"Tout de suite ?", dit-elle avec un air de petite fille contrariée. "Oui, là maintenant !", affirme votre serviteur, avec cet air indifférent qu'affichent les photographes vis-à-vis de leurs modèles. Effarée : "Tu crois ? C'est indispensable? ". S'il y a bien un point sur lequel un photographe est inflexible c'est sur le déclic, comme Freud sur l'inconscient ("la mémoire de l'oubli" selon la formule de Lacan). D'autant que la diminution progressive de la lumière change le " peps " d'un portrait.. Donc, tout de suite ! Se faire photographier, c'est laisser une trace de soi (une figure lumineuse) qu'on ne maîtrise pas. C'est perdre…
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Propos de Johan van der Keuken : "Dès qu'un homme est filmé, il cesse d'être un homme pour devenir un morceau de fiction, de matériau filmé. Et pourtant, il continue d'exister. Cette double vérité est lourde de tension. Trouver une forme pour cette tension signifie : créer un monde imaginaire et y décrire le combat humain". Les propos que nous allons enregistrer de Cyril Bibas (morceaux de fiction devenus ?) sont ceux d'un trentenaire alerte et cool, la chemise à carreau noir et blanc, ouverte sur un tee-shirt blanc, des pantalons baggy, les cheveux noirs mi-longs et, à côté de votre serviteur, rasé de près. Le personnage nous interpelle. Comment et pourquoi…
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Notre table d'hôte pour les interviews est près d'une fenêtre, un velux serti de bois couleur mastic pour être précis. Lorsqu' Yves Cantraine s'assied en face de nous en tee-shirt gris dégriffé (il ne place pas son ego dans le logo), la lumière d'un soleil matinal d'avril coupe son visage en deux. A droite, elle fait briller un oeil et brûle une moitié de barbe. A gauche, le visage laissé dans l'ombre est mangé par la pénombre. Pas au point de cadrer (et non encadrer) une figure à la Francis Bacon, mais l'idée ne peut pas ne pas venir à l'esprit. " Rompre avec la représentation, casser la narration, empêcher l'illustration,… Lire l'article
Il pleut des cordes, en ce matin d'avril au ciel plombé où nous nous rendons chez Inès Rabadan, rue Jourdan, près de la Porte de Hal. Au rez-de-chaussée d'une ancienne maison de maître, trois pièces en enfilade dominent une arrière-cour qui donne sur un jardin à l'herbe mouillée. Cabinet de travail assez sombre avec une bibliothèque remplie de livres du sol au plafond derrière un bureau où les dossiers qui s'empilent laissent entrevoir l'écran d'un Mac, cuisine et salon véranda où nous nous installons sur un canapé recouvert de tissu. Inès, pantalon de velours marron et pull de laine gris boutonné sur le devant, est coincée… Lire l'article
Lumière
Cadreur et directeur photo des films de Sarunas Bartas (The House, The Corridor et Freedom, tourné récemment au Maroc), le chef op. lithuanien Rimvydas Leipus travaille désormais en Belgique. Il vient d'assurer le cadre et la lumière des derniers films d'Eva Houdova, Daniel De Valck et Anne Deligne et Laurent Van Lancker.
Cinergie : Quel est l'esthétique qu'Eva Houdova t'a demandé pour la Parenthèse et le Retour en Bohême ?Rymvydas Leipus : Eva m'a demandé d'avoir un regard cinématographique, de considérer que je travaillais sur un film et non sur un reportage télévisé. Le côté formel était important…
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"Blanche-Neige est le premier film dont je garde un souvenir. Et un plan en particulier, celui où la Reine ferme les rideaux. Dans ma tête il y avait du feu dans ses yeux. Elle vient de voir Blanche-Neige et elle est vraiment furieuse. Je devais avoir 6 ou sept ans. Je ne me souviens plus exactement de mon âge", nous confie Lieven Debrauwer dans un français impeccable. Cut. Flash-Back. Samedi midi. La pluie comme horizon. Votre serviteur monte mutique, sans sa dose de caféine dans un taxi qui doit le mener au 174, chaussée de Charleroi au SiSiSi. Si, si, cette brasserie existe ! Un chauve revêtu d'une veste en Nylon caca d'oie avec un regard de type maniaco-dépressif nous observe dans le rétroviseur d'une… Lire l'article
Au 28ème Festival du Court Métrage de Clermont-Ferrand le palmarès des belges
Voilà 3 années que La Boîte… Productions dirigée par Arnaud Demuynck trouve le chemin de la sélection nationale du Festival grâce à l’apport non négligeable des coproductions françaises. 3 années et 3 succès. En 2004, Le Portefeuille de Vincent Bierrewaerts était couronné du Prix de la Meilleure Animation, tout comme Signes de Vie d’Arnaud Demuynck l’année dernière. Cette fois-ci, Chahut est honoré à 2 reprises.
C : Surpris de recevoir le Prix du Jury Jeunes ?Gilles Cuvelier : Ce fut une très bonne et très inattendue…
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C'est à l'âge de quatorze ans, en voyant le Désert vivant, un long métrage de James Algar produit par les studios Disney, que Pierre Gueulette s'emballe pour le cinéma Une passion qui ne se démentira jamais, pas plus que celle de la musique classique et du jazz dont il a une collection de vinyls à faire pâlir de jalousie quelques uns d'entre nous. Comment entrer dans le monde du cinéma, en faire un métier en Belgique lorsqu'il n'y a pas d'industrie, pas encore d'ateliers d'accueil ou de production ni d'écoles de cinéma ? Il y a bien l'IDHEC à Paris mais, après ,comment exercer son métier ? " Je cherchais une école…
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Le premier long métrage de Frédéric Sojcher a été une épreuve tant à l'étape de la production que du tournage. Confronté à ce double défi qui rendait une partie du scénario caduc, le réalisateur de Fumeurs de charme a su rebondir avec malice, en se servant des accidents du tournage pour les utiliser dans une narration plus complexe (celle d'un film-dispositif qui propose une mise en abyme du tournage effectué en Grèce dans des conditions tragi-comiques), en faisant appel à Jean-Paul Comart, son alter ego (ils ont tourné quatre films ensemble) qui en est devenu le deus ex machina.
Regarde-moi est un film déconcertant qui joue…
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A l'heure où la Cinémathèque Royale de Belgique rencontre de graves difficultés au point de frôler la faillite dans une indifférence politique que je n'ose qualifier de peur d'être poursuivi par les tribunaux, nous rencontrons François L. Wakouache, jeune cinéaste camerouno-belge, qui vient de réaliser, coup sur coup, deux longs métrages, et nous avoue que grâce au Musée du Cinéma il a rattrapé en un an dix à quinze ans de culture cinématographique : " On se tapait la séance de 18 heures puis celle de 20 heures. On achetait le programme au début du mois et on établissait notre liste de films à voir. Le minimum qu'on voyait était… Lire l'article
Elle a l'élocution facile, l'oeil pétillant de malice et la passion au bout des lèvres. Portrait tout en contraste d'une réalisatrice hyper-douée qui, préférant les plans aux images, se révèle moins paradoxale qu'il n'y paraît malgré sa fascination pour le risque, la provocation. En cela, elle ressemble à ces musiciens pour qui l'improvisation (tant en musique contemporaine qu'en jazz) représente autant un défi qu'un mode de vie. Et cela ne se limite pas au tournage : elle épuise ses monteurs ou monteuses en battant la mesure pour trouver le bon rythme d'une séquence, le tempo d'un plan.
Toute de noire vécue,…
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Chronique et entretien avec le réalisateur
Herman Van Eyken aime raconter des histoires. Nous aussi. Vous connaissez celle de la Bible - matrice de presque tous les récits - et de l'éditeur ? Elle figure dans Pastiches et postiches. Umberto Eco, le fringuant semioticien et romancier (dont Herman Van Eycken a suivi les cours à Bologne) imagine que le manuscrit ou le tapuscrit de la Bible atterrit sur le bureau d'un éditeur qui la confie à un membre de son comité de lecture.
Rapport du lecteur à l'éditeur :
"L' épisode de Sodome et Gomorrhe, avec les travestis qui veulent faire les anges, est rabelaisien ; les aventures de Noé sont du pur Jules…
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La loterie
C'est en octobre dernier, dans un conseil des ministres restreint, qu'il a été décidé de nous sortir du département politique scientifique du budget fédéral où nous étions logés jusqu'alors avec les autres institutions bi-culturelles scientifique, et que nos subventions seraient payées par la Loterie nationale. Le pourquoi de cette mesure, à vrai dire je n'en sais rien. Il y a eu une décision de faire des économies sur le budget fédéral. En ce qui concerne le département scientifique, c'est tombé sur nous.Et on a demandé à la Loterie de compenser ça. Dès le départ, j'ai été préoccupée…
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Après Alain de Halleux et Pierre-Paul Renders, dont les propos ont été publiés dans nos précédents webzines, nous avons demandé à Thierry Zamparutti de nous parler de la programmation et de l'exploitation d'une salle de cinéma en Wallonie. L'existence de salles indépendantes des grands réseaux ou des multiplexes est, en effet, capitale pour permettre au public de rencontrer autre chose que le cinéma " mainstream " d'outre-Atlantique, voire simplement de découvrir, ailleurs qu'à la télé, le cinéma "bigger than life".
Cinergie : D'où te vient cette passion pour les salles de cinéma de quartier ?
Thierry…
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Tout le monde se souvient du policier dégingandé avec un accent belge à couper au couteau qui marque de son empreinte les scènes d'action de la Balance, le thriller de Bob Swain de 1982. Jean-Paul Comart, qui interprétait ce flic, est toujours aussi efflanqué, volubile, farceur et chaleureux. Depuis qu'il vit en France, Jean-Paul Comart enchaîne les rôles pour Bertrand Tavernier (La Vie et rien d'autre, L627, L'Appat), Gérard Krawczyck (Je hais les acteurs), Yves Boisset (Le Pantalon), etc. Il est récemment revenu en Belgique, à Bruxelles, pour tourner dans Regarde-moi, le long métrage que monte actuellement Frédéric Sojcher avec lequel… Lire l'article