La ville dont les princes sont des artistes
A l'Ouest, si vous êtes un poète ou un créateur la vox-populi de la post modernité célébrant un savoir préfabriqué vous prend au mieux, pour un mec complètement ringard au pire pour un mec tout à fait gaga. Absolutely, guys ! "C'est un artissse " dit-on à Bruxelles, avec l'index pointé sur la tempe. Bref, vous êtes et, surtout en Belgique, ultramal dans votre statut social. Danis Tanovic, le réalisateur bosno-belge de No man's land expliquait récemment à un journaliste français que, dans notre pays, un plombier était plus considéré qu'un artiste.
Woofti ! Que faire si vous…
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La vache et le poulailler
Ce deuxième travail de première année à La Cambre a valu à Louise-Marie Colon, par ailleurs institutrice de formation, une sélection au prestigieux Festival de Cannes cette année 2001, en compétition pour le meilleur court métrage.Selon une technique imposée par l'Ecole Supérieure des Arts Visuels, elle réalise ici un exercice en dessin animé tout à fait convaincant. Paulette est une vache. Mais elle n'a pas la chance de pâturer et de regarder passer les trains. L'histoire commence dans une vaste prairie. Un coq et une poule célèbrent leur nuit de noces avec passion. Ils sont mariés, vivent heureux, et ... attendent beaucoup…
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Tempus Fugit
En vacances sur la côte en 1990, trois familles se rencontrent sur la plage autour de la construction d'une fusée en sable. L'amitié se met de la partie et les voilà réunis, le même soir, autour d'une table, à l'occasion de l'anniversaire de l'un d'entre eux, Fabrizio. En guise de cadeau, celui-ci demande à chacun d'écrire une lettre qui sera lue lors de leur réunion, au même endroit, dans dix ans, en août 2000. Août 2000. Les trois familles sont à nouveau réunies et les lettres décachetées. Chacun lit la sienne à son tour et évoque les souvenirs des années écoulées. C'est…
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La sortie d'un nouveau court-métrage de Raoul Servais ne fait pas davantage la une des journaux que celle de courts métragistes peu ou pas connus. Elle n'en est pas moins attendue par nombre d'amateurs qui suivent avec passion le parcours de ce réalisateur aujourd'hui septuagénaire. Une sélection officielle à Venise (hors compétition) arrive à point nommé pour nous rappeler l'estime dont le réalisateur jouit partout dans le monde.
Devenu à son insu mais sans désagrément le porte drapeau du cinéma d'animation de notre pays, Servais s'ingénie à surprendre son public, apparaissant chaque fois là où on l'attend le moins. Après…
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"Toute parole est un préjugé." (F. Nietzsche)Quelques lettres, quatre ou cinq photographies... Il reste peu de traces de ce que fut, à la charnière de deux siècles, la vie de Spilliaert, peintre torturé et solitaire que ses tableaux laissent imaginer, déambulant soir après soir, nuit après nuit, dans les décors d'une ville d'Ostende alors " reine des plages ". Car, tandis que les baigneurs joyeux s'éclaboussent sous l'oeil d'Ensor et que les nappes blanches et nettes des restaurants de luxe attendent les mondanités royales, Spilliaert, lui, se replie sur soi : " De mon enfance, je garde un souvenir ébloui, jusqu'au jour où on m'a…
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Un amour curieusement absent
Dans le cadre de ce grand bazar polymorphe et friqué que fut Bruxelles 2000, trois cinéastes flamands reçurent la mission de raconter leur Bruxelles. Représentatifs de trois générations (Marc Didden est né en 1949, Pieter Vandekerckhove en 1964 et Kaat Beels en 1974), ils nous livrent leur vision de la capitale.Trois histoires qui, curieusement, parlent plutôt de déracinement, d'altérité et de cosmopolitisme.
Le premier sketch est l'oeuvre d'une toute jeune cinéaste, Kaat Beels, déjà remarquée à l'occasion de son court métrage de fin d'études, Bedtime Stories. Une nuit d'été, en ville,…
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Au début des années soixante, la Belgique était un pays étouffant, marinant dans une médiocrité qui lui donnait une touche poussiéreuse digne des Scènes de la vie de province de Balzac. Regardez les photos d'époque, les gens ont les cheveux aussi ras que leurs idées, des costumes aux vestes croisées, les femmes des jupes jusqu'à mi-mollet et des chignons. Pour paraphraser le célèbre mot de Talleyrand (que Bernardo Bertolucci a placé en exergue dans Prima della revoluzione), " Ceux qui n'ont pas connu l'avant-68 ne savent pas ce qu'est la lourdeur de vivre ". Cette époque au conformisme épais comme un missel, " straight ",… Lire l'article
Pré-générique, coup de sonnette (deux fois). " Oiiiiiiiiii " - " C'est Louise krrrrrrrrretc. ". - "Hummmm, J'ouvre". Générique. Contre-plongée sur une blonde en sandales, tee-shirt blanc, pantalon de toile brun et sac au dos beige qui monte, sans se presser, les escaliers menant à Cinergie.be. Jump cut. La réalisatrice de Paulette se débarrasse de son sac dégriffé et votre serviteur se trouve face une jeune fille aux yeux aussi bleus que le collier qu'elle porte autour du cou. Cadrée, en plan américain, elle nous précise, sotto voce, être née à Ottignies. Flash back : " L'animation c'est venu beaucoup plus tard, je dessinais…
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Documentariste à la tête d'une filmographie qui se décline comme un jeu de l'oie sur la Belgique, Richard Olivier n'arrête pas de fixer sur pellicule (cinéma, photo et depuis peu vidéo numérique) les curiosités, les révoltes, les coup de gueule ou de tendresse que lui inspire ce pays secret qui dissimule son identité en cultivant un folklore où l'autodérision le dispute aux nunucheries kitsch de tout acabit.
Cinéaste d'intervention, mousquetaire et bretteur, électron libre, n'appartenant à aucune chapelle, tenant les institutions pour suspectes, Richard Olivier est tout sauf consensuel dans un pays et à une époque où le consensus est devenu…
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Tout d'abord, au vu des premières minutes, on pourrait croire que Lettres d'amour abandonnées raconte l'histoire romantique de deux solitudes qui vont rencontrer le désir du désir de l'autre. Woufti, que nenni ! Nous y échappons, moderato cantabile ! Le film étant aussi un hommage pervers à Hitchcock (peut-il y en avoir d'autre avec Sir Alfred ?) et, singulièrement, à Fenêtre sur cour, le film-culte de la cinéphilie, puisqu'il parle de la passion du spectateur pour un écran qui lui fait découvrir le monde. Sauf que le film de Sander Dirickx est davantage une mise en abyme narrative que visuelle. Reprenons. A la suite d'une opération rondement…
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Portrait de groupe avec hommes
La génération Strip-tease est-elle en train de s'installer dans le cinéma de fiction? On assiste en tous cas ces dernières années à l'éclosion d'un genre de comédies sociales proches du ton et du regard qui caractérisent le magazine de Marco Lamensch et consorts. Un courant dans lequel nous, Belges, avons joué et jouons encore un incontestable rôle moteur. C'est une nouvelle fois la réflexion qu'on se fait à la vision des Portes de la gloire, premier long métrage de Christian Merret-Palmair, une comédie au vinaigre qui brosse avec beaucoup d'humanité le portrait de cinq hommes associés pour le meilleur…
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Petit billet d'humeur pour revendiquer une place digne au cinéma de création...
Introduction
Ces six derniers mois, la culture a essuyé de bien dures attaques. Déjà à genoux par un travail de qualité phénoménal réalisé dans la précarité généralisée, le secteur culturel a dû trouver les ressources nécessaires pour lutter contre le mépris du politique, sa logique marchande de gestionnaire et son impuissance totale et affichée à chercher à (re)valoriser la culture. L'absence totale de réelle politique culturelle nous marque dans la chair comme une maladie incurable creuse les joues du mourant.Politique et culture. Marché…
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Lorsque le monde reste opaque, partagé entre les exhibitionnistes et/ou les voyeurs de Loft Story et les blockbusters " mainstream " de nos amis américains, il est tentant de revenir à l'âge d'or du cinéma, lorsque celui-ci traduisait le monde plutôt qu'un monde. L'Arbre au chien pendu déroule son histoire dans l'Histoire. Nous sommes en 1945. Micha, rescapé d'un camp d'extermination nazi, retrouve sa femme Wanda. Très vite, il se rend compte qu'elle se comporte de façon étrange vis-à-vis de leur fils Dan, dont l'absence lui paraît suspecte.Wanda s'embrouille dans ses explications, appliquant, de manière plus douce, la logique…
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On ne regarde pas un film ; on va le voir, comme un enfant vit les heurs et malheurs de Blanche-Neige. Parlons-en des contes de fées qui se penchent sur le berceau de notre inconscient avec malice, puisque c'est le sujet du dernier film de Geneviève Mersch qui nous avait déjà livré il y a six ans une perle rare : John. Dans Verrouillage central (un titre qui est un rebus pour les psy ?), Cathy (Aylin Yay, aussi juste que dans Mireille et Lucien) est une célibataire romantique, pas très nette tout de même, vous allez comprendre pourquoi. Toutes ses collègues et copines du salon de coiffure sont mariées et, qui plus est, son anniversaire tombe le jour de la Saint-Valentin. Ainsi va le hasard…
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Ici se poursuivent les aventures de Violette (Raphaëlle Bruneau), découverte adolescente acidulée à la recherche de l'amour dans Violette et Framboise, le premier film de Kita Bauchet. Violette y apprenait avec une certaine candeur que les garçons échangent impitoyablement leur solitude contre du sexe et que ça ne fait pas toujours le bonheur des filles. Cette fois, dans Violette au travail, notre girl fringuée sage comme une image (l'antidote au devenir-bimbo) cherche un job avec la même énergie et la même candeur après avoir été virée par son patron qui lui avait mis la main aux fesses et qu'elle avait giflé d'un coup droit à une main digne…
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