La Tête froide de Patrick Hella est un conte surréaliste en noir et blanc.
Lors d'un accident de voiture dans une 2 chevaux qu'elle pilote une femme, décapite son amant et se retrouve à la tête d'une tête. Le corps morcelé, l'objet "petit a" (soyons lacanien), apanage du masculin, se trouve ici ironiquement du côté du féminin. La dame hystérique, c'est-à-dire mystique ou sublime, forcément sublime, prend soin de la tête de l'aimé qu'elle emporte chez elle et lave amoureusement. L'amant ne bronchant point, même lorsqu'elle se frotte l'entrecuisse avec son fétiche, l'objet de l'amour fou finit dans une poubelle (re-Lacan).…
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Le film d'Albert-André Lheureux est une suite d'images inspirées de Jean Genet, dont la révolte radicale contre le monde bourgeois s'exprime dans une langue qui en fait paradoxalement l'un des grands prosateurs de la langue française.
C'est ce qu'a bien compris le réalisateur qui nous offre de superbes images d'adolescents au torse nu dans un noir et blanc contrasté dû au talent d'un Michel Baudour à peine sorti de l'INSAS. Du plan d'un adolescent embrassant les hanches d'un autre à la peau blanche satinée à un plan de visages en contre-jour, sensuels et énigmatiques, on passe à un très beau panoramique filé d'adolescents se courant…
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Le métier de comédien est plein de risques, surtout dans la partie francophone du pays ; Patrice Bauduinet vient d'y ajoute un danger mortel. Une jeune femme convoquée pour un casting voit son interlocuteur disparaître.
Après un moment d'attente, elle franchit une porte et bascule dans le noir et blanc et le cauchemar. Casting devient Alice au pays des fous furieux. La malheureuse future star victime de son désir d'être regardée va voir l'envers du décor en parcourant un labyrinthe de couloirs où les scènes d'épouvante succèdent les unes aux autres (le sexe et le sang y forment un couple particulièrement assorti). On repasse à la couleur et l'on voit quatre…
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Film sans concession placé sous l'égide d'un Max Stirner (L'Unique et sa propriété) qui déjeunerait avec Georges Darien (l'Ennemi du peuple), Ernest Coeurderoy (Pour la révolution) et Joseph Dejacque (A bas les chefs !), Tu peux crever est un ciné-tract anarchiste qui utilise le détournement d'images comme un des beaux-arts : on y voit des photos de Nixon, Pompidou nu (photomontage), des photos d'actualité (Mai 68), des dessins extraits de journaux satiriques du siècle dernier, des couvertures de Fantomas, d'Hara-Kiri Hebdo et quelques dessins joyeusement pornographiques.
Plus des citations de Tristan Tzara, Max Stirner, slogans de Mai 68, le tout couronné d'un commentaire…
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Premier plan : une sorte de gribouillis sur lequel Don Helder Camara voisine avec l'Opération 11.11.11. Puis on entend une sorte de pépiement d'oiseaux ou un air de flûte andine joué par un sourd, à moins que ce ne soit le sifflet d'une bouilloire dont l'eau s'évapore, allez savoir !
On voit un homme barbu en qui on reconnaît Louis Lenglet dit Lacaille, une serviette blanche autour du cou (déjà vu dans le film de Patrick Hella déguisé en clodo), devant un plat de patates chaudes qu'il mange avec une volupté certaine. Soudain l'homme accélère, dévore avec un courage qui frise l'inconscience (ça mange !).
Avec ses mains, il fait…
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Des images se bousculent. Le spectateur est invité à traverser un espace-temps fait d'images déformées, kaleidescope aux couleurs vives et qui ressemble (est-ce un hommage ?) à la traversée de l'espace-temps de Dave Bowman, après sa rencontre avec le monolithe noir près de Jupiter dans 2001, l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick.
Le film de Jean-Noël Gobron et Marc Ghens est un montage de plans rythmés sur la musique planante de Tangerine Dream. Ce paysage mental évoque la descente aux enfers d'Orphée (Benoît Boelens en images négatives noir et blanc) cherchant à sauver Eurydice (Dominique Binder en images positives couleur). Le visage de celle-ci,…
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Ce film dans lequel le burlesque le dispute à la farce aurait pu paraître en roman-photo dans Hara Kiri pour nous distraire de l'humour du professeur Choron.
Enlevée dès son âge par des Tsiganes, Bernadette découvre le réel sous la forme d'une apparition de la Sainte Vierge. Prête à tomber en pamoison, elle découvre les seins que Marie offre à son regard tel un exhibitionniste du bois de La Cambre.
Fameuse cette paire de seins, un objet "petit a", qui entraîne Soubirou à découvrir le désir des autres (sous la forme de Dracula, d'un émir arabe, d'un boucher kasher, d'un savant fou) en devenant leur esclave. En passant du moi idéal à l'idéal…
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Qui dit Stéphane Aubier et Vincent Patar pense aussitôt à la saga hilarante des Pic Pic & André Shoow, dont ils présentaient en même temps le quatrième épisode moins un. Peut-être se rappelle-t-on aussi de l'excellente famille Baltus, accueillant un méchant Saint-Nicolas et courant, guillerette, s'asseoir sous le chapiteau d'un cirque tenu par un sadique. Alors, pour prendre tout le monde à contre-pied et éviter les premiers ricanements d'un public soupçonneux et critique à l'égard d'un début d'industrialisation (ouf !), le duo de choc s'est associé à Vincent Tavier - qui fut, en compagnie de Remy Belvaux et autres Benoît… Lire l'article
Une école de Watermarl-Boisfort. Un ensemble de bâtiments au toit plat qui fait moins caserne que la configuration uniforme des pièces le laisse supposer. On franchit les grilles ouvertes du portail, on traverse une cour de récréation déserte, pavée de dalles et tapissée de paniers de basket. Dans l'une des pièces du bâtiment arrière, au-delà d'une porte vitrée et de fenêtres sur la face intérieure desquelles sont appliquées des décalcomanies aux couleurs vives, une classe remplie de pupitres derrière lesquels des écoliers d'une dizaine d'années, sacs en toile griffés Eastpack ou Kipling aux pieds, piaillent. En face d'eux Gérard… Lire l'article
La vie en rose...foncé
Dans un décor bancal et décalé vit Lara, une femme ravagée par le manque d'amour (Edith Le Merdy, beaucoup trop rare, livre une fois de plus une formidable composition). Pour ses 40 ans, elle décide de s'offrir à domicile les services de Joe, un stripteaseur. Elle rêve de vivre avec lui un amour intense et passionné, mais Joe est uniquement intéressé par l'argent qu'il est venu gagner et refuse d'entrer dans le fantasme érotico-romantique de Lara.
Repoussée une fois de plus, cette dernière commet l'irréparable et tue Joe. Elle conserve le cadavre et projette sur lui ses fantasmes de vie de couple, ce qui ne va pas sans inconvénients…
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Sur le tournage du Bal des Pantins
Dinant, à la sortie de la ville, sur une route qui longe les berges de la Meuse. On dépasse le rocher Bayard. Des maisons de villégiature ayant l'air vides (nous sommes en automne et la saison est finie). Quelques rares villas désuètes de ce côté du fleuve. Un bateau se balance à un ponton de bois branlant. Sur un panneau : YCHM (Yacht Club de la Haute Meuse, Port de Waulsort). Sur le côté droit de la route, un camion B&L Lighting et un pick-up de la production sont garés devant le balcon en bois de l'ex-grand hôtel Régnier. Une bâtisse de l'entre-deux guerres. L'entrée principale s'orne de HMI éteints dont les câbles…
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Mélodie de l'amour
Adoptant la forme ultra-casse-gueule d'une comédie musicale, Rachid et Martha est un petit bijou de réalisation. Hommage au Jacques Demy d'Une chambre en ville et des Parapluies de Cherbourg, mais également nourri de références à l'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht, ce court métrage pétillant et grave, pétri d'émotions vraies, témoigne d'une soufflante maîtrise technique.
Le film débute par l'arrivée de Martha (Joëlle Camus) dans le salon de thé-restaurant d'Aimée (Françoise Lebrun). Arrivée aussi remarquable que dynamique. "Femme battue sans mari", Martha la jolie blonde à…
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"Il y a deux tragédies dans la vie : l'une est de ne pas satisfaire son désir, et l'autre de le satisfaire." Oscar Wilde
Dernière oeuvre au noir d'un réalisateur à la filmographie un peu à part dans notre paysage audiovisuel (voir " Belgiq'kitsh "), Mal aimé n'y va pas par quatre chemins : Richard Olivier pousse la lourde porte de ces endroits glauques et souvent clandestins que les nostalgiques des masses et armures ont rebaptisés " donjons ", antres du sadomasochisme et autres pratiques sexuelles marginales ou déviantes selon les uns ou les autres, et qui - de l'avis de M. Serge André, éminent psychanalyste bateau interrogé dans le sens du poil dans…
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Lors de la projection des courts métrages de fin d'étude, de l'INSAS, en juin dernier, aucun dossier de presse n'était disponible. Sans fiches techniques, pas d'article possible, mais ce n'était que partie remise : champagne et excellent vin rouge - comme il est de coutume rue Théresienne -, ce mardi 16 novembre avait lieu la soirée officielle, qui, il faut le préciser, avait réduit sa programmation aux cinq courts produits exclusivement par l'Atelier local. Si la qualité était au rendez-vous, nous avons choisi de ne vous parler que de deux coups de coeur.
Sur Québec Air...
Joëlle Bertossa a une maman pas tout à fait comme les autres. La jeune cinéaste, absente…
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" Les mauvais Nic-Nac sont ceux avec du sucre sur le biscuit ", me chuchote une gamine.
Effectivement : jaunes, roses ou blancs, ils débarquent pour envahir la terre et procéder à de jouissives expériences sur le cerveau des humains. Quand ils en ont un. D'un bout à l'autre, croquée par la naïveté sautillante de son trait, la délicieuse dérision d'Alexis Vockaer aura suscité le fou rire général. Pas de prix, pourtant, peut-être parce que d'un bout à l'autre, il n'y a jamais que moins de deux minutes.
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