Famille, je vous aime
Ah, la famille ! C'est le filtre à travers lequel, enfant, on appréhende le monde ; et même lorsqu'on a grandi et qu'on s'en est affranchi, elle reste la référence des valeurs et des affections. Sans doute, il y a huit ans, lorsqu'elle a commencé à filmer ses petites conversations familiales armée de sa caméra d'amateur, Hélène Lapiower se doutait-elle peu que ce parcours l'amènerait après des heures de parlotes et des kilomètres de bande vidéo à ce film de 72 minutes, hanté par les trois questions ontologiques (D'où viens-je ? Qui suis-je ? Où vais-je ?), version Lapiower.
A sa suite, on découvre…
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Nord/Sud
Etats-Unis, Texas, une certaine idée du Sud, collective et banale comme un puzzle troué de clichés disparates qui nous livre une géographie carte postale organisant une image culturelle de l'autre, réductrice et sécurisante : clichés ces mamas noires rebondies et qui se souviennent du temps de l'esclavage, clichés ces flics blancs propres, efficaces et emballés dans un drapeau, clichés ces noirs chrétiens voués aux négro spirituals et à l'apologie d'un Lord libérateur, cliché cette présence du klan, des red necks et cette suprématie arienne d'un Dieu blanc et vengeur...
Sud, le dernier film de Chantal Akerman, sacrifie à cette…
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En 1933, Henri Storck et Joris Ivens réalisaient Misère au Borinage, véritable pavé dans la mare de la paix sociale chère à la bourgeoisie d'alors. Ils y soutenaient les revendications et les luttes d'une classe ouvrière vampirisée par les barons du charbon et dénonçaient les conditions de vie misérables des mineurs.
Soixante-cinq ans plus tard, Patric Jean revient sur les lieux du tournage de Storck et Ivens. Ces lieux, il les connaît bien, il y a vécu une partie de son adolescence mais aujourd'hui, les images de Misère au Borinage plein la tête, il les regarde autrement et le choc est total. Là où il pensait la misère disparue, il la retrouve plus présente…
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La poésie de la benne à ordure
S'il n'est pas de sot métier, comme on dit, il en est qui prêtent sans doute moins à rêver. Qui aurait l'idée, par exemple, de faire un film sur les éboueurs, ces damnés qui nous débarrassent de nos déchets, qui rendent la ville vivable, sans trop de germes ni de rats, et que personne ne regarde jamais ? Eh bien Jean Christophe YU l'a fait.
Avec le souci d'aller vraiment à la rencontre des êtres humains qui, dehors par tous les temps, s'accrochent à l'arrière des camions dans la grisaille furtive des petits matins. De par le sujet, on n'échappe pas à un petit côté "Strip-Tease",…
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Autre méthode pour débrouillards aux poches trouées : ficelé à coup de petits billets de mille balles par cent vingt (!) producteurs, l'artisanal Travellinckx de Bouli Lanners.
Avec un culot qui n'a d'égal que son intelligence, le film s'attaque au souvenir noir et brûlant d'un fait (vraiment) réel - l'évasion d'un certain Dutroux - et à la soudaine prise de conscience de l'homme ordinaire : asthmatique, hypocondriaque et contaminé par l'amiante de son radiateur.
Braqué sur sa propre petite personne et sur le ridicule testament vidéo qu'il adresse à des parents qui ne m'aimaient pas, Didier arrête sa camionnette entre deux…
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Démoli par les Cahiers et méprisé par Le Monde des emmerdeurs qui y auront vu, sans doute de trop près, le reflet de leur impuissance, Une liaison pornographique de Frédéric Fonteyne a pourtant, dit-on, été chaudement applaudi par le public vénitien...Ni noms, ni adresses ni numéro de téléphone. E.B.J. : écrire bureau journal ! Dans un rôle sur mesure qui vient d'ailleurs de lui valoir le prix d'interprétation féminine à la dernière Mostra de Venise, Nathalie Baye touche à l'âge mûr : toujours jolie et prête à réaliser son fantasme secret, elle jure que c'est la première fois qu'elle… Lire l'article
Le premier long métrage de Willem Wallyn, Film1, est une farce noire et grotesque, nourrie de cynisme et de dérision. Sous des allures de polar mâtiné de politique-fiction, il s'attaque à la crasse journalistique et à l'ordure judiciaire pour mettre à mal cette prétendue morale sociale derrière laquelle chacun se cache tout en se leurrant.
Construit autour de deux procès, Film 1 ne juge pas, il malmène. Pendant qu'au Palais de Justice, la Belgique sanctionne l'affaire Agusta-Dassault, un avocat intègre, pour se venger d'un journaliste qui l'a publiquement humilié, l'enlève, le séquestre et cherche dans sa vie privée de quoi le juger et le salir…
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Honte d'être belge joue la carte du reportage, document d'investigation et traite de l'affaire Sémira Adamu (la jeune africaine expulsée de Belgique et décédée dans des conditions suspectes lors de son transfert à l'aéroport de Zaventem), un des plus douloureux faits de société qui marqua l'actualité de l'année 1999.
Le réalisateur-reporter Manu Laurent y développe une analyse sans concessions de la portée de l'événement, entrecoupant flashes du J.T. de la RTBF et prises d'images en direct lors des manifestations organisées par le Collectif contre les expulsions, le tout éclairé par des interviews des membres de…
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Georges Sluizer, le réalisateur de Sporloos , de son remake américain Vanishing, de Dark Blood et de Crimetime, nous avait proposé en avant première mondiale, lors du dernier festival du fantastique de Bruxelles, son tout dernier long métrage The Commissioner. Le réalisateur hollandais, qui compte plusieurs succès à son actif dont une expérience hollywoodienne tout à fait concluante, était l'homme de la situation pour cette grosse coproduction européenne.
Mêlant intrigues, machinations, trahisons baignées de menaces, de violence et d'un suspens constant, le film se revendique résolument du thriller. Sluizer n'a d'ailleurs pas hésité à modifier certains…
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Louis Volont réalise avec la Tombe un documentaire socio-historique sur la mémoire de la sidérurgie wallonne et sur les conditions de travail et les accidents qui y étaient liés à Cockerill Sambre en particulier.
Trois usines sidérurgiques du même groupe entouraient Seraing au temps de la grande gloire de l'acier wallon. Jour et nuit on y coulait fonte et acier. Le réalisateur s'est intéressé aux accidents de coulées, c'est à dire aux débordements du métal en fusion dans lesquels des ouvriers ont perdu la vie. Tombant dans les feux de l'enfer les hommes se consumaient comme des mèches humaines en quelques secondes et disparaissaient sans laisser la moindre trace.…
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Adolf Eichmann - Un spécialiste
Jérusalem, 1961. A la barre, les témoins se suivent. Incompréhension et confusion des sentiments : on juge l'innommable et en dépit des sommations de la cour, le public ne peut par moment réfréner son dégoût, se lève et interpelle l'accusé : dans sa cage de verre, répondant des pires chefs d'accusation, le lieutenant colonel nazi Adolf Eichmann. Le spécialiste des affaires juives et de l'émigration prétendra jusqu'au bout n'avoir été que le pantin du général Müller et du sinistre Himmler : " J'étais adapté à ce travail de bureau dans la section, j'ai…
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La Belgique est-elle une fiction ?
" Il y a des Flamands et des Wallons en Belgique, mais, Sire, il n'y a pas de Belges ! " D'une phrase devenue banale, le député socialiste Jules Destrée avertissait le roi Albert qui, en 1909, venait de prononcer pour la première fois dans les deux langues le serment de fidélité à la nation...
Depuis près de cinquante ans, le cinéaste et ethnologue Luc de Heusch, disciple de Levi-Strauss et ancien assistant de Henri Storck, parcourt le continent africain sur les traces des Stanley et autres explorateurs de légende.
En 1951, avec Perséphone, c'est pourtant un premier film très expérimental qu'il…
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A 38 ans, après de multiples aventures, le cinéaste Benoît Mariage emprunte enfin la voie du long métrage de fiction. Son film, dont l'accouchement a demandé près de cinq ans, est nourri de ses nombreuses expériences de vie et très proche de son interprète principal, Benoît Poelvoorde. Evoquant ceux de chez nous, le scénariste-réalisateur pose sur ses personnages un regard d'une tendre cruauté, et nous renvoie leur réalité comme le miroir de nos petits travers, qui souvent nous met en joie parce qu'il nous venge des autres,... et de nous-mêmes.
Les convoyeurs..., c'est l'histoire d'un quartier populaire des environs de Charleroi, d'une…
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King Kongo
Pièces d'identités débute par une réunion de sages africains dans un village perdu de la brousse. Il y est question de Mwana la fille du roi Mani Kongo, qui aurait été envoyée enfant à Bruxelles pour suivre des études chez des religieuses. Sans nouvelles de sa descendance, le vieux monarque décide de se rendre seul et en personne en Belgique. Dés son arrivée à l'aéroport ses attributs de chef traditionnel posent problème à la douane où l'on veut lui confisquer sa coiffe en coquillage, son sceptre d'ébène ainsi que les rangs de perles qui lui barrent le torse. Commencent les premiers malentendus (aucune femme ne peut toucher les…
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Mobutu est un film étonnant et détonnant conçu en quatre actes, structuré comme un drame shakespearien et raconté par un Thierry Michel en pleine forme. Composé d'une mosaïque de documents, tous plus vrais les uns que les autres, il raconte l'histoire d'un self made man africain qui parti de rien arrive à tout. Le film est une méditation sur le pouvoir, cette drogue faite de séduction et de cruauté. Sauf que cette fiction est inscrite dans les annales de l'Histoire, celle du règne de Mobutu Sese Seko au Congo, ex-Zaïre.
Story
Comment, en un quart de siècle, un jeune sergent de l'armée coloniale est devenu l'un des hommes les plus riches du monde, régnant…
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