Profession : producteur
Y a pas de quoi grimper aux rideaux. Alors là, pas du tout. L'automne sera en demi-teintes comme l'état actuel de notre cinéma. La troisième saison de l'année aura une touche british. Nous verrons des silhouettes genre Miss Marple (Thank you, Agatha) sillonner nos trottoirs : bottines lacées, lunettes demi-lune, besaces en cuir noir ou cabas en tissu façon tapisserie, guêtres de main et petites culottes en tulle strech qui renvoient le string aux antipodes. Un look un peu sinon plus amidonné !Rien de tout cela chez Diana Elbaum, productrice d'Entre Chien et Loup, qui n'en a cure (sauf pour le manteau d'ecclésiastique).
Toute de noir vêtue, l'uniforme…
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La vie est un songe éveillé. Le rêve, lui, tout à la fois régresse vers l'amont et galope vers l'aval (...) Oui, le rêve délie le temps.
Jean-Bertrand Pontalis, Ce temps qui ne passe pas - Greenwich
Avenue Louise au mois d'août. Chic. Bof ! Les trottoirs sont bondés, les gens sont pressés et en tenue légère. Personne ne prête attention à qui que ce soit, hormis votre serviteur qui, sirotant son café matinal à la terrasse d'un glacier, observe les allées et venues de filles en mini-jupes girly ou en jeans Dolce et Gabbana et en top, au rouge à lèvres fuchsia ou indigo assorti aux ongles des mains ou des pieds, à la démarche…
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Dans quelle catégorie se range-t-il ? Les maniaco-dépressifs ? Les paranoïaques ou les schizophrènes ? Les pervers du type Don Juan ? Les obsessionnels du genre Alceste ? Les hystériques, tel Sganarelle ? Est-ce une sorte de Zelig ? Se dissimule-t-il derrière des lunettes noires ? Désolé pour les fondus de profil-type, ou les amateurs de figures de la rhétorique psychanalytique, il n'a pas de lunettes, présente un abord chaleureux, la cinquantaine tranquille, celle d'un homme qui a vécu les dernières années d'un XXe siècle chaotique, tourmenté et le 11 septembre dramatique du XXIe. Olivier van Malderghem ressemble à un mec que nous… Lire l'article
Pré-générique, coup de sonnette (deux fois). " Oiiiiiiiiii " - " C'est Louise krrrrrrrrretc. ". - "Hummmm, J'ouvre". Générique. Contre-plongée sur une blonde en sandales, tee-shirt blanc, pantalon de toile brun et sac au dos beige qui monte, sans se presser, les escaliers menant à Cinergie.be. Jump cut. La réalisatrice de Paulette se débarrasse de son sac dégriffé et votre serviteur se trouve face une jeune fille aux yeux aussi bleus que le collier qu'elle porte autour du cou. Cadrée, en plan américain, elle nous précise, sotto voce, être née à Ottignies. Flash back : " L'animation c'est venu beaucoup plus tard, je dessinais…
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Documentariste à la tête d'une filmographie qui se décline comme un jeu de l'oie sur la Belgique, Richard Olivier n'arrête pas de fixer sur pellicule (cinéma, photo et depuis peu vidéo numérique) les curiosités, les révoltes, les coup de gueule ou de tendresse que lui inspire ce pays secret qui dissimule son identité en cultivant un folklore où l'autodérision le dispute aux nunucheries kitsch de tout acabit.
Cinéaste d'intervention, mousquetaire et bretteur, électron libre, n'appartenant à aucune chapelle, tenant les institutions pour suspectes, Richard Olivier est tout sauf consensuel dans un pays et à une époque où le consensus est devenu…
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La ville dont les princes sont des artistes
A l'Ouest, si vous êtes un poète ou un créateur la vox-populi de la post modernité célébrant un savoir préfabriqué vous prend au mieux, pour un mec complètement ringard au pire pour un mec tout à fait gaga. Absolutely, guys ! "C'est un artissse " dit-on à Bruxelles, avec l'index pointé sur la tempe. Bref, vous êtes et, surtout en Belgique, ultramal dans votre statut social. Danis Tanovic, le réalisateur bosno-belge de No man's land expliquait récemment à un journaliste français que, dans notre pays, un plombier était plus considéré qu'un artiste.
Woofti ! Que faire si vous…
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La vache et le poulailler
Ce deuxième travail de première année à La Cambre a valu à Louise-Marie Colon, par ailleurs institutrice de formation, une sélection au prestigieux Festival de Cannes cette année 2001, en compétition pour le meilleur court métrage.Selon une technique imposée par l'Ecole Supérieure des Arts Visuels, elle réalise ici un exercice en dessin animé tout à fait convaincant. Paulette est une vache. Mais elle n'a pas la chance de pâturer et de regarder passer les trains. L'histoire commence dans une vaste prairie. Un coq et une poule célèbrent leur nuit de noces avec passion. Ils sont mariés, vivent heureux, et ... attendent beaucoup…
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Tempus Fugit
En vacances sur la côte en 1990, trois familles se rencontrent sur la plage autour de la construction d'une fusée en sable. L'amitié se met de la partie et les voilà réunis, le même soir, autour d'une table, à l'occasion de l'anniversaire de l'un d'entre eux, Fabrizio. En guise de cadeau, celui-ci demande à chacun d'écrire une lettre qui sera lue lors de leur réunion, au même endroit, dans dix ans, en août 2000. Août 2000. Les trois familles sont à nouveau réunies et les lettres décachetées. Chacun lit la sienne à son tour et évoque les souvenirs des années écoulées. C'est qu'il…
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La sortie d'un nouveau court-métrage de Raoul Servais ne fait pas davantage la une des journaux que celle de courts métragistes peu ou pas connus. Elle n'en est pas moins attendue par nombre d'amateurs qui suivent avec passion le parcours de ce réalisateur aujourd'hui septuagénaire. Une sélection officielle à Venise (hors compétition) arrive à point nommé pour nous rappeler l'estime dont le réalisateur jouit partout dans le monde.
Devenu à son insu mais sans désagrément le porte drapeau du cinéma d'animation de notre pays, Servais s'ingénie à surprendre son public, apparaissant chaque fois là où on l'attend le moins. Après…
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"Toute parole est un préjugé." (F. Nietzsche)Quelques lettres, quatre ou cinq photographies... Il reste peu de traces de ce que fut, à la charnière de deux siècles, la vie de Spilliaert, peintre torturé et solitaire que ses tableaux laissent imaginer, déambulant soir après soir, nuit après nuit, dans les décors d'une ville d'Ostende alors " reine des plages ". Car, tandis que les baigneurs joyeux s'éclaboussent sous l'oeil d'Ensor et que les nappes blanches et nettes des restaurants de luxe attendent les mondanités royales, Spilliaert, lui, se replie sur soi : " De mon enfance, je garde un souvenir ébloui, jusqu'au jour où on m'a mis à…
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Un amour curieusement absent
Dans le cadre de ce grand bazar polymorphe et friqué que fut Bruxelles 2000, trois cinéastes flamands reçurent la mission de raconter leur Bruxelles. Représentatifs de trois générations (Marc Didden est né en 1949, Pieter Vandekerckhove en 1964 et Kaat Beels en 1974), ils nous livrent leur vision de la capitale.Trois histoires qui, curieusement, parlent plutôt de déracinement, d'altérité et de cosmopolitisme.
Le premier sketch est l'oeuvre d'une toute jeune cinéaste, Kaat Beels, déjà remarquée à l'occasion de son court métrage de fin d'études, Bedtime Stories. Une nuit d'été, en ville, Jens ne…
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Au début des années soixante, la Belgique était un pays étouffant, marinant dans une médiocrité qui lui donnait une touche poussiéreuse digne des Scènes de la vie de province de Balzac. Regardez les photos d'époque, les gens ont les cheveux aussi ras que leurs idées, des costumes aux vestes croisées, les femmes des jupes jusqu'à mi-mollet et des chignons. Pour paraphraser le célèbre mot de Talleyrand (que Bernardo Bertolucci a placé en exergue dans Prima della revoluzione), " Ceux qui n'ont pas connu l'avant-68 ne savent pas ce qu'est la lourdeur de vivre ". Cette époque au conformisme épais comme un missel, " straight ",… Lire l'article
Spectral? En effet. Guildern et Rozencrantz ? Point, vous n'y êtes pas. Shakespeare ? Gagné. Or doncques, William Shakespeare citoyen de Stratford, dont l'identité continue à alimenter la chronique historique prend figure humaine dans To be or not to be, le film de Peter Woditsch. "Bonjour Monsieur Shakespeare" lui lance une servante qui lui offre un baquet d'eau fraîche afin qu'il chasse les dernières images de ses cauchemars nocturnes. Il plonge la tête dans la bassine, la ressort et nous voyons, en plan serré, son visage penché (celui d'un chauve à moustache) reflété dans un miroir, face caméra, le regard allumé fixant non pas vos neurones mais les siennes…
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Notre pays à une solide réputation de cinéastes marginaux, de frappadingues dadaïstes de la caméra bricolée, de bibis fricotins de la pelloche usée. Les Mini-Cakes est un court métrage composé de deux petits films burlesques écrits et réalisés par Jan Hammenecker (qu'on a découvert dans Max et Bobo de Frédéric Fonteyne). Deux volets donc, comme les deux personnages Cake et Cake (clones boutefeux de Laurel et Hardy), deux gugusses en kilt écossais qui se promènent dans les bois - tireli, tirela - comme de joyeux sacripants dansants. Une dame en costume avec pantalon (admirez la symétrie inversée), pardon, une elfe gracieuse s'enfuit devant les galopinades…
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Le numéro 49 de Bref (été 2001), le magazine du court métrage, consacre son dossier "kaléidoscopique bigarré" aux images animées. On y trouve la romance de Raoul et Jocelyne, le dernier opus de Serge Elissalde, lequel prépare avec ses complices, dans son atelier parisien, une série de 26 fois 26 minutes d'Agrippine, le personnage de Claire Bretecher ; un reportage sur La Poudrière, une école de cinéma d'animation qui s'est ouverte, il y a deux ans, à Valence ; un entretien avec Marcel Jean sur les derniers travaux de l'ONF (l'Office national du film du Canada) ; et une étude de Michel Roudevitch sur l'Insaisissable Raoul Servais, lequel a reçu,…
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