Maaaman !
À l’heure où il devient de plus en plus difficile de trouver, sur les grands écrans de cinéma, des choses sortant réellement des sentiers battus, le festival Anima est une bénédiction pour le cinéphile curieux. C'est l'occasion de voir ou de revoir en projection quelques flamboyantes animations, films de fin d'études ou productions indépendantes, dignes d'intérêt, parmi lesquelles parfois de petites perles. C'est le cas de Oh Willy…, d'Emma De Swaef et Marc Roels (re)découvert à l'occasion des séances de compétition nationale. Cette histoire douce comme la laine a séduit le jury de cinergie composé…
Lire l'article
À mort l’alcoolique!
Assurément l’un de nos coups de cœur du Festival Anima 2013, Eentje Voor Onderwerg (Un dernier pour la route, si vous préférez...) narre les aventures d’un alcoolique suicidaire.
Réduit à errer tantôt entre son lit et sa cuisine, tantôt entre son minable appartement et le petit pub du coin, notre héros ne trouve plus vraiment de raison de vivre. Hanté par la mort qu’il sent proche, il la rencontre un jour par hasard mais… pour de bon, à travers un personnage représenté par un squelette à toge noire et doté d’une faux !Alors liés par une amitié aussi inattendue qu’improbable, nos deux quidams participeront…
Lire l'article
Commedia al dente
Le petit pantin de bois était l’invité d’honneur, très attendu, de la soirée d’ouverture de la 31e édition du festival Anima. Après avoir longuement hésité, Enzo d’Aló, le réalisateur de La Mouette et le Chat, se jette à l’eau en se lançant dans une nouvelle adaptation de Pinocchio, personnage fictif créé par le journaliste et écrivain italien Carlo Collodi dans Les Aventures de Pinocchio. Histoire d'un pantin, publiées en 1881 dans un journal italien pour enfants.
Cette nouvelle version s’ajoute donc à une longue liste d’adaptations tant cinématographiques que théâtrales, tant littéraires…
Lire l'article
Point de départ de la réflexion de son travail de Bachelor 3 à la Cambre, la question "Qui serais-je si j'étais un homme ?" amène l'étudiante à créer un court métrage inventif et intelligent. Son film renvoie les femmes à elles-mêmes avec humour et ouvre les horizons des formes classiques de l'animation.
Dans le cadre de la compétition nationale d'Anima 2013 "C'est du belge", le court métrage de Margot Reumont se démarque. Il est le seul à mêler interviews filmées et dessins animés. Durant cinq minutes, Marie-Brune, Mouna, Florence, Emilie et Sabrina décrivent, devant la caméra, l'homme qu'elles auraient pu être…
Lire l'article
Après RAS nucléaire, rien à signaler, en 2009, et Tchernobyl 4 ever en 2010, Alain de Halleux continue à explorer la rationalité « scientifique » à court terme des industries nucléaires avec Welcome to Fukushima. La catastrophe nucléaire de Fukushima a succédé, trente ans après, à celle de Tchernobyl (1986). Le réalisateur s'est rendu à Minamisōma, ville située à 25 kilomètres (16 miles) de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, à la lisière des 20 kilomètres autour de cette centrale considérés comme contaminés.
La population est divisée, comme la ville qui rassemble trois anciennes…
Lire l'article
Dans la maison
Claude, lycéen, ange sulfureux de 16 ans, manipule un système social dont il se sent exclu. Ce jeune homme, avec l'aide de Germain (Fabrice Luchini), son professeur de français, va essayer de renverser le jeu.
Germain déprime : ses étudiants ne s'intéressent pas beaucoup à la littérature qu'il enseigne. Dans la société marchande de la consommation, la durée avant de mettre un livre à la poubelle est rapide. Dès lors, étudier Flaubert comme un élément de leur présent, paraît digne du retour vers une société primitive. Ce n'est pas tendance, en effet. Sauf pour Claude qui, avec l'aide de son prof, décide…
Lire l'article
Apologie d'Eve
Les incroyables sixties à l'énergie sidérante laissent notre époque - devenue sceptique - pour le moins pantoise. Françoise Levie a consacré un documentaire à Evelyne Axell, comédienne, peintre et pop'artiste ou artiste plasticienne qui dépeint cette époque.
La réalisatrice suit le destin d'Evelyne Axell au volant d'une voiture américaine années 50, une Chevrolet rose saumon qui roule encore et sert de lien d'une séquence à l'autre. Une métaphore du parcours d'Axell, décédée sur une route dans une voiture américaine d'occasion. Levie découvre l'artiste chez son père,…
Lire l'article
Périphérie de ville/périphérie de vie
Aux abords des grandes villes de France, parmi l'enfilade des hôtels, hangars et autres grandes surfaces, trône, invariablement, le sigle jaune et noir des hôtels Formule 1. Ces lieux de passage où la promiscuité fait se côtoyer, sans ambages, félicités et sordides engueulades, accueillent quantité de voyageurs occasionnels, ainsi que quelques autres, pour qui la chambre est devenue chaumière.
On retrouve, dans ces logements pratiques et impersonnels aux tarifs et commodités réduites, de Versailles à Dunkerque, le même mobilier minimaliste et son agencement clinique.
Logique mercantile implacable menée par le groupe Accor,…
Lire l'article
Passé en chantier
Dans un Maroc gangrené par la corruption et le consumérisme, Goodbye Morocco dénoue les fils noirs d'un thriller où mensonges, trafic, disparition, se chevauchent dans un récit entremêlé et porté par Lubna Azabal, qui donne son talent à un personnage de femme forte dont la volonté face à une société dominée par les hommes semble ne jamais trembler.
Dans une chambre entre nuit et aube, une femme a une conversation téléphonique avec un homme pendant qu'elle en regarde un autre dormir. Ce triangle-là sera l'une des figures majeures de cette plongée dans la vie de Dounia, chef de chantier, et prête à tout pour récupérer…
Lire l'article
"Hâtez-vous lentement, et sans perdre courage / Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage / Polissez-le sans cesse, et le repolissez / Ajoutez quelquefois, et souvent effacez"…
Trois artistes peintres venus des États-Unis semblent avoir fait leur credo des vers de Boileau. Si une œuvre ne donne pas satisfaction, il faut la tuer, sans autre forme de procès, ad nauseam.Pour son premier film, Sabrina Calmels suit cette entité à trois têtes appelée Goldmine Shithouse lors d’une résidence d’artistes à San Francisco. Installés dans un atelier pour deux semaines, les jeunes peintres au verbe fleuri et à l’humour pince-sans-rire, enchaînent sessions de travail et cocktails…
Lire l'article
J'ai eu 20 ans, je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. Une nuit, sur un pont… un coup de couteau. Il y a Pouga. Et il y a Julien. Le film montre le destin parallèle de ces deux jeunes hommes qui se ressemblent sans se connaître. Ils partagent les mêmes valeurs et un même désir d’absolu. Ils pourraient être amis. Et pourtant…Journaliste critique cinéphile enragé et sportif passionné, Stephan Streker a réalisé plusieurs courts métrages qui avaient retenu notre attention : Shadow Boxing, Mathilde la femme de Pierre, Le Jour du combat, et dont Cinergie avait parlé. Nous avions salué, à l'époque de sa sortie, Michael Blanco,… Lire l'article
Une rétrospective des films de Jasna Krajinovic a lieu actuellement au studio 5 à Flagey. Partant du portrait intimiste, la réalisatrice d'origine slovène dévoile les blessures qui défigurent encore l'ex-Yougoslavie, et dans son dernier film, Un été avec Anton, les prémices d'une guerre annoncée en Russie. Intrigués par les artifices de sa mise en scène, nous l'avons rencontrée, afin qu'elle puisse nous livrer ses intentions et sa manière de travailler.
Cinergie : Vous affirmez, dans vos deux derniers films - La Chambre de Damien et Un été avec Anton -, un point de vue intimiste, très proche de vos sujets. Expliquez-nous cette démarche.Jasna…
Lire l'article
Une paire de pieds hésitants s’avancent à pas prudents, stressés, tremblants. S’avançant encore, ils montent une marche pour s’approcher du vide, du gouffre. Prêts à sauter ? La jeune femme au-dessus de ces pieds qui la portent sans pouvoir prendre eux-mêmes la décision difficile, a le regard hagard d’une personne perdue, cherchant encore vainement un chemin. Droit devant ? Empreinte d’une douleur indicible, des larmes coulent sur les souvenirs de ce qu’elle a vu et qu’elle n’aurait pas dû voir. Elle tente de suivre le destin d’un autre qu’elle ne connaît pas et qui a vu la même chose. Ils semblent liés par la même histoire qui leur échappe,…
Lire l'article
Mes sept lieux, tel est le titre du prochain film de Boris Lehman que vous pourrez bientôt découvrir. Dans le numéro 79 de la revue Trafic, Boris Lehman écrit : « Il est vrai que j'aime bien dévier, digresser, éviter de répondre aux questions, prendre les chemins de traverse, sortir des sentiers battus, me laisser emporter par la vague ou le vent. Je me suis toujours tenu pour marchant sur la frontière, nomade, sans réel domicile fixe. Là ou je pose le pied, je considère que c'est chez moi. » Ces entrelacs ne sont pas que spatiaux, ils visitent aussi la mémoire du passé tel qu'il nous reste dans les archives de la pellicule cinématographique et qui donne sens… Lire l'article
Fiction de Chantal Akerman
Librement adapté d'un roman de Joseph Conrad, La Folie Almayer le dernier film de Chantal Akerman, en a gardé le décor dans le sud-est de l'Asie autour de la tradition asiatique et de la modernité occidentale. Au début du XXe siècle, Conrad éclairait les contradictions du colonialisme coincé dans la civilisation en marche et de la supériorité sociale des civilisés sur les primitifs. À ce côté darwinien (évolutionniste) a succédé la critique des anthropologues qui ont émis des doutes sur cette entreprise impériale. Dans son film, Chantal Akerman montre une jeune métisse broyée, écrasée entre…
Lire l'article