Manuel Poutte manie aussi bien la fiction que le documentaire. Il choisit le genre de film le mieux adapté à son propos, mais son travail est toujours hanté par les mêmes questions fondamentales : qu’est-ce qui fait que l’homme est un homme, et quelle est sa place au sein d’un univers de plus en plus rationaliste, de plus en plus aseptisé, bref de moins en moins humain ? Cette fois, c’est en Afrique qu’il a choisi de poser sa caméra. Il la connaissait déjà pour y avoir erré à la rencontre de gens et de cultures très différentes, mais il n’y avait jamais encore exercé son activité de réalisateur. Lire l'article
Après Alice ou la vie en noir et blanc, un court métrage aux allures de portrait fragile, Sophie Schoukens revient avec son premier long métrage consacré une nouvelle fois à une figure féminine, celle de la jeune et belle Marieke. Présenté au Festival du Film Francophone de Namur, Marieke Marieke prend le chemin sensible d’un cinéma cathartique et peut-être un peu trop fragile. Lire l'article
La Totale
Après le passage en salles de Formidable, le deuxième long métrage de Dominique Standaert, il était logique d'en attendre une sortie DVD. Mais à cette occasion, le distributeur Come and See est d'humeur généreuse. C'est un double DVD qu'il nous propose, avec l’intégrale des films «pro» de Dominique Standaert, … et plus encore.
On est ravi d'avoir ainsi l'opportunité de braquer le projecteur sur le travail de Dominique Standaert, cinéaste peu prolixe (un court et deux longs métrages en dix ans), mais professionnel compétent, passionné, minutieux et affable comme nos voisins nous les envient. En un quart de siècle,…
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Jeu de miroir
Quinze ans avant de signer le sulfureux et culte Marquis mettant en scène un Sade en grande conversation avec son pénis, Henri Xhonneux réalise Souvenir of Gibraltar en 1975. Bien loin du célèbre détroit, le réalisateur situe l’action de ce premier long métrage entre Bruxelles, Eupen et Welkenradt et propose une « autobiographie » familiale qui se veut avant tout une comédie populaire. Un film oublié que Paul Geens et son asbl Belfilm ont édité dans la collection Made in Belgium.
Federico Fellini, Fassbinder, Woody Allen, Nanni Moretti, Philippe Garrel, Wim Wenders, Abbas Kiarostami, Mohsen Makhmalbaf, Jean-Luc Godard, sans oublier François…
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Žižek, de qui, de quoi, le cinéma est-il fait ?
Bienvenue dans le monde de Žižek (que les lecteurs de Trafic connaissent bien). Drôle, insaisissable, provocant, critique, sceptique, féroce à contresens (lorsqu'il nous affirme que Deleuze et Foucault sont pervers), provocant (Alexandre Kojeve présenté comme un espion soviétique et non comme l'homme qui a fait connaître Hegel en France), lacanien, aussi incorruptible que dans un film de Brian De Palma, surnommé « Marx Brother » par le New York Times, Slavoj Žižek (prononcez JiJek), philosophe et psychanalyste, est aussi un globe-trotter du cinéma. Il se moque, dans un style hilarant, de l'obscurantisme de la séquence…
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Commençons par l'énigme du trimestre. Bonnets noirs et bonnets blancs, l'article de Mark Rappaport n'a rien à voir, rassurez-vous, avec la célèbre phrase d'un homme politique, à l'accent rocailleux, vis-à-vis de ses collègues : « C'est bonnet blanc et blanc bonnet ». Point du tout. Il s'agit des dessous de Janet Leigh dans Psycho (1960) d'Alfred Hitchcock. Le maître planifiant, dessinant sur storyboard, ses films, plans après plans, Rappaport s'interroge sur la couleur des dessous de Marion Crane (Janet Leigh). Le film étant en noir et blanc, pourquoi porte-t-elle – avant d'être assassinée dans sa douche – un soutien…
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Le livre de Marguerite Duras qu'illustre le film aurait dû obtenir en 1950, lors de sa parution chez Gallimard, le prix Goncourt. Il ne l'obtint point, mais eu du succès. Au point que huit ans plus tard, René Clément l'adapte au cinéma : Un Barrage contre le Pacifique (Diga sul Pacifica) produit par Dino de Laurentis avec Silvana Mangano et Anthony Perkins.
Cinquante ans plus tard, Rithy Panh reprend Un Barrage contre le Pacifique, au Cambodge, près de Kampot, à l'endroit même où Marguerite Donnadieu, dite Duras, a passé son adolescence avec sa mère et son frère Joseph. La mère, Marie Legrand, épouse Donnadieu, fille de paysans du Nord-Pas de Calais en…
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Palme d'or à Cannes en 2008, Entre les murs de Laurent Cantet nous présente un monde intra muros dans lequel vingt-quatre élèves et un prof de français se lancent dans l'épopée d'un langage oral et écrit.Venant d'un kaléidoscope de cultures et de niveaux scolaires différents, les élèves de la classe du collège Françoise Dolto, un petit collège ZEP (zone d'éducation prioritaire) passent du classicisme français aux vannes qui fusent de partout.Le scénario de François Bégaudeau (qui joue François Marin, le professeur, tout en ayant écrit un roman tiré de son expérience d'enseignant),…
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Film événement, "buzz" 2009 bardé de prix aux Golden Globes, aux Bafta (Oscars britanniques) et aux Oscars 2009, énorme succès public à sa sortie en salles, on se devait de retrouver Slumdog Millionnaire à la rentrée dans les sorties DVD de tête de gondole. C'est chose faite pour Cinéart, qui nous propose une version simple, bon marché, mais quasi exempte de bonus, et une version double DVD, plus fournie et plus éclairante.
Le film de Danny Boyle n'a pas laissé grand monde indifférent. Il y a ceux qui l'ont encensé, et ceux qui l'ont détesté. Ceux qui y voient l'émergence du cinéma des années 2010 et ceux qui n'y trouvent…
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La longue marche
Lorsque Steven Soderbergh présente au festival de Cannes son imposante monographie sur Che Guevara, il la veut d’un seul tenant. Une projection de 4h26, à peine interrompue par un quart d’heure d’entracte. Aux Etats-Unis, ce marathon s'est répété dans les circuits d’Art et d’Essai. En Europe par contre, les distributeurs ont imposé plus sagement l’option d’une exploitation en deux parties d’un peu plus de 2h chacune. Préférence confirmée avec la parution conjointe, étonnamment rapide (quelques semaines à peine après l’apparition en salle de la seconde moitié, Guérilla), de deux DVD séparés. N’en…
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Derrière les collines, cette nuit qui nous guette
Avec trois longs métrages, Les enfants de l’amour (2001), Vidange perdue (2006) et Happy Together (2007), Geoffrey Enthoven s’est déjà fait une sacrée réputation (et le chœur de notre rédaction le confirme) d’auteur intelligent amateur de sujets plus ou moins difficiles, tendus sur le fil du rasoir d’un humour caustique. Alors, nous nous demandions ce qui allait lui arriver, là. C’est qu’on les connaît, désormais, les productions d’A Private View. Non pas qu’il s’agisse de mauvais films, loin de là…
Depuis plus de quinze ans, Jean-Claude Van Rijckeghem, scénariste,…
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Objet flottant doucement identifié
Premier long métrage, seul film belge en compétition officielle au Festival Européen de Bruxelles, Somewhere between here and now a débarqué comme ça, sans distributeur, autoproduit, venant un peu de nulle part, petit ovni un peu tremblant sur ses quilles fragiles. Accueilli chaleureusement, il a reçu le prix Prime Télénet du Meilleur film, un prix décerné par le public qui lui garantit sa diffusion.
Modeste et simple, Somewhere between réussit peut-être à toucher et émouvoir parce qu’il assume clairement ses ambitions, son propos et ses fragilités. Peut-être aussi qu’il creuse, sans vouloir les résoudre,…
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Somewhere between here and nowInterview d’Olivier Boonjing, Olan Bowland et Jean-François Metz
Un pour tous, et le reste suivra
Qui sont-ils, ceux-là qui sont partis à l’aventure d’un premier long métrage autoproduit et réalisé presque en catimini ? Au générique du film, trois noms – rien que ça - pour la photographie. Le premier, Olivier Boonjing porte le film puisqu’il signe aussi le scénario et la réalisation, mais si l’on fouille plus loin le générique, il est aussi à la production, au son, au montage, à la postproduction… Et Olivier nous fait remarquer que c’est plutôt courant, qu’au générique…
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Allumez le feu !
Calvaire, le premier long de Fabrice du Welz, nous avait épatés par son jusqu'au-boutisme et son côté radical. Quand notre homme nous avait appris qu'il emmenait Emmanuelle Béart et Rufus Sewell au plus profond de la jungle thaïlandaise, à la frontière birmane, pour un voyage halluciné aux confins de la folie et de la mort, toutes nos antennes de critiques, de cinéphiles et de passionnés se sont braquées sur son Vinyan. On brûlait d'impatience, et la découverte avait été à la mesure du plaisir de l'attente. L'ami Gregory Cavinato pouvait parler de « pur cinéma ».Le cinéma qui va au…
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