Désireux de reconstruire cette ambiance « bucolique » du « lâcher prise » comme aime le dire Pierre-Yves Vandeweerd, nous avons voulu filmer notre rencontre avec le cinéaste dans un endroit irréel, en pleine capitale. Il s’est installé dans un petit coin de verdure où s'ébattent oiseaux et papillons dans le bruissement d'une fontaine, entre vrombissements d'autobus et autres véhicules polluants, au cœur du quartier européen. Pierre-Yves est la contradiction incarnée, cet homme énergique, au raisonnement cartésien, où l'efficacité de ses actes équivaut à celle de ses mots, crée des images à… Lire l'article
APPEL A CANDIDATURES
Stage d’acteur par Jacques Doillon du lundi 14 décembre au dimanche 20 décembre inclus
But du stage
(Jouvet s’interrogeant sur la question de ce qu’il enseignait au Conservatoire répondait « –Rien. ». Évidemment il enseignait une manière de faire. Et bien plus.) Résumons: Se dire : On sait l’insuffisance d’un texte joliment joué. Voir l’acteur, pas seulement comme passeur de texte, mais bien plutôt comme un interprète qui donne un sens nouveau, singulier à une scène qu’idéalement « personne encore n’aurait trouvé avant lui ». Et aussi : Ce stage…
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Une vraie jeune fille ?
Avis aux amateurs de genre, ils vont sans doute se régaler. Présenté au Festival du Film de Namur dans la compétition Emile Cantillon, Amer, premier long métrage d’Hélène Cattet et Bruno Forzani, est une sorte de créature hybride entre Russ Meyer et Dario Argento, totalement et absolument seventies, qui déplie sa grammaire cinématographique à l’infini, un système presque autoréférentiel, super supra cinéphilique qui devrait en réjouir plus d’un. Aussi fascinant qu’agaçant, amusant qu’ennuyeux, Amer laisse finalement plutôt perplexe.
Trois temps, trois genres. Dans une grande maison perchée…
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Le Nova distribue dans sa salle ce mois-ci deux très beaux films d’auteurs, Dernier Maquis de Rabah Ameur-Zaïmèche et Ce cher mois d’août de Miguel Gomez. Ce court-circuit qui vient geler la longue course producteur-(vendeur)-distributeur-salles de cinéma est plutôt réjouissant. Mais en voulant en savoir plus auprès de Gwenaël Breës, qui porte cette sortie, on s’est rendu compte que tout n’était pas si rose. A le suivre, pas assez de distributeurs, trop de films, trop de bâtons dans les roues, et pas assez de journalistes sur le qui vive. Démontage – ou déminage – pas à pas d’un système qui ne va pas de soi, loin de là.
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Tu seras un homme mon fils
Certains s’y reconnaîtront : pas facile de s’embarquer dans le rôle d’un adulte quand on sort à peine de l’adolescence. On se retrouve avec les références du vécu et, en général avec celles, plus proches, de ses parents. Pas évident de s’y retrouver lorsqu’on en a une image un tant soit peu désordonnée.
Lionel fait partie de ces jeunes pères accrochés davantage aux plaisirs qu’aux responsabilités. C’est une période délicate que celle de faire, sans réelle transition, son entrée en paternité. De plus, l’image qu’il a du père se réduit à celle qu’il…
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Au milieu des années cinquante, pendant son adolescence, Luc Moullet fut une groupie des textes critiques de Truffaut et Rivette qui paraissaient dans l'hebdomadaire culturel Arts. À force de proposer des articles à ses icônes, il devient, à 18 ans, le « chouchou » de l'équipe des Cahiers du Cinéma. En 1955, Truffaut lui annonce que le texte qu'il consacre à Edgar George Ulmer (cinéaste viennois, assistant de Murnau, artistiquement sous-estimé bien qu’admiré par Godard et Truffaut qui n'ont cessé de le mettre en valeur) est accepté par la rédaction des Cahiers jaunes (il paraîtra en avril 1956, dans le numéro 58). Luc Moullet le réécrit…
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Depuis ses courts métrages (Regarde la mer, avec Marina de Van, en routarde moche et voleuse de bébé), François Ozon n'arrête pas de nous surprendre en traçant ses films autour de la différence humaine et de la névrose entretenue dans la cellule familiale. Un thème somme toute universel depuis quelques siècles dont il n'arrête pas de secouer le cocotier des incertitudes (davantage que des certitudes post-freudiennes). Ricky est une autre partie de ce puzzle avec lequel Ozon ne cesse de jouer, avec brio.
Avec Ricky, la surprise n'est pas tant qu'Ozon engage Alexandra Lamy, dite « chouchou », dans le feuilleton télévisé Un gars, une fille, mais…
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Cul sec ! et à l’air….
En 2003, Félix van Groeningen imposait à l'écran sa radicalité formelle en suivant les pas d’un jeune dealer et d’une arpenteuse de trottoir dans Steve+Sky. Trois ans plus tard, le jeune réalisateur flamand revenait avec Dagen zonder Lief où six trentenaires oscillaient entre insouciance et prise de conscience.
Cette année, avec La Merditude des choses, sélectionné pour les Oscars 2010, il passe, pour la première fois, à l’adaptation d’un roman éponyme sans pour autant abandonner un style très personnel.
On annonce, depuis quelque temps, une « nouvelle vague » flamande ;…
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La banalité d'un acte use son intérêt. Plonger dans le flux télévisuel rend les images anecdotiques, les sons monocordes et les récits sans relief. Dans ce magma unicolore transperce, de-ci de-là, un chef-d'œuvre. Se souvenir d'un film vu à la télé témoigne de sa qualité, hormis du fait de choisir le petit écran comme support. Pouvoir sortir du lot ravit les cinéastes qui souhaitent être découverts par des yeux avertis plutôt que dans l'indifférence de l'Audimat. Ainsi, fleurissent sur les écrans des salles obscures, des productions habituellement réservées à la télévision. Les films documentaires…
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Débroussailler les chemins de l'oubli
Combien de temps peut-on supporter d'occulter la vérité et de l'ensevelir dans le silence du vaincu alors même qu'on sait qu'il y a eu injustice ? Peut-on indéfiniment accepter de courber l'échine, laisser tomber les épaules et prêcher des paroles fatalistes tout en se laissant ronger par le non-dit ? Peut-être l'oubli est-il plus acceptable lorsqu'il est collectif, mais tôt ou tard, les mots doivent être prononcés, la vérité être dévoilée. C'est ce que l'Espagne est en train de vivre à chaque excavation de fosses remplies d'opposants assassinés par la dictature franquiste…
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La mélancolie est douce
L'événement cannois 2009 fut, pour la Belgique, non pas le couronnement du cinéma en Communauté française, dont on espérait une présence prestigieuse, mais bien la Communauté flamande. Trois longs métrages étaient reçus avec beaucoup d'attention par nos collègues critiques de cinéma. Étonnamment, la presse francophone belge est restée assez discrète sur leur passage. Doublement pénalisés, par leur origine linguistique (du côté francophone) et par leur genre (du côté néerlandophone), les films de Caroline Strubbe, Dorothée van den Berghe et Felix van Groeningen sont des objets atypiques…
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African Couenne
Manuel Poutte manie aussi bien la fiction que le documentaire. Il choisit le genre de film le mieux adapté à son propos, mais son travail est toujours hanté par les mêmes questions fondamentales : qu’est-ce qui fait que l’homme est un homme, et quelle est sa place au sein d’un univers de plus en plus rationaliste, de plus en plus aseptisé, bref de moins en moins humain ? Cette fois, c’est en Afrique qu’il a choisi de poser sa caméra. Il la connaissait déjà pour y avoir erré à la rencontre de gens et de cultures très différentes, mais il n’y avait jamais encore exercé son activité de réalisateur. L'Afrique, il la sent marquée…
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Prise de vue - animation - projection - relief/ 3D
Nous avons traité, il y a quatre ans, des développements techniques de la chaîne du cinéma. Une époque où le cinéma à petit budget se servait des découvertes de la vidéo et de la télé utilisant le système numérique pour dépenser moins d'argent, opérer en équipe réduite et parfois en utilisant des projections avec des Barco 2K, (opération moins coûteuse et moins lourde que celle des copies en pellicule).Entre-temps, les techniciens du cinéma ont imposé une caméra numérique munie d'un capteur afin de pouvoir utiliser les otiques que, depuis plus d'un siècle,…
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L’immigration est une synthèse douloureuse
Comme documentariste, Manuel Poutte n’a de cesse de pratiquer une quête du sens à rebours des idées toutes faites. Dans En Vie, il s’attaquait au postulat selon lequel il n’y a pas d’alternatives à notre société capitaliste et consumériste en nous faisant partager trois pratiques de vie différentes, allant de la recherche individuelle à l’expérience la plus collective. Sans renier ses sympathies, il filmait ses sujets avec une totale absence de jugement et une honnêteté foncière qui provoquaient, chez le spectateur, davantage d’interrogations et de remises en question que tous les discours. Bien sûr que…
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À feu et à sang
En 2001, la réalisatrice uruguayenne Beatriz Flores Silva suivait, sur les trottoirs de Montevideo, la jeune Elisa et son passage du rêve au désenchantement dans En la Puta Vida. Avec Masangeles, la réalisatrice revient sur une autre « putain de vie », celle d’une orpheline précipitée dans une famille et un pays déchiré par la violence.
Masangeles a sept ans et vit seule avec sa mère dans un joli appartement de Montevideo. Son père, elle le voit le plus souvent à la télévision, dans des émissions politiques. Lorsqu’il ne passe pas sur le petit écran, le fameux politicien Aurelio Saavedra vit avec sa nombreuse…
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