Odyssée des temps modernes, le film Bula nous offre, en guise d'Ulysse, l'étrange personnage de Marcelo, incarné par un Matthieu Delaunay déconcertant. Emporté de scènes en scènes par la caméra de Boris Baum, avec pour seul guide cet oncle Antoine (Xavier Gallais) qui semble fou à lier, Marcelo est culbuté, baladé, translaté d’un univers étranger à un autre, entre Belgique et Brésil. Jusqu’à ce que l’on comprenne le véritable but de cette quête, l’Eldorado caché au bout de ce périple : l’héritage de son défunt père.
La beauté et la force du film, on la trouve dans les paysages et les atmosphères…
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Les leçons de l’histoire
Drôle d’opus que le nouveau long-métrage de Patric Jean. Il y avait déjà du lyrisme dans ses films précédents, mais ils étaient aussi teintés de colère, d’urgence et d’une hargne qui leur donnaient la force des coups de poings sûrs d’eux-mêmes et de leur pourquoi. La mesure des choses ne filme ni les banlieues enflammées et leurs prisons, ni les violences faites aux femmes, ni les enfants du Borinage. Mais c’est bien encore une fois les laissés-pour-compte, les damnés de la terre, les esclaves invisibles qu’il va capter dans les éclats du monde qui jonchent les contours de la mer Méditerranée. Et dans les…
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Un seul être vous manque et tout est dépeuplé
Comment raconter l'histoire d'Anne Frank aujourd'hui? Comment, alors que le journal de cette jeune juive assassinée dans les camps de la mort nazis est devenu l'un des ouvrages les plus lus au monde, apporter quelque chose de plus à un récit déjà si puissamment ancré dans la conscience collective ?
C'est le pari osé d'Ari Folman, qui choisit - comment pouvait-il en être autrement d'ailleurs ? - l'animation pour se réapproprier cette histoire, tout en lui donnant une résonance plus contemporaine.
En prenant le récit du point de vue de Kitty, l'amie imaginaire créée par Anne pour dialoguer…
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“Si l’on ne se bat pas, l’on ne nous donnera rien”, assène l’un des témoins et acteurs de ce documentaire de 2018 toujours actuel signé Benjamin Durand, produit par le GSARA. La grève, arme principale des luttes ouvrières à travers l’Histoire depuis l’ère égyptienne, réapparaît ici au travers de quatre décennies de mouvements ouvriers en Belgique.
Un panorama qui s’ouvre sur le Bruxelles d’aujourd’hui, accompagné par les présentations des témoins. Anonymisés derrière l’image, l’individualité des protagonistes n’est pas l’objet du film. Pour preuve, leur nom n’est cité que par eux…
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La Terre, on ne sait quand, on ne sait où. Petit à petit, survolant les ondes dont le murmure envahit l’écran, Giovanni Cioni nous entraîne dans un monde entre passé et présent, où les frontières de l’espace et du temps n’ont plus que le sens que les hommes leur donnent. Bon baisers de la planète des humains.
C’est sur les côtes de la Méditerranée que nous emmène le cinéaste, à cheval entre la France et l’Italie. À Vintimille et à Menton, stations balnéaires d’hier et d’aujourd’hui, se jouent chaque jour l’échec de l’Europe et le drame de l’immigration. Des dizaines de migrantes et de migrants tentent…
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Dans ce film, fruit de la collaboration entre le cinéaste Boris Lehman et son amie Astrid Adverbe, on découvre avec délicatesse les confins des sentiments amoureux. De l’amour naissant aux réflexions sur le mariage, Astrid file les mots de Boris qui se livre, face caméra, comme pour la première fois. Mais qu’est-ce qui est vrai dans l’amour ?
Le film pourrait se lire comme une histoire d’amour. Une histoire d’amour où les plans séparent les deux protagonistes. Devant une stèle arborée de fleurs comme une nature morte, Boris et Astrid semblent rêver comme deux enfants. Boris joue au piano les Barricades mystérieuses de François Couperin, saute de joie sur le lit…
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Les répétitions de Marie André
Il s’agit d’une histoire : une prostituée aime son souteneur avec passion. L’homme exploite sa jeunesse et sa beauté avec l’exigence brutale du mâle qui sent et sait que c’est du rapport sadomasochiste qu’est né le lien et le cercle infernal où le sexe et l’argent empêchent toute autre issue que le silence et la mort.
Malgré les ruptures et les subtilités de valeurs, de rythmes et d’images, c’est parce qu’il s’agit d’une histoire de ce type universel, intériorisée déjà avant d’être vue et (re)vue, jouant sur les rapports de comportements sociaux autant qu’individuels,…
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Marie André, une cinéaste autodidacte
Marie André a débarqué dans le cinéma avec l’ingénuité miraculeuse d’Alice. Elle avait envie de poursuivre ce « lapin blanc » sans bien savoir où il allait la mener. Il l’a conduite à faire un court métrage, « Les Pas Perdus », que l’on a pu voir au Festival des Films de Femmes et à celui du Jeune Cinéma, à écrire des scénarios et maintenant à filmer une vidéo « Galerie de Portraits ». Sa conviction a forcé et séduit les lieux où l’on trouve de l’argent : la Commission de sélection du cinéma…
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Dans son article paru dans la revue Trafic en mars 2011, Boris Lehman parle de son cinéma comme « promenade, voyage dans l’espace et dans le temps mais aussi à l’intérieur de moi-même, glanage, rencontres, déambulation. »1Et Fantômes du passé, son dernier long-métrage réalisé avec Sarah Moon Howe, n’y fait pas défaut. Cette déambulation cinématographique à quatre mains et deux voix, cet échange d’images, ce film qui remet en circulation des fragments de mémoires, entraîne les deux amis sur des traces, des restes de pellicules pour interpeller le présent. Alors que l’un retourne dans ses images, l’autre filme ce qu’il ne voulait pas montrer… Lire l'article
Pour écrire ces lignes tout comme pour se plonger dans ce documentaire, il faut monter les basses, allumer les subs et baisser les lumières. La musique de Laurent Garnier, au même titre que ce documentaire aux airs d’hagiographie, se vivent dans la pénombre du club, dans la transe de la techno. Face à la caméra de Gabin Rivoire, l’artiste nous entraîne avec joie dans son univers, habité de personnages atypiques, de beats hypnotisants et de mélodies lancinantes.
Let’s get this party started.
Au commencement était le son. Celui de son enfance, passée dans les foires et les attractions que son père entretenait. Baigné dans cette atmosphère de fête permanente,…
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Avec une esthétique brute et radicale, utilisant les processus de domination décrits par Deleuze et Foucault, Ailleurs, Partout traverse les frontières de l’expérimentation sur l’image. Réalisé à l’aide d’un ordinateur qui permet d’infiltrer les lieux, de passer d’un coin du monde à un autre, de sillonner des caméras de surveillance, le film d’Isabelle Ingold et Vivianne Perelmuter parvient à articuler la portée critique de certains objets filmiques et leur dispositif avec la question du contrôle. Ce récit cinématographique percute celui de Shahin, un Iranien de 20 ans qui a fui, seul, son pays.
Dans un enfermement en plein air, supposant une invisibilisation…
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Lorsqu’on évoque le peintre Paul Cézanne, viennent immédiatement à l’esprit des pommes et la montagne Sainte-Victoire peintes de tout temps et en toutes saisons. Ces fameuses pommes et la montagne vue par la fenêtre sont les détails signifiants d’un lieu magique, celui de l’atelier du peintre, que la cinéaste belge Sophie Bruneau a visiblement pris beaucoup de plaisir à filmer pour son dernier documentaire sobrement intitulé Cézanne.
« N’en rajoutons pas », pourrait être le sous-titre du documentaire réalisé par Sophie Bruneau sur l’atelier du peintre Cézanne. Cela pourrait d’ailleurs aussi être celui de l’œuvre…
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La vie des fantômes
Étrange film que ce Don’t rush dont le titre sonne à la fois comme un avertissement et un précepte. C’est qu’en effet, il ne faudra pas trop s’attendre à des effets de manches, des séquences ultra découpées, une histoire trépidante contée par une voix off enthousiaste… Bien au contraire, le film prend en effet son temps pour déployer l’histoire du rebetiko, cette musique populaire grecque. Mais il le fait à travers un dispositif narratif très intéressant, ambitieux et un peu périlleux parce qu’il prend le risque de frôler l’ennui. En compétition officielle au Cinéma du réel tout récemment…
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Présenté en compétition au Brussels Art Film Festival, Son Chant revient sur la relation musicale entre Chantal Akerman et la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton magnifiée par un montage expérimental puissant, où se croisent et s’entrechoquent des extraits de films de la cinéaste belge, des propos de la réalisatrice sur son rapport à la musique et sur sa rencontre avec la musicienne avec laquelle elle a collaboré sur une vingtaine de films.
Vivian Ostrovsky utilise, avec beaucoup de pertinence, le split-screen, les cadres imprégnés dans des scènes de films, les inserts d’ondulations sonores et de points rythmiques qui rappellent l’importance et la prégnance du son dans le travail…
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(...) Ce ne sont pas des personnes ou des lieux que la caméra de Marie André rencontre d’abord mais des portraits qu’il faut décadrer, déplacer, brouiller, pour avoir une chance d’entrevoir ce qu’ils cachent plus qu’ils ne révèlent.
Jean-Paul Fargier (« Les Cahiers du Cinéma »)
Marie André : la fascination de l’absence de temps
Pour reprendre ce que dit Maurice Blanchot à propos de l’écriture, on peut dire à propos de « Come ti Amo », la dernière vidéo de Marie André - présentée avec succès au Festival de San Sebastian – qu’elle nous livre « à la fascination…
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