Nous sommes au studio Triangle 7, avec le monteur son Paul Heymans et le réalisateur Stephan Streker qui achèvent le montage son du Jour du combat, un documentaire tourné en février de cette année par Stephan.
Le film enregistre le combat de deux challengers, Béa Diallo, Belge d'origine guinéenne, et le boxeur français Pascal Mercier, combattant pour la ceinture Intercontinentale IBF des poids moyens.
Une rencontre organisée le 20 février 98 au Palais du Midi. Le parti pris du réalisateur étant de filmer les deux boxeurs dans tous leurs faits et gestes, avant, pendant et après le combat.
Description d'un combat
Stephan Streker, qui aime la boxe, n'en est pas à son…
Lire l'article
Le cave se rebiffe
Les hommes tuent parce que d'autres hommes les font se sentir des femmelettes. James Ellroy. Ma part d'ombre.
"Vous n'allez tout de même pas me tuer parce que je ressemble à quelqu'un d'autre !" s'insurge Jacques, un mec râblé, la trentaine dépassée, vêtu d'un blouson de Nylon bariolé qui avance dans les bois, une pelle à la main gauche suivi de Gégène une grande brute qui le domine d'une tête et le menace d'un revolver. Celui-ci rétorque : "Je vais me gêner!"
Il observe les alentours, repère une petite clairière : "Ici c'est bien, creuse !" Résigné Jacques s'arrête, fixe Gégéne…
Lire l'article
T'as d'beaux yeux, tu sais !
C'est avant de dépasser les bornes qu'il faut prendre des mesures. Philippe Vandendriessche. Pensées du jour.
"Tu redresses. Maintenant. Meeerveilleux !" dit-elle en retenant son rire. "C'est bon là ?" demande d'une voix neutre le mec assis à côté d'elle sanglé dans un complet anthracite. Il tient le volant du véhicule, le crâne rasé et une minerve autour du cou genre Eric Von Stroheim dans La grande illusion.
"Evidendtly !" dit la fille qui marche à l'instinct, avec cet accent français dont Belmondo use pour le bonheur des cinéphiles dans A bout de souffle.
La fille a l'air survoltée, genre douée pour l'abus…
Lire l'article
A Bokrijk, dans les sous-bois du domaine, deux HMI en réflexion sur une toile blanche renvoient une lumière diffuse et débouchent la pénombre. Walter Van den Eynde, le directeur photo du film, place un HMI à l'arrière-plan pour donner l'impression qu'un rayon de soleil transperce la cime des arbres et illumine une clairière. Une Arriflex 35 posée sur une Dolly parcourt dix mètres en marche arrière en suivant un paysan sans âge qui chemine à coté d'une charrette à bras tirée par un bouvier des flandres, fourbu.Le poil noir de celui-ci absorbe les coups de lanière de son maître.
Soudain épuisé, le chien s'effondre tandis que son maître…
Lire l'article
Ce que je cache par mon langage, mon corps le dit... Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé. Roland Barthes
Nous sommes au Château de la Solitude, une demeure que fit construire en 1913 Marie, Ludmille, Rose, duchesse de Croÿ, princesse et duchesse d'Arenberg, pour s'y retirer après la mort du prince Baudouin, neveu de Léopold II, avec qui elle entretenait semble-t-il une liaison. Il était fatal qu'un tel lieu chargé d'histoire, de fiction et de mélancolie serve les besoins de la dramaturgie cinématographique.
Aujourd'hui, en ce jour de début juin, on y tourne une comédie dramatique.Deux femmes, face à une Arriflex 16 SR3 posée…
Lire l'article
Nous sommes à l'entrée des Urgences de la Clinique Sainte Thérèse, à Luxembourg-Ville où se tourne depuis plus d'un mois Pourquoi se marier le jour de la fin du monde, le second long métrage d'Harry Cleven. Derrière un comptoir, une infirmière (Sabrina Leurquin) consulte ses fiches. Gaspard (Jean-Henri Compère) surgit et lui demande le registre. "Vous êtes la deuxième personne à me demander ça !" lui dit-elle. Il insiste : "C'est vraiment très important pour moi !" L'infirmière hoche la tête : "Je suis désolé, Gaspard !" Celui-ci supplie du regard l'infirmière qui demeure inflexible : "Je regrette, Gaspard, il faut savoir dire… Lire l'article
Trente-cinq ans après la Cage aux ours, son premier long métrage, Marian Handwerker nous revient avec un film engagé. Behemoth (titre provisoire) est un film qui traite du jeu pervers de la violence dans notre société où si certains souffrent d'un estompement de la norme, d'autres souffrent d'un aveuglement des normes.
Christel et Patrick
Christel (Isabelle Puissant) entre dans la chambre. Vautré sur le lit en désordre, inerte, Eddie (Patrick Goossens) vient de s'injecter une dose. Elle fouille la veste de son mec, n'y trouve rien et grimpe sur le lit pour lui faire les poches. Il sort de sa torpeur, se redresse, les yeux vagues : " Qu'est-ce que tu cherches ? Y'a rien à…
Lire l'article
Sur le petit écran d'un moniteur défilent des images aux textures contrastées. Images granuleuses de vacances familiales à Venise: promenades sur la lagune, visite au cimetière flottant, portraits en médaillon de disparus anonymes figés dans l'éternité d'un monument funéraire. Images plus anciennes d'une enfance à Léopoldville, scènes pittoresques de l'Afrique coloniale, avec l'arrivée incongrue de Saint-Nicolas flanqué d'un invraisemblable Père Fouettard (un Blanc qui s'est passé la figure au cirage !). Chutes de films de fiction jamais employées, au noir et blanc velouté: essentiellement des visages de femmes incroyablement… Lire l'article
Séquence
La pièce est grande et oblongue, le plafond assez haut, c'est une sorte de loft transformé en duplex. On y trouve, à gauche, un coin cuisine avec un évier chargé de vaisselle qui sèche, un fourneau à gaz sur lesquels gisent poêlons et casseroles, un réfrigérateur. Au centre, le living, à droite, un bureau et une chambre à coucher à laquelle on accède par un escalier en bois.
Jeanne (Isabel Otero) et Domingo (Ruben Benichou) sont dans le coin cuisine, assis devant le bol de leur petit déjeuner. Sur la table, une bouteille de lait, une boîte de Cola Cao, un pot de confiture et des croissants.
Jeanne se penche vers l'enfant : "Domingo, l'autre…
Lire l'article
Séquence
Nous sommes dans les locaux des Editions de la Toison d'Or. Louis, un quinquagénaire aux tempes grisonnantes, fête la réussite de son best seller : Le soleil se lève à l'Ouest d'Abigaël Dougnac, Grand Prix du roman d'été. Une trentaine de figurants se déplacent dans un endroit relativement exigu, une pièce oblongue, en buvant des verres de champagne. Les hommes sont en complet veston, les femmes en robes décolletées. Un larbin circule discrètement entre eux, une bouteille de champ. dans chaque main. Ça pétille.
Interdit de vieillir
Des piles d'exemplaires du roman lauréat s'étalent sur une table. Certains invités…
Lire l'article
On n'est jamais trahi que par les siens. Proverbe gallica, XVe siècle
"Attention, moteur ! - On vous demande de ne pas regarder la caméra, de regarder le présentateur" demande André Chandelle, le réalisateur de Mon père des jours impairs, aux figurants.
"Attention, action !". Le speaker lance dans le micro : "Prochaine et ultime candidate, Mademoiselle Madeleine Janssen qui va vous interpréter le prélude de Jean-Sébastien Bach BWV 846, Mademoiselle Janssen c'est à vous !" Un silence, le présentateur reprend : "Mademoiselle Janssen ?" Cut.
André Chandelle - dont on a pu voir Ceux du Hasard et Léon…
Lire l'article
L'eau vive
Ce que l'hystérique veut c'est un maître [...] elle veut un maître sur lequel elle règne. Elle règne, et il ne gouverne pas". Jacques Lacan, Le Séminaire, livre XVII, Ed. du Seuil.
"Pas les jambes, s'il vous plaît !", dit-elle en se tournant vers moi qui essaye d'immortaliser la scène à l'aide d'un boîtier à visée télémétrique, "je ne veux pas décevoir mon public... mon public aime à rêver !"
Je cadre à mi-hauteur Frankie Pain (Simone) qui vient de se glisser dans l'eau d'une baignoire suivie de Guy Pion (André). Autant l'une est corpulente (semblable à la Marianne Sägebrecht…
Lire l'article
Qui, quoi, comment, où?
"T'as vu ça ! Qu'est-ce que c'est que ça ?", s'exclame Albert (Daniel Hanssens) en découvrant, peu avant l'aube, un mur qui, surgi inopinément dans la nuit, coupe la place de la commune qu'il habite en deux. Eberlué il constate que sa friterie, son gagne-pain, est encastrée dans le mur, coupée en deux. Il n'a plus de travail. Fred (Peter Rouffaer), le flic, est aussi surpris que lui : " Ik weet het niet, fieu!". Ils sont face à face :"Ça n'a pas de sens ! Qui, quoi, comment, où ? -- Dat moet een vergissing zijn -- Une erreur !" Albert s'énerve : "Mais comment je fais pour travailler ce soir, moi ? C'est ma meilleure nuit de l'année…
Lire l'article
Les copains d'abord
La vie sans les maux qui la rendent grave, est un hochet d'enfant". François-René de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-tombe.
Nous sommes au coeur de Bruxelles, au Parigino, à deux pas de la Bourse, rue de la Vierge noire. Des journalistes français et belges ont été conviés à assister au tournage des scènes finales d'A nous deux la vie, un téléfilm réalisé par Alain Nahum. Dans le jargon de la profession, cela s'appelle "une journée presse". D'habitude, j'évite ce genre de plan dont le scénario, ritualisé comme une messe, consiste après un bon déjeuner à vous filer une après-midi creuse…
Lire l'article
Bruxelles est une ville géniale par son manque de génie. C’est son manque d'imaginaire qui devient l'imaginaire de Bruxelles. Samuel Szyke
Samedi 1er novembre, 10 heures du mat.Chaussée de Waterloo. Le ciel est gris comme le souhaite le réalisateur. Putain, le froid ! Je tape des semelles en regardant la vitrine pleine de bandes dessinées de la librairie Forbidden world. Un break gris s'arrête, l'équipe du film en descend : Baptiste Andrien, le réalisateur - architecte et vidéaste -, Julie Vander Poorten, l'assistante et Daniel Angelici, B., le Bruxellois du film. Baptiste sonne, grimpe au premier étage de la librairie et du balcon, à l'aide d'une caméra vidéo…
Lire l'article