L'animation pouvait sembler singulièrement peu représentée dans la sélection de la compétition nationale de cette année, mais peut-être que de nombreux réalisateurs auront choisi de se réserver pour le festival du dessin animé et du film d'animation ?
Cependant, parmi les quelques films projetés, figurait la Petite Fille aux crayons, à l'opposé stylistique du dernier film de Raoul Servais présenté hors compétition (une superbe œuvre où le réalisateur nous promène dans les tableaux de Delvaux), proposant une saynète en 1'39'' d'un féminisme radical.
L'animatrice, réalisatrice,…
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Patrick, un rude et solide fermier, nous parle depuis ses étables de la fierté qu'il éprouve pour sa ferme, sa mère Irène, gérante de l'exploitation et sa femme Johanna, qu'il désigne comme production manager.
Lui se contente du titre de manager en chef. C'est donc lui qui logiquement dépense l'argent, comme il aime le souligner depuis sa chaise roulante, séquelle d'un accident de tracteur. L'ensemble montre que cette infirmité n'a pas abattu cet amoureux de la terre. La ferme familiale s'est toujours transmise de génération en génération le plus "normalement" du monde jusqu'à ce que l'accident de Patrick ne vienne radicalement tout…
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Nostalgie et cinéma
En vacances en Espagne, Wim et Mauphe ont confié les enfants aux parents de Wim. Lorsque la mère de celui-ci décède inopinément, ils rentrent dare-dare. Sur le chemin du retour, les souvenirs défilent dans la tête de Wim qui entame le processus du deuil. Il se revoit enfant attendant ses parents de retour de vacances pour recevoir son cadeau.
Aujourd'hui, ce sont ses enfants qui l'attendent mais il n'y aura pas de cadeau.
Ici, Wim est cinéaste depuis qu'il est tout petit et a filmé en super-8 tous les événements de la vie familiale. Tous ces souvenirs qui défilent sur le chemin du retour s'incarnent dans les extraits des petits films qu'il a tournés.…
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De l'aube au coucher, René se promène. Il traverse le silence de ses Polders, et regarde. La nature. Les choses simples. Comme un arbre dans le vent. Comme la brume qui, sans bruit, caresse les champs.
Puis la lumière de l'automne, qui perce le toit d'une chapelle ou d'une grange en ruine. Au loin, une péniche. Ni vu ni connu, du coin de l'oeil, c'est un bouton du chemisier de Marie, sa soeur, qui repasse gentiment pendant que Puff le chien roupille dans le panier à linge. Et le dimanche, hors saison, la plage à marée basse où entre deux coquillages il ramasse quelques objets et vieux papiers échoués... Arrimé à son petit bout de Gaule, un irréductible attendri. On devine…
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Réalisé en coproduction avec la Communauté française de Belgique, Train de vie, deuxième long métrage du roumain Radu Mihaileanu se greffe sur le paysage sombre de la deuxième geurre mondiale pour nous raconter à hauteur d'homme, l'errance du peuple juif. Un très beau film, caustique et chaleureux, qui suinte la vie par tous les pores de sa pellicule. Présenté en opposition à Schindler's List par son réalisateur lui-même lors de la campagne de promotion du film, il serait dommage de voir le film ainsi naïvement détourné de son propos.
L'âme Yiddish
En plein milieu de la seconde guerre mondiale, un petit Shtetl (village juif d'Europe centrale)…
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Photographe et réalisateur de 1, 2, 3 j'ai vu, un brillant court métrage en 1987, Alain de Halleux a disparu pendant plus de dix ans de notre paysage cinématographique, absorbé par des tâches alimentaires. Il nous revient aujourd'hui avec La Trace, un film qui prouve qu'il n'a rien perdu de son talent.
A 63 ans, Jaques Duhoux, un ancien enseignant belge, s'est installé seul au Nord du Québec, bâtissant lui-même sa cabane, fabriquant son traîneau, se transformant en trappeur. Ses journées sont rythmées par les taches quotidiennes : creuser l'eau, couper le bois, se nourrir et nourrir les chiens, ensuite il reste deux heures avant que la lumière du jour ne disparaisse. Il…
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Si l'homme est respectable c'est d'abord comme être vivant plutôt que comme seigneur et maître de la création: première reconnaissance qui l'eût contraint à faire preuve de respect envers tous les êtres vivants. Claude Lévi-Strauss.
Quelque chose, le premier court métrage de fiction réalisé par Cathy Mlakar et Jean-Paul De Zaeytijd, nous parlait de nos rapports avec les animaux (Philémon et son rapport ambivalent avec les mouches, passant de l'affection à la destruction).
Autre chose nous parle de notre propre animalité. De la chair animale à la chair humaine. On y retrouve Philémon, l'homme-enfant, et sa soeur Claudia autour d'une table, face…
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Marie-Hélène Massin, à qui nous devons plusieurs documentaires dont le Bourgmestre a dit (portrait intime d'un grand nom de la politique bruxelloise, Guy Cudell), vient de terminer un long métrage dans un tout autre registre, Petites filles.
L'intimité de l'approche de ce portrait est d'autant plus personnelle qu'il s'agit de sa fille Charlotte et de ses copines Alissa, Esinam et Lucie. La réalisatrice suit les inséparables amies pendant plusieurs mois, au moment où elles passent le cap du primaire au secondaire, au moment où, de grandes du primaire, elles deviennent les petites du secondaire.
Comment vont-elles vivrent cette étape ? Sont-elles prêtes à entrer dans le monde…
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Amazing Grace d'André Colinet a obtenu une mention spéciale ("pour la liberté totale de l'entreprise") à la sixième Biennale Internationale du Film sur l'Art qui s'est déroulée au Centre Georges Pompidou en décembre '98. L'occasion pour nous de parler d'un réalisateur secret qui nous livre un peu, beaucoup, énormément de lui-même.
Au détour d'un plan muet où l'on voit Marcel Piqueray dédicaçant une plaquette de poèmes à l'une de ses lectrices, on découvre les amis de toujours, Boris Lehman (qui, face caméra, prend une photo du réalisateur), Michelle Blondeel (qu'est-devenue la co-réalisatrice…
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Difficile de rêver, dans une banlieue industrielle quart-mondiste. Avec Rosie, Patrice Toye débouche les premières Jupilers et allume les premières Bastos d'une gamine de treize ans, maquillée et sapée en pute de HLM. Elle ne fait d'ailleurs qu'imiter sa jeune mère, dont le portrait n'est guère plus reluisant : par crainte de faire fuir les amants racolés et maris potentiels, Irène se fait passer pour la grande soeur, et lui interdit de l'appeler maman. D'accord, le prince charmant n'existe pas! Pourtant, parvient-on jamais à ravaler vraiment ses illusions?
Alors, sur les aqueducs rouillés où elle s'évade, Rosie dévore les contes à l'eau…
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La gravité du sablier
Quand on voyage, c'est comme cela, on fait des rencontres, on partage des instants, on noue des amitiés, on fait des promesses.
Et puis de retour chez soi, comme tout cela paraît loin parfois. C'est ainsi que Thomas reçoit une lettre de son ami Ali lui rappelant l'engagement, pris dans de telles circonstances, de venir filmer son mariage au fin fond du désert marocain. Et voilà notre Thomas bien embêté sur les pistes sablonneuses, assailli de doutes sur le sens de sa présence là-bas. Et quand sa voiture de location finit par tomber en panne, le laissant seul au milieu du désert, sans aucune chance d'encore arriver à temps pour ledit mariage, le comble de l'absurde…
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Dans la sélection de ce 20ème festival figuraient très peu de documentaires. Mustafa Balci, réalisateur d'origine turque du film Toprak, a pourtant conquis un public exigeant ainsi que le Jury qui lui a décerné le Prix du meilleur premier court métrage de reportage.
Toprak, "La Terre" en turc, relate le voyage du réalisateur dans le village d'origine de sa famille, l'été dernier.Ses parents ont immigré en 1971 en Belgique, non pour des raisons économiques mais pour éduquer leurs enfants et, depuis deux ans, ils sont retournés en Turquie, sur leurs terres.
Filmées avec finesse et dans une lumière superbe, les scènes immuables de la vie des champs suivent des…
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Dans l'aube pâle, une rangée de cuberdons s'éveille... L'autoroute est déserte, les oiseaux chantent. Et les "petits clous", moqueurs, de tirer la langue - eh eh ! - au premier rhino-routier qui les évite de justesse et s'écrase dans le décor pastel de Pascal Adant.
Moins drôle: le chauffard suivant les frôle de si près qu'à la limite de l'infar', ils s'épongent le front et claquent des dents. Et ce n'est que partie remise: éjectés tour à tour à mille kilomètres à l'heure, ils n'iront pas tous éborgner la lune et faire un clin d'oeil à Méliès.
Parfaitement alignés, ce…
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Puisque le court est un jeu et une folie !
Prix du public, l'accrocheur et surprenant film de Pascal Rocteur (No Film) fourmille d'idées plus cocasses les unes que les autres : en face caméra, une souriante et sublîîîme ouvreuse du Vendôme vous invite à la suivre dans le métro Porte de Namur, jusqu'à la paisible "trois façades avec jardinet" d'un héros merveilleusement débile.
En cette veille de Noël, comme tous les matins, le petit fonctionnaire salue sa femme - bigoudis et peignoir rose - et se rend au boulot. Grosses lunettes et moche cravate, ce peseur de trombones (il en faut) se joue de tous les périls : au ralenti, sous trois angles de vue différents,…
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Pantalon orange et veste de training étriquée d'un bleu électrique, les cheveux au vent et les yeux de perpétuel endormi, Georges adooore le cinéma. Sous filtre sépia, il rêve d'une haletante bande-annonce : l'une belge, l'autre arabe, deux jeunes filles s'aiment, avec tendresse, et au-delà du reste...
Idéaliste dégingandé, ce néo bab' peut bien danser au milieu du salon: il tient son idée, et plane littéralement jusqu'à l'école de ses deux héroïnes. C'est le monde de la rue, des jeunes désabusés et chahuteurs, mais en bon psychologue, Georges de la jungle parvient à motiver sa petite troupe. Acquis…
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