Un homme escalade un piton rocheux. Il y est bientôt rejoint par une femme, puis par une multitude d'autres humains. Mais le rocher se fissure. Des débris tombent emportant avec eux les malheureux qui s'y trouvent. La surface rescapée se réduit comme une peau de chagrin avec de moins en moins de survivants. La seule issue semble être une corde accrochée là, dont l'autre extrémité se perd dans le brouillard. Dans le style de dessin animé auquel il nous a habitué à travers plus de trente courts métrages, Willy Kempeneers nous offre une nouvelle fable philosophique au symbolisme puissant. On peut la voir comme une métaphore de l'état de notre société…
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9 mois plus tard
Si l'on passe outre les nombreuses réalisations en Super 8 de ses débuts, 9 mois... est le vingtième court-métrage proposé par Manu Gomez en un peu plus de 20 ans. Quatre lustres au cours desquelles cet artiste complet s'est montré un franc-tireur brillant, à l'univers des plus personnels, souvent amusant, parfois agaçant, toujours passionnant. Un bail que Manu fête avec une petite méditation sur le sens de la vie (référence pythonesque obligée) en forme de neuf : neuf mois, neuf planètes, 3 époques de trois minutes. L'homme est conçu, il naît, il s'accomplit, il meurt et se fond dans le cosmos. Philosophique? Voire. Manuel Gomez…
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Les sentiers de la gloire
C'est un film au ton désinvolte, élégant et plein de peps, qualité assez rare dans notre cinéma si l'on excepte Any way the wind blows de Tom Barman, que nous offre Stephan Streker avec Michaël Blanco. Le réalisateur renoue avec l'esprit de la Nouvelle Vague : le bouleversement des règles narratives, l'invention d'un espace cinématographique propre au film (entre autres l'emploi récurrent du jump cut). Ne vous attendez donc pas à voir un film formaté. Streker use du collage, de l'allusion, du tableau, de la citation cinématographique détournée. Ce qui n'empêche pas son premier long métrage…
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La lecture peut être fatale : quand on est atteint du virus, on s'en débarrasse difficilement
La lecture peut être fatale, quand on est atteint du virus, on s'en débarrasse difficilement. Même le manque de temps n'est pas une raison suffisante que pour arrêter ; il y a toujours moyen de lire, dans le métro, les embouteillages, en déjeunant ou en prenant son café, parfois même en conduisant ! Et quand on se donne au vice ...! Quelle luxure !
Mais comment est-on amené à se donner à la lecture ? Voila une question à laquelle parents et éducateurs sont curieux de trouver une réponse. Luc Jabon a pris beaucoup de plaisir à questionner des…
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Le mythe de la jeunesse est devenu un culte (merci à Dorian Gray !) et le cinéma ne pouvait qu'accompagner cette tendance. Les personnages âgés sont de plus en plus éloignés des histoires qu'on voit sur grand écran ou alors ils n'occupent qu'une petite partie des scénarios. Pourtant, cette année, Cinéart a déjà sorti The Mother - où une grand-mère anglaise redécouvre les plaisirs de la vie - maintenant c'est Confituur qui nous montre un couple âgé au bord de la rupture. Après le court Leonie et l'intéressant Pauline et Paulette, le flamand Lieven Debrauwer (voir webzine 52) revient à ce type de personnage…
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Le prégénérique annonce la note dominante du film, une passion contrariée. Une forme floue s'agite sur un fond noir. La mise au point nous révèle qu'il s'agit d'un barbu qui enlève son marcel, sort de chez lui et danse dans la cour de sa maison. Une jeune fille le rejoint sous le regard attentif de sa voisine qui observe la scène de sa fenêtre. Celle-ci, Léone est infirme et vit, ou plutôt survit, dans l'ombre d'une maison ouvrière qu'elle a transformée en observatoire pour espionner Andréas, son voisin professeur de mathématiques, qu'elle désire. Pour provoquer une rencontre avec ce Don Juan chez qui défile les étudiantes fascinées…
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Tourné en 2001, lorsque Wolfgang Rihm est venu à Bruxelles pour animer un atelier, on découvre dans ce film l'analyse de trois quatuors de ce compositeur allemand. C'est Rihm lui-même qui prend la parole devant un public attentif. Il explique, avec la complicité du Quatuor Arditti, ses motivations et ses sources d'inspirations pendant trois moments différents de sa carrière, lorsqu'il composait le troisième, le dixième et le cinquième quatuors. Le projet a un but ouvertement didactique. En alternant le partage d'idées avec des petits concerts, le réalisateur Maurice Amaraggi a aussi choisi d'introduire quelques images des partitions et des significations de quelques…
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Douche froide
Folie privée, le premier long métrage de Joachim Lafosse est notre coup de coeur du mois. Film décoiffant qui ne renie pas sa dette vis-à-vis du cinéma de Pialat et des frères Dardenne, Folie privée nous a décoiffé. Le cinéma qu'aime et que pratique Joachim Lafosse n'a rien de consensuel. Les compromis l'agacent. La vie quotidienne est une épreuve à surmonter pas une série de moments à gérer dans l'anesthésie du refoulement, dans le déni de la réalité. Les petits arrangements avec la vie sont souvent de petits arrangements avec la mort. Le dossier de presse nous indique que le sujet est « librement inspiré de…
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Un homme travaille dans les hauts-fourneaux. A l'aube, il rentre à la maison. Une jeune femme l'attend au lit. Une légende sur l'écran indique le titre du film et le rôle du personnage. Ils font l'amour. Pendant ces premières scènes on entend Mistinguett chanter : « Sur cette terre, ma seule joie, mon seul bonheur, c'est mon homme. J'ai donné tout ce que j'ai, mon amour et tout mon coeur à mon homme... »Parfois, il y a des débuts comme celui-ci : d'une efficacité narrative qui nous jette directement dans l'univers particulier des personnages. Dans un film où le silence pourrait figurer dans la fiche artistique, ces premières images…
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A la recherche d'une mémoire perdue
Révolution et démocratie. Est-il possible d'incarner l'idéal révolutionnaire et de respecter les principes démocratiques en même temps ? Salvador Allende a essayé, mais son projet politique fut interrompu par le coup d'état du 11 septembre 1973, qui instaura la dictature du général Pinochet. Pour éviter l'amnésie collective sur ce premier 11 septembre et pour rappeler qu'Allende est beaucoup plus qu'un nom de famille synonyme de best-seller, Patricio Guzmán a reconstitué le parcours de ce politicien atypique, de son enfance jusqu'à son suicide dans la casa Moneda. Salvador…
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Films de Fin d'études 2003-2004 : Institut des Arts de Diffusion (IAD)
Le 22 juin 2004, est la date de projection des films de fin d'études de l'IAD dans la grande salle de l'UGC à Louvain-La-Neuve, remplie à craquer. 4 Fictions, 2 captations, 2 films d'animations multimédias et 12 documentaires. Tous les films ont révélé une maîtrise de la technique, mais malheureusement pas toujours du sujet. Les fictions, d'un goût douteux, abordaient de près ou de loin le thème de la relation homme, femme. Sur les quatre fictions, un seul était abouti au niveau de l'histoire. Il s'agit de : Ripaille sous le paillasson de Mathieu Donck, film, 13 min.…
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Dans un monde qui aime bien mettre les gens dans des cases, Sébastien Lifshitz risquait d'être connoté comme un cinéaste homo, surtout après le succès de Presque Rien (et de l'affiche signé par Pierre et Gilles). Pourtant, lorsqu'on plonge dans l'univers intime de son nouveau film, on comprend qu'il échappe à toutes les catégories. Wild Side est un film marginal sur le parcours de trois marginaux. C'est précisément ce signe de marginalité, aussi présent dans la chanson de Lou Reed évoquée par le titre, qui fait le charme inattendu du film. Il serait facile de basculer dans un mélodrame stéréotypé si le but était…
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Jeune présence belge au 57ème Festival International du Film de Locarno
Que ce soit La Femme de Gilles et Confituur à Venise, Calvaire et Demain on déménage à Toronto, pour n'en citer que quelques-uns, la sélection des films belges dans les festivals internationaux nous confirme l'attrait, la variété et la qualité de notre production. Du 4 au 14 août, le Festival de Locarno dévoilait lui aussi ce talent riche, original et très personnel propre au cinéma belge.
Sélectionné en Compétition Officielle, Folie privée, le premier long métrage de Joachim Lafosse à qui l'on devait le court métrage très remarqué Tribu,…
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La réalisatrice Bénédicte Liènard passe de l'usine à la prison, de Joanna et ses compagnes à Claudine et ses camarades de travail avec une telle fluidité dans les raccords qu'il arrive parfois qu'on confonde les deux endroits. Deux lieux d'enfermement avec un encadrement tout aussi paternaliste. La grande réussite d'Une part du ciel est sa mise en scène, qui donne aux interprètes l'occasion d'être dans un entre-deux du jeu, dans la fiction d'une réalité qui est aussi la réalité d'une fiction. Bénédicte Liénard enregistre les gestes, se contente de montrer sans démontrer cette terrible solitude que ressentent…
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Réalisé en 1971, à l'occasion du centenaire de l'écrivain Stijn Streuvels, Mira est l'adaptation de l'un de ses romans ("Le Déclin du Waterhoek") publié en 1927 et qui fut l'objet d'un énorme scandale à l'époque. Le film conte les transformations, dans les années vingt du XXième siècle, de Waterhoek, un village situé le long de l'Escaut. Un pont enjambant le fleuve est en projet. En brisant l'isolement dont les habitants jouissent, ce pont présenté comme le sommet du progrès, les relie au monde. Un monde qui représente l'inconnu, l'autre, l'étranger. La plupart des villageois s'opposent à…
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