Proposé par un tout jeune animateur flamand qui termine d'user ses fonds de culotte sur les bancs de l'académie des Beaux-Arts de Gand, Plasticrash a d'emblée décroché la timbale de la compétition du vingtième Festival du dessin animé, avec le Grand Prix de la Communauté flamande plus quelques prix annexes. Peut-être une manière pour le jury d'encourager une certaine jeune animation flamande à se dégager des tendances d'un mouvement traditionnellement plus " arty " au nord du pays pour se rapprocher d'une sensibilité plus (télévisuelle ?) contemporaine.On y partage sur le mode comique une journée de la vie d'une famille de…
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Art brut ou propagande ?
Cauchemar d'illuminé à la limite d'une pathologie gore, univers glauque d'un subconscient déjanté sous perfusion acide, théâtre ésotérique fasciné par sa propre cruauté morbide, la Fabrique d'anges d'Eva Visnyei est tout cela et bien plus.
S'inspirant librement de ces poupées collages aux matériaux biscornus chères aux maniaques du scalpel et de la machine à coudre, ce film d'animation nous précipite sans sommation dans l `atelier halluciné d'un disciple talentueux d'Ed Gein, le plus atteint des serial killers, dont la folie inspira entre autre le très pervers Silence des agneaux. On l'aura…
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Le Roman familial
Maman, papa, beau-père, belle-mère, copain de maman, copine de papa, regardez et écoutez vos enfants parler d'eux et de vous. Seuls face aux réalisateurs Monique Meyfroet et Jacques Borzykowski, des enfants, qui n'ont connaissance que de leurs sentiments et de leurs désirs, nous font entrevoir leur monde secret et nous livrent ce qui leur est le plus cher : " papa, maman et soi ".Le Roman familial est la cinquième partie d'un ensemble consacré aux relations enfants-parents. C'est certainement cette longue collaboration entre la psychologue d'enfants et le réalisateur-animateur qui leur a permis d'entrer dans et de nous livrer l'univers enfoui des enfants. Leur film…
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Festival de Clermond-FerrandPrésenté au dernier Festival de Clermont-Ferrand, Tous à table d'Ursula Meier, produit par Denis Delcampe, a obtenu le Prix de la presse, le Prix de la recherche et le Prix du public. Les familiers de notre webzine connaissent bien Ursula Maier. Dès la vision du Songe d'Isaac, nous avions été fascinés par le style d'une réalisatrice dont nous avons suivi tous les films : Des heures sans sommeil, Autour de Pinget et le dernier, Tous à table, qui a enthousiamé notre collaborateur Philippe Simon.
Tous à table
Rabat-joie, s'abstenirY a-t-il une façon de nous surprendre propre à Ursula Meier, une manière bien à elle…
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1942. Des rumeurs concordantes et persistantes courent à propos de massacres systématiques de prisonniers juifs dans les camps de Dachau Buchenwald, Auschwitz..., et la résistance veut absolument connaître la vérité sur ce qui se passe.C'est Victor Martin, un résistant comme tant d'autres, effacé et efficace, qui se voit chargé de la mission d'en apprendre plus. Il se rendra en Haute-Silésie, découvrira ce que, là-bas, tout le monde connaît plus ou moins sans oser l'affronter, et rentrera à Bruxelles faire son rapport. Cette histoire, l'acteur-réalisateur Didier Roten la reconstitue à base de témoignages, et la met en scène à l'aide…
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Les pièges du virtuel
Avec Thomas est amoureux, son premier long métrage de fiction, Pierre-Paul Renders, avec la complicité de Philippe Blasband au scénario, s'attaque à notre société de l'hyper-communication. Dans un futur à peine décalé de notre présent, il met en scène un jeune homme, Thomas, qui souffre d'agoraphobie aiguë et vit reclus dans son appartement depuis bientôt huit ans, sans aucun contact avec le monde extérieur.
Cas pathologique extrême, résumant à lui seul les travers d'une société dominée par les médias et où la permanence des images conditionne l'isolement des hommes, Thomas ne communique…
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Changer d'écran, passez au grand(iose) !
Hé oui, il est amoureux Thomas ! Ah, l'amour, toujours l'amour ! Mais pour une fois, Cupidon ne fera pas courir l'amoureux bien loin. Et pour cause, Thomas est agoraphobe ! Enfermé dans son appartement depuis plus de huit ans, ses seuls contacts avec le monde extérieur se font par écrans (ou sas) interposés.
Ce premier long-métrage de notre compatriote Pierre-Paul Renders aborde avec brio le thème de la difficulté des rapports humains. A l'heure où la cyber communication prend tout son sens, il pose intelligemment la question de l'avenir de la " vraie " communication. Celle qui loin des cyber.clubs de rencontre et autres…
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Famille, je vous aime !
À Vilvorde, près du viaduc, vivent les Bédard. D'abord, il y a Gilles, qui rentre chez lui en mobylette en traversant le terrain vague. Il a l'air d'un gentil olibrius, un peu bohême, qui n'a pas trop de sous, ni un amour immodéré des responsabilités, mais qui fait ce qu'il peut.À ses côtés, sa femme Germaine, chargée du poids de la maisonnée, et un peu noyée entre le ménage, les courses à faire, les enfants à surveiller... Parce que les enfants, c'est pas une sinécure, j'vous jure. Il y a Mumu en pleine crise d'adolescence et révoltée contre toute contrainte ; Albert, qui semble surtout…
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Le cinéma indien est un phénomène à part, ne serait-ce que par l'importance de sa production et son impact considérable au plan local. Ses réalités sont pourtant très mal connues du grand public occidental. Un documentaire tel que Bollywood est donc bienvenu, même si le regard porté reste vulgarisateur, donc très général. Plusieurs aspects sont abordés. Le contenu, tout d'abord, avec ces longs mélodrames languissants (souvent plus de trois heures) parsemés de numéros musicaux, exclusivement ciblés sur le public indien, et donc inexportables. L'extrême diversité du public ensuite, différant par la langue, la culture, la localisation.…
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Anacoluthes
"Si elle est isolée des autres formes artistiques, la danse ne m'intéresse pas." (*)Treize ans après What A Body Does Not Remember, son premier spectacle de danse et point de départ de sa compagnie Ultima Vez, Wim Vandekeybus brille de la même originalité brute, pulsionnelle et prophétique. Après ses Last Words, basé sur deux nouvelles de Julio Cortázar et qui était projeté pendant les représentations de Film and Dance Theatre (Tokyo 1998), Inasmuch revisite sans paroles (épuisées, donc!) une autre malédiction du père et du saint-esprit probablement chère au living theatre : je parle moins du vieillissement accéléré qui…
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L'histoire enchantée
Comment raconter l'indépendance du Congo, sa décolonisation et ce qu'il en est advenu, sans verser dans le didactisme scolaire ou l'historiographie ronflante et sans sacrifier à la mauvaise conscience des pièges culturels ou à la pseudo-vérité d'un point de vue objectif, voilà un enjeu qui a de quoi titiller bien des documentaristes. La réponse que Jean-François Bastin et Isabelle Christiaens apportent à pareil problème, en réalisant leur dernier reportage Indépendance Cha Cha, est tout simplement géniale. En 1960, un orchestre congolais, le mythique African jazz, séjourne en Belgique alors que se déroule le sommet…
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Boy meets girl
"C'est dans sa forme pure qu'un art frappe fort ", écrit Robert Bresson dans Notes sur le cinématographe. Et il ajoute : " Aux tactiques de vitesse et de bruit, opposer des tactiques de lenteur, de silence".
Verboden te zuchten /Le Pressentiment raconte l'errance de Joris, un jeune homme en " drop out " dans Bruxelles. Alex Stockman, arrière-petit-neveu de Bresson, filme avec une économie de moyens qui contraste avec le maniérisme surchargé d'effets d'une représentation dominante où la caméra n'arrête pas de bouger ou plus exactement de s'agiter gratuitement (l'énergie de la compétition ?), confondant sensation…
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Disparition - Apparition
D'abord des images noires et blanches, usées et floues, des souvenirs d'enfance dans des paysages campagnards balayés, hachurés comme les lignes d'un livre et où viennent s'inscrire les caractères heurtés d'une machine à écrire qui forment des mots, des phrases, déjà l'indice d'un texte.Puis une voix d'homme vieillie et ironique qui parcourt et caresse ces bribes de récit, fragments d'un journal intime, monologue existentiel qui cherche à établir, derrière la banalité des mots et l'objectivité douteuse des documents, l'éventualité d'une présence, l'évidence de quelqu'un.…
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Tout simplement vivants
"Production, consommation, récréation. Nous sommes menacés aujourd'hui par une nouvelle forme de totalitarisme. Il dégrade les hommes sans les tourmenter. Il ne brise pas les volontés mais les amollit. Il ne tyrannise pas mais il gêne, comprime, éteint." Quelques images, speed sur fond de musique techno, suffisent à Manuel Poutte, pour établir le constat d'une époque vide de sens. Pourtant, à l'heure où l'ordre des choses semble si bien installé, où toute opposition semble vaine et toute révolte éteinte, naissent de nouvelles formes de contestation, de nouveaux foyers de résistance. Dans le nord de la France, en Gaume, à Liège,…
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La mécanique des hommes
Le film démarre sur la mort de Lully, lequel battait la mesure armé d'un bâton de chef d'orchestre avec une vigueur telle que se blessant à la jambe, la gangrène s'y déclara et qu'il en mourut. Acte manqué, réussi ? Sans doute. Par désespoir d'être abandonné d'un roi dont il avait conquis les faveurs et pour lequel il avait tout sacrifié. Son agonie permet à Corbiau, fidèle à son style, de construire le film en flash-back et montage alterné (corps à corps : le jeune roi s'épuise à danser, la reine-mère agonise) pour nous conter avec éclat la passion flamboyante de Lully pour Louis…
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