Tu aimeras ton prochain
Parmi les documentaires présentés à l'INSAS cette année, Place Moscou a apporté un souffle de tendresse et de bonne humeur. Le jury et les quelques spectateurs présents dans la salle ont difficilement pu résister à la jovialité communicative de Kim, le personnage principal de ce film.
Un documentaire focalisé sur une personnalité forte est un exercice périlleux qui peut vite lasser et tourner à la moquerie ou à l’idéalisation. Le film de Mohamed Bouhari, Place Moscou, évite de façon subtile ces deux travers en suivant un couple de « missionnaires » coréens, installé à…
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Dormir pour toujours
Si les films des étudiants du MASTER cinéma de l’Insas proposaient, pour la plupart, une réelle narration et une véritable cohérence formelle, certains films de troisième année se sont aussi avérés prometteurs. Un Havre de paix de Léo Médard, a touché juste avec simplicité et profondeur.
Difficile souvent d’expliquer la mort aux enfants. Les parents maladroits, ne sachant trop comment exprimer ce qui est, pour eux-mêmes, inexplicable lancent souvent un « il est au ciel » ou bien encore « c’est comme s’il dormait pour toujours ». Mais « toujours » qu’est-ce que ça…
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Caméra-fusil
Magnifique début de Jagdfieber (la fièvre de la chasse) : un œil animal, ouvert et mort, en très gros plan, nous fait face. La bête est tuée. Ce qu'il s'agit de traquer, ça n'est pas du tout l'objet de la chasse, son gibier. L'affaire est expédiée avec ce tout premier plan. De quoi s'agit-il donc alors ? Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs, ce film de fin d'études, réalisé à l'INSAS, est une sorte de documentaire, à l'orée du film expérimental.
Des hommes seuls, différents hommes seuls, courent sur un plateau un peu sauvage. À…
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Michel ou les monstres du quotidien
Tourné dans le Quartier des Balances, quartier de logements sociaux, à Salzinne, Michel s'inscrit dans le cadre d'un atelier de l'IAD dirigé par Benoît Mariage où douze courts métrages réalisés en binômes ont vu le jour. Michel en est l'un des plus réussis. Prix d'interprétation masculine pour Pierre Nisse (absolument brillant) et Jean-Benoît Ugeux au dernier festival du court métrage de Bruxelles, Mention Spéciale du Jury Presse, ce Michel, là fait froid dans le dos.
Banlieue grisâtre, jour déroulé sous l'épaisse couche de nuages. Lumières…
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Echappée belle
Catherine Salée, l’interprète principale de ce huis clos étonnant, a reçu le prix d'interprétation féminine au dernier festival du court métrage de Bruxelles. Sans avoir rien à redire ni à son jeu ni à ce prix, on aurait aimé que celui à qui elle donne la réplique tout au long du film soit aussi récompensé. Car la prestation de ce petit garçon est épatante – et son personnage, réjouissant.
Classes vertes, au fond, est plutôt bleu comme la piscine de la fameuse chanson de Gainsbourg si merveilleusement chantée par Adjani, avec sa voix à la fois fluette et cassée, son désespoir border line et ses…
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Brillant travail de transposition !
D’emblée, quand Stéphane Aubier et Vincent Patar ont proposé leur série Panique au Village, Cinergie a réagi avec enthousiasme. Quelle idée ! Ressusciter devant la caméra le tapis de jeu de nos dix ans, y faire évoluer cow-boys, indiens, cyclistes, animaux de la ferme et autres figurines de plastique de notre enfance, les animer pour leur faire vivre les aventures les plus délirantes qu’un esprit d’enfant puisse inventer. Et l’animation décalée, hachée, calquée sur quelques attitudes de figurines donnait à l’ensemble une incroyable dynamique. Le style brut des décors et de la réalisation focalisait l’attention…
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Ou comment (enfin) retrouver la joie, la foi et Cantona
Voilà qu’on s’asseyait dans une salle de cinéma, en soupirant d’avance : « Mon Dieu, encore un Ken Loach ! » tentant d’éprouver une vague surprise à la vue du casting, appâtée seulement par Eric Cantona, son parler musical, sa fièvre de l’aphorisme, sa carrure plus qu’athlétique… Et voilà qu’on n’en revint pas ! Looking for Eric est une petite et belle et tendre comédie, réjouissante, galvanisante, revigorante !
Par « petite » comédie, entendre : «simple, modeste, petit faubourg ouvrier anglais, personnages aux…
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Un an après Ça m’est égal si demain n’arrive pas, les frères Malandrin (qui signent à deux un film qu’ils ont co-écrit et que Guillaume a réalisé) retrouvent le chemin des salles avec un deuxième long métrage au titre encore plus farfelu, Où est la main de l’homme sans tête ? À vous de le découvrir dans ce thriller noir et mystérieux, aux indéniables accents lynchiens, qui fera certainement sensation au festival de Namur, avant sa sortie en 2008.
Si le film est aussi étrange que son titre, autant vous prévenir, il ne prête pas à rire une seule seconde. Tout ici est noir de noir, du propos sur la cellule familiale…
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Pisse-froid s’abstenir
On est toujours le con de quelqu’un, voire de plusieurs, et pourtant, le con, c’est toujours l’autre, celui qui n’a rien à voir avec nous en somme. Qu’est-ce qu’un con finalement ? Une question qui trouve une réponse possible dans le dernier court métrage de François Paquay adapté d’une nouvelle de Xavier Diskeuve.
Ils s’appellent François Pignon (L’emmerdeur, Le dîner de cons), Hubert Bonisseur de La Bath (OSS 117), ou encore Frank Dubosc (dans la vie comme au cinéma), les cons sont les personnages indispensables des comédies, bonnes ou mauvaises. Cela ne date pas d’hier, ni même du cinéma. Sans les cons, Molière…
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Toutes des salopes
Une comédie policière américaine au cœur d’un quartier bruxellois, c’est le pari qu’a relevé, avec humour, le jeune réalisateur Joachim Weissmann avec son dernier court métrage Le Négociant.
Né à Tournai le 25 avril 1977, Joachim Weissmann a été bercé, depuis l’adolescence, par le cinéma américain et les blagues Carambar. Bruce Willis, Mel Gibson et Jean-Claude Van Damme (période US) figurent en première place sur la liste de ses héros. On n’en sait rien, mais on se permet de l’imaginer à la vision de son premier court métrage, Le Négociant. Ça commence…
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La Nonne Nature
Depuis les succès consécutifs en langue française de La Môme, Coluche, Séraphine ou encore Mesrine, le biopic est devenu un genre très couru dans le paysage cinématographique francophone. Avec son thème classique du « rags-to-riches… to rags », le succès et la descente aux enfers d’un personnage public fascinant et controversé, l’histoire tragique de Jeannine Deckers, mieux connue sous le nom de scène de Sœur Sourire (1933-1985) se prêtait parfaitement à une adaptation cinématographique. Après un premier film farfelu, The Singing Nun (1966, de Henry Koster, interprété…
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Quelques minutes suffisent parfois à faire basculer une vie, quelques minutes ouvrent aussi des mondes. En 4 minutes pas plus, Noamir Castéra nous offre un petit bijou d’inventivité et nous résume 3000 ans d’histoire et de création. Un film sans titre (#1) pour un joli fourre-tout sans limites.
Récapitulons… L’homme court, qu’il choisisse de tourner à droite, à gauche, de monter ou de descendre, quel que soit l’endroit où il pose ses yeux, partout, autour de lui, pèse le poids de la civilisation. Par où passer ? Où s’enfermer ? Que faire ? Le grand homme en noir et blanc de Naomir Castéra cherche à fuir… en vain.
Planté là au…
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Danger extrême
Il n’est pas question ici de cinéma... pas directement. Il est question de nucléaire, et cela d’une façon qui nous concerne tous, extrêmement. Difficile alors de parler, dans un premier temps, d’une écriture, d’une esthétique, d’un regard quand ce qui s’énonce glace le sang, choque et effraie, quand ce qui est en jeu pose une urgence qui mobilise tous les affects et toutes les pensées. Plus tard, dans un deuxième temps, se pose précisément la question de la forme cinématographique, de ce qu’à son tour elle mobilise et met en jeu et en quoi elle signale une façon d’être là sans y être.
R.A.S. Nucléaire.…
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Juge et Bourreau
De plus en plus fréquente sur nos écrans dès que la lumière s’éteint et que le film commence, la fameuse mention « adapté / tiré / inspiré d’une histoire vraie » est devenue, depuis quelques années, une expression consacrée, un argument commercial indéniable, mention attribuée bien souvent à des œuvres s’inspirant de faits-divers ou d’histoires à la véracité plus que douteuse. D’ici à ce que des producteurs malins tentent de nous vendre un Curious Case Of Benjamin Button comme « inspiré d’une histoire vraie », il n’y a qu’un pas… Les Frères…
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Au sud-est de la République Démocratique du Congo (RDC), la province du Katanga est devenue le nouvel Eldorado de la mondialisation galopante. Avant les années soixante du siècle dernier, la Belgique avait - via l'Union minière - profité largement des ressources de cette province riche en cuivre, en cobalt et en uranium. Epoque où la population, au seuil de la pauvreté malgré un syndicalisme naissant, vivait dans le paternalisme du régime colonial.
Dans les années septante, le président Mobutu Seseko a nationalisé les industries minières du Katanga, pièce maîtresse de l'économie du pays tout entier. Une manière intelligente d'empêcher l'indépendance…
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