Dans la fixité du mouvement
Premier long métrage pour François Pirot qui s’était d’abord illustré comme co-scénariste de Nue Propriété et Élève Libre de Joachim Lafosse. Le réalisateur avait déjà séduit les jurys des festivals « Le court en dit long » à Paris et « Premiers plans » à Angers avec Retraite, sorti en salle en 2005 et disponible en bonus sur le DVD. Ce premier court métrage pourrait être l’embryon de Mobile Home sur lequel sont venus se greffer d’autres personnages, d’autres destinées, d’autres questionnements. Cette maison mobile a rapidement fait des adeptes : le…
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Zindeeq de Michel Khleifi est récemment sorti en salle, à l'Actor's Studio. Les éditions du Paradoxe sortent en DVD (Digital Versatil Disc) Noce en Galilée et Le Cantique des pierres, deux autres films de ce grand réalisateur, ancré dans le conflit israëlo-palestinien sans pour autant diaboliser les uns ou les autres.Michel Khleifi, en suivant les sentiers plutôt que l'autoroute du cinéma, a expérimenté et créé une façon de présenter les histoires dans l'Histoire. Dès son premier film, La Mémoire fertile (le parcours de deux Palestiniennes), il diffuse un style qui mélange la fiction et le documentaire dans la maturation de la durée du temps.… Lire l'article
Film venu d'ailleurs en dehors du circuit de la production courante en Belgique, La tête la première d'Amélie Van Embt est un film très intéressant, presque champêtre, se passant en dehors des grandes villes, de la province du Luxembourg à la Normandie française. Le film conte, avec un côté médiéval et contemporain (entre mysticisme et sexualité), les jeux de l'amour. Cupidon lance ses flèches sur Zoé (Alice De Lencquesaing), une jeune blonde qui veut donner du sens à sa vie, et sur Adrien (David Murgia), un jeune acteur qui joue le vagabond céleste sur les routes. Et comme Cupidon n'a pas qu'une flèche à son arc, il est difficile d'y… Lire l'article
On achève bien les chevaux…
Cinéart vient de sortir un coffret de 4 DVD consacré à la chorégraphe que l’on ne présente plus (et surtout pas en Belgique), Anne Teresa de Keersmaeker. Plus de 6h00 d’extraits de spectacles, de répétitions, d’interviews sur vingt années de pratique. Les fans auront de quoi se réjouir, les autres, intérêt à fuir à moins de vouloir finir aussi lamentablement que Gloria (Jane Fonda) épuisée par le marathon de danse dans le film de Sydney Pollack On achève bien les chevaux. Un marathon visuel insensé donc, et à l’image des spectacles, une impression répétitive, qui rend ivre.
Disque…
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Au sein d'un petit cercle littéraire composé de jeunes révoltés ayant subit la guerre 14-18, le surréalisme s'installe à Paris. Il va se répandre comme une trainée de poudre dans toute l'Europe de l'après-guerre, et se perpétuer au-delà de la Seconde Guerre mondiale. En Belgique, territoire moins centralisé que la France, l'activité surréaliste, aventure réfléchie et rigoureuse mais plus segmentée, se déplace dans les différents territoires du pays : à Charleroi, Liège, Anvers et Bruxelles. Commencée en 1924, cette histoire entre amis et complices se poursuit encore de nos jours.
Est-ce un film sur le patrimoine…
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Moins de trois mois après sa présentation en première francophone au Festival de Namur, et deux mois après sa sortie en salle, voici déjà le DVD de cet étrange documentaire où deux jeunes cinéastes flamands de Bruxelles vont à la rencontre de quatre de leurs amis belgo-marocains qui, eux aussi, rêvent de cinéma.
Du cinéma, Farid, Noon, Mohammed et Reda ne se contentent pas d'en rêver. Ils en font, envers et contre tout, depuis 20 ans. 30 films écrits, produits et tournés en purs amateurs au sens noble du terme, sans argent, mais avec de vrais scénarios, de vrais castings, de vrais effets spéciaux. Des DVD qu'ils distribuent eux-mêmes dans les vidéo-clubs…
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Retour aux sources
Diplômé en philologie romane, enseignant, scénariste, critique de cinéma, programmateur de festivals, Pierre Duculot compte plusieurs cordes à son arc. Après deux courts métrages, Dormir au chaud et Dernier Voyage, il a osé, non sans craintes, le format long avec Au cul du loup sorti sur nos écrans en 2011. Diffusé dans de nombreux festivals, le film a reçu le Prix du Public ainsi que le Grand Prix (La Licorne d’Or) lors du festival international du film d’Amiens.
Au cul du loup est l’aventure de Christina qui, à l’aube de ses trente ans, entame une crise existentielle. Elle ne sait plus qui elle est, ce qu’elle veut faire, avec qui elle veut être,…
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Pour la beauté du geste !
En 2012, les hasards du calendrier mettaient au même moment, sur les écrans, deux personnages emblématiques domiciliés dans une limousine. De l’autre côté de l’Atlantique, Eric Packer dirigeait et contrôlait, depuis sa voiture high-tech, un monde froid et sans vie (Cosmopolis de Cronenberg). À l’inverse, sur le vieux continent, Monsieur Oscar, à l’arrière de la sienne, embarquait le monde entier, foisonnant, vivant, bouillonnant, un monde de cinéma, des cinémas (Holy Motors de Leos Carax).
Tout commence par un rêve de cinéaste.
Prologue : Dehors, se font entendre cris de mouettes et rivages maritimes. Leos Carax himself…
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On a beaucoup reproché à Brian De Palma de retourner, plutôt que détourner, des films réalisés par Sir Alfred Hitchcock. Une idée plutôt simpliste puisqu’il ne se sert pas de séquences dans la répétition, mais dans la différence. Un brin socratique De Palma ? Oui, dans la mesure où il ne cesse de faire dialoguer la conviction (le processus de vérité) et la persuasion (la sophistique). Celle-ci étant volatile et emportant le morceau à l'esbroufe, dans le délire et non dans la rationalité. Derrière le verni d'une mise en scène attractive (que certains ont appelée maniériste), on découvre, chez De Palma, une réflexion… Lire l'article
Qui suis-je ?
Cette question, Jung, dessinateur belge et coréen d’origine, se l’est d’abord posée dans sa bande dessinée Couleur de peau : miel dont le premier tome est sorti en 2007. Cinq ans plus tard, ce récit autobiographique en noir et blanc a pris une toute autre forme, celle du documentaire d’animation que le dessinateur signe avec le réalisateur Laurent Boileau.
Le film relate le parcours, parfois chaotique, de Jung qui, comme des milliers d’enfants coréens, s’est vu abandonné après la guerre et adopté, dans son cas, par une famille belge comptant déjà quatre enfants naturels. Perdu dans un monde qui n’est pas le sien, Jung tente, tant bien que mal,…
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O Brother édite, cet automne, l’un des films belges qui a le plus ému et dérangé en 2012. Connu pour ses sujets épineux, le réalisateur de Nue propriété et Elève libre continue, dans ce cinquième long métrage, à explorer la frontière du non-éthiquement correct.
Tirée d’un fait divers encore brûlant (l’infanticide de Geneviève Lhermitte à Nivelles, source d’inspiration du film, ne date que de 2007), l’histoire gêne souvent car elle apparaît comme trop dure et trop proche, et que le spectateur, d’emblée bouleversé par un crime inexplicable, aimerait avoir prise sur le raisonnement de cette mère…
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Morts en série
Regarder un DVD issu de la collection éditée par l’association Belfilm, revient un peu à chiner des objets sur une brocante. On peut tout à la fois tomber sur une magnifique pièce vintage, sur un bibelot sympathique, voire sur une babiole sans grand intérêt. Une surprise toujours renouvelée dont, au fil des éditions, on ne boude jamais son plaisir. Ce mois-ci, Belfilm édite 6 rue du Calvaire d’un certain Jean Daskalidès, une tragédie bourgeoise aux allures de polar sadique.
Face à des films peu (ou pas du tout) connus, il est toujours amusant de se balader un peu sur la toile pour glaner quelques renseignements. Les premières informations qui apparaissent…
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Le Grand soir est une belle métaphore sur la critique de cinéma. Les derniers critiques existants, qui défendent l'idée d'avoir un point de vue sur les films, se font de plus en plus rares. La promotion et les communicants les remballent dans le vagabondage, les chemins qui ne mènent nulle part. Les utilitaristes dominant la mondialisation, chiffres à l'appui (quels chiffres au juste ?), prétendent qu'ils ne servent à rien. Disons-le, les derniers critiques s'en foutent ! Après tout, ces chiffreteux n'arrêtent pas de tromper leur monde, que ce soit en économie ou dans le domaine culturel (crise des subprimes, crise de la dette, produits culturels poubellisés après trois… Lire l'article
Dieu se cache dans les détails
Cinq films dans un coffret : Tableau avec chute, Esprit de bière, L’Argent raconté aux enfants et à leurs parents, Scènes de chasse au sanglier, Exercice de disparition.
De peur que le cinéaste Claudio Pazienza ne sorte derechef ses gants de boxe rouges pour nous envoyer un uppercut, nous ne nous risquerons pas à qualifier ses films d’« intellos »… Il a horreur de ça. Y ajouter la mention « dans le bon sens du terme » n’y changerait rien. Et pourtant, c’est bien l’intelligence qui prédomine et fait appel à la nôtre, de manière ludique, toujours. Pazienza s’expose tout entier dans le coffret DVD édité…
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Du crachin, une ville grise, monolithique, aux rues toutes semblables et parcourues de gueules cassées communiquant avec un accent à faire passer papy Voise pour un élève du cours Florent. On est bien chez Ken Loach, et l'on se prépare déjà psychologiquement à boire du désespoir humain à la louche pendant une heure quarante, pourtant...
La part des anges désigne le volume d'alcool qui s'évapore inexorablement durant le vieillissement en fût. Belle expression, à l'image de l'histoire que le réalisateur tisse autour de ses personnages, à la fois doux comme un Wild Turkey, rond et mûr comme un Jameson 1780.
Robbie, Rhino, Albert et Mo sont quatre jeunes…
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