C’est au FIFF que nous avions découvert L’été de Giacomo avec émerveillement. Alors que Le P’tit Ciné, avec Filmer à tout prix, programmait le film à Bruxelles, à l’Arenberg jusqu’à sa fermeture (désespérante) et que d’autres projections devraient avoir lieu en Wallonie, nous avons rencontré Alessandro Comodin à Bruxelles où il était de passage pour présenter son film. Ce fut une longue discussion en plein air, sous les volutes de nos cigarettes, à bâtons rompus… Où il est fait mention de Pasolini, du numérique, du documentaire et de la fiction, du présent, du passé, de l’Italie et… Lire l'article
En quelques années, s'est jouée en Europe, sur le modèle américain, une transformation majeure dans le monde de la projection du cinéma en salle, la numérisation du parc annonçant même la fin de la bobine 35mm. Cette évolution apporte, par définition, son lot de changements et le passage d'un support qui a été l'unique référence pendant près de cent ans à un autre, suscite nombre de questions à la fois culturelles, artistiques (1), économiques, et 'pataphysiques. Cette première partie s’attellera à déterminer les acteurs de la numérisation et à comprendre certains des systèmes mis en place par ceux-ci.
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Depuis un certain temps déjà, au sein du programme pédagogique français École et cinéma de l'association Les enfants de cinéma, naissent, sur des films donnés, des Cahiers de notes. Dans le cas présent, c'est Hervé Joubert-Laurencin, passionné de Bazin et Pasolini, professeur de cinéma et essayiste qui en est l'auteur. En alliant école et cinéma Les Enfants de Cinéma vise à sensibiliser les jeunes au septième art en les emmenant voir des films de qualité et en échangeant ensuite avec eux. Les cahiers étaient jusqu'alors réservés aux enseignants et élèves de l'école primaire en France. Edité… Lire l'article
Hors piste
Depuis ses premiers films, Ursula Meier met la famille au cœur de son cinéma. Elle filme des personnages bouleversants et bouleversés, au bord de folies que seules les très grandes proximités affectives permettent de cerner. Ses films, à la fois réalistes et épurés, s’en vont avec leurs personnages frôler les failles qu’ils tentent de mettre à jour. Il y a du Cassavetes dans ce cinéma-là, toujours en mouvement, en chairs et en fissures, en désirs et en débordements. Mais L’enfant d’en haut va un peu plus loin, réussissant le pari d’une étonnante hybridation, quand, s’épurant encore, il se baigne parfois de la lumière…
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La spirale du temps dans l'énigme de la subjectivité d'une vie est le sujet de Poulet aux prunes de Marjane Satrapi.
Nasser Ali, en deuil d'un violon (un Stradivarius), décide de s'éclipser d'une terre dans laquelle il ne retrouve pas le sel de la vie. Après sa mort, nous allons reconstituer sa vie et celle de sa progéniture. Ce conte persan a été dessiné, au préalable, par Marjane Satrapi, en noir et blanc.
La version cinéma, en couleur, a été adaptée à l'écran, filmée et animée, par le duo de Persepolis : Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud. Davantage que dans les cases de la BD, la mise en scène elliptique…
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Le délire de deux couples qui s'affrontent. Tout ça pourquoi ? Parce que Zachary et Ethan, leurs enfants, se sont bagarrés (l'un dénonçant l'autre et celui-ci, en représailles, le frappant avec un bâton). Régler un conflit à l'amiable ressemble à un compromis à la Belge. Sauf que cela dure 90 minutes et pas un an dans un zigzag permanent. Roman Polanski a réalisé un film tiré d'une pièce de théâtre de Yasmina Reza (Le Dieu du Carnage). Il le situe dans un appartement de la classe moyenne supérieure de New York plutôt qu'à Paris. Un endroit ultramoderne, fonctionnel, hygiénique, avec des personnages up to date qui s'intéressent… Lire l'article
Dans des couleurs bleu glaçon, Steve McQueen nous entraîne au cœur de la solitude et de la misère existentielles avec son second et dernier long métrage, Shame. Mais Steve McQueen n’est pas Lars von Trier, il ne joue pas avec ses personnages comme un ichtyologiste penché sur son bocal à poissons. Le bocal, il y plonge et nous y plonge, en apnée souvent, en apesanteur surtout.
Brandon (Michael Fassbinder) est un bel homme, dans la force de l’âge. Il navigue entre son bureau new yorkais ouvert à tous et un appartement bien clos, « épuré », c’est-à-dire vide, dans lequel il mange seul sur le pouce, dort seul, et mate des vidéos pornos sur Internet… seul.…
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Certains films se font après une commande, d'autres par intérêt pour le sujet, d'autres encore par hasard, au détour d'une rencontre. Lorsqu'on s'attaque à une personnalité du monde artistique, c'est souvent la création ou l'acte créatif qui motive le réalisateur. Ce n'est pas le cas pour Klaartje Quirijns qui a, quant à elle, suivi une démarche labyrinthique pour conclure son film sur l'artiste Anton Corbijn.
Juriste de formation, Klaartje Quirijns a réalisé plusieurs documentaires d'investigation à teneur politique dont Brooklyn Connection, sur les pas de Florin Krasniqi, Kosovar immigré aux Etats-Unis qui organisa de bout en bout…
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Tapis rouge pour les films issus de la Fédération Wallonie-Bruxelles à Cannes. Grande joie du côté des responsables administratifs et politiques, presque aussi grande que celle des réalisateurs et producteurs. Le film qui aura fait le plus parler de lui avant de le voir est, sans aucun doute, La Tête la première de la jeune Amélie van Elmbt. Et pour cause, aucun producteur ne voulant le soutenir, il a été réalisé sur fonds propres. Est-ce parce que c'est une histoire d'amour ou parce que l'amour n'a pas l'air d'y vouloir respecter les règles ? Un autre film qui a déjà fait couler beaucoup d'encre est celui de Joachim Lafosse, À perdre la…
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Avant que le Festival de Cannes ne propulse, dans le capital de la visibilité, le cinéma belge grâce à Jaco Van Dormael et les frères Dardenne, le cinéma de Belgique existait déjà, mais plus discrètement. Il s'agissait d'un petit commerce, ou plutôt d'un artisanat très vivant. Dans les années soixante, Lucien Deroisy, Jean Delire, Paul Meyer, Luc de Heusch et quelques autres présentaient aux spectateurs attentifs et curieux leurs longs métrages dans nos salles de cinéma. S'inspirant de l'élan et d'un certain bricolage de la Nouvelle Vague (réaliser des films avec peu de moyens), la plupart d'entre eux se servaient de la pellicule en noir…
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Cela circule, de bas en haut et de haut en bas
L'enfant d'en haut d’« Ours-oula » Meier (prononcez dans la langue de la Suisse alémanique) a reçu l'Ours d'argent au festival de Berlin. Est-ce une blague belge ? Le hasard est un sacré bazar. Cela fait beaucoup rire Ursula Meier qui, passant la moitié de l'année à Bruxelles, a un humour belgo-suisse prononcé. Pour parler avec Ursula Meier des films qui précèdent L'Enfant d'en haut (voir La libre Culture de la semaine passée) nous avons filé dans les Jardins du Botanique, circulant dans les sentiers, ce qu'elle préfère aux routes et aux autoroutes (voir Home - 2008). Elle nous confie…
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Commençons notre parcours dans le désordre ordonné du n°81 de la revue Trafic ; Est-ce par hasard si le dernier article s'intitule « Trafic : la ville et ses fluides ?
Victor Erice, réalisateur de l'Esprit de la ruche, Le songe de la lumière, chefs-d'oeuvre du cinéma espagnol, trace l'épisode du film d'André Malraux sur la guerre d'Espagne. Tourné en 1938 et janvier 1939, la première version de Sierra de Teruel a été terminée et montée par Malraux à Paris. Erice nous raconte comment cette version, considérée comme perdue, a été découverte en 1984 à la Library of Congress de Whashington,…
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On avait déjà été estomaqué par le court métrage de fin d’études d’Alessandro Comodin, Jagdfieber, un film très simple sur des chasseurs, audacieux et fascinant. A Namur, dans la sélection Regards du présent, on est tombé sur L’été de Giacomo, son premier long métrage. Et l’on est tombé, foudroyé… Ce documentaire déjà récompensé à Locarno du Léopard d’Or 2011, est un petit bijou de cinéma, un vrai bonheur cinématographique.
Sur les cartons du générique, d’abord du son - le chant d’une forêt, ses oiseaux, ses bruits mystérieux. Puis, L’été…
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Un atelier, c'est un endroit où on bricole
Métro, boulot, dodo, Delhaize et bar du coin.
Le quartier où l'on aime se balader, les rues qu'on évite à compter d'une certaine heure, notre vie de citadin est toute entière conditionnée par cette entité complexe qu'est la ville. Mais quelle emprise avons-nous sur elle ?
Projet organisé par le Centre Vidéo de Bruxelles (CVB) et Plus Tôt Te Laat (PTTL), dans la continuité des activités audiovisuelles menées depuis 2005, l'Atelier Urbain a pour vocation de proposer un regard citoyen sur la ville en donnant la parole aux habitants eux-mêmes qui, armés d'envies, micros et caméras racontent leurs quartiers.…
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Histoire d'une mémoire
« Il faut lever le nez quand on traduit.»
À 85 ans, Svetlana Geier est d'une vivacité résolue. Considérée comme une des plus grandes traductrices contemporaines, cette vieille femme au dos voûté et aux grands yeux brillants est la traductrice, en langue allemande, des cinq romans-fleuves de Dostoïevski, ses cinq éléphants. Un événement majeur dans le monde méconnu de la traduction que met en lumière le documentaire de Vadim Jendreyko.
Le film s'ouvre sur le tranquille quotidien de Svetlana. Entre tâches journalières et travail littéraire se dessine le portrait attachant d'une femme d'une grande…
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