Quand on rencontre Félix van Groeningen, ouvert, joyeux, toujours prêt à rire, on s’étonne un peu. The Broken Circle Breakdown est un mélodrame au sens le plus classique, où rien ne nous sera épargné du bonheur piétiné et des destinées tragiques. Mais peu à peu, les contradictions se dénouent, l’interview se teinte de profondeur et d’une certaine gravité tandis que s’explique la douceur du film.
Cinergie : Qu'est-ce qui vous a touché dans cette pièce de théâtre pour que vous vouliez la porter à l'écran ? Felix van Groeningen : Beaucoup de choses ! (rires). Quand je l'ai vue pour la première…
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Producteur depuis quelques années pour Ultime Razzia Productions qu'il a fondé avec plusieurs amis, Nicolas Guiot vient de passer derrière la caméra pour réaliser son premier court métrage, Le Cri du Homard, coproduit avec Hélicotronc et Offshore en France. Au Festival du Film Francophone de Namur, on découvrait ce premier court métrage intrigant et parfaitement maîtrisé déjà récompensé du Grand Prix au Brussels Short Films Festival. Tourné en russe, autour d’une famille exilée par la guerre, Le cri du homard est un premier court métrage risqué et réussi qui, à travers les yeux d’une petite… Lire l'article
De la musique après toute chose
Adapté d'une pièce de théâtre dont le succès en Flandre fut colossal, The Broken Circle Breakdown annonce la couleur dès son titre. Classique de la country music qui rythme la progression dramatique du film, « Will The Circle Be Unbroken » raconte un deuil et l’espoir de se retrouver, peut-être, ailleurs. Mais voilà qu’ici, le cercle en question sera non seulement cassé, mais réduit en morceaux jusqu'à la destruction totale. Le quatrième long métrage de Félix Von Groeningen est un mélodrame poignant et étonnant, qui mêle à la fatalité de la mort et de la séparation, la…
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La première scène du pré-générique est la métaphore, en images, de la première scène de la vie des êtres humains sur terre. La séquence s'inspire d'un tableau célèbre, L'origine du monde de Gustave Courbet. On voit donc une belle jeune femme nue, les jambes écartées sur une plage naturiste, quelque part dans le sud de l'Europe (l'île de Lampedusa). Elle se lève et se dirige vers la silhouette d'un homme que la mer vient de rejeter dans le sable chaud. Amadou (Issaka Sawadogo), un immigré d'origine africaine, croit découvrir le paradis sur terre dans le vieux continent.
Le film va raconter le rêve de l'Occident…
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Un western rural en France, dans l'Aveyron, avec un cowboy sur le plateau du Massif central. Le réalisateur de L'Hiver dernier, John Shank, est né dans le Midwest américain avant de venir en Belgique et en France. Il semble qu'il ait assimilé le sens de l'espace qui est l'une des grandes forces du cinéma étasunien, en dehors du paradigme des grandes villes aux immenses. On trouve ce sens de l'espace et du temps dans la plupart des films indépendants (qui nous arrivent en Europe via le Festival Sundance).
L'Hiver dernier se passe en France, sur un plateau désert, autour d'une ferme que Johann (Vincent Rottiers), un jeune éleveur de bovins, a héritée de son père et qui…
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Un cinéaste palestinien (interprété par Mohammed Bakri), disposant d’un passeport européen, revient à Nazareth pour assister à l'enterrement de son oncle. Le cinéaste-caméraman est un libertin, dans les deux sens du terme, libre-penseur, (c'est la signification du mot en arabe, Zindeeq). Séduisant les femmes tel Don Juan, le cinéaste revenant à Nazareth, la ville où est né Jésus, est très vite confronté à ses propres paradoxes et surtout à sa propre naissance dans une ville palestinienne qui, cinquante ans après, lui échappe. Après avoir filmé des Palestiniens, il tente de comprendre pourquoi ils restent à Nazareth,… Lire l'article
Sirot-Balboni n’est pas un élixir miracle du XIXème siècle vendu sur la place publique par un bonimenteur emmoustaché, mais un couple de cinéastes qui, depuis plusieurs courts métrages, nous jettent dans un univers tissé de rêves, de contes et de dystopies. Derrière leur monde ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre, émerge toujours une part d’inconscient, une façon de coller autrement à la réalité. Avec Fable domestique, le dernier-né présenté à la soirée de la Fédération Wallonie-Bruxelles au FIFF de Namur, Ann (Sirot) et Raphaël (Balboni) n’ont pas dérogé à leur règles… Lire l'article
Sorti en salle le 3 octobre en même temps qu’il était présenté à Namur, Dead Man Talking, le premier film de Patrick Ridremont y a obtenu le Prix du Public. Le film faisait salle comble et tous se prêtaient de bon cœur à cette comédie pleine de bons mots. Film d’un comédien, porté par des comédiens en verve et en forme, bourré de joyeusetés, Dead Man Talking tient son pari risqué de comédie noire (et belge, à l’humour grinçant) jusqu’à ce qu’un malheureux esprit de sérieux ne s’invite à la fête et que, l’envahissant de plus en plus lourdement, il ne finisse par le saborder. Snif !
Homme des planches,…
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Apprenant la mise en chantier du dernier projet de Frédéric Fonteyne, nous étions tout émoustillés. Enfin ! Après Max et Bobo, l'inoubliable Liaison pornographique et la Femme de Gilles, nous voici sur les fondations de Quartier libre. Bardés de nos caméras, dossier de presse, notes d'intentions et même, pour l'occasion, de la camionnette du caméraman de la Cinémathèque de la Communauté française, Géraud Vandendriessche, nous sommes en grand renfort sur une des étapes du plateau, à Anderlecht, dans un entrepôt comme il y en a dans les environs de la gare du Midi. Pour notre plus grand bonheur, la production, (Sylvie d'Artémis), nous a réservé… Lire l'article
Des tours et des détours du désir
Bien loin d'un certain humour belge, tantôt grinçant tantôt absurde, loin des lourdeurs d'un burlesque de boulevard ou d'un surréalisme pop et rock'n'roll très en vogue en ce moment, Amélie Van Elmbt réalise un tout premier film drôle et profond, en forme de road-movie initiatique, un petit chef-d’œuvre de fraîcheur, léger et pétillant. Un vrai régal.
Zoé prend la tangente pour aller à la rencontre d'un écrivain qu'elle admire et dont elle se croit profondément amoureuse. Au bord de la route où elle fait du stop, elle croise le chemin d'Adrien, jeune comédien en vadrouille,…
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Voici déjà cinq ans que le festival Elles tournent a investi le Botanique. Lorsqu’on évoque ce festival consacré aux films faits par les femmes, les sourires condescendants ne sont pas loin… et les discours sur cette séparation « ridicule » des sexes alimentent alors les conversations, tous genres confondus, d’ailleurs. Et pourtant…
Cette année, lors du prestigieux festival de Cannes, pas l’ombre d’une jupe derrière la caméra. A qui fera-t-on croire que sur les milliers de films proposés, pas une seule réalisatrice n’a su attirer l’attention ? En Belgique, 86 % des budgets publics consacrés à la production cinématographique…
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JC ou les infortunes du cinéaste
Film potache, faux documentaire sur un petit génie du cinéma, JC comme Jésus-Christ, prend ce prétexte narratif pour dézinguer joyeusement le petit monde du cinéma parisien. Point de vue d’un comédien belge qui travaille principalement en France, c’est décapant et amusant. Vu au Festival de Namur dans la compétition Emile Cantillon, ça se déguste vite… ou pas assez vite peut-être ?
Voilà un comédien belge plutôt très doué qui s’attaque, après un essai de court, à un long métrage qu’il tourne à Paris, sur le milieu du cinéma. Argument : Jean-Christophe Kern est une…
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El gusto, en espagnol, en français, le goût, la saveur. Dans ces notions, transparaissent le plaisir, le bonheur, la plénitude. Ce sont sans doute ces sentiments qu'animaient les musiciens de chaa'bi qu'a rencontrés Safinez Bousbia pour donner ce nom à leur orchestre reconstitué.
Au départ d'un miroir titillant l'envie et la curiosité de la réalisatrice, on aboutit aux retrouvailles d'une vingtaine de lauds, de darboukas, de violons, de piano et voix venus des deux rives de la Méditerranéen, et l’on va d'Alger la Blanche, berceau de cette musique populaire, à Paris la lumineuse, refuge de la communauté juive expulsée de la médina après…
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De la poussière à la poussière…
Regard éminemment politique et brûlant que celui qui ose aujourd’hui ramener l’animal au cœur de l’homme. Et c’est à travers la mort, celle qui affecte au corps son dernier devenir, uniquement organique, que Sacha Kullberg s’y attelle avec force et détermination dans un premier documentaire, Une philosophie des yeux fermés, découvert lors de sa projection en avant-première, au Beursschouwburg, ce mardi 14 février. Mais paradoxalement, au lieu de nourrir une autre vision du réel, plus le film avance, plus il se fige, glacé dans la démonstration réitérée.
À l’ouverture, un instant vibrant…
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