Qu'est-ce que le temps ? Cyclique, périodique, évolutif, linéaire ? Le temps du rêve qui condense la durée ? Bonne question. À la formule, chère aux traders (biens pâlichons en ce moment) : Time is money, un psychanalyste a répond : le temps, c'est bien plus que de l'argent, le temps c'est de la mort (Melman). Eux répondent tranquillement : le temps c'est un art de vivre. Qui ça, eux ? Anne Deligne et Daniel De Valck, deux cinéastes singuliers, comme seule la Belgique en produit, hors-industrie, dans la création de l'image. Ne fût-ce que parce que chacun de leurs films conjugue une expérience de vie, de rencontres,… Lire l'article
Low Budget, un risque calculé
Cinergie : Si vous deviez faire un bilan, votre expérience de production de films low-budget se solde-t-elle par un résultat positif ?Pierre Lekeux : Mes impressions à chaud sont les suivantes. Avec seulement trois petites années d'expériences et un apprentissage sur le tas, le bilan semble globalement positif et encourageant. Radowski Films a produit des films difficiles tant du point de vue budget que du point de vue contenu. J'ai investi, par conviction et nécessité, un créneau hors-normes et les résultats sont au rendez-vous.
La particularité des films low-budget que nous avons produits réside dans le fait qu'il a fallu créer une corrélation…
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Frédéric Young a réussi à fédérer autour de la SACD (rappelons que celle-ci à été fondée par Beaumarchais à la veille de la Révolution française), dont il est le délégué général pour la Belgique, toute une série d'associations qui défendent les auteurs et leurs droits ainsi que la création en Belgique. On ne va pas toutes vous les citer mais vous indiquer celles qui ont en commun les métiers de l'image : SCAM (auteurs multimédias), ASA (scénaristes), AIDAA (association internationale des auteurs de l'Audiovisuel), FSE (Fédération européenne des scénaristes) et PRO SPERE (dont… Lire l'article
Marion Hänsel nous a habitués à des oeuvres puissantes, hantées par des interrogations sur la vie, la mort, l'identité des êtres. Et voici Nuages. Un film sans histoire, en tout cas sans véritable progression dramatique. Un film sans autres comédiens que les forces élémentaires de la terre, de l'air, du feu et de l'eau qui s'allient, se repoussent se confrontent dans un ballet étourdissant. Un film sans dialogue, sinon le souffle du vent et le grondement de la terre. Un film où la splendeur des images renvoie à d'autres merveilles plus intimes : celles de l'enfantement et des relations qui unissent les êtres à leurs géniteurs ou à leur progéniture,… Lire l'article
Profession : producteur
Y a pas de quoi grimper aux rideaux. Alors là, pas du tout. L'automne sera en demi-teintes comme l'état actuel de notre cinéma. La troisième saison de l'année aura une touche british. Nous verrons des silhouettes genre Miss Marple (Thank you, Agatha) sillonner nos trottoirs : bottines lacées, lunettes demi-lune, besaces en cuir noir ou cabas en tissu façon tapisserie, guêtres de main et petites culottes en tulle strech qui renvoient le string aux antipodes. Un look un peu sinon plus amidonné !Rien de tout cela chez Diana Elbaum, productrice d'Entre Chien et Loup, qui n'en a cure (sauf pour le manteau d'ecclésiastique).
Toute de noir vêtue,…
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Dans quelle catégorie se range-t-il ? Les maniaco-dépressifs ? Les paranoïaques ou les schizophrènes ? Les pervers du type Don Juan ? Les obsessionnels du genre Alceste ? Les hystériques, tel Sganarelle ? Est-ce une sorte de Zelig ? Se dissimule-t-il derrière des lunettes noires ? Désolé pour les fondus de profil-type, ou les amateurs de figures de la rhétorique psychanalytique, il n'a pas de lunettes, présente un abord chaleureux, la cinquantaine tranquille, celle d'un homme qui a vécu les dernières années d'un XXe siècle chaotique, tourmenté et le 11 septembre dramatique du XXIe. Olivier van Malderghem ressemble à un mec que nous… Lire l'article
Née à Marseille, Marion Hänsel a été élevée à Anvers dès l'âge de quatre ans.
"Le premier film que j'ai vu, en tout cas celui dont je me souviens, nous confie-t-elle, était Dumbo l'éléphant, le bébé rejeté parce qu'il avait de grandes oreilles. Mes parents n'étaient pas très cinéphiles, j'ai commencé à aller au cinéma à l'adolescence. Enfant c'était rare. Par contre, on avait un petit projecteur 8mm avec les films de Disney. Ensuite, j'ai été voir avec mon grand père des westerns en salles. En réalité, mon grand-père adorait les chevaux. C'était…
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Au début des années soixante, la Belgique était un pays étouffant, marinant dans une médiocrité qui lui donnait une touche poussiéreuse digne des Scènes de la vie de province de Balzac. Regardez les photos d'époque, les gens ont les cheveux aussi ras que leurs idées, des costumes aux vestes croisées, les femmes des jupes jusqu'à mi-mollet et des chignons. Pour paraphraser le célèbre mot de Talleyrand (que Bernardo Bertolucci a placé en exergue dans Prima della revoluzione), " Ceux qui n'ont pas connu l'avant-68 ne savent pas ce qu'est la lourdeur de vivre ". Cette époque au conformisme épais comme un missel, " straight ",… Lire l'article
Pré-générique, coup de sonnette (deux fois). " Oiiiiiiiiii " - " C'est Louise krrrrrrrrretc. ". - "Hummmm, J'ouvre". Générique. Contre-plongée sur une blonde en sandales, tee-shirt blanc, pantalon de toile brun et sac au dos beige qui monte, sans se presser, les escaliers menant à Cinergie.be. Jump cut. La réalisatrice de Paulette se débarrasse de son sac dégriffé et votre serviteur se trouve face une jeune fille aux yeux aussi bleus que le collier qu'elle porte autour du cou. Cadrée, en plan américain, elle nous précise, sotto voce, être née à Ottignies. Flash back : " L'animation c'est venu beaucoup plus tard, je dessinais…
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Ça fait un moment qu'on voulait cerner la personnalité de Kita Bauchet, qui nous avait enchantés avec Violette et Framboise. Violette (fabuleuse Raphaëlle Bruneau), sorte de personnage lunaire à la Antoine Doinel dont les mésaventures davantage que les aventures nous font découvrir le monde, d'une scène à l'autre, d'une ligne de fuite à l'autre, en un mot la comédie sociale avec la légèreté d'un Mozart composant le Trio des quilles (K.498). Le bon tempo, voilà comment nous caractériserions le cinéma de Kita Bauchet. Imaginez notre impatience lorsque nous avons vu débarquer une jolie rousse aux yeux vert clair chaussés de lunettes… Lire l'article
Notre pays à une solide réputation de cinéastes marginaux, de frappadingues dadaïstes de la caméra bricolée, de bibis fricotins de la pelloche usée. Les Mini-Cakes est un court métrage composé de deux petits films burlesques écrits et réalisés par Jan Hammenecker (qu'on a découvert dans Max et Bobo de Frédéric Fonteyne). Deux volets donc, comme les deux personnages Cake et Cake (clones boutefeux de Laurel et Hardy), deux gugusses en kilt écossais qui se promènent dans les bois - tireli, tirela - comme de joyeux sacripants dansants. Une dame en costume avec pantalon (admirez la symétrie inversée), pardon, une elfe gracieuse s'enfuit devant les galopinades…
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Michel Caulea aime Bach, Mozart et Kundera. Nous aussi. Michel Caulea n'aime pas le romantisme. Nous non plus. Michel Caulea n'aime pas les interviews. Nous, euh - splatch ! Notre bras désarmé renverse la cafetière que nous tentons de rattraper avec un certain succès, inondant le carrelage d'un liquide - ploc, ploc, ploc !- qui ressemble à du révélateur photographique usagé. Nous nous levons pour contempler la scène tandis que Michel Caulea aussi confus que nous s'emploie à nous rassurer. Reprenons, nous voulons attirer votre attention sur un cinéaste -- dont la première passion fut la peinture -- d'autant plus singulier qu'il a choisi un genre qui se joue (c`est le…
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"Tout de suite ?", dit-elle avec un air de petite fille contrariée. "Oui, là maintenant !", affirme votre serviteur, avec cet air indifférent qu'affichent les photographes vis-à-vis de leurs modèles. Effarée : "Tu crois ? C'est indispensable? ". S'il y a bien un point sur lequel un photographe est inflexible c'est sur le déclic, comme Freud sur l'inconscient ("la mémoire de l'oubli" selon la formule de Lacan). D'autant que la diminution progressive de la lumière change le " peps " d'un portrait.. Donc, tout de suite ! Se faire photographier, c'est laisser une trace de soi (une figure lumineuse) qu'on ne maîtrise pas. C'est perdre…
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Propos de Johan van der Keuken : "Dès qu'un homme est filmé, il cesse d'être un homme pour devenir un morceau de fiction, de matériau filmé. Et pourtant, il continue d'exister. Cette double vérité est lourde de tension. Trouver une forme pour cette tension signifie : créer un monde imaginaire et y décrire le combat humain". Les propos que nous allons enregistrer de Cyril Bibas (morceaux de fiction devenus ?) sont ceux d'un trentenaire alerte et cool, la chemise à carreau noir et blanc, ouverte sur un tee-shirt blanc, des pantalons baggy, les cheveux noirs mi-longs et, à côté de votre serviteur, rasé de près. Le personnage nous interpelle. Comment et pourquoi…
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Notre table d'hôte pour les interviews est près d'une fenêtre, un velux serti de bois couleur mastic pour être précis. Lorsqu' Yves Cantraine s'assied en face de nous en tee-shirt gris dégriffé (il ne place pas son ego dans le logo), la lumière d'un soleil matinal d'avril coupe son visage en deux. A droite, elle fait briller un oeil et brûle une moitié de barbe. A gauche, le visage laissé dans l'ombre est mangé par la pénombre. Pas au point de cadrer (et non encadrer) une figure à la Francis Bacon, mais l'idée ne peut pas ne pas venir à l'esprit. " Rompre avec la représentation, casser la narration, empêcher l'illustration,… Lire l'article