L’aube se lève sur Molenbeek, avec elle, le temps de l’enfance et des promesses. Elle est un instant privilégié du jour qui s’éveille parce que tout est à venir, comme l’enfance pour ce qui est d’une existence. Elle est une promesse d’avenir qui soigne ce petit sursis de liberté totale, sans se résoudre aux supplications du devenir. Mais au commencement de tout, aux confins du plus petit du monde, au milieu des seules exactitudes, il y avait toujours un aigle royal finlandais tenant la main d’Allah. Et puis un œuf, et le monde. Les dieux de Molenbeek revient sur l’amitié profonde de deux enfants de six ans en plein questionnement sur l’existence et l’origine des choses.… Lire l'article
Dix ans après son premier long-métrage, Get Born, la réalisatrice belge Nicole Palo revient enfin, avec une comédie fantaisie qui tourne en dérision le suicide, la crise de la trentaine et ses déboires avec le milieu cinématographique.
Tous les professionnels vous le diront, se faire sa place dans le cinéma est un vrai sacerdoce. Nicole Palo en fait indéniablement partie : un bref coup d’œil à sa filmographie nous apprend que dix longues années séparent son premier long-métrage de son second. Il y a donc un certain sens à ce que la protagoniste de son nouveau film, Emma Peeters, vive elle aussi les souffrances et les malheurs du Septième art.
Mme Peeters (Emma pour…
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Il est facile de sombrer dans le pessimisme en regard de l’actualité. Qu’ils soient climatiques ou humanitaires, on ne compte plus les problèmes qui menacent notre avenir. Mais de-ci de-là, des raisons de garder espoir subsistent, comme l’engagement dont la nouvelle génération fait preuve. C’est à cette jeunesse prête à s’investir dans les luttes sociales que s’adresse Binti, le premier long-métrage de la réalisatrice Frederike Migom, qui offre aux spectateurs, adultes comme enfants, la vision d’un monde où il est encore possible de faire une différence.
Le pied bien ancré dans son époque, Binti s’ouvre avec un vlog, une de ces vidéos personnelles…
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De la musique avant toute chose…
Thierry de Mey, Eric Pauwels, Marie André, Ger Poppelaars, Annie Declerck... beaucoup de cinéastes ont filmé le travail chorégraphique d’Ann Teresa De Keersmaeker. Côté scène, côté coulisse, dans son studio, à l’extérieur, partout ils ont voulu saisir un peu de la magie qui se dégage de son travail et, comme envoûtés par les sortilèges géométriques de cette sorcière-magicienne, sont revenus la filmer, encore et encore…. C’est aussi le cas du duo de cinéastes Olivia Rochette et Gérard-Jan Claes qui, en 2012, l’avaient suivi jusqu’à l’Opéra de Paris et avaient filmé…
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Scènes de ménage dans la Quatrième Dimension
Quand Raphaël (François Civil) et Olivia (Joséphine Japy) se rencontrent à 18 ans, c’est le coup de foudre immédiat. Inséparables et profondément amoureux, ils se soutiennent dans l’épanouissement de leurs passions respectives : l’écriture de romans de science-fiction pour lui, le piano classique pour elle. Ça c’est avant le générique... Dix ans plus tard, nous les retrouvons mariés mais nettement moins complices. Si Raphaël écrit des best-sellers et est invité sur tous les plateaux de télévision, Olivia a abandonné sa carrière de soliste et se contente d’enseigner…
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Les Nuits Fauves
Richard (Matthieu Sys), aide-soignant dans un hospice, est en proie à un fantasme sexuel rare et des plus particuliers : la vorarephilie (du latin vorare : avaler et du grec philia : amour), autrement dit l’envie de se faire mutiler ou dévorer vivant par un animal sauvage. Inutile de préciser que la vorarephilie, qui nécessite une bonne dose de pulsions suicidaires et une pincée de sadomasochisme, est difficile à pratiquer pour le commun des mortels, à moins d’avoir un lion chez soi.
De plus en plus obsédé par cette idée fixe, le jeune homme passe son temps libre à chercher sur le net des photos d’animaux à la gueule béante : hippopotames,…
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De l’art de remuer la merde
François Ozon s’attaque au fait divers et par là, au film sociétal (bien plus que social) avec Grâce à Dieu dans la lignée du fracassant Spotlight (en 2015) qui avait tant fait parler de lui… Le film-dossier sur la pédophilie dans l’église déchaîne en effet les passions qui dépassent l’actualité brûlante car derrière ce sujet se profilent les thèmes du pouvoir, de l’institution, du secret, des tabous… À l’heure exacte du procès contre le cardinal Barbarin (puisque c’est bien de cette histoire qu’il s’agit ici), le calendrier des sorties tombe à pic pour le cinéaste français.
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Derrière le miroir...
En allant filmer la vie de trois personnes dans les motels américains, Alexandra Kandy Longuet s’empare de ce qu’il reste aujourd’hui de l’American Dream : de la poussière, de la misère, un mirage. Ceux qui vivent dans ces motels sont à côté de la route et regardent le temps, le monde, la vie passer, dépossédés de tout. Incapable de louer une maison, ils sont réduits au strict minimum et doivent chaque jour lutter pour survivre. À la marge du monde, spectateurs d’eux-mêmes et d’un mythe qui n’est plus que l’ombre de lui-même.
Vern est beau comme un bel Américain. Lisse, froid, un peu inexpressif, un peu ailleurs.…
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Léger décroché du coeur
Claire Burger avait frappé fort avec son premier long-métrage co-réalisé avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis. Party Girl faisait, en 2014, l’ouverture de la section cannoise Un Certain Regard et quittait la Croisette avec la Caméra d’or. Quatre ans plus tard, C’est ça l’amour frappe à nouveau, mais surtout juste. Quand Armelle décide de prendre de la distance, Mario se retrouve avec ses deux filles dans la maison familiale. L’aînée va fêter ses 18 ans, la cadette découvre l’amour et cela ne va pas de soi. Mario, lui, tente de tenir la barque, de rassurer ses filles, de retrouver sa femme, qui le quitte, pourtant, inexorablement.…
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Les intellectuels, au cœur des démarches vers l’indépendance du Congo, promulguaient avec vigueur, la volonté de «bâtir un pays plus beau qu’avant». Dans ce documentaire qui porte le même slogan, Hannes Verhoustraete dresse le portrait des errances d’un homme d’affaires congolais à Bruxelles. Ses errances renvoient à celles éprouvées par la diaspora congolaise, bloquée entre plusieurs identités, rêvant toujours de bâtir … un pays plus beau qu’avant.
« J’étais jeune, moi. 25 ans quand je suis arrivé ici. Maintenant j’ai plus de 50 ans et c’est fini. »
À cette phrase prononcée en voice over…
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C’est la fin du printemps dans le nord de l’Albanie et des ombres mémorables jonchent le sol. C’est le silence de la montagne, qui nous rappelle ces choses que l’on a perdu au jardin de la mémoire. Les voix se font échos d’un quotidien, la vie semble être ailleurs.
Grégoire Verbeke, le réalisateur de Mountain éternise l’instant durant quatre jours de marches intensives pendant lesquels Prek Gjoni déménage son troupeau avec l'aide de Jovalin vers les pâturages en haute altitude. Peut-on marcher avec de vieilles godasses esquintées et un parapluie ? Il n’y a pas de cordonniers dans le coin, seulement le cri des animaux.Aux plis de la lumière, les voix se répètent,…
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Au milieu des années 1960, l’Etat français lance des expéditions coloniales en Polynésie française, à la recherche d’une zone désertique pour tester des armes nucléaires. Rapidement, un Centre d’expérimentations du Pacifique se déploie, des milliers de militaires et de techniciens débarquent sur le territoire. Pendant trente ans, ils multiplient les essais aériens et souterrains, entraînant avec eux les habitants des îles polynésiennes. Motivés par les avantages que les Occidentaux leur offrent, ces derniers délaissent leurs activités quotidiennes pour s’adonner aux activités militaires. Du jour au lendemain, leur vie change totalement. S’efforçant… Lire l'article
Si Hussein, jeune Irakien et protagoniste du documentaire, a laissé derrière lui toute une vie pour ne rien garder d'autre que ce qui le définit en tant qu'être, c'est bien sûr par nécessité plus que par choix apaisé. Et c'est à travers une lettre à sa fille pas encore née, qu'il offre - mis en images par Maxime Jennes et Dimitri Petrovic - un hymne à la vie bien plus forte que l'exil forcé.
The Way Back est un film migratoire avec les caractéristiques singulières du road movie. Il narre un trajet à contresens (Hussein repart de Belgique jusqu'en Grèce, soit l'inverse de son trajet européen) comme un retour à la…
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Azadi : liberté en Farsi ou libre arbitre en Kurde, s'ouvre sur une immensité agitée. C'est la mer qui s'érige souvent en tombeau. Elle est belle, bien sûr, c'est ce que la somptueuse photographie veut nous rappeler. Et si elle est si majestueuse, outre sa force et son imprévisibilité, c'est parce que depuis des siècles, elle rallie des cultures, des peuples aux teintes de peaux aux origines si peu éloignées. Voici comment, en quelques plans et sans un mot, un petit film peut mettre en exergue une chose essentielle : l'Europe est cosmopolite par son histoire et le restera à jamais. (Des phéniciens aux macédoniens, par exemple, qui auront fait des cultures européennes… Lire l'article
De tijd die ons rest, “Le temps qui nous reste” en français. Derrière ce titre évocateur, des questions : que faire d’une relation qui nous blesse mais dont on ne pourra jamais se séparer ? Que faire de toutes ces années qui nous restent à vivre, partagé entre le pardon et la rancune ? Dessinant une relation mère-fils douloureuse, le premier long-métrage documentaire de Vincent Everaerts est un auto-portrait familial qui touche à des réflexions difficiles.
Au cœur du film, il y a une séparation : celle d’un fils avec sa mère. Incapable de continuer à vivre dans un milieu familial qui le prive de liberté et de bonheur, Vincent Everaerts…
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