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En attendant Bojangles de Régis Roinsard

Publié le 27/12/2021 par Kevin Giraud / Catégorie: Critique

 L’amour, comme un coup de foudre. Celui qui frappe deux êtres d’exception, en marge de la réalité chacun à leur manière. Avec cette adaptation du bestseller multi primé En attendant Bojangles, Régis Roinsard insuffle sa lecture du roman d’Olivier Bourdeaut dans une mise en images finement réalisée, entre sobriété littéraire et envolées lyriques. Plongée dans une épopée familiale pas comme les autres.

 
En attendant Bojangles de Régis Roinsard

Tout commence par une rencontre. Celle du réalisateur avec l'œuvre, et une lecture qui l’a bouleversé, d’abord. Celle de deux personnages, Camille et Georges, dans le récit filmique ensuite. D’un côté, Romain Duris est un bonimenteur, un caméléon qui se mêle à la haute société française pour en aspirer la moelle et pour échapper à sa condition ennuyeuse de garagiste, autant que pour le sport. De l’autre, Virginie Efira est une force de la nature, héritière d'une vie difficile mais vibrante dans son décalage, et profondément captivante et mystérieuse par son charme et son sourire. Les deux personnages électrisent le film avec leur énergie, imposent la normalité de leur divergence. Avec eux, on prend goût à leur vie folle et libérée, on dévore l’existence à pleine dents. Au travers des regards de Charles (Grégory Gadebois), meilleur ennemi de Georges et follement amoureux de Camille, et de Gary (le jeune Solàn Machado Graner dont c’est la première apparition au cinéma), on assiste aux frasques du couple, et aux fêtes à n’en plus finir dans leur appartement parisien. Une vie sans lendemains et sans soucis, dans laquelle nous plonge le réalisateur avec délice. Comme un cocktail aux accents relevés de musique, de danse et de costumes flamboyants.

Une telle vie est-elle possible ? À coups de boutoir, la réalité revient frapper à la porte de la famille, comme elle vient bousculer la parenthèse que le film nous avait octroyée. Mettant en passant au centre du récit la descente vers la folie de Camille, et les difficultés que Georges, Gary et Charles vont devoir affronter pour rester unis dans l’adversité.

Si le film pâtit un peu de sa longueur dans cette deuxième partie, il n’en reste pas moins intéressant dans le traitement qu’il amène de la psychiatrie à l’écran, façon vieille France. Et dans cette mise en images, c’est Virginie Efira qui reste la plus impressionnante, dans le sous-jeu de sa tranquillité comme dans le sur-jeu de sa folie.

Côté musical, c’est bien sûr la chanson Mr Bojangles de Nina Simone qui rythme les soubresauts du couple, et accompagne le personnage de Camille. D’abord libre, puis enfermée, privée de la danse comme moyen d’expression et de liberté, à l’instar du héros de la mélodie. Et dans les scènes de valse, de tango et de claquettes, c’est là que le duo Duris-Efira clique le mieux.

“Si la réalité est banale et triste, inventez-moi une belle histoire”, laisse échapper Camille. Un appel au secours qui résonne comme l’essence du film, adaptation réussie sans être littérale, et surtout portée par la prestation enivrante de Virginie Efira et la candeur de Solàn Machado Graner.

 

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