Les cinéphiles ne sont pas prêts d’oublier Joseph Losey, un cinéaste que l’effet permanent d’actualité semble propulser aux oubliettes. Nous nous souvenons des plans vertigineux de The Servant (1963, scénario d’Harold Pinter, images de Douglas Slocombe) et de Monsieur Klein (1976, images Gerry Fisher), sans oublier son chef-d’œuvre The go-between (Palme d’Or du Festival de Cannes en 1971). Les éditions Doriane éditent en DVD, The big night (1951), le dernier film américain de Joseph Losey avant que la chasse aux sorcières ne le mette sur la liste noire d’Hollywood et l’exile en Europe. The big night s’inspire d’un…
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En odeur de sainteté
« C'est un devoir pour nous, les forts, de porter les faiblesses de ceux qui n'ont pas cette force et de ne point rechercher ce qui nous plaît ». Epîtres de Saint Paul, XV, 1Made in Belgium nous revient ce moi-ci avec un film de 1946, Le Pèlerin de l’enfer d’Henry Schneider. Ce pèlerin n’est autre que le célèbre Père Damien qui, en 1873, alors qu’il est en mission à Honolulu va se porter volontaire pour vivre sur l’île de Molokai, enfer où les autorités écartent sans ménagement les malades atteints de la lèpre. Ce biopic retrace la vie du saint homme participant ainsi à une légende…
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Arnaud Desplechin aime les récits complexes et d’une grande ampleur romanesque. Le tout traité en séquences fluides avec plein de faux raccords (hommage à Godard ?). Un conte de Noël nous rappelle la structure cinématographique très découpée (comme une succession de petits chapitres) de Victor Vavitch de Boris Jiktov, le dernier grand roman russe du 20e siècle et, oui, oui, aussi, par son aspect thématique, de Seuls les anges ont des ailes partout, l’un des films mythiques d’Howard Hawks dans lequel on peut découvrir des aviateurs en contact avec la mort ayant abandonné toute hypocrisie dans leurs démêlés entre eux.La mort est, précisément,…
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Stefan Pielek, fleuriste de son état, la trentaine, est amené au poste de police. Raison invoquée : le jeune homme a tenté de mettre fin à ses jours. Refusant de donner les raisons de son acte, Stefan va se retrouver confronté à une réalité bureaucratique qu’il ignorait : le suicide est un crime punissable par la loi. Oui mais… afin de pouvoir mettre fin à ses jours en parfaite impunité, Stefan doit introduire une demande écrite qui sera examinée dans les quatre semaines. En attendant le verdict, et une possible autorisation de se faire exploser le caisson, Stefan voit ses papiers confisqués et son identité « effacée ». Il devient une âme en peine attendant… Lire l'article
Le Français s’est toujours moqué des accents régionaux outre hexagone, et les Belges font les choux gras des blagues de nos amis voisins. Pour se faire respecter et nous hausser au niveau international, les Bruxellois ont formaté leur langage, effaçant les « tu sais hein », les « tiens donc », les «une fois», alignant la musicalité de la voix sur une note monocorde et si possible montée d’une tierce en fin de phrase pour redescendre à pic sur la dernière syllabe afin de donner l’illusion de venir d’une autre capitale. À la honte d’être considéré comme un provincial, s’ajoute la volonté politique de nettoyer la langue…
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Pis and love
"What's Belgium famous for ? Chocolates and child abuse. And they only invented the chocolates to get to the kids.”
De mauvais goût ? Sans aucun doute. Hilarant ? On en redemande !... Ce dialogue récité avec malice par un Colin Farrell réticent à toute chose belge dans la récente et savoureuse comédie noire In Bruges résume en une phrase l’ampleur de la situation : la Belgique vue de l’étranger reste, pour beaucoup de gens mal informés, une vaste blague, un pays où l’absurdité est souveraine, un nid de coucou incompréhensible pour qui n’y est pas né. Et pourtant au pays des frites au chocolat, de Sandra Kim…
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"De toutes les guerres, celle que je préfère..."
La collection DVD Filmarchief de la Cinémathèque Royale de Belgique nous propose une nouvelle édition de Avec nos gars à l'Yser de Clemens De Landtsheer, accompagnée de ce sous-titre "Cinéma de propagande et Première Guerre mondiale". En l'occurrence, le film proposé ici est une œuvre à la gloire du nationalisme flamingant, et si, dans un premier temps, on peut s'interroger sur la nécessité actuelle de relayer un tel discours partisan, la découverte du DVD, le travail historique et l'érudition qui l'accompagnent, enlèvent très vite à cette question sa première pertinence.
En…
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Dernièrement, on vous a parlé d’un coucou de chez coucou, The Knack and how to get it de Richard Lester (1965). Retour aux fabulous sixties, via le cinéma de l’école de Prague, aujourd’hui oublié. Au milieu des années soixante, Jacques Ledoux, le créatif conservateur de la Cinémathèque royale de Belgique qui a toujours eu le nez fin (nous lui devons, vingt ans après, la découverte du cinéma taiwanais) nous présente, pendant un mois entier, dans sa caverne d’Ali Baba, les films-phares d’un cinéma tchèque inconnu au bataillon cinéphilique européen. De l’Est, on ne connaît, dans ces années soixante, que deux points… Lire l'article
Désirs morbides et voyeurisme
Angela (Anna Torrent) est étudiante en communication de l'image et prépare une thèse sur la violence audiovisuelle. Son professeur (Miguel Picazo) se propose de l'aider à chercher des films extrêmement violents à la vidéothèque de l’université. Le lendemain, le vieil homme est retrouvé mort dans une salle de projection. Avec Chema (Fele Martinez), un camarade de classe, Angela décide de visionner la cassette restée dans le magnétoscope et découvre un snuff movie, l'enregistrement d'un meurtre réel dans lequel une femme est torturée à mort... Terrifiée et intriguée à la fois, Angela décide…
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Quand le verbe «exécuter» revêt ses deux sens
Dans la série La Collection de Cinéart, on retrouve certains des titres montrés en salles par ce distributeur qui fait encore exception dans le paysage cinéphilique belge. L'objet DVD présente ce côté ludique tout à fait approprié à l'époque des fêtes de fin d'année, où cadeaux et surprises sont les bienvenus. La Collection, faite pour les bourses moins pleines ou pour celles qui doivent servir à une grande quantité de présents, est en format simple, sans bonus (parfois accompagnée de la bande-annonce), juste le film. Mais quels films ! Celui que j'ai trouvé…
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Quand fond la neige, où va le blanc ? Cannes 1997 : le Jury, présidé cette année-là par Isabelle Adjani, avait dû couper sa Palme en deux pour récompenser Le Goût de la cerise d’Abbas Kiarostami et l’Anguille de Shohei Imamura : un grand cru ! De Beaux lendemains d’Atom Egoyan créait aussi l’événement et remportait, cette même année, le Grand Prix du Jury et le Prix de la Critique Internationale. Cette adaptation à la fois fidèle et libre du roman de Russel Banks est aujourd’hui disponible en DVD grâce à la collection Cinéart.
Dans une petite ville de Colombie-Britannique (Canada) au cœur…
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Clara, la trentaine, une fille fute-fute capable de détecter le profil calculateur, généreux ou narcissique des garçons en un dixième de seconde, est une éternelle ado. C’est, sans doute, ce qui fait le charme de cette série en six épisodes, mise en scène par notre compatriote Alain Berliner (La vie en rose, J’aurais voulu être un danseur). Prolonger le jeu de l’enfance, refuser de le dépasser, le prolonger en mentant est la belle idée qui anime le personnage de Clara, adolescente attardée pour qui le flou du désir l’emporte sur la détermination des actes. Fuir la dépression du monde des adultes, échapper à la gravité de l’existence… Lire l'article
Le Bannissement d’Andreï Zviaguintsev est surprenant comme un film asiatique, oriental ou russe orthodoxe (pour le dire rapidement : Tarkovski, Paradjanov, Sokourov), c’est-à-dire, loin de la fatigante culture de masse étasunienne. Avant de découvrir, stupéfaits, l’étonnante dernière demi-heure de son film, Andreï Zviaguintsev nous emberlificote une heure dans un ailleurs que nous ne croyons – stupidement, avouons-le – que trop connaître, formé dans le cristal de la culture russe : la permanence d’une forme consistant à présenter plutôt que représenter la figure. Donc, dans un premier temps, le seul défaut déstabilisant du film consiste… Lire l'article
C’était au temps où Bruxelles bruxellait.
C’est devenu une habitude, Cinergie s’est encore plongé dans la collection Made in Belgium que l’archéologue du cinéma, Paul Geens, ne cesse d’exhumer. Les « spécimens » retrouvés semblent inépuisables et ce n’est pas un, mais deux DVD que l’asbl Belfilm sort aujourd’hui avec la société d’édition Come and see. Deux longs métrages et quatre bonus pour le plus grand plaisir des nostalgiques du Bruxelles des années trente.
DVD 1
J'ai gagné un million ! d’Og Calster Quand un petit fonctionnaire du Ministère des Colonies gagne 1 million (de francs belges) à…
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Faux départ
Un violon triste, un écran noir, des paroles qui s’envolent. Un témoin apparaît seul, assis sur une chaise devant un fond noir. Il raconte son histoire. Dès le début, Modus Operandi apparaît comme un de ces innombrables documentaires sur la déportation : loin d’être inintéressant, mais dont le contenu et la mise en forme ne révèleront rien de neuf. Un montage fait uniquement de témoignages, à un rythme trop lent, peu d’images d’archives et absence totale d’images d’illustrations……
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