Le temps passe et on se lasse : de la famille, des conventions, de son couple, de soi-même. Le film a le mérite de soulever LA question : derrière quoi courrons-nous ? Saint-Nicolas, habitué au 6 décembre, doit combiner avec les agendas de tout le monde et espérer qu'en mars on lui fera encore un bon accueil. En observant les trois générations qui se montrent à nous, de l'enfant à la grand-mère, ce sont les intermédiaires qui nous pourrissent la vie. Ceux qui ont des enfants tentent d'assumer et finissent par se souvenir qu'ils en ont un. Les autres critiquent forcément les premiers et oublient qu'ils sont démunis de cet enfant-là justement. Finalement,…
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L'Atelier Zorobabel nous a habitués depuis quelques années à un travail d'animation tout en rigueur et en finesse. Leurs personnages de prédilection restent avant tout les marionnettes articulées par un collectif de passionnés.Ici, l'univers est restreint à un huis clos pesant et mystérieux. Un homme visiblement mal dans sa peau, complètement perverti par une forme de parano aiguë s'en prend à tout ce qui bouge autour de lui : ses deux enfants. Le scénario est noir à souhait et c'est l'animation qui nous tire d'un imaginaire que nous aurions pu transposer en live sans difficulté. En quelques minutes tout est dit et, seul petit regret, la fin reste malgré…
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7', fiction expérimentale, noir et blanc, 35mm, 2003
Au tout début du monde, il y eut les instants de la création et Dieu y travailla ferme pour parvenir à mettre un peu de vie sur notre belle planète. En fin de création, en pleine jouissance, il opta pour donner à la terre une petite chose qui va s'avérer essentielle dans notre vie à tous : la Bintje. (une patate mais pas n'importe laquelle !)Dans un décor tiré tout droit de la Genèse, Eve (Cécile) et Adam (Jean-Yves) se rencontrent comme à l'origine, nus et curieux, reniflant leurs odeurs et touchant ici et là de petites choses érectiles. Dans un chaos indescriptible, un attroupement de femmes…
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Fuck the legend
Fondé en 1951 par Julian Beck et Judith Malina, le Living Theatre explose la scène théâtrale dans les années soixante. Pressentant qu'un autre monde serait possible, il s'attaqua à toutes les bornes de la société bourgeoise, pourfendant l'autorité, vilipendant l'armée, proposant une sexualité libre et débridée, inventant une poésie en révolte faite de corps et de cris, poussant le geste théâtral jusqu'à son extrême provocation, le happening total, avec ce projet formidable : être la vie même. Vague déferlante de passions créatives, sans cesse en état de rébellion,…
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Heureux Cifas ! Le Centre international de formation en arts du spectacle qui, il y a peu, fêtait joyeusement ses vingt années d'existence et présentait pendant deux jours quelques-unes de ses réalisations où l'on pouvait voir entre autres deux films de Raoul Ruiz, produits à son initiative, Le professeur Taranne datant de 1986 et le tout récent Vertige de la page blanche.
Conçu dans le cadre d'un stage de direction de comédiens, Le vertige de la page blanche est une aventure étonnante tant par la singularité de son processus de création que par la qualité de sa réalisation. Le travail de Raoul Ruiz y est exemplaire de ce que le cinéma a de plus passionnant…
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Une énigme irréductible
Il y a cinquante ans, Helga et Yann, sans se connaître, fuyaient leur pays natal et trouvaient refuge en Belgique. D'origine juive, ils emportaient avec eux les blessures d'une période noire et douloureuse où chacun à sa manière avait été frappé par l'horreur et la mort violente. Ayant connu l'exil et les difficultés de se voir acceptés dans un milieu où ils étaient d'abord l'étranger avec tout ce que cela suppose d'indifférence, d'incompréhension et trop souvent de mépris, ils vivent aujourd'hui dans un quartier populaire de Bruxelles où se rencontrent un grand nombre d'immigrés…
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Le titre intrigue. Que veut dire "pachydermes" ? Pour le savoir, il faut voir le film de Rémi Hatzfeld. Un film à plusieurs lectures, à plusieurs tiroirs, qui passe de la gravité à la légèreté comme une partition de musique. Un sujet sensible traité avec drôlerie et bonhomie sur l'anti-conformisme. Malgré son apparence légère, le film touche à un sujet délicat : où commence et s'arrête la complicité relationnelle entre un père et sa fille. Jusqu'à quel âge une fille peut-elle prendre son bain avec son papa ? Jusqu'où un père peut-il se laisser aller à raconter des histoires " cochonnes ",…
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Nous vous avons dit tout le bien que nous pensions d' Un couple épatant, Cavale, Après la vie, lors de la sortie des films de Lucas Belvaux en salles. Profitons de leur sortie en DVD pour redire le pari réussi de cette trilogie à nulle autre pareille. Récit global qui se passe dans un même laps de temps (d'un mercredi soir à un samedi soir, pour être précis) et dans le même espace (Grenoble et ses environs). Chacun des trois films représente un récit autonome ayant ses protagonistes principaux propres (même si on les retrouve - et c'est là un des intérêts de la démarche de Belvaux - en personnages secondaires dans les deux autres films. Démarche… Lire l'article
Les hommes de ma vie
Le prince charmant, quel est donc cet olibrius qui hante les fantasmes féminins. Un analyste vous dira, avec quelque prudence, que c'est l'homme qui fait d'une jeune fille une femme, c'est-à-dire l'égale de la mère dans le rapport de séduction au père. Nous nous égarons ? Peut-être. A la façon de la jeune femme étendue sur le divan d'un psychanalyste dans Les Hommes de ma vie de Karine de Villers et qui parlent des hommes apparaissant et disparaissant dans sa vie sans laisser d'autres traces que leur absence de concordance avec l'homme idéal. Jadis Lacan fit quelque bruit en prétendant que La Femme n'existe pas. On peut en dire autant…
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Il y a dix ans déjà que Stijn Coninx étonnait le monde avec Daens, une fresque historique toute en force, une épopée sociale au budget conséquent (du moins pour une production belge) qui loupait d'un cheveu l'Oscar du meilleur film étranger. Dans les cinq années qui précédaient, il s'était fait connaître grâce à deux farces flamandes très populaires (succès raz de marée en Flandre), mais depuis, une seule oeuvre était venue, en 1998, rompre le silence de Stijn au cinéma. Licht, une histoire d'amour intimiste, splendidement filmée, magnifiée par de superbes lumières boréales confirmait la place de Stijn… Lire l'article
Atmosphère, atmosphère. Un film tout en nuance et douceur. Pas une parole ne vient perturber la relation intimiste entre un petit garçon et son mouton qu'il a vu naître et mourir devant ses yeux. Le film tourné dans le clair-obscur évoque le cycle de la vie avec la fin (prématurée) au bout, la mort, une absence définitive. Par des images volontairement approximatives et un jeu d'acteur libre, le réalisateur nous introduit au coeur de la poésie, de la vie même. Le cinéaste a dû visiblement s'inspirer de Rosetta pour la séquence du petit garçon qui court essoufflé tirant son mouton mort à travers champs. La course effrénée est une métaphore…
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Verviers
Depuis Une Liaison pornographique, nous n'avions plus de nouvelles de Frédéric Fonteyne, son réalisateur. Le succès du film l'avait-il mis en préretraite ? Ou l'avait-il rendu mélancolique au point de hanter les bancs publics qui bordent les étangs d'Ixelles afin de se consacrer à ce vice impuni qu'est la lecture, ou encore s'était-il tourné vers la bande dessinée qui fut l'une de ses passions d'adolescent au point d'y suivre les cours dispensés par l'Institut Saint Luc ? Ou encore s'était-il adonné au périlleux exercice, tel Oblomov, de ne rien faire. Voire. Ce n'est pas rien, votre serviteur s'y est…
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Le Dernier Tango argentique
Récemment, au Festival International Francophone de Namur, « cine & FX » a présenté sur grand écran le test comparatif d'un même plan tourné avec quatre caméras (35mm, S16, HDCam, DV-Cam) et ce, dans des situations différentes (forte lumière, jour, nuit, etc.). Si la projection en 35mm continue à être qualitativement supérieure aux autres supports (kinescopés, il est vrai, passant donc par une étape supplémentaire pour aboutir à la copie projetée), les progrès du numérique sont considérables, que ce soit avec le DV progressif ou les optiques Zeiss Digiprime. La salle composée pour l'essentiel…
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Il y a plusieurs raisons d'aimer ce film. La première c'est qu'il traite d'un sujet qui nous concerne tous de près : les voisins et le sexe opposé. La deuxième raison : le choix des acteurs qui sont savoureux et décapants. La Belgique ne pourra plus jamais dire qu'elle souffre de manque de comédiens belges pour faire son cinéma. Une comédie légère sur les relations hommes et femmes interprétés par une étonnante brochette d'acteurs belges. Les dialogues et les situations sont croustillants. Un film rafraîchissant construit sur des gags et des situations burlesques empreint d'émotions et d'humours qui se termine par une jolie pirouette. Le…
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Une journée ordinaire : Les contemplations
Le 22 février 2002 : une journée ordinaire à Bruxelles. La ville s'extrait peu à peu de la nuit. Les cloches sonnent la messe du matin, les trams sortent peu à peu des dépôts en grinçant des rails, les rues se garnissent d'autos. Aux Musées Royaux des Beaux Arts de Belgique, une salle encore vide au fond de laquelle sont accrochés Les marchands de craie (1882-1883), un triptyque de Léon Frédéric (1856-1930). Au milieu du passage, deux silhouettes de bronze semblent veiller ce chef d'oeuvre naturaliste aux couleurs fraîches. Deux sculptures de Constantin Meunier (1831-1905) : Le Pudleur (1889) et Le Marteleur…
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