Le sable. La mer. Petit à petit, le vent se lève, charrie feuilles et coquillages, en ensevelit d'autres. Une brise qui déblaie la plage, lui donne sans cesse un autre visage. Sur ces bases fragiles et malléables, jamais à l'abri des éléments naturels (le vent donc, mais aussi la marée), l'homme a souvent bâti des empires, qui s'effondrent plus vite qu'un château de cartes (de sable, ici...). Comme un géant aux pieds d'argile, l'homme s'est cru, une fois tapi derrière ses remparts cimentés (faits avec du sable...), invincible. La nature se déchaîne, et tout s'écroule. Une revanche, sans doute : à force de se voir piétinée,… Lire l'article
Chaque matin, loin dans le nord, l'esquimau sort de son igloo, creuse un trou dans la glace, s'assied au bord et lance sa ligne. La nature lui procure quelques poissons qu'il ramène dans sa cahute en Frisko, où Madame Esquimau l'attend, la poêle sur le feu, prête pour le frichti. Et ainsi s'écoule la vie de l'esquimau, paisible et monotone, rythmée par l'alternance des saisons : l'hiver succédant à l'hiver, la glace à la glace et les colins aux cabillauds. Jusqu'au jour où Monsieur Esquimau se chope une allergie au poisson, en a soupé du fish stick : ras la capuche de l'anorak! Et Madame a beau s'escrimer sur sa friture, varier la bouillabaisse,… Lire l'article
En ce mois d'avril, un film d'Alain Corneau qui adapte un livre d'une romancière bien de chez nous mais qui se passe aux antipodes.
Tout le miel d'Amélie
Romancière adulée depuis plus d'un lustre, notre Amélie Nothomb nationale (on a bien le droit d'en avoir une, hein M'sieu Jeunet !), n'avait encore jamais fait l'objet d'une adaptation au cinéma (1). C'est aujourd'hui chose faite pour l'un de ses romans les plus populaires. Ayant vécu ses 5 premières années au Japon, Amélie (l'héroïne du roman, largement autobiographique) en a gardé un tel émerveillement qu'une fois adulte, elle ne pense qu'à revenir s'y…
Lire l'article
Yippie, une histoire de cow-boys et d'indiens ! Nick est un petit garçon qui se rêve en Buffalo Bill des cours de récré, à dégommer les Peaux Rouges après l'école. En croquant ses rêves d'enfant du Far West dans les marges de ses cahiers de devoirs, Nick s'invente une autre vie, pour échapper aux quolibets de ses camarades, et aux adultes qui le toisent. Mais petit à petit, ses rêves rejoignent la réalité...
Yves Bex est sorti de la KASK il y a maintenant 10 ans, mais Desperado est son premier film d'animation d'envergure. Pour rendre au mieux l'univers fantasmé de Nick l'apprenti-shérif, Bex a choisi le cellophane et le pastel…
Lire l'article
Noir et blanc pour un plan fixe, sur un arbre et son amour éternel pour un petit bonhomme, et Dieu sait que l'amour change et prend de drôles de formes, en grandissant. L'arbre continue à donner, l'homme à prendre. De "Boom die gaf" c'est l'arbre qui donnait même sa chemise, par amour, et qui donnerait jusqu'à sa vie...
Intime, touchant dans sa simplicité, Cliff Laureys (Ritz) épure son récit comme son trait rare : douce, sécurisante, la voix de l'arbre qui se penche pour entendre les rêves et les confidences emprunte la mécanique de répétition de la fable, proposant ses pommes à vendre au marché pour quelques sous d'argent de poche,…
Lire l'article
"Réveillez la bête qui est en vous", disait la pub : Eric Peeters, en réalisant ce Beestig Dagje plein d'allant et de clins d'oeil tordants, semble avoir bien compris le message. En sept minutes et le triple d'animaux, il nous énumère joyeusement nos tics bestiaux en nous montrant vaches, cochons, pingouins et gorilles dans leur quotidien le plus cliché... Ce quotidien que les grammairiens (et les gardiens de zoo) ont sans doute observé pour inventer les expressions de "chaud lapin", de "malin comme un singe" et de "bonnet d'âne".
Beestig Dagje commence donc au petit matin avec nounours qui se lève, pour se terminer au coucher du soleil, quand l'homme se couche. Entre les deux, on aura vu un crocodile…
Lire l'article
Magré tout, le chant de la liberté
Quelque part, un bâtiment aux hauts murs de briques sales. Une file d'hommes et de femmes attendent sous la surveillance de gardes en treillis, lourdement armés. On comprend très vite qu'il s'agit de la visite des familles dans une prison de femmes. Un par un, les visiteurs entrent, entièrement soumis au caprice des ombrageux militaires. Parfois, sans raison apparente, c'est la fouille complète, voire l'exclusion. Les portes se referment, d'autres s'ouvrent les prisonnières apparaissent. Effusions, larmes, rires, sous l'oeil vigilant des matonnes. Soudain, deux femmes quittent la pièce. La prisonnière guidant la visiteuse, elles courent à…
Lire l'article
Les cinéphiles ayant découvert The Bloody Olive, un court métrage surprenant de Vincent Bal attendaient avec curiosité un long métrage de son réalisateur. Ils ne seront pas déçus. Miaouw ! Minoes (Minouche), long métrage, produit en Hollande a eu un très grand succès public aux Pays-Bas. Lorsque l'on voitMinouche on comprend pourquoi. Ce conte où les chats remplacent les fées en caressera plus d'un dans le sens du poil. Adapté d'un récit de l'écrivain hollandais Annie M.G. Schmidt, un livre classique de la littérature pour enfants, l'histoire contée est simple et magique. Tibbe, un journaliste jeune et timide rencontre…
Lire l'article
Comme à la radio
Aux abords d'une cité toulousaine, trois jeunes piquent une voiture. Une patrouille de police intervient. Dans le mêlée, un coup de feu claque et un gamin s'écroule sans vie. Les amis de la victime tentent de réclamer vérité et justice mais se heurtent à l'arrogance des policiers, qui cherchent à couvrir leur responsabilité, et à l'indifférence des politiques peu soucieux de tremper dans ce bouillon explosif. Résultat : mobilisation, répression, manifestations, interventions, occupations, barricades: 4 jours d'émeutes au quartier de la Reynerie. Pour Eric Pittard, documentariste, c'est l'occasion d'aller à la…
Lire l'article
Muriel Kuypers nous parle d'un film qui relate une situation, malheureusement, trop souvent vécue par les femmes (elles en sont les premières victimes), le chômage. Le documentaire de Loredana Bianconi, une cinéaste auquel nous avons consacré un gros plan et qui a réalisé en 1998, le très beau long métrage : Do You remember revolution.
Coup d'oeil derrière soi avant de regarder vers l'avenir
Une femme de 45 ans, au chômage, ce n'est, malheureusement, pas extraordinaire dans notre société contemporaine. Un film sur quelqu'un se trouvant dans une situation de précarité, ce n'est pas nouveau non plus. Le cinéma, qu'il soit de fiction ou…
Lire l'article
Iao Lethem aime secouer le spectateur. Dès In the between the sheets, un film de 10' qu'il a réalisé en adaptant une sulfureuse nouvelle de Ian McEwan, il donnait un enjeu à sa fiction : comment un père réagit-il lorsqu'il découvre qu'il ressent du désir pour sa fille ? Vous me direz que les anglais n'ont pas leur pareil pour cuire à feu doux les sujets sulfureux. Perturbant, n'est-il pas ?
Mamaman nous trace les relations d'une mère en conflit quotidien avec sa fille de 17 ans. Iao Lethem enregistre dans ce court métrage de 25' le dit (souvent violent parfois distrayant, "on ne se fait pas de cadeau dans l'intimité") et le non-dit (que chaque spectateur…
Lire l'article
Un film coup de poing qui vous met KO pour un bon bout de temps. Le temps de reprendre ses esprits car on n'en croit pas ses yeux, à tel point qu'on se demande si on n'aurait pas perdu la raison ? Patric Jean, le réalisateur du film documentaire Les enfants du Borinage frappe une fois de plus fort, très fort, là où ça fait mal. Il va droit au but sans emballage cadeau pour dire tout haut ce que plus personne ne dit même tout bas : la honte de nos systèmes qui contribuent à écarter et à enfermer les indésirables de notre société, et qui mènent, on le sait, tout droit à la délinquance. Cette honte vous est servie ici comme un plat qui se mange froid.… Lire l'article
Tango nostalgie pour monde disparu
Réalisé en 2001 et rarement montré depuis, le dernier court métrage animé d'Eric Ledune mérite pourtant beaucoup mieux que cette relative indifférence. L'auteur des Haikus y fait une fois de plus étalage de réelles qualités artistiques, tout en finesse, à l'image de ces belles peintures animées aux tons pastels qui constituent le coeur de son film. Au départ de Bayan..., il y a une amie d'Istanbul qui offre au cinéaste un disque de tangos turcs, très populaires là-bas des années 20 aux années 50. Envoûté par l'une des chansons (Bayan Bana Bak Bayan, de Neriman Beçitktaçli Kemal),…
Lire l'article
Dans un théâtre de marionnettes, la Femme Papillon exécute ses tours de magie sous les yeux rêveurs de toute une assemblée de pantins. L'un d'entre eux, tellement subjugué par la beauté de cette créature majestueuse, en perd la raison, et par la même occasion tous ses fils qui le retenaient à son destin. Libéré du joug marionnettiste, il s'empresse de rejoindre sur scène cette Femme Papillon... mais le rideau tombe sur toute cette mascarade en carton-pâte, et le pantin dégingandé se retrouve seul. Après une course poursuite le conduisant dans les tréfonds de ce petit théâtre de bric et de broc, le petit Pierrot lunaire s'empare…
Lire l'article
Full Metal Waterzooi
La guerre est certes une belle connerie, mais reconnaissons que si elle n'existait pas, le cinéma aurait dû l'inventer. N'a-t-elle pas servi de toile de fond à quelques pages les plus glorieuses de l'histoire du 7è art? Sans elle, John Wayne ne serait resté qu'un cow-boy sanguin, Stallone un pugiliste amoureux d'Adrienne, et personne ne connaîtrait le potentiel comique d'un Tom Cruise (Top Gun) ou d'un Charlie Sheen (Oui, j'ai dit Charlie, je respecte Apocalypse Now, moi!). Personne ne chanterait les célèbres canons de Navarone, on n'aurait pas la moindre idée de l'existence d'une rivière Kwaï ; quant à la chevauchée…
Lire l'article