Le surréalisme à la belge est digne de ce petit pays où la cartographie de l'ensemble domine par rapport à la centralisation des grands pays. On y circule autour d'arpenteurs dans des sentiers très différents, au point qu'à Bruxelles, Charles Baudelaire ne savait plus sur quel pied jouer au dandy. En réalisant « Le désordre alphabétique », son huitième film, Claude François nous conte ces trajectoires, ces liens, ces boucles. La structure du film ressemble aux variations de la musique baroque (« Le clavier bien tempéré » de Bach) ou au jazz (on part toujours d'un « standard », c'est-à-dire une chanson…
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Hors piste
Depuis ses premiers films, Ursula Meier met la famille au cœur de son cinéma. Elle filme des personnages bouleversants et bouleversés, au bord de folies que seules les très grandes proximités affectives permettent de cerner. Ses films, à la fois réalistes et épurés, s’en vont avec leurs personnages frôler les failles qu’ils tentent de mettre à jour. Il y a du Cassavetes dans ce cinéma-là, toujours en mouvement, en chairs et en fissures, en désirs et en débordements. Mais L’enfant d’en haut va un peu plus loin, réussissant le pari d’une étonnante hybridation, quand, s’épurant encore, il se baigne parfois de la lumière…
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Certains films se font après une commande, d'autres par intérêt pour le sujet, d'autres encore par hasard, au détour d'une rencontre. Lorsqu'on s'attaque à une personnalité du monde artistique, c'est souvent la création ou l'acte créatif qui motive le réalisateur. Ce n'est pas le cas pour Klaartje Quirijns qui a, quant à elle, suivi une démarche labyrinthique pour conclure son film sur l'artiste Anton Corbijn.
Juriste de formation, Klaartje Quirijns a réalisé plusieurs documentaires d'investigation à teneur politique dont Brooklyn Connection, sur les pas de Florin Krasniqi, Kosovar immigré aux Etats-Unis qui organisa de bout en bout…
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On avait déjà été estomaqué par le court métrage de fin d’études d’Alessandro Comodin, Jagdfieber, un film très simple sur des chasseurs, audacieux et fascinant. A Namur, dans la sélection Regards du présent, on est tombé sur L’été de Giacomo, son premier long métrage. Et l’on est tombé, foudroyé… Ce documentaire déjà récompensé à Locarno du Léopard d’Or 2011, est un petit bijou de cinéma, un vrai bonheur cinématographique.
Sur les cartons du générique, d’abord du son - le chant d’une forêt, ses oiseaux, ses bruits mystérieux. Puis, L’été…
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Un atelier, c'est un endroit où on bricole
Métro, boulot, dodo, Delhaize et bar du coin.
Le quartier où l'on aime se balader, les rues qu'on évite à compter d'une certaine heure, notre vie de citadin est toute entière conditionnée par cette entité complexe qu'est la ville. Mais quelle emprise avons-nous sur elle ?
Projet organisé par le Centre Vidéo de Bruxelles (CVB) et Plus Tôt Te Laat (PTTL), dans la continuité des activités audiovisuelles menées depuis 2005, l'Atelier Urbain a pour vocation de proposer un regard citoyen sur la ville en donnant la parole aux habitants eux-mêmes qui, armés d'envies, micros et caméras racontent leurs quartiers.…
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Vis ma vie comme si c'était la tienne
Cette quête identitaire au cœur du conflit israélo-palestinien réunit un casting inédit et trouble nos perceptions sur les relations communautaires de ce pays déchiré. Emmanuelle Devos et Areen Omari campent avec émotion deux mères confrontées à leur maternité dédoublée; Pascal Elbé est un père juif, colonel qui, malgré ses idées toutes faites, dialogue avec l'immense acteur palestinien, Khalifa Natour. Enfin, la réalisatrice gage sur la jeunesse, en donnant les rôles-clés à 3 comédiens remarquables : le Français Jules Sitruk, le Belge Medhi Dehbi et le Palestinien Mahmood…
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Dix ans après le terrifiant et toujours percutant Baise-moi (2000) qui avait violemment bousculé les habitudes petites-bourgeoises d'un certain cinéma français et interrogé les limites possibles de la représentation cinématographique (pornographie, violence), Virginie Despentes adapte son roman Bye Bye Blondie (2004) et conte les retrouvailles passionnelles entre Gloria et Frances. L'occasion d'une rencontre étonnante, quoique décevante, entre Béatrice Dalle et Emmanuelle Béart. Voir l'entretien filmé
No Future Nostalgie
Adolescente rebelle et punkette, Gloria est durement réprimée par ses parents qui l'internent en hôpital psychiatrique. Elle y rencontre Frances,…
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Chaque année, sous les neiges du mois de mars, le Festival International du Film sur l’Art de Montréal présente sa sélection de films venus du monde entier sur des peintres, des musiciens, des sculpteurs, des littérateurs etc. Cette édition, qui célèbre ses noces de perles (30 ans déjà !), n’a visiblement pas encore fini d’interroger ce genre bien curieux qu’est le film sur l’art. La Belgique, présente à la fête depuis la première édition, concourt cette année avec deux films : About canto de Ramon Giesling, une coproduction avec les Pays-Bas, et Kathleen Ferrier de Diane Perelsztejn, en coproduction avec la France. Deux films sur la musique,… Lire l'article
Là où les films nous parlent.
Ce qu’il y a d’étonnant avec un court métrage de Boris Lehman, c’est que non seulement il se suffit à lui-même, mais qu’il renvoit toujours, dans la façon dont il est conçu, à quelque chose qui le dépasse et lui donne un sens qui rompt avec l’objet cinématographique fini. Ce « quelque chose » tient dans cette œuvre que Boris Lehman construit film après film, et où il décline cinéma et autobiographie en une même nécessité de filmer pour exister et d’exister pour filmer. Expérience permanente durant laquelle il tente de saisir au plus près ce qui nous lie les uns…
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Animal, mon frère
Film après film, la relation au réel de Dominique Loreau se précise en un lent mouvement de dépouillement, souci d’épure où se déclinent son attention au vivant et les interrogations existentielles que celle-ci entraîne. Qu’elle s’attache à suivre la métamorphose d’un objet industriel en une incarnation des mystères du sacré (Divine carcasse), ou les aléas de la création quand elle s’abandonne aux méandres de l’éphémère (Au gré du temps), son cinéma est avant tout philosophique. Quête ontologique, questionnement métaphysique, il tente sans cesse de saisir une présence,…
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Une petite sirène pour grands enfants
Le dernier court métrage de l’animatrice liégeoise de Caméra etc. n’est pas passé inaperçu au sein de la compétition nationale présentée cette année au festival Anima. Louise-Marie Colon remporte, avec La boîte de sardines, le Grand Prix de la Fédération Wallonie-Bruxelles ainsi que le prix de la RTBF/La Trois. Succès bien mérité pour cette délicieuse version du conte de Hans Christian Andersen.
Eva, une minuscule sirène aux airs d’enfant sage avec sa raie dessinée bien au milieu et ses deux pommettes rosées, cherche désespérément l’âme sœur.…
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Vanitas vanitatum omnia vanitas
Du groin au jambon, tout est bon dans le cochon. L'adage populaire l'affirme, Iris Alexandre l'illustre dans un « délicieux » court métrage d'animation. Cette étudiante de La Cambre se joue de la nature morte qu'elle transforme en œuvre très animée. En compétition nationale au festival Anima 2012, elle a séduit le jury de Cinergie qui lui a donné son Prix. Prochainement vous pourrez découvrir la réalisatrice devant notre caméra. Iris Alexandre nous a déjà fait le plaisir de pouvoir visionner son film, à partir de cette page.
Dans la peinture classique, la nature morte a longtemps été considérée,…
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Quand la ville raconte qu’elle dort…
Un paquebot se meut lentement vers le port du Havre. Monstre de métal froid, lent, lourd dans la grisaille bleutée, sa présence laisse planer une étrange menace, anodine, tranquille, sur les premières images de 38 témoins. Avec lui arrive le drame, avec lui arrive la peste, une sorte de mal métaphysique qui ne laissera personne indemne. Au cœur de la nuit, une femme est assassinée au bas de son immeuble, en pleine rue, en pleine ville. 38 témoins commence sur un fait divers tragique pour dérouler peu à peu une très sombre chronique sociale. Vrai film noir et faux polar, âpre, ample, hétérogène et taillé à vif, le…
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Objets inanimés avez-vous donc une âme ?
On reproche souvent aux courts métrages d'animation d’étudiants d'envoyer un peu trop promener le scénario. Avec Expo/IN de Romain Rihoux le scénario prend une place inhabituelle et se la joue même sujet du film. En 4 minutes, cet étudiant de l'IAD signe un petit film d'horreur… conceptuel.
Le film de Romain Rihoux s'ouvre sur un long couloir froid. Le titre apparaît lentement : EXPO/IN. Alors que le plan avance en caméra subjective, les lettres du titre (inscrites en fait sur les murs) se déforment, prennent une autre dimension. Ce début en anamorphose, (soit une image déformée, visible d'un unique…
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Au regard des courts métrages belges en compétition au Festival Anima 2012, l’animation est le réceptacle des techniques de composition les plus novatrices (3D, stop motion, etc), mais reste souvent très frileuse en matière de scénario. Pourtant, en moins de cinq minutes, Jeanne Boukraa, étudiante à la Cambre, nous offre une petite histoire savoureuse. Un court métrage d’animation réussi, qui n’a pas peur de nous faire entrer dans un imaginaire absurde et étrangement cohérent.
Le film s’ouvre tel un conte fantastique à frissons : « Dans un monde sombre et obscur, vivait un oiseau de mauvaise augure, il s’appelait Bébert et avait mauvaise allure. » C’est…
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