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Cléo et Max de Solenn Crozon et Louis Kempeneers

Publié le 25/04/2022 par Bertrand Gevart / Catégorie: Critique

En compétition au 25e BSFF, le film Cléo et Max, produit par l’atelier de l’IAD Mediadiffusion et coréalisé par Solenn Crozon et Louis Kempeneers, nous parle de ce qui est parfois nommé «première fois». La première fois que j’ai regardé mon propre corps, la première fois que j’ai ressenti une envie irrésistible de fuir, la première fois où s’est produite une étrange chorégraphie corporelle, la première fois de nos pas accordés, la première fois des autres premières fois. L’on retrouve toutes ces premières fois dépeintes dans le film Cléo et Max

Cléo et Max de Solenn Crozon et Louis Kempeneers

Dans un supermarché, perdus entre deux rayons, Cléo et Max s’avancent avec une fougue que nul n’a vécue. Avec un mélange subtil d’aisance et d’hésitation, de mots qui s’apparentent à de la séduction maladroite et de regards qui témoignent d’une affection éternelle, ils finissent par choisir les capotes appropriées, ni trop grandes, ni trop rugueuses, ni trop originales. La réalisatrice Solenn Crozon et le réalisateur Louis Kempeneers nous immergent alors dans une esthétique de l’image très clip, faisant penser à certains moments à ceux du groupe Vidéoclub. Cette liberté qui prime sur tout laisse rapidement place à une séquence puissante et bien plus intime dans laquelle se déploie une peur, une peur liée aux diverses injonctions contemporaines, une peur que l’on a toutes et tous vécue, celle de «mal faire», de ne pas « arriver à faire jouir l’autre», d’être un «mauvais coup», autant d’injonctions que le film essaie de déconstruire en laissant toute la place aux attentes déçues, à des interrogations suspendues qui semblent implicitement nous dire : «Ah, c’est donc ça la pénétration», ou encore la maladresse des gestes, des positions, des corps. Bref, une première fois comme beaucoup d’autres, une première fois qui finalement pour beaucoup ressemble aux deuxièmes et suivantes.

Alors, que reste-t-il de cette rencontre consentie, choisie ? Sans doute un film qui montre le contrechamp de l’intimité, qui montre les coulisses de la rencontre, un film qui finalement ne propose pas des images léchées et esthétiques de l’amour, mais bien les temps faibles, les infimes ruptures avec soi, et ne contribuent pas à montrer un imaginaire qui ne fait écho à aucunes réalités.

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