Jeudi 16 mai
Pour y arriver, il faut quitter le royaume des fripes débraillées, trashy, l'antidote au devenir-fringues siglées Calvin Klein ou Ralph Lauren : le stock américain de la rue des Alexiens (haut lieu de la culture rock), tourner à gauche dans la rue du Midi. Passé le porche de l`Académie des Beaux-Arts de Bruxelles, la concierge nous invite à suivre un parcours que depuis notre adolescence nous n'avons plus guère fréquenté. Le couloir n'a pas changé, il est toujours plein de répliques de statues grecques. Un Hermès, une Vénus, une Artémis de Praxitèle donnent leur cachet à l'endroit sous le regard indifférent de jeunes gens…
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Né à Huy en 1960, on pourrait croire qu'Yves Hanchar coule une enfance heureuse, en bord de Meuse. Et bien, non. Il fait le trajet entre la plus petite ville du royaume et la plus grande ! Il arrive donc à l'âge de trois ans à Bruxelles et ne découvre, bon sang de bois, le cinéma qu'à l'âge de treize ans. Le bel âge pour en tomber amoureux. " Moby Dick de John Huston m'a beaucoup marqué. C'était la première fois que j'allais dans une salle. C'était très impressionnant avec un côté un peu irréel qui consistait à entrer dans une salle sombre au moment où la lumière bascule. C'est un moment magique… Lire l'article
Cornegidouille, Godin par Godin c'est dingo.
Dans les années soixante, Noël la menace, cinéphile enragé, tint rubrique dans Les Amis du Film, une revue catholique dont la culture cinématographique devait se résumer à Chiens perdus sans collier, la Mélodie du bonheur et autres calembredaines pour ethnologues des années cinquante. C'est dans ce contexte que notre cinéphile averti publia dans ladite revue une série d'informations toutes plus fausses les unes que les autres avec un aplomb tel que certains quotidiens, les prenant pour argent comptant, leur donnèrent un écho inespéré au grand dam des intéressés. On imagine la stupeur de John Huston découvrant…
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Les familiers de notre site connaissent bien les textes que Philippe Simon consacre au cinéma belge, de préférence documentaire ou qui se fait dans les marges de la production courante. Notre collaborateur réalise également des films. Après Sans réserve (l'Amérique des Indiens) dont nous avons rendu compte, Philippe Simon s'est tourné vers l'Asie. Parti au début de cette année avec Johan van Den Eynde en Irian Jaya (Papouasie occidentale), après des repérages effectués l'an passé, Philippe Simon a entrepris de réaliser un film (une co-production Underworld Films/CBA) sur les Papous dont la civilisation pré-industrielle le fascine. Nous avons appris qu'il… Lire l'article
ROULETTE RUSSEA LA COMMISSION DE SELECTIONDU CENTRE DU CINEMA ET DE L'AUDIOVISUEL
Unanimes elles viennent de l'écrire au Ministre Miller, les associations professionnelles de la création et de la production audiovisuelles refusent le système de la roulette russe qui se met en place à la Commission de sélection du Centre du cinéma et de l'audiovisuel. Le problème ne date pas d'hier : le cinéma belge francophone se développe davantage grâce à l'énergie individuelle et aux talents des professionnels que grâce aux budgets investis par les pouvoirs publics. Pourtant, presque chaque fois qu'un film, qu'un documentaire, qu'une animation sont réalisés,…
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Ça fait un moment qu'on voulait cerner la personnalité de Kita Bauchet, qui nous avait enchantés avec Violette et Framboise. Violette (fabuleuse Raphaëlle Bruneau), sorte de personnage lunaire à la Antoine Doinel dont les mésaventures davantage que les aventures nous font découvrir le monde, d'une scène à l'autre, d'une ligne de fuite à l'autre, en un mot la comédie sociale avec la légèreté d'un Mozart composant le Trio des quilles (K.498). Le bon tempo, voilà comment nous caractériserions le cinéma de Kita Bauchet. Imaginez notre impatience lorsque nous avons vu débarquer une jolie rousse aux yeux vert clair chaussés de lunettes… Lire l'article
NOUS DEUX
Pour son premier long-métrage, Lieven Debrauwer n'a pas choisi la facilité. Rendez-vous compte : en Belgique, aujourd'hui, faire un film sur les handicapés mentaux, quand on ne s'appelle pas Jaco. Qui plus est, raconter une gentille histoire rose dans des décors de bonbonnière sans s'appeler Berliner. Pire, avoir l'audace de mettre en scène des vieux en leur prêtant la fraîcheur de jeunes gens et ne pas s'appeler Benoît Lamy. Et réussir avec tout cela un film au ton éminemment personnel qui ne ressemble à aucun autre, avouez que ce n'est pas à la portée du premier conformiste venu. C'est que le jeune réalisateur a choisi d'assumer…
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A tout Prix
Le 30 mai a été présenté, en avant-première à Paris, sous l'égide de la SCAM, Chants et soupirs des Renaissants selon Paul Van Nevel, de Sandrine Willems, en présence de la réalisatrice et de Paul Van Nevel. Nous vous en avions parlé lors de son tournage . Aujourd'hui que le film est terminé, nous vous en rendons compte.
" ...en écoutant la musique et pendant que nous l'écoutons, nous accédons à une sorte d'immortalité ". Claude Levi-Straus, Mythologiques I.
Avant Bach
Sandrine Willems pratique le théâtre depuis l'âge de douze ans. En 1986, elle joue déjà dans Psyché, une pièce…
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Raphaël est un stagiaire particulièrement malhabile. Revenu à Muno, son village natal (rien à voir avec Muno, en Gaume, le film est une fiction, pas un documentaire), il essaie de profiter de l'agression que vient de subir un jeune Africain pour construire un sujet radiophonique sur la montée du racisme à la campagne. Sa mère ayant d'autres priorités, il essaie d'enregistrer Wendy, la cousine de la victime.
Hélas, le magnétophone tombe en panne. Le réparateur, sorte de Buster Keaton bavard et sans chapeau, lui confie, angoissé, qu'il a perdu son humour (" Je me lève le matin, paf, plus rien ! Non seulement je ne fais plus rire personne mais personne ne me fait rire "). Son frère…
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Lors d'un spectacle qu'il donne dans ce qu'on appelle aujourd'hui pudiquement une séniorerie, un vieux mime est victime d'un malaise cardiaque. Lorsqu'il reprend conscience, il est alité dans une des chambres de la maison avec prescription médicale de repos complet. Du jour au lendemain, lui, le saltimbanque aux semelles de vent, le voilà transformé en pensionnaire de cet hospice de vieux.Sa camionnette est vidée, son matériel rangé au grenier et le voilà contraint de suivre les règles rigides d'un pensionnat. Et son rat blanc, partenaire et unique ami, a disparu. Devant son miroir à maquillage, le voilà brutalement confronté au spectre blême de la vieillesse.Si…
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Pol et Simon sont potes comme on peut l'être à dix ans. Toujours partant pour les conneries: piquer les chiques au magasin d'en face ou lorgner les filles dans leur vestiaire à la piscine. Mais voilà, entre eux, il y a Justine. Pol est amoureux de Justine, mais c'est plutôt Simon qu'elle regarde. Jusqu'au jour où, à la piscine justement, Simon à l'idée d'une vilaine farce à faire à son copain, qui lui ferait définitivement perdre la face devant son amoureuse.Or, les filles ne réagissent jamais comme on s'y attend... Tourner uniquement avec des enfants pour tenter de restituer leur univers avec naturel représente toujours un petit exploit. Parce qu'un…
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Tout se passe comme si chaque guerre avait sa " personnalité " propre qui crée pour les enfants des conditions de blessure et de réparations différentes (…) Ces enfants mûrissent trop tôt parce que, ayant été rendus sensibles aux malheurs, c'est qu'ils savent mieux le voir.
Boris Cyrulnik, les Vilains Petits Canards
Avec le Temps Avec le temps va, tout s'en va, peut-être pas. Symbolisé par le Guernica de Picasso, la guerre civile espagnole a suscité une littérature abondante célébrant les faits héroïques des républicains et des brigades internationales. Quelques films ont été réalisés, à mi-chemin entre le documentaire…
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Amour, haine, amitié et trahison
Non, ce n'est pas Dallas, mais une saga belgo-balkanique, une histoire universelle, que Jan Hintjens décline d'une part en Macédoine, où se côtoient depuis plusieurs siècles Turcs, Macédoniens, Albanais, Bulgares, Serbes et Croates, et d'autre part en Belgique une génération plus tard. Sous domination ottomane pendant près de six siècles, théâtre ensuite de plusieurs guerres balkaniques avant d'être à l'origine du déclenchement de la Première Guerre mondiale, les Balkans, région charnière entre l'Europe et l'Asie,deviennent le lieu témoin par excellence de l'exacerbation…
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Le petit prince pouilleux qui avait un rêve.
Ali Zaoua, c'est l'histoire d'un monde dur et sauvage aux portes de notre monde, mais c'est aussi un conte dont les héros sont des gamins des rues de Casablanca. Des gosses de six à douze ans, livrés à eux-mêmes dans la ville, qui errent en bande sous la férule de Dib (Saïd Taghmaoui, seul comédien professionnel dans le tas, se paie une gueule pas possible : balafré, terrible. Il impressionne dans ce rôle de caïd quasi muet au nom emblématique : Dib veut dire loup en arabe).Parmi eux, Ali a des rêves, des projets.
Entre Dib et ce gamin à la personnalité marquée, la rupture est fatale et Ali part de son côté…
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L'amour est-il autre chose que deux fragilités qui se rencontrent, qui s'acceptent et qui s'épaulent ? C'est ce que semble dire Philippe Blasband dans la très belle histoire de Mireille et Lucien qu'il met en scène dans son troisième court métrage comme réalisateur. C'est une rencontre : celle d'un homme qui sort de prison, condamné pour un crime de pédophilie qu'il n'a pas commis, et d'une femme rejetée du fait de sa disgrâce physique, et qui vient de subir l'opération esthétique tant désirée.Deux ex-monstres donc, revenus parmi les humains et résolus à réapprendre à vivre normalement.…
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