Robert S. Leventhal du commando spécial de Birkenau : « La vérité, a-t-il écrit, est qu'on peut vivre à n'importe quel prix, on veut vivre parce qu'on vit, parce que le monde entier vit. Il n'y a que la vie... Non, mes frères, vous n'étiez pas, je vous le dis, les Saint-Cyriens des ponts de Saumur en 1940, capables de mourir hégélienement pour l'honneur et la guerre des consciences, vous haïssiez la mort et, en son royaume, vous avez sacrifié la vie, absolument. » (p.43) Le Lièvre de Patagonie, les mémoires de l'auteur de Shoah, démarre fort, avec cette intransigeance que les spectateurs de ses films connaissent bien.Tous…
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Bruxelles, Belgique. La chaleur dominait cet été-là. Le soleil se lève aussi, pensions-nous (l'Ecclésiaste et Ernest Hemingway). Nous étions en 1969, année érotique et celle où le pied de Neil Armstrong toucha la lune. C'est symboliquement la même chose, me direz-vous. Allez savoir ! Nos souvenirs sont différents, ils s'égrainent dans des discussions sans fin et avec passion, de l'avenir du monde, dans les bistrots, dans les locaux du mensuel Le Point, avec une lycéenne contestataire devenue, depuis 1968. C'était l'air du temps de toute une génération de l'après-guerre, ayant eu quelques précurseurs, des rebelles comme son…
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Naissance d'une collection
Comme annoncé par Paul Geens lui-même dans l'interview du webzine n°137, le catalogue DVD de l’association Belfilm s'agrandit et traverse les frontières avec sa nouvelle collection : Souvenirs de France. Le principe reste identique, présenter des films anciens méconnus, oubliés, voire totalement ignorés. Après les films belges, c’est donc au tour des films français de tenter une résurrection. Ce mois-ci, la surprise est double et signée Yvan Noé : Le château des quatre obèses (1939) et La femme coupée en morceaux (1946), des titres qui auraient pu aisément trouver leur place sans dénoter…
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Séraphine, le film de Martin Provost, a remporté, avec brio, 7 statuettes lors des Césars 2009 : meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario, meilleure musique, meilleure photo, meilleurs costumes, et meilleurs décors. On aurait pu y ajouter le meilleur son (par notre compatriote Philippe Vandendriessche)
1912, Wilhem Uhde, un collectionneur allemand qui a découvert les peintures de Picasso, du Douanier Rousseau, passe ses vacances à Senlis, non loin de Paris, avec sa sœur. C’est là qu’il découvre que Séraphine, sa femme de ménage, peint dans le plus secret. Sans cesse à la recherche de nouveaux talents, intrigué, il remarque qu'elle travaille sur du bois plutôt…
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Meilleur film de l'année 2008 pour les lecteurs des Cahiers du cinéma, Le silence de Lorna connaît une seconde vie grâce à son édition en DVD. L'occasion de revoir ou de découvrir le meilleur film des Dardenne.
Lorna (Arta Dobroshi), jeune Albanaise, épouse Claudy Moreau (Jérémie Renier), un jeune Belge héroïnomane afin d'accéder à la nationalité belge. Un mariage blanc qui permet à Lorna d'espérer obtenir un snack avec son amoureux secret. Claudy ignore que Lorna a passé un deal avec Fabio (Fabrizio Rongione), un mafieux dont la spécificité consiste à organiser de faux mariages contre de rondelettes sommes d'argent.…
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En réalisant, l'Empire des sens, une ode à l'amour fou (amour +sexe), le premier film « pink-eiga » hardcore, en 1976, Nagisa Oshima a révolutionné un genre qui, porté à son apogée, produisait, au Japon, 100 films par an. Le triomphe mondial de l'Empire des sens a propulsé Nagisa Oshima hors d'un Japon scandalisé qui le poursuivra via la justice jusqu'en 1982, année de son acquittement.Jusqu'à cette date, le film fut mutilé et flouté comme Eyes wide shut de Stanley Kubrick aux USA.Dans son propre pays, Oshima n'était pas à son premier coup d'éclat. En 1960, critiquant l'académisme des cinéastes dépendants…
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Partager l’univers singulier d’Abel et Gordon n’est jamais une expérience ordinaire. C’est un voyage dans un pays étrange où tout peut arriver. À chaque coin d’image, l’humour loufoque se collète avec une poésie de Pierrot lunaire. Dans des décors composés avec une précision de maquettiste, aux couleurs vives et pleines comme les aiment les enfants, des personnages décalés et maladroits se débattent avec un quotidien malicieux qui s’ingénie à leur mettre des bâtons dans les jambes. Chez Abel et Gordon, c’est le corps qui parle. Le plan fixe met les mouvements en évidence, les longs plans séquence leur permettent de s’exprimer… Lire l'article
Corridor sort, en dvd, le long métrage de fiction d’Alex Stockman, Verboden te zuchten / Le pressentiment. Film d’un noir pessimisme, on y retrouve cette tradition du réalisme fantastique propre au cinéma flamand. Il rappelle, par bien de ses qualités, L’homme au crâne rasé d’André Delvaux qui en est un exemple particulièrement réussi.
Naufrage existentiel
Joris un jeune homme de 26 ans, lunaire et décalé, sorte de Buster Keaton postmoderne au regard absent et pourtant étonné d’être là, décide de quitter Bruxelles alors que se termine sa relation amoureuse avec Valérie. Au moment de prendre son train, sous le coup d’une émotion qu’il…
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Elle est formidable, exceptionnelle, fantastique, étonnante, intense, magnifique, pharamineuse. Qui ? Prodigieuse, remarquable, sublime, unique… Oui, oui, oui, mais qui ? Sandrine Blancke, of course, irréprochable de précision et de vérité. Sitôt sortie de Toto le héros de Jaco Van Dormael (Caméra d'or au Festival de Cannes en 1991), elle explose à nouveau, chez Aline Isserman dans l'Ombre du doute (1992), sauvant un film qui joue avec le feu. L'Ombre du doute, un film dans lequel Alain Bashung (Victoires de la musique 2009) et Mireille Perrier (Toto le héros), sobres et efficaces, apportent tout leur talent à une drôle d'histoire, nous confie le drame de la pédophilie…
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Dans les années 70, Francis Ford Coppola nous a présenté, avec Le Parrain 1,2,3, une mafia au ton shakespearien (entre Richard III et Hamlet). Aujourd'hui, Gomorra, un très grand film noir de Matteo Garrone, nous présente son côté le plus obscur, le plus dément et le plus crétin, plus dantesque que shakespearien. Nous voici dans les trente-trois chants des souterrains du cercle de l'enfer de Dante Alighieri. Les mafieux ne sont pas des héros romantiques et plein de charmes, ce sont des crapules, tout simplement. Siouplait, cessons d'être fascinés par l'utopie des imbéciles et des médiocres ! Inspiré de faits réels racontés par Roberto Saviano (Gomorra…
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Alors qu’Anima 6 vient de déployer à Flagey ses ors et ses fastes, Folioscope et Cinéart nous proposent le Best of Anima 5 (édition 2008) en DVD. Une habitude ancrée depuis bien longtemps puisqu’elle existait déjà au bon vieux temps de la VHS et du Festival International du Dessin Animé et du Cinéma d’Animation. Ainsi, sans en avoir l’air, les galettes annuelles de Folioscope et de Cinéart, en s’additionnant, forment une anthologie unique de la crème de la création contemporaine dans ce genre en mutation constante et rapide qu’est le cinéma d’animation : une raison supplémentaire pour ne les rater jamais.
Sans surprise, on retrouve le Palmarès…
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Avec le temps.
Pour qui connait l’œuvre du cinéaste hongrois Bela Tarr, la sortie en dvd de son film Rapport préfabriqué chez Clavis Films est une surprise. Révélé par son film Perdition, récit d’une quête existentielle d’une noirceur absolue et d’une écriture innovante, et entré de plein pied dans les incontournables du cinéma avec son chef d’œuvre, Satan Tango, film fleuve prodigieux dont on ne sort pas indemne, l’œuvre de Bela Tarr semblait être apparue comme une lumière foudroyante et instantanée.
Surprise donc d’apprendre que bien avant Perdition, Bela Tarr avait déjà réalisé quatre longs métrages…
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Eldorado
Bouli Lanners est un personnage intriguant, un peintre ayant une connaissance approfondie de la couleur, mais surtout de la lumière et de ses nuances – le plus important, au cinéma, car c'est la lumière qui organise, lorsqu'on tourne en extérieur, le cadre et non l'inverse. Peintre, donc, mais pas seulement : comédien que tous les fans des Snuls (Canal+ Belgique) connaissent bien, chanteur que les fans du mirifique Aaltra de Benoît Delépine et Gustave Kervern ont découvert, réalisateur d'Ultranova (2005) et Eldorado (2008). Où donc cet acteur/réalisateur s'arrêtera-t-il ? Après nous avoir présenté une Wallonie filmée comme les vastes paysages…
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Triple mort du troisième personnage d’Helvio Soto est une œuvre envoûtante et angoissante qui puise sa force dans les libres associations que les images engendrent. Une gageure cinématographique courageuse et ambitieuse servie par une distribution remarquable.
Bonus Perfo de Jean-Paul Cambron – 10’ Presque rien. Un rectangle blanc tracé sur un écran noir. Dans le rectangle, un point blanc, comme une perforation dans la pellicule. Au cours de ces dix minutes, grâce au son, l’imagination du spectateur invente et crée un espace, une narration. Le point blanc est un homme, le rectangle, la cellule dans laquelle d’autres l’ont enfermé. Là, invisibles, la porte sur laquelle se perdent ses coups,…
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Il peut paraître lassant qu’à chaque nouvelle parution d'un DVD filmarchief de la Cinémathèque, l'enthousiasme critique soit au rendez-vous et entraîne éloges et louanges sans cesse répétées. Mais comment ne pas saluer, à chaque fois, la qualité du choix des films et de leur restauration, l'érudition et l'intelligence qui caractérisent les livrets qui les accompagnent et l'invention musicale qui prolonge les films muets pour leur donner un éclairage nouveau. Aussi, est-ce à un double moment de plaisir et de découverte que nous invite encore DVD filmarchief en sortant, coup sur coup, deux nouvelles éditions qui, à l'égal des… Lire l'article