Cinergie.be

Women Filmmakers in Conversation

Publié le 27/07/2021 par Marine Bernard / Catégorie: Événement

L' Afrique et l'Europe se rencontrent - Des femmes en dialogue pour une parité au cinéma

Bien que la tendance internationale semble évoluer ces dernières années, la place des femmes dans l’industrie cinématographique, derrière la caméra, tant au niveau créatif que technique, reste timide et est souvent remise en question. Le manque de parité et de transparence sur le travail des femmes est encore bien trop actuel. Les hommes dominent le secteur, donnent le ton et laissent peu d’espace. À travers des ateliers, des conférences, des manifestations, des projections, les femmes de différents milieux culturels luttent toujours pour se faire entendre et contrebalancer la situation. Et elles le savent, l’audiovisuel représente un médium puissant pour transmettre leurs expériences de femmes et changer les mentalités.

Women Filmmakers in Conversation

À l’instar du thème défini cette année « Sharing our heritage », l’asbl belge Elle tournent-Dames Draaien s’est associée au Zanzibar international Film Festival (du 21 au 25 juillet 2021), à des ONG, des gouvernements et des partenaires de développement pour mettre en lumière des histoires de femmes racontées par des femmes d’Afrique et d’Europe. Teintés par la crise sanitaire, ces événements ont pris une forme hybride, présentés à la fois en ligne et en présentiel. Durant tout le mois de juillet, des Master class, des conférences, des ateliers, des projections ont été organisés dans les villes et villages de Zanzibar et se sont étendus en Tanzanie, soutenus par la délégation européenne, et en Ouganda, à l’occasion du Festival Native Voices.  

Cette nouvelle collaboration a débuté par un Webinar « Women Filmmakers in Conversation », visionnable sur la page Facebook de l’absl Elles tournent­­-Dames Draaien, lors duquel des professionnelles du cinéma africain et européen se sont rencontrées pour partager leurs expériences et surtout réfléchir ensemble à des stratégies pour amener à une égalité des genres dans le secteur cinématographique. Elle fut également l’occasion pour l’Union Européenne d’évoquer son nouveau plan d’action en matière d’égalité des sexes et d’autonomisation des femmes dans l’action extérieure 2021­­-2025 (GAPIII). Lors de cet événement en ligne, trois modératrices, Marie Vermeiren (Elles tournent­­-Dames Draaien), Tamara Mariam Dawit (Productrice et réalisatrice en Ethiopie et au Canada) et Naddya Adhiambo Oluoch­­-Olunya (Animatrice et réalisatrice au Kenya) ont invité différentes intervenantes autour de deux sessions, « Réalisations et défis » et « Focus sur le secteur de l’animation ». 

Riches de diversités, les discussions furent engagées et engageantes. Certaines pointent le sexisme inhérent à la profession, à la fois à l’égard des techniciennes sur les plateaux de tournage mais également dans la construction de la représentation de la femme à l’écran, trop souvent reléguée aux rangs de mère, liée au foyer ou d’épouse, liée à leur mari. Ce statut de femme sans voix que les sociétés patriarcales leur imposent. D’autres confrontent et rejettent la culture de « l’homme puissant » qui place l’homme comme étant le seul capable d’agir ou d’exercer un pouvoir. Certaines encore, dénoncent la différence presque gênante entre les budgets accordés aux hommes et ceux accordés aux femmes pour faire des films. Pourtant, toutes les intervenantes affirment que, pour se sentir libre de raconter ce que l’on veut, il faut avoir les moyens de le faire. De plus, que ce soit en Europe ou en Afrique, l’accès aux ressources est différent d’un pays et souvent même d’une ville à l’autre. La possibilité d’étudier, de voyager, d’échanger et d’accéder aux métiers du cinéma reste inégale. Mais au-delà de faire état d’une situation qui stagne depuis trop longtemps, ces discussions furent particulièrement constructives et motrices de changements. 

Tout au long du Webinar, que ce soit en première ou en deuxième partie, les intervenantes proposent des solutions pour multiplier les opportunités de sensibilisation et d’éducation. À différentes échelles, elles proposent des formations pour les femmes et favorisent les échanges entre les différentes femmes sur les deux continents. Elles partagent les initiatives qui ont fonctionné et qui fonctionnent encore, celles qui sont à repenser et s’accordent à l’unanimité pour se dire que si un modèle de solution fonctionne sur un continent, il est intéressant de transposer ailleurs. En espérant que cette rencontre ne soit que le début d’autres échanges entre Afrique et Europe sur l’importance du rôle de la femme au cinéma.

Tout à propos de: