Printemps mal embouché avec la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon. L'occasion de rappeler que l'article de Jacques Aumont sur Stalker d'Andreï Tarkovski se trouve dans notre numéro précédent (n°157).
La revue démarre avec un texte amusant de Jean-Paul Fargier sur les réalisateurs qui décident de tourner LE dernier film de l'histoire du cinéma avant que ne survienne, selon eux, la mort du septième art. Le titre de l'article : La Tentation du dernier film. On connaît le dogme sur le deuil esthétique d'un cinéma moribond que ne cesse de nous conter Jean-Luc Godard. « Quand Film Socialisme s'achève en silence sur son absence de « Fin »…
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Cinéma wallon, cinéma de la crise ou crise du cinéma ?
Comment se fait-il que les films belges francophones soient sociaux; certains plus, d'autres moins, mais toujours aux couleurs grisâtres de la poussière industrielle ? Pourquoi la crise économique a-t-elle une place de choix dans les histoires des cinéastes du sud du plat pays ? Les paysages portés à l'écran sont terrils, carcasses sidérurgiques, hauts-fourneaux et voies ferrées ? L'odeur âcre de la fumée qui s'échappe des colonnes de cheminées imprègne les plans panoramiques de la totalité des films wallons. Le département d'histoire des Facultés universitaires de Namur a…
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Le samedi 19 février, Alain Cavalier, cinéaste de vocation, est venu présenter, à la librairie Quartier latin à Bruxelles, un livre sur son travail, signé Amanda Robles. Cette petite fille de communiste espagnol, après avoir été bouleversée par un gros plan sur des tasses dans un documentaire de Johann van der Keuken, s'est naturellement tournée vers les films d'Alain Cavalier et sa manière si particulière de nous parler du monde. Après une thèse qu’elle lui a consacrée, elle publie donc un ouvrage, Alain Cavalier, filmeur, aux éditions De l'incidence. Nous étions là, eux aussi, et la rencontre ressemblait, à s'y méprendre...… Lire l'article
« - Kekseksa, m'sieur?
- Simple, l'ami : le bouche à oreille, à toute blinde, par écrit et sur Internet, la face et l'interface de nos films documentaires.
- Oui, m'sieur le dur à cuire à la mords-moi-le noeud, c'est donc connecté plus que déconnecté mais euh…
- Donc l'ami, à lire et à dévorer. J'ajoute, mine de rien, que la lecture est fascinante, palpitante, chatoyante.
- C'est cela, m'sieur, oui.
- Doux Jésus, faites quelque chose, pour arrêter la rhétorique des sophistes, caramba, retournons à la terre ferme de la raison, vivement la pensée grecque.
– Okay, oui, oui m'sieur, comprendo, mais…
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Nacho Carranza, cinéaste trop peu connu, donc à découvrir, et écrivain devenu.
À côté de l'enfer, le paradis
« Nous nous racontons des histoires afin de vivre », écrit Joan Didion. (1) La création artistique est-elle une sorte de paradis capable de transformer l'instant en éternité ? Espérons-nous que la vie sur cette terre étrangère est notre salut ? Voyons voir…
Amis lecteurs, on imagine que vous aimez les artistes qui pensent qu'une partie du processus de création démarre dans la vie quotidienne via divers métiers. On passe de l'un à l'autre puis, le soir, on se retrouve dans les bistrots ou dans les cours du…
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Walter Benjamin continue à nous faire réfléchir sur l'époque de l'œuvre d'art et de sa reproductibilité technique (1). Le numéro de Trafic 76 publie « Théorie de la distraction », une série d'extraits inédits concernant la culture de masse, rédigée en 1935-1936. « Il faut développer les valeurs de la distraction à propos du film comme les valeurs de la catharsis à propos de la tragédie (…) Distraction et destruction (?) comme les aspects subjectifs et objectifs du même processus ». (…) De même que l'art des Grecs était condamné à la durée, l'art présent…
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Opération Dragon de Bruce Lee
Avec cinq longs métrages réalisés entre 1971-1973, désormais disponibles en DVD, et répandus comme la foudre, pluie comprise dans tous les Chinatown du monde, Bruce Lee est devenu le héros asiatique par excellence. Bruce Lee et son double animal. Chat sautillant, il symbolise le corps animal dans un tempo d'action très différent de celui que le spectacle Hollywoodien ne cesse de nous diffuser dans ses taratatas de mitraillettes et de revolvers divers. Pas de pan pan avec une arme à feu ? Point du tout, madame monsieur, mais la souplesse asiatique dans le corps à corps. Le revolver ? Un habile coup de pied le renvoie dans le bazar du cinéma occidental. Rien de surprenant…
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Avec cette malice qu'on ne peut que lui accorder, utilisant les cordes d'un stradivarius, Sylvie Pierre nous joue, via son instrument, un texte au tempo brillant à la fin de ce numéro 75 de Trafic (Automne 2010). Une revue dont elle fait partie avec Raymond Bellour et Patrice Rollet depuis sa fondation par Serge Daney. Le titre : L'histoire Rohmer, de quelques questions qui en relèvent, rien de moins sur Eric Rohmer, l'art et la peinture. Cela nous fait frétiller.
« Et de ce royaume des fins où nous voici vraiment installés, plein droit nous est de condamner la folle ambition de notre temps, trop impatient de maîtriser l'univers pour connaître de lui autre chose qu'une abstraite et malléable…
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Après une longue séquence de western, Sergio Leone va poursuivre son rêve de jeunesse sur l'Amérique en réalisant Il était une fois en Amérique, qui sera son dernier film. Non pas un film testamentaire, précise Jean-Marie Samocki, (les lecteurs de Trafic reconnaîtront la signature de l'auteur) mais bien, au contraire, un nouveau départ vers une période créative - Les 900 jours de Leningrad, film resté inachevé - qui était donc plus qu'un projet, mais qui fut interrompu par une mort inattendue et brutale.
Avant Leningrad, on parlait beaucoup dans son pays, l’Italie, de Il était une fois l'Italie, un film à partir de la vie de Garibaldi. Mais Leone…
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Cinéaste et producteur, un duo infernal ?
Pourquoi les films se sont-ils formatés au cadre télévisuel au point de devenir, de nos jours, aussi fades et ennuyeux dans les salles (il est vrai qu'on peut y ronfler dans la chaleur face au froid de l'hiver). Autrement dit, pourquoi sont-ils devenus aussi mauvais ?C’est aussi ce que se demandait Pauline Kael dans Chroniques américaines: « de plus en plus de producteurs ont trouvé la solution ultime mais éphémère : par sa technique et sa destination, leur cinéma est devenu de la télévision. Aucun bouleversement majeur ne semble possible aujourd'hui – tel le regain d'énergie apporté à la nouvelle…
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Melville for ever
Ce livre jazzy s'intitule Riffs pour Melville, sous la direction de Jacques Déniel et Pierre Gabaston chez – devinez, sans perdre votre Cup of tea, please. Gallimuche ? Lafontaine ? Non point. Allez, on vous le dit : Yellow now - côté cinéma, of course. Avec un titre pynchonien, genre « les Riffs de Thelonious Monk » dans Contre-jour. Oui, oui sauf que c'est Melville Jean-Pierre, le cinéaste, et non Herman, l'écrivain américain, auteur de Moby Dick. Le Samouraï est devenu le générique de tout un pan du cinéma asiatique. Le personnage solitaire, les identités pulvérisées, la manière de Jean-Pierre Melville de mélanger le…
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Ils se sont d’abord appelés Caméra Enfant admis, et c’est peut-être sous ce nom que vous les connaissez encore. Ils avaient commencé en 1979 à faire des animations dans les écoles. Des stages où ils proposaient aux enfants de faire ensemble un petit film animé qui traduise leurs visions, leurs préoccupations, leurs envies d’expression. Aujourd’hui, ils mènent de front ce projet avec des animations pour adultes, plutôt dans les milieux socialement défavorisés, des productions de films d’auteurs, et des coopérations avec des pays comme le Burkina Faso ou le Brésil. Cette année, l’atelier de production liégeois « Caméra etc… »… Lire l'article
Seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du siècle (…), celui qui perçoit l'obscurité de son temps.
Giorgio Agambem (Qu'est-ce que le contemporain ? In Nudités, éditions Rivages)
1. Le cinéma contemporain - de la haute modernité et non post-moderne - confronté à la science du mouvement et de la vitesse a-t-il réussi…
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Les décennies nous aident à dresser des bilans, dégager des tendances, tirer des perspectives. 2000-2010 donc. (F.Delcor et P.Suinen – Avant propos).
Un opuscule de 175 pages revient sur le cinéma belge francophone de cette période. Il est coédité par trois organismes de la Communauté française : deux institutions concentrées sur la production et la diffusion de notre cinéma (le Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel et Walllonie Bruxelles Image), et une troisième qui peaufine l’image internationale de notre Communauté (Wallonie-Bruxelles international, ex CGRI). Il a pour objectif de promouvoir à l’étranger la nouvelle génération de réalisateurs…
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Dans les codes de notre actuelle société du spectacle, les stars, autrement dit les acteurs « bankables » - ceux qui permettent le montage d'un film parce qu'ils sont supposés être rentables -bénéficient d'une reconnaissance médiatique. Les autres acteurs constituent une sorte de « non-sujets » médiatique. Comme tous les non vainqueurs, ils sont dans la zone.Jadis et naguère, lorsque d'autres valeurs aux codes moins rigides prévalaient, il existait de petits commerces appelés salles de cinéma de quartier qui réservaient une place de choix à des acteurs jouant dans le pavillon des seconds rôles. Ils étaient nombreux et…
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