Il est 19h30, nous sommes dans une salle de montage située au sixième étage de la cité de la RTBF à Reyers, cette caserne labyrinthique et lugubre où des couloirs interminables succèdent aux couloirs - silencieux, déserts qui débouchent à leur tour sur des salles silencieuses et désertes. Assis derrière la console de mixage nous voyons défiler sur l'écran 16x9 quelques séquences montées de Mobutu, Roi du Zaïre. Le nouveau film que termine Thierry Michel mélange plans d'archives et plans d'interviews que le réalisateur de Donka a menées auprès des proches de Joseph-Désiré Mobutu.Le son est assez inégal mais c'est… Lire l'article
Still Alive
Ça a l'air d'un interminable couloir et ce l'est sauf qu'il y a plein de petits carrés sans fenêtres avec des tas de moniteurs vidéos, de boîtes de pellicule ou de bandes son, de boîtes en carton débordant de K7 vidéo VHS, d'écrans de toutes sortes. D'une pièce à l'autre, on arrive en fin de parcours à une sorte de salon. Assise à la table une fille décoiffée consulte un grand cahier à couverture toilée noire. Derrière elle, deux grandes fenêtres donnent sur la rue du Fort. Le reste de la troupe boit du café pour se réveiller et papote, tranquille.
Le téléphone sonne sans arrêt.…
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Le Choc des images
Rien ne laisse prévoir que dans une petite pièce du second étage d'un immeuble cossu de l'avenue Louise, se tourne Le Régime de Régine, un court métrage, sinon les lumières des HMI qui envoient une lumière réfléchie sur des panneaux recouverts de papier d'argent. "Neuf sur cinq, take one," dit l'assistant, clap en main. "Action". Régine (Sandrine Laroche), au bord des larmes, essaie de fermer la tirette de la robe qu'elle a enfilée et que vient de lui remettre Vincent mais elle n'y arrive pas.
"Mes amies disent que je suis folle, elles disent que tu es malade de me forcer à maigrir comme ça...Je n'ose même pas leur raconter l'histoire…
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Elle a des shoes à semelles bizarres, genre Spice Girls, des Buffalos ou des Knowbot, allez savoir! Elle a des cheveux blonds bouclés, un pantalon cargo à larges poches sur le côté et elle déploie un parapluie aux couleurs bigarrées sur la tête de Peter, le gamin qu'elle coache. A côté d'eux, la maquilleuse sort un paquet de clopes et un zippo (le briquet du cinéma et du G.I.) distribue le poison généreusement autour d'elle et l'allume. On est dans la banlieue de Halle, sous un ciel gris aux nuages menaçants, une atmosphère à la Hugo Claus, un peu glauque. Philippe Guilbert, le chef op, cadre sur son Arriflex SRII, Gérard Aerts (André Bayens), le père… Lire l'article
Un mince filet de fumée s'échappe des tuyaux. Un murmure rauque s'échappe de sa voix de baryton voilée par une grippe tenace. Mais tout le monde est attentif aux propos de Jean-Daniel Verhaeghe, le réalisateur des trois épisodes du Destin des Steenfort, la saga télévisée des Maîtres de l'Orge qu'il met en scène depuis le début et qui glisse : "N'oublie pas qu'on a tous vus Armaguédon !". Nous sommes dans les sous-sol des bains de Saint-Gilles. Christian Lebrun (Sébastien Tournay), revêtu d'un cache-poussière gris qui porte la griffe des années cinquante, se débat avec de multiples manettes et provoque des jets de fumée alarmant… Lire l'article
Nous sommes au studio Triangle 7, avec le monteur son Paul Heymans et le réalisateur Stephan Streker qui achèvent le montage son du Jour du combat, un documentaire tourné en février de cette année par Stephan.
Le film enregistre le combat de deux challengers, Béa Diallo, Belge d'origine guinéenne, et le boxeur français Pascal Mercier, combattant pour la ceinture Intercontinentale IBF des poids moyens.
Une rencontre organisée le 20 février 98 au Palais du Midi. Le parti pris du réalisateur étant de filmer les deux boxeurs dans tous leurs faits et gestes, avant, pendant et après le combat.
Description d'un combat
Stephan Streker, qui aime la boxe, n'en est pas à son…
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Le cave se rebiffe
Les hommes tuent parce que d'autres hommes les font se sentir des femmelettes. James Ellroy. Ma part d'ombre.
"Vous n'allez tout de même pas me tuer parce que je ressemble à quelqu'un d'autre !" s'insurge Jacques, un mec râblé, la trentaine dépassée, vêtu d'un blouson de Nylon bariolé qui avance dans les bois, une pelle à la main gauche suivi de Gégène une grande brute qui le domine d'une tête et le menace d'un revolver. Celui-ci rétorque : "Je vais me gêner!"
Il observe les alentours, repère une petite clairière : "Ici c'est bien, creuse !" Résigné Jacques s'arrête, fixe Gégéne…
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T'as d'beaux yeux, tu sais !
C'est avant de dépasser les bornes qu'il faut prendre des mesures. Philippe Vandendriessche. Pensées du jour.
"Tu redresses. Maintenant. Meeerveilleux !" dit-elle en retenant son rire. "C'est bon là ?" demande d'une voix neutre le mec assis à côté d'elle sanglé dans un complet anthracite. Il tient le volant du véhicule, le crâne rasé et une minerve autour du cou genre Eric Von Stroheim dans La grande illusion.
"Evidendtly !" dit la fille qui marche à l'instinct, avec cet accent français dont Belmondo use pour le bonheur des cinéphiles dans A bout de souffle.
La fille a l'air survoltée, genre douée pour l'abus…
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A Bokrijk, dans les sous-bois du domaine, deux HMI en réflexion sur une toile blanche renvoient une lumière diffuse et débouchent la pénombre. Walter Van den Eynde, le directeur photo du film, place un HMI à l'arrière-plan pour donner l'impression qu'un rayon de soleil transperce la cime des arbres et illumine une clairière. Une Arriflex 35 posée sur une Dolly parcourt dix mètres en marche arrière en suivant un paysan sans âge qui chemine à coté d'une charrette à bras tirée par un bouvier des flandres, fourbu.Le poil noir de celui-ci absorbe les coups de lanière de son maître.
Soudain épuisé, le chien s'effondre tandis que son maître…
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Ce que je cache par mon langage, mon corps le dit... Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé. Roland Barthes
Nous sommes au Château de la Solitude, une demeure que fit construire en 1913 Marie, Ludmille, Rose, duchesse de Croÿ, princesse et duchesse d'Arenberg, pour s'y retirer après la mort du prince Baudouin, neveu de Léopold II, avec qui elle entretenait semble-t-il une liaison. Il était fatal qu'un tel lieu chargé d'histoire, de fiction et de mélancolie serve les besoins de la dramaturgie cinématographique.
Aujourd'hui, en ce jour de début juin, on y tourne une comédie dramatique.Deux femmes, face à une Arriflex 16 SR3 posée…
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Nous sommes à l'entrée des Urgences de la Clinique Sainte Thérèse, à Luxembourg-Ville où se tourne depuis plus d'un mois Pourquoi se marier le jour de la fin du monde, le second long métrage d'Harry Cleven. Derrière un comptoir, une infirmière (Sabrina Leurquin) consulte ses fiches. Gaspard (Jean-Henri Compère) surgit et lui demande le registre. "Vous êtes la deuxième personne à me demander ça !" lui dit-elle. Il insiste : "C'est vraiment très important pour moi !" L'infirmière hoche la tête : "Je suis désolé, Gaspard !" Celui-ci supplie du regard l'infirmière qui demeure inflexible : "Je regrette, Gaspard, il faut savoir dire… Lire l'article
Trente-cinq ans après la Cage aux ours, son premier long métrage, Marian Handwerker nous revient avec un film engagé. Behemoth (titre provisoire) est un film qui traite du jeu pervers de la violence dans notre société où si certains souffrent d'un estompement de la norme, d'autres souffrent d'un aveuglement des normes.
Christel et Patrick
Christel (Isabelle Puissant) entre dans la chambre. Vautré sur le lit en désordre, inerte, Eddie (Patrick Goossens) vient de s'injecter une dose. Elle fouille la veste de son mec, n'y trouve rien et grimpe sur le lit pour lui faire les poches. Il sort de sa torpeur, se redresse, les yeux vagues : " Qu'est-ce que tu cherches ? Y'a rien à…
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Sur le petit écran d'un moniteur défilent des images aux textures contrastées. Images granuleuses de vacances familiales à Venise: promenades sur la lagune, visite au cimetière flottant, portraits en médaillon de disparus anonymes figés dans l'éternité d'un monument funéraire. Images plus anciennes d'une enfance à Léopoldville, scènes pittoresques de l'Afrique coloniale, avec l'arrivée incongrue de Saint-Nicolas flanqué d'un invraisemblable Père Fouettard (un Blanc qui s'est passé la figure au cirage !). Chutes de films de fiction jamais employées, au noir et blanc velouté: essentiellement des visages de femmes incroyablement… Lire l'article
Séquence
La pièce est grande et oblongue, le plafond assez haut, c'est une sorte de loft transformé en duplex. On y trouve, à gauche, un coin cuisine avec un évier chargé de vaisselle qui sèche, un fourneau à gaz sur lesquels gisent poêlons et casseroles, un réfrigérateur. Au centre, le living, à droite, un bureau et une chambre à coucher à laquelle on accède par un escalier en bois.
Jeanne (Isabel Otero) et Domingo (Ruben Benichou) sont dans le coin cuisine, assis devant le bol de leur petit déjeuner. Sur la table, une bouteille de lait, une boîte de Cola Cao, un pot de confiture et des croissants.
Jeanne se penche vers l'enfant : "Domingo, l'autre…
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Séquence
Nous sommes dans les locaux des Editions de la Toison d'Or. Louis, un quinquagénaire aux tempes grisonnantes, fête la réussite de son best seller : Le soleil se lève à l'Ouest d'Abigaël Dougnac, Grand Prix du roman d'été. Une trentaine de figurants se déplacent dans un endroit relativement exigu, une pièce oblongue, en buvant des verres de champagne. Les hommes sont en complet veston, les femmes en robes décolletées. Un larbin circule discrètement entre eux, une bouteille de champ. dans chaque main. Ça pétille.
Interdit de vieillir
Des piles d'exemplaires du roman lauréat s'étalent sur une table. Certains invités…
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