Au lieu d'ajuster les personnages à l'histoire, c'est l'histoire qui s'ajuste aux personnages
— John Cassavetes
Atteindre le ton juste, un peu "à côté" est un exercice dans lequel excelle Bouli Lanners depuis ses débuts. Montrer sans dire. Tel est l'esthétique du décalage qu'il propose aux spectateurs. Pour parodier un célèbre critique, le sujet est traité à côté du scénario. Et c'est tant mieux ! Les surprises n'en sont que plus grandes. Les scénarios en béton sont si souvent indigestes qu'ils ne font que le bonheur des pharmaciens.
Tour à tour peintre, comédien (notamment dans Les Convoyeurs attendent…
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L'ombre d'un double
Bingo ! Lorsque nous débouchons sur l'aire de l'aéroport de Zaventem nous nous attendons - faillite de la Sabena oblige - à trouver une sorte de maquette grandeur nature destinée à figurer, d'ici peu, parmi les curiosités que collectionne le Smithsonian Institute de Washington, entre un violoncelle de Stradivarius ayant appartenu à Servais et une Kachina pueblo du siècle dernier recueilli sur le plateau du Colorado dans la réserve Navajo. Rien du tout ! Tout fonctionne ! Enfin, pas tout à fait, lorsque nous arrivons à l'aéroport, celui-ci subit une panne d'électricité qui ne fait pas que faire sauter l'éclairage…
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Humiliés et offensés
La raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure. Proverbe
Nous aurions préféré vous parler de Mauvaises nouvelles, le dernier polar de Donald Westlake avec John Dortmunder et Andy Kelp, les cambrioleurs les plus malchanceux du monde. Malheureusement, si nous allons vous parler de mauvaises nouvelles c'est dans le sens littéral du terme. Vous n'avez pas vraiment conscience de quitter la rue Royale en contournant une église de style baroque tardif et en vous engageant dans la rue Royale Sainte-Marie. Sur le trottoir de gauche, au centre, vous vous trouvez nez à nez avec le CVB. Sitôt entrés, Patric Jean nous emmène au troisième étage, en grimpant…
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Bond, my name is Bond. James Bond
Traveling
Le cinéma est une folie. Pleine de bruit et de kilomètres de pellicule tournoyant comme une guirlande de noël ou du papier tue-mouche. C'est aussi fou que de se rappeler tous les prénoms d'À la recherche du temps perdu, de nager à contre-courant dans le Danube, ou allumer un Monte Christo, avec un zippo, vingt ans après. En 2002, trente ans après, on continue à faire des films avec des bouts de ficelle en obtenant la participation de professionnels chevronnés tout en ayant la volonté de s'exprimer et de conquérir un public. Automne 2002. Nous sommes dans la classe d'une école primaire, rue Tenbosh, à Bruxelles. Sept garçons…
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Après tant d'années de silence
Que reste-t-il d'une vie lorsqu'on décide d'y mettre fin ? Que reste-t-il d'une vie qu'aucun livre d'histoire ne s'approprie ? Jorge León. De Sable et de ciment, lettre à Elias.
Une vie
L'obscurité. Une lumière que seuls trois lucarnes noires déchirent en faisant scintiller des images et des icônes. Nous sommes dans l'une des trois salles de montage du CBA, en compagnie de Michèle Hubinon et Jorge Léon. Ils montent De Sable et de Ciment, le film de ce dernier. Nous voyons le plan d'un parc, suivi d'un travelling avant pris d'une voiture qui traverse un tunnel. Obscurité avec en contrepoint…
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Nous vous présentons le tournage de Le Jardin, un film qui s'étend sur quatre saisons. Un court métrage d'Annick Ghijzelings qui scrute des artistes se réunissant chaque semaine dans un même lieu. Découvrira-t-on les mystères de la création ? Suspense !
Les Quatre saisons
Dés que la figure humaine entre en scène, et a fortiori dès que la moindre fiction se profile, il y a corrélation entre ce qu'on croit lire comme image et ce qu'on croit vivre comme récit. Raymond Bellour. Trafic N°43.
Le Jardin
Voyagez-vous seul ? Mmm. Que pensez-vous du populisme en Europe ? Beeurk. L'église de scientologie est-elle une secte ? Pfffg. Portez-vous…
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Ce mois-ci, nous vous dévoilons les coulisses de J'ai toujours voulu être une sainte, le premier long métrage de Geneviève Mersh (link), la réalisatrice du Courage (Les Sept péchés capitaux), de maints documentaires et de Verrouillage central, un court métrage dont nous avons parlé et qui avait fait notre bonheur. Les films qui provoquent notre hilarité sont suffisamment rare pour que nous insistions sur un film dont nous attendons avec impatience une rediffusion sur la Deux/RTBF. J'ai toujours voulu être une sainte est coproduit par Artémis, Samsa Films et avec l'aide du Centre du Cinéma de la Communauté française.Vous trouverez dans ce reportage le tournage d'une séquence… Lire l'article
A deux temps
On dirait qu'il est impossible de faire un tango sans les crépuscules et les nuits de Buenos Aires et, que, pour nous autres Argentins, nous attend au ciel l'idée platonique du tango, sa forme universelle.
Jorge Luis Borges. Oeuvres Complètes 1. Ed. Gallimard.
La valse a trois temps. Le tango a deux temps. La vie a un temps. Profitons-en pour nous glisser dans les locaux du CBA (Centre de l'audiovisuel de Bruxelles) pendant le montage de Nosotros (Milonga, le coeur du labyrinthe), un film documentaire réalisé par Diego Martinez Vignatti, mec plutôt cool aux cheveux noirs jais et au regard scrutateur, scotché au maté (la boisson nationale argentine) comme votre serviteur au café. Si le jazz…
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Y a un lézard dans le placard
Où irions-nous ? Ce serait tout simplement ingouvernable s'il n'y avait pas que des pareils au même !
Serge Leclaire. Rompre les charmes. Ed. Le Seuil
Feu sacré
Y a pas de lézard ! Sur les tournages votre serviteur a subi peu d'avanies et framboises (pour faire un clin d'oeil à Tirez sur le pianiste de François Truffaut). L'une des rares et des plus drôles fut celle où, pris pour un employé des postes à la retraite, on nous refusa l'entrée du plateau. Inutile de préciser que votre serviteur courut s'acheter un képi bleu marine au vieux marché afin de ressembler à un employé des postes…
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Cartographie
Ulrike Knorr est un personnage quelque peu deleuzien, nomade, préférant un parcours moléculaire à l'exploration des machines molaires, la déterritorialisation, la bifurcation. D'où l'impression d'une fille insaisissable qui vous glisse entre les doigts dès que vous essayez de la déchiffrer (la décoder ou la codifier sont deux expressions que nous n'oserions utiliser tant elles sont antinomiques de ses agencements). Née à Dresde (1), dans l'ancienne Allemagne de l'Est, déboussolée par l'Ouest où l'argent est fétichisé comme nulle part ailleurs, Ulrike a fui les clichés comme la peste pour atterrir à Nashville…
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Van Volxem
Pas beaucoup de passage dehors. Normal. C'est un matin gris et pluvieux qui vous fait patauger dans les flaques d'eau ou la boue. Dans la cour du 264, avenue Van Volxem, un mec en jeans et parka à capuche couleur de la US Army nous regarde d'un air suspect. Brrr. Nous bredouillons que c'est pour le tournage. Il nous lance un regard las, tourne le dos en haussant les épaules, ouvre la grille et quitte les lieux. Un chat miaule mais nous n'arrivons pas à décrypter son message.
Nous nous décidons à faire coulisser la porte d'une sorte de hangar plongé dans la pénombre. L'endroit est vaste et à moitié vide. Nous avisons une ombre et nous précipitons sur une forme humaine…
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Plic ! Ploc ! Un petit crachin parsème de minuscules gouttes de pluie les verres de nos lunettes. Des morceaux de silence surgissent brisés par le crachotement d'une moto lointaine. Ce qui ne nous empêche pas de descendre sur les pavés mouillés la rue des Trois Tilleuls, au risque de glisser et de nous étaler sans personne pour nous relever tant l'endroit est désert, comme une ruelle désaffectée peuplée de chats errants au poil hirsute. Hou hou, les rafales de vent se mêlent aux aboiements des chiens de garde. Des feuilles mortes gisent au milieu de dépliants publicitaires souillés.
Des lumières commencent à s'allumer, petits points blancs qui clignotent…
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L'ange exterminateur (Le cinéma m'a donné le monde. Vidiadhar Surajprasad Naipaul)
Les feuilles d'automne flottent au vent ou se collent à la terre grasse des trottoirs - si, si, vous avez bien lu les trottoirs sont en terre -, dans une rue au nom étrange : la rue du Mystère. Bizarre ? Vous avez dit bizarre, mon cher cousin ? Comme c'est étrange ! Non.Nous ne vous emmenons pas dans Drôle de drame ni chez Edgar Poe mais dans Mamaman, un court métrage que tourne Iao Lethem dans le bas de la rue du Mystère, la plus escarpée de Bruxelles, qui serpente de haut en bas et vice-versa le Parc Dudden.
Sac à dos en bandoulière, mains dans les poches, Julie (Circé Lethem)…
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Fuyant une lumière du jour plombée de nuages gris, nous nous engouffrons dans les couloirs du métro bruxellois, auberge espagnole de notre temps, pour nous saouler de néon, les oreilles pleines du vacarme des rames. Un SDF passe de wagon en wagon en hurlant sa douleur et en tendant aux voyageurs une sébile en carton bosselée, griffée Coca-Cola. La misère des pays développés.
En espoir de cause
Nous accordons un regard distrait à la girl vautrée sur le fauteuil d'en face qui exhibe ses jeans dirty customisés grâce à des patches en cuir et des peintures au pochoir, un anneau dans une narine, les cheveux tressés de dreadlocks. Station Arts-Loi, nous descendons. Le CBA n'est…
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"Karl Kraus avait raison de penser que la pire espèce de mal est l'accoutumance au mal et que la tolérance dont bénéficie la corruption est une chose plus grave que la corruption elle-même."
Jacques Bouveresse.
Interrogatoire
Vous aimez Howard Hawks ? Mouais, Rio Bravo, Rio Lobo, Rio Dorado, heu, El Dorado. J'adooore, Giga ! Et Faulkner, le mec à l'épi de maïs dans Sanctuaire, Woofti quel polar ! Putain, ça m'a scié ! Sur le tournage de la Terre des Pharaons, en Egypte, Hawks avait fait venir Faulkner à l'Hôtel Mena House. Un mois plus tard, Harry Kurniz, le producteur exécutif, est secoué de convulsions. Hawks se précipite et s'aperçoit…
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