Mr Edhi n'apprécie pas le grand capital, pas plus que les fondamentalistes, les journaux, se promener sur la plage et les gens prodigues qui boivent trop de thé. Il aime en revanche faire des sermons, les travestis, Allah et la compagnie des femmes. À peu près aussi connu chez nous que Rémy Bricka doit l'être au Pakistan, Abdul Sattar Edhi est une véritable icône dans son pays, l'équivalent musulman d'une Mère Teresa, la bigoterie en moins. Il a fondé et pérennisé un réseau d'aides médicales et sociales comptant aujourd'hui trois cent trente antennes pour plus de cinq mille employés, le plus important du pays.
L'institut Edhi fonctionne à…
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L’amour dans tous ses états
Déjà plein de prix dans sa besace, et tout dernièrement celui du Meilleur court métrage au Brussels Film Festival, A New Old Story, le nouveau film d’Antoine Cuypers, reprend des motifs qui nourrissaient déjà ses précédents films pour les ciseler et affirmer un univers fort, bourré d’un vrai plaisir de faire du cinéma, qui se donne en partage. À déguster, donc.
Antoine Cuypers aime les films chorals, cela ne fait plus de doute, et les chorégraphies de corps en poursuites, en danses, en batailles et caresses. Des corps, en un mot, désirants. Cela aussi se confirme. Ici, non pas huit personnages comme dans Autonomie de la volonté…
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Où donc a bien pu passer l’espoir ?
Pendant que les étudiants, en ce mois de juin, planchent sur leurs copies, ceux de l’IAD (Institut des Arts de diffusion) de Louvain-la-Neuve ont passé un an sur leurs courts métrages de fin d’études qu’ils ont présentés dans la grande salle du Cinéscope. Un invité-surprise, en tournage dans la région, est venu voir ce que la nouvelle génération avait à proposer, le grand Michel Piccoli. L’histoire ne le dit pas, mais l’illustre acteur a dû repartir le cœur plus lourd qu’à son arrivée.
Où donc a bien pu passer l’espoir ?
Pendant que les étudiants, en ce mois…
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À l'ombre de soi
Contrôle, dépersonnification, dressage des corps, acharnement des gestes routiniers et absurdes, le système carcéral tente de soumettre les corps et les priver de parole. La leur donner a tenté plus d'un documentariste, et en dépit de quelques exceptions, la prison demeure un lieu insaisissable pour les observateurs qui restent toujours extérieurs, libres. Qu'y a-t-il derrière ces murs ? Qu'entend-on dans ces silences ? Avec Fort intérieur, Chris Pellerin a si peu tenté de faire un documentaire de prison qu'elle a réussi, avec ses images poétiques, par trouver quelque chose d'intense et d’universel.
C'est un feu d'artifice liquide…
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Dans ma maison, vous viendrez…
Violaine de Villers explore, depuis de nombreuses années, ce « drôle de genre » qu’est celui du film sur l’art. Avec ses deux films consacrés à l’artiste Marianne Berenhaut, la cinéaste nous propose une balade intime où sculpture, maison, famille, art et vie forment un grand tout, dans un joyeux et joli bordel.
Les familles de Marianne Berenhaut
Chez l’artiste belge Marianne Berenhaut, la récupération n’a pas de connotations péjoratives, c’est plutôt un art de vivre, un art tout court. Sa maison lui sert d’atelier, à moins que ce ne soit le contraire, et dans son jardin, un tissu pourpre soupire coincé entre…
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Trublion audiovisuel à la hargne mordante, Pierre Carles, pour avoir, depuis près de vingt ans, mis le doigt sur (ou plutôt dans) ce que le système politico-médiatique français a de moins ragoûtant, est aujourd'hui totalement grillé auprès de quasiment tout le milieu.
C'est donc à la relève, en la personne de Julien Brygo et Aurore Van Opstal (journaliste belge), qu'a incombé la tâche d'aller taquiner les patrons de presse, les questionnant dans ce nouveau documentaire sur le traitement médiatique réservé aux candidats lors de la grand-messe des élections présidentielles, par ce qu'ils nomment le PPA (pour Parti du Pouvoir et de l'Argent,…
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Benoit Poevoorde et Albert Dupontel en progéniture punk de Brigitte Fontaine et d'Areski, foutant le souk dans une zone commerciale gardée par Bouli Lanners… « Ah ouais quand même, ça va envoyer », se disait-on candidement à la lecture du nouveau pitch des deux réalisateurs grolandais. Alors, tout impatient, on scrute le Net à l'affût de nouvelles fraîches. On tombe d'abord sur un premier extrait vidéo : Poelvoorde mettant sa couenne à un pingouin en peluche tandis que l'autre se vautre mort saoul dans les ballons de baudruche. Puis un autre où M.Manatane slamme tout froc baissé lors d'un concert des Wampas pour finir dans une grosse poubelle bleue. Là,… Lire l'article
Itinéraire d’un enfant adopté
L’adaptation d’une bande dessinée au cinéma peut donner le pire (Poulet aux prunes, Tintin) mais aussi le meilleur (Persepolis, Le chat du rabbin).
En 2007, le dessinateur belge Jung publiait le premier tome de Couleur de peau : miel,un récit autobiographique en noir et blanc. Cinq ans plus tard, les images fixes des cases ont pris vie et couleurs sous l’œil de leur dessinateur et du réalisateur Laurent Boileau. Après un premier passage au Festival d’Annecy, Couleurs de peau : miel a eu droit à l’écrin du beau Studio 4 du Flagey lors du Brussels Film Festival et poursuit sa carrière en salle.
Avec Valse avec Bachir d’Ari Folman, en…
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Il pleure dans mon cœur
Joachim Lafosse, réalisateur des extrêmes, sonde l'âme humaine pour mettre sur la place publique des sujets profondément personnels. Ses films dénoncent des relations familiales malsaines, génératrices de violence. Que ce soit l'hystérie fusionnelle d'un père qui n'a plus que son fils pour le raccrocher à la vie, mais qui l'étouffe au sens figuré et propre par son trop plein d'amour dans Folie privée, ou l'amour entre deux frères qui se transforme en haine, obsédés par leur mère qui ne sait pas prendre sa place d'adulte et imposer les limites du respect dans Nue propriété, ou encore des parents…
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Le surréalisme à la belge est digne de ce petit pays où la cartographie de l'ensemble domine par rapport à la centralisation des grands pays. On y circule autour d'arpenteurs dans des sentiers très différents, au point qu'à Bruxelles, Charles Baudelaire ne savait plus sur quel pied jouer au dandy. En réalisant « Le désordre alphabétique », son huitième film, Claude François nous conte ces trajectoires, ces liens, ces boucles. La structure du film ressemble aux variations de la musique baroque (« Le clavier bien tempéré » de Bach) ou au jazz (on part toujours d'un « standard », c'est-à-dire une chanson…
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Hors piste
Depuis ses premiers films, Ursula Meier met la famille au cœur de son cinéma. Elle filme des personnages bouleversants et bouleversés, au bord de folies que seules les très grandes proximités affectives permettent de cerner. Ses films, à la fois réalistes et épurés, s’en vont avec leurs personnages frôler les failles qu’ils tentent de mettre à jour. Il y a du Cassavetes dans ce cinéma-là, toujours en mouvement, en chairs et en fissures, en désirs et en débordements. Mais L’enfant d’en haut va un peu plus loin, réussissant le pari d’une étonnante hybridation, quand, s’épurant encore, il se baigne parfois de la lumière…
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Certains films se font après une commande, d'autres par intérêt pour le sujet, d'autres encore par hasard, au détour d'une rencontre. Lorsqu'on s'attaque à une personnalité du monde artistique, c'est souvent la création ou l'acte créatif qui motive le réalisateur. Ce n'est pas le cas pour Klaartje Quirijns qui a, quant à elle, suivi une démarche labyrinthique pour conclure son film sur l'artiste Anton Corbijn.
Juriste de formation, Klaartje Quirijns a réalisé plusieurs documentaires d'investigation à teneur politique dont Brooklyn Connection, sur les pas de Florin Krasniqi, Kosovar immigré aux Etats-Unis qui organisa de bout en bout…
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On avait déjà été estomaqué par le court métrage de fin d’études d’Alessandro Comodin, Jagdfieber, un film très simple sur des chasseurs, audacieux et fascinant. A Namur, dans la sélection Regards du présent, on est tombé sur L’été de Giacomo, son premier long métrage. Et l’on est tombé, foudroyé… Ce documentaire déjà récompensé à Locarno du Léopard d’Or 2011, est un petit bijou de cinéma, un vrai bonheur cinématographique.
Sur les cartons du générique, d’abord du son - le chant d’une forêt, ses oiseaux, ses bruits mystérieux. Puis, L’été…
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Un atelier, c'est un endroit où on bricole
Métro, boulot, dodo, Delhaize et bar du coin.
Le quartier où l'on aime se balader, les rues qu'on évite à compter d'une certaine heure, notre vie de citadin est toute entière conditionnée par cette entité complexe qu'est la ville. Mais quelle emprise avons-nous sur elle ?
Projet organisé par le Centre Vidéo de Bruxelles (CVB) et Plus Tôt Te Laat (PTTL), dans la continuité des activités audiovisuelles menées depuis 2005, l'Atelier Urbain a pour vocation de proposer un regard citoyen sur la ville en donnant la parole aux habitants eux-mêmes qui, armés d'envies, micros et caméras racontent leurs quartiers.…
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Vis ma vie comme si c'était la tienne
Cette quête identitaire au cœur du conflit israélo-palestinien réunit un casting inédit et trouble nos perceptions sur les relations communautaires de ce pays déchiré. Emmanuelle Devos et Areen Omari campent avec émotion deux mères confrontées à leur maternité dédoublée; Pascal Elbé est un père juif, colonel qui, malgré ses idées toutes faites, dialogue avec l'immense acteur palestinien, Khalifa Natour. Enfin, la réalisatrice gage sur la jeunesse, en donnant les rôles-clés à 3 comédiens remarquables : le Français Jules Sitruk, le Belge Medhi Dehbi et le Palestinien Mahmood…
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