de la recherche individuelle à l’expérience la plus collective. Sans renier ses sympathies, il filmait ses sujets avec une totale absence de jugement et une honnêteté foncière qui provoquaient, chez le spectateur, davantage d’interrogations et de remises en question que tous les discours. Bien sûr que…
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À feu et à sang
En 2001, la réalisatrice uruguayenne Beatriz Flores Silva suivait, sur les trottoirs de Montevideo, la jeune Elisa et son passage du rêve au désenchantement dans En la Puta Vida. Avec Masangeles, la réalisatrice revient sur une autre « putain de vie », celle d’une orpheline précipitée dans une famille et un pays déchiré par la violence.
Masangeles a sept ans et vit seule avec sa mère dans un joli appartement de Montevideo. Son père, elle le voit le plus souvent à la télévision, dans des émissions politiques. Lorsqu’il ne passe pas sur le petit écran, le fameux politicien Aurelio Saavedra vit avec sa nombreuse…
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Derrière les collines, cette nuit qui nous guette
Avec trois longs métrages, Les enfants de l’amour (2001), Vidange perdue (2006) et Happy Together (2007), Geoffrey Enthoven s’est déjà fait une sacrée réputation (et le chœur de notre rédaction le confirme) d’auteur intelligent amateur de sujets plus ou moins difficiles, tendus sur le fil du rasoir d’un humour caustique. Alors, nous nous demandions ce qui allait lui arriver, là. C’est qu’on les connaît, désormais, les productions d’A Private View. Non pas qu’il s’agisse de mauvais films, loin de là…
Depuis plus de quinze ans, Jean-Claude Van Rijckeghem, scénariste,…
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Objet flottant doucement identifié
Premier long métrage, seul film belge en compétition officielle au Festival Européen de Bruxelles, Somewhere between here and now a débarqué comme ça, sans distributeur, autoproduit, venant un peu de nulle part, petit ovni un peu tremblant sur ses quilles fragiles. Accueilli chaleureusement, il a reçu le prix Prime Télénet du Meilleur film, un prix décerné par le public qui lui garantit sa diffusion.
Modeste et simple, Somewhere between réussit peut-être à toucher et émouvoir parce qu’il assume clairement ses ambitions, son propos et ses fragilités. Peut-être aussi qu’il creuse, sans vouloir les résoudre,…
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Y’a d’la joie… Toute l’équipe de Sans rancune ! était là, à Flagey, au Festival du Film Européen de Bruxelles. Et avec elle, l’ambiance joyeuse que nous avions sentie pendant le tournage et que le film confirmait : Yves Hanchar, qui n’avait pas tourné depuis plusieurs années, justifiait son absence par un crash d’ordinateur qui nous laissa tous tout à fait dubitatifs ; Milan Mauger, qui tient le rôle principal du film, saluait la tenue vestimentaire de Thierry Lhermitte (une chemise noire éclatante d’étoiles blanches, très originale) ; le comédien du Splendid, quant à lui, avec beaucoup de gentillesse et une modestie à laquelle… Lire l'article
Films de fin d'études
Journées de projections des films de fin d’études des étudiants de l’INSAS. Une bonne année, entendait-on chuchoter dans les couloirs et à la pause-café. Signalons que cette année 2009 est un peu particulière puisque ont été présentés les courts métrages de la première promotion post réforme de Bologne, qui a transformé le cycle de quatre ans en cinq. Cette année supplémentaire a visiblement été bénéfique au niveau du fond comme de la forme. Les thèmes principalement abordés par les étudiants sortant du MASTER cinéma ne tournaient pas autour de leur nombril : déracinement,…
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