On va vous conter « la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus secrète jusqu'aujourd'hui », écrivait Madame de Sévigné à Coulanges, en 1670. Gageons qu'en l'an 2000, la marquise submergerait son monde d'e-mails (textes, photos, petits films). Invraisemblable, inimaginable, étonnant, ébouriffant, renversant et, on en passe... Le web ne finit pas de reculer les frontières du possible.… Lire l'article
Rien de particulier dans la vie de la petite Caroline : après l'école, murmurant des chansons à l'oreille de son timide lapin de compagnie, elle promène sagement ses baskets de fille unique sur les trottoirs propres mais gris de son quartier résidentiel.
Le ciel est lourd mais tout va bien dans le plus carré des mondes : elle habite une jolie maison, s'ennuie à table et soupire sans arrêt, comme si elle imitait ses parents, gentils et bien comme il faut, mais un peu à la masse, étranges parfois, et bientôt hystériques : papa n'a jamais été à une maladresse près et trouve normal de prêter Pitou à un collègue de bureau, pour la…
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Le jeu cruel des sentiments
Un couple dans le jardin d'une demeure patricienne, par une belle après-midi d'été. La jeune fille dans un hamac fait la sieste, le garçon la contemple endormie. La caméra se substitue à son regard dans la lumière dorée, caressant le visage de la belle avec une sensualité amoureuse, s'attardant sur un battement de paupières, un frémissement de lèvres. Elle glisse le long du cou, jusqu'à la main aux ongles rouges qui tient une photo. Entre celles du jeune homme, une lettre qui visiblement l'embarrasse. C'est un faire-part de décès. Un décès qu'il va lui falloir annoncer..."J'ai aimé cette histoire…
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Le moins qu'on puisse dire, c'est que Pourquoi se marier le jour de la fin du monde de Harry Cleven, ne provoque pas l'indifférence. Le film a ses détracteurs, il a aussi ses défenseurs passionnés. A Cinergie, nous sommes résolument dans le clan des seconds. Nous vous avons expliqué pourquoi à l'occasion de notre reportage sur le tournage, de notre critique du film et de la transcription de l'entrevue que nous a accordée le réalisateur. Sur le tournage, nous avions aussi rencontré Pascal Greggory. A l'heure où le film sort en salles, nous sommes allés voir du côté des deux autres comédiens comment ils ont vécu l'aventure.Nous avions pris le thé… Lire l'article
Il fait beau ce matin-là, quand pour se rendre au boulot, un jeune benêt endimanché se donne un semblant de consistance, s'accroche à sa maigre serviette et traverse son joli quartier peuplé de filles de joie hautes en couleurs.
Mal à l'aise, prenant soin d'éviter les regards insistants, parfois patibulaires mais troublants, le réalisateur producteur scénariste et comédien !Dominique Abel s'arrête bientôt pourtant, et dans un clin d'oeil au comique visuel anglais de Mister Bean (Rowan Atkinson), son nez se retrousse devant une vitrine que lave pour l'heure une jeune femme en tablier, chiffons à la main, debout sur une chaise et... surprenante de naturel : Fiona Gordon,…
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Après quatorze ans d'une enfance heureuse et sans histoires, Emmanuel Jespers découvre le cinéma grâce au Studio, un cinéma de quartier. Cette fenêtre vers l'extérieur lui fait découvrir un monde et des histoires qui sont aussi ses histoires. Le cinéma le regarde comme il regarde le cinéma. Kubrick, De Palma (Phantom of the Paradise, en particulier) mais aussi le cinéma fantastique et de science-fiction deviennent des compagnons de route.
Il interrompt des études d'architecture pour entreprendre la réalisation à l'IAD. Après Delle, un court métrage de fin d'études et un mémoire consacré à Antonioni, il part en en Croatie,…
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Il y a un an à peine, et c'était la première interview de ma vie alors tu parles si je m'en souviens, je rencontrais autour d'une table de bistrot le sympathique réalisateur bruxellois Dominique Deruddere, dont Hombres complicados venait de marquer, après l'expérience américaine de Wait until spring, Bandini !, le retour à un cinéma plus personnel et intime, un cinéma moins cher mais surtout un cinéma d'amis, à l'échelle humaine et souvent kitsch du grand village qu'est la Belgique.
Revenu d'un rêve transatlantique qu'il niera sans doute avoir jamais eu, l'homme est épanoui, l'oeil jubile plus encore et le jeu des comédiens,…
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Faire un film, c'est essayer d'être au monde
Né à Kinshasa en 1957, Thierry Knauff, sitôt rentré à Bruxelles, fréquente dés l'âge de sept ans, le mercredi après midi, les cinémas de quartier de la capitale : le Brazil, le Central, le Métro, le Century et surtout le Wolu. Maciste, Jason, Sinbad, d'Artagnan, la fée Clochette, Laurel et Hardy, Jerry Lewis et bien d'autres projettent la magie de leurs personnages sur la toile de son imagination. Rien d'étonnant si, après des études de Philologie Romane à l'UCL, il entreprend des études de réalisation à l'INSAS et réalise dans la foulée le Sphinx,…
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Sauve qui peut la vie
" Il est difficile d'admettre, impensable de déclarer que la présence d'une multitude d'humains devient précaire, non du fait que la mort devient inéluctable, mais du fait, que de leur vivant, leur présence ne correspond plus aux logiques régnantes, puisqu'elle ne rapporte plus, mais se révèle au contraire coûteuse, trop coûteuse ", écrivait il y a trois ans Viviane Forrester dans l'Horreur économique. Depuis lors, une régulation de l'économie mondiale ne s'est pas substituée à la dérégulation des économies nationales mais l'humain continue à manifester sa présence, résiste,…
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A comme Adrienne, B comme Boris, C comme Cinéma...
Une heure du matin, des émotions plein la tête, je suis sous le charme. Je reviens d'Aarschot, là-bas en terre flamande où je viens de voir le dernier film de Boris Lehman, A comme Adrienne. Conclusion attendue d'une après-midi champêtre dans une ferme-atelier de peintre, perdue dans le vert tendre d'un printemps ensoleillé, la projection du film prenait place dans une exposition consacrée à Boris Lehman vu par ses amis.
Et les amis étaient là, venus qui de Bruxelles ou de France, qui d'Allemagne ou de Moscou, pour cet instant de retrouvailles et de nouvelles rencontres, temps comme hors du temps où se voir, se parler trouvait…
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Le Dernier rêve navigue ou pour être plus précis flotte entre rêve et réalité, sans qu'on sache trop quel est l'un et quel est l'autre. Un projectionniste casse la pellicule d'une bobine de film et essaie en vain de recoller les deux morceaux. L'image se casse comme sa vie, s'évanouit comme le couple virtuel qu'il aurait pu former avec Laurie. Le coup de flash d'un enfant, ange de la mort façon Marc Behm, et les brumes d'un entre-deux entre vie et mort déroule son filet. On l'a compris ce film multi-piste se joue par la bande (comme au billard de la vie) avec en prime une histoire d'amour qui se déroule hors-champ dans les rétroviseurs de notre imagination. Ces 15'… Lire l'article
En janvier dernier, André Delvaux était l'invité d'honneur du vingt-septième Festival international du film de Bruxelles. Durant tout le mois de mai, c'est au tour du Centre culturel Jacques Franck d'accueillir une grande rétrospective de son oeuvre, émaillée de rencontres et de débats. Une occasion rêvée pour s'entretenir avec André Delvaux de sa double vie : celle d'un réalisateur-pionnier qui a tourné quelques films-phares du "cinéma belge" à une époque où cette expression faisait encore sourire et celle d'un enseignant visionnaire qui a favorisé, avec ses collègues, la création d'une… Lire l'article
Un adolescent et un vieil homme contemplent dans un parc, qui surplombe la ville, une sorte de tour de verre. D'abord et avant tout, il y a ce premier plan qui montre la complicité des deux personnages, sujet du film, tout en ne disant rien du "joke", le Macguffin du film.
The Joke nous raconte l'histoire de Jim, un ado, refusant de voir s'éteindre son grand-père. Celui-ci, placé dans une chambre d'hôpital, refuse de s'alimenter et dépérit devant sa famille consternée et impuissante. Comment allumer grand-père sinon en reproduisant le joke, ce jeu secret qu'il partage avec Jim. The Joke est un film sur un rite de passage. Le réalisateur nous montre qu'il n'y a pas que les sociétés…
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Premiers regards
Formé à l'IAD, Benoît Dervaux, trente-trois ans, est un cadreur qui n'a travaillé, à ce jour, que sur deux longs métrages de fiction. C'est peu, penserez-vous peut-être, pour l'avoir choisi comme interlocuteur d'un "métier" qui, en Belgique, ne manque pas de talentueux (et expérimentés) représentants. Il se trouve, toutefois, que Benoît Dervaux n'a pas fait le cadre de n'importe quels films puisqu'il est le cameraman des deux plus importants produits et réalisés dans le pays au cours de cette décennie, nous voulons parler, bien sûr, de La Promesse et de Rosetta de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Auteur, par ailleurs, de deux…
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Samedi 18 décembre. Fin du dernier siècle. Au théâtre Marni (où la Ligue d'Improvisation décidait de poser ses valises), la conversation battait son plein : rappelant la politique de fonds de poches de son alternative activité, l'AJC ! projetait un large aperçu de sa cuvée 1999.
Avant d'offrir le verre de l'amitié, 11 films étaient montrés. Suffisant pour remarquer que dans la gamme du très petit budget, aux côtés du documentaire de trottoir, un embarrassant nombrilisme paraît occuper une place de choix. Pourtant, souvent drôles, tendres et ironiques, les portraits et autoportraits se suivent sans forcément se ressembler. Ainsi Céline…
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