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50/50 - Le trieur de Philippe Boon et Laurent Brandenbourger

Publié le 31/03/2021 / Catégorie: Dossier

En juin 2017,  la Fédération Wallonie-Bruxelles organisait l'Opération "50/50, Cinquante ans de cinéma belge, Cinquante ans de découvertes" qui mettait à l’honneur 50 films marquants de l’histoire du cinéma belge francophone. Ces films sont ressortis en salle pendant toute une année et de nombreux entretiens ont été réalisés avec leurs auteurs. Le site internet qui se consacrait à cette grande opération n'étant plus en activité, Cinergie.be a la joie de pouvoir aujourd'hui proposer et conserver tous ces entretiens passionnants où une grande partie de la mémoire du cinéma belge se donne à lire.

50/50 - Le trieur de Philippe Boon et Laurent Brandenbourger

Didier Stiers : A quoi correspondait l’aide reçue à l’époque ?

Philippe Boon : Elle nous permettait de faire le film ! C'est-à-dire que le producteur ne mettait pas un balle et tout le monde travaillait gratos ! Le film a été tourné à Malines dans l’usine Bonduelle, dont le patron aimait le cinéma et nous a ouvert ses portes, ce qui est assez rare. Avec l’aide de la Communauté française, nous avons pu régler les frais incompressibles. Les copies, par exemple. Aujourd'hui, avec la HD, on fait pas mal d’économies en matière de consommables mais, à l’époque, on filmait soit en 16mm et en 35 mm – je pense que nous avons travaillé en 35 –, soit en vidéo. Or, la vidéo, c’était catastrophique pour la distribution et on se privait des festivals. Effectivement, qu'est-ce qu'on faisait avec un court-métrage ? On allait dans les festivals : si le film était sélectionné, c'était la possibilité qu’il soit vu et comme Le Trieur est dépourvu de dialogues, il a voyagé dans le monde entier. Et il a remporté pas mal de prix, ce qui nous a permis de réaliser un deuxième film.

 

D.S. : Il paraît que cette célébration des 50 ans sera pour le film l’occasion d’exister enfin sur un support numérique ?

P.B. : Il n'est jamais sorti en DVD et n’a jamais été transposé en numérique, non. Je pense que la boîte de production est vaguement dans autre chose et, quoi qu’il en soit, c’est le producteur qui peut décider de faire un beau télécinéma. Mais comme il n’y a aucune possibilité de rentabiliser ça… Voilà pourquoi la seule trace qu'on trouve de ce film, c'est une VHS à la grande médiathèque de Bruxelles. Et, heureusement, autre avantage d’avoir été subventionné, il en existe une copie à la Cinémathèque. Ces 50 ans vont donc lui donner une seconde vie.

 

D.S. : Vous avez également travaillé en tandem sur Luc et Marie, un autre court-métrage, puis sur Petites Misères, un long-métrage.

P.B. : Un long-métrage qui a bien porté son nom : il ne faut jamais faire une comédie qui s'appelle Petites Misères. Il faut l’appeler Brelan d'As ou Full aux As par les Rois ! En fait, les courts-métrages permettent un jour de passer au long, mais c'est une autre écriture. Avec le recul, on peut dire qu’on était bons en court-métrage : Le Trieur est particulièrement intemporel, Luc et Marie n’a pas trop pris un coup de vieux non plus. Et puis, patatras, le long-métrage, lui, il a des objectifs, il est diffusé en salles… On a beaucoup d’interlocuteurs, des coproducteurs, tout le monde a un avis sur tout, il y a plein de questions qu’on se pose et qu’on ne se pose pas pour un court. Là, on va dire que ça été un demi-échec.

 

D.S. : Ou un demi-succès ?

P.B. : Il y a des bonnes choses dedans mais, au niveau de la structure narrative, il y a des béances, des ventres mous. Ça a été un film douloureux à réaliser. Mais qui nous a permis de passer à autre chose ensuite (ndlr : Laurent Brandenbourger a notamment scénarisé Les Barons et Dode Hoek de Nabil Ben Yadir, Philippe Boon ouvrira prochainement à Bruxelles un lieu dédié à l’art graphique et à la bande dessinée).

 

Didier Stiers 

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