Récemment à l’affiche de la co-production belgo-irlandaise Good Favour et de la série Invisible (sur la RTBF), Helena Coppejans a, c’est le moins qu’on puisse dire, une carrière déjà bien remplie. Diplomée de l’INSAS en interprétation dramatique, l’actrice débute à l’écran en 2010 avec le rôle principal de Cannibal, un long métrage de Benjamin Viré, (très) indépendant qui sera suivi par de nombreux courts métrages et clips musicaux pour différents groupes belges, dans lesquels son physique mi-ange mi-démon, tantôt femme-enfant, tantôt femme fatale, fait merveille. Ceux qui la suivent sur Facebook peuvent également l’admirer dans les travaux de divers photographes, pour lesquels elle pose régulièrement. Mais depuis une dizaine d’années, Helena a également trouvé le succès dans le domaine du doublage, avec une voxographie trop longue pour tout citer, prêtant notamment sa voix à Elle Fanning ou Alison Brie, mais surtout à des dessins animés dans lesquels son timbre chaud est immédiatement reconnaissable. Nous revenons avec elle sur une carrière placée sous le signe de l’indépendance, avec une prédilection pour des projets « roots », indépendants, faisant la part belle à l’expérimentation. « Je préfère toujours les projets qui sont ‘plus dans la viande», comme elle nous l’explique...
Entretien « carrière » avec Helena Coppejans
Cinergie : Le doublage n’est-il pas un exercice frustrant ? Tu attaches beaucoup d’importance à la liberté sur les plateaux. Or, le doublage laisse très peu de place à l’improvisation.
Helena Coppejans : Non, je ne trouve pas ça frustrant. Au début, bien sûr, tu dois choper la technique, sinon tu ne t’amuses pas. Mais une fois que tu l’as chopée, il y a vraiment moyen de se laisser transporter. Plus l’actrice que je double est bonne, plus je peux me laisser transporter, c’est une histoire d’énergie. Une fois que tu as capté ce qui se passe dans les yeux de l’actrice, si c’est bien joué, c’est vraiment jouissif. Quand c’est très mal joué, ça peut être drôle aussi, mais c’est plus compliqué de trouver la sincérité, parce que tu ne peux pas améliorer ce que tu as en face de toi. Ça peut être frustrant, parce que le but, c’est d’être le plus fidèle possible, que ce soit bon ou mauvais. Comme en général un doublage se fait en quelques heures, si c’est nul, tu peux toujours en rire : « Bon ben tant pis, pendant trois heures, je vais faire un truc nul ! » (rires) J’ai notamment doublé un très bel animé japonais, très sensible, très délicat, très en retenue : Violet Evergarden : Eternité et la Poupée des Souvenirs Automatiques. Comme c’est un animé, pour le coup, c’est une vraie création, tu peux prendre des libertés. J’y ai pris beaucoup de plaisir. En dehors des dessins animés, mon plus beau projet de doublage, c’était A Rainy Day in New York, de Woody Allen, où je doublais Elle Fanning. Il y avait un référent, un ami de Woody Allen, qui s’occupe depuis au moins dix ans des versions françaises, espagnoles et allemandes de tous ses films. Il était tout le temps sur le plateau et il pouvait tout t’expliquer : le choix d’un mot en anglais, les références musicales, etc. C’était génial, parce qu’il avait une réponse à la moindre question. Et on a vraiment pris le temps qu’il fallait pour faire quelque chose de soigné. Comme je suis perfectionniste et exigeante, c’était agréable de pouvoir travailler comme ça. En plus, nous avons enregistré à Paris et c’était ma première fois, donc c’était nouveau !
C. : Dirais-tu que l’INSAS t’a fourni les armes pour te lancer dans le métier de comédienne ?
H. C. : Oui, et non! Oui, parce que j’y suis entrée assez jeune, à 18 ans, je n’avais quasiment jamais fait de théâtre. Je prenais des cours, mais je disais : « Le théâtre, ce n’est pas ça pour moi ! », et je partais. Et quand je suis arrivée à l’INSAS, c’était le théâtre que j’aimais. Leur manière de l’aborder m’a vraiment donné des armes au niveau caractère.
J’étais assez fragile et on m’a rodée à me dire : « Ton corps, ta voix, c’est un outil de travail sur scène ou au cinéma ! Tu ne dois rien prendre personnellement ! » C’est une école qui part du corps. J’en avais besoin, parce que c’est comme ça que j’envisageais ce métier : si ton corps traduit toutes les émotions, tu n’as pas besoin de parler. La parole est presque superflue, elle doit venir naturellement après qu’on ait compris par le corps. Moi je voulais donner un côté plus animal, plus bestial. En ça, l’INSAS me correspondait bien. Par contre, pour les castings, par exemple, je n’étais pas du tout préparée, c’était un peu le flou. Pour tout ce qui était dans l’« après », le business, etc., je n’étais pas vraiment préparée.
C. : Quelles difficultés as-tu rencontrées dans ton parcours ?
H. C. : Déjà, ça m’a pris un an avant de passer une audition. Et on me disait souvent que mon jeu était très étrange. En tournant, je me suis rendu compte que j’avais un jeu « cinéma », beaucoup moins adapté au théâtre. Dès que j’ai joué face à une caméra, j’étais beaucoup plus à l’aise, parce qu’il y a ce côté intime. Moi qui peux être très angoissée, avoir le trac, je ne l’avais pas au cinéma, parce qu’il n’y a pas de public. Au théâtre, même si le public te donne beaucoup, ça me demandait une énergie folle de ne pas stresser et de pouvoir apprécier le jeu. Le cinéma, c’est comme une fourmilière et l’acteur sur un tournage n’est pas plus important que l’ingénieur son ou l’équipe lumière. Ça m’a pris une bonne année avant de comprendre que ma place était plutôt au cinéma. À partir de là, c’est une histoire de rencontres : j’ai toujours fonctionné à la rencontre avec un réalisateur plus qu’au casting et c’est pour ça que je suis restée dans un parallèle un peu plus indépendant. Je ne suis pas une bête de casting. Tout prouver en trois minutes, pour moi, ce n’est pas possible. Avec un réalisateur ou un chef op’, si ça matche, si on croit l’un en l’autre, je suis capable de tout lui donner. Donc, je trouve mon compte dans des projets indépendants, même si les projets ont moins d’argent et prennent beaucoup plus de temps à se mettre en place. Parfois, on se lance très vite dans un projet et il peut très bien ne jamais être distribué. Mais je me suis rendu compte que j’ai joué dans des films qui ont mieux fonctionné à l’étranger.
C. : C’est le cas de ton premier long, Cannibal, de Benjamin Viré, avec qui tu as ensuite tourné Solitaires-Le Bal des Sauvages, des films indépendants vraiment tournés « à l’arrache ».
H. C. : Avec Benjamin, ça a été une rencontre un peu improbable. On nous a présenté un peu par hasard : tu es comédienne, il est réalisateur. Tout ce que je déteste ! On ne savait pas quoi se dire. Il m’a dit qu’il écrivait un film… Alors qu’il n’était plus sur Facebook, il m’a recontactée en se réinscrivant, et c’est comme ça que j’ai fait des essais pour Cannibal. Au départ, il voyait une fille avec des cheveux courts et moi, j’avais les cheveux très très longs, mais il y a eu un truc, on s’est entendu artistiquement. C’était un film avec quasiment pas d’argent – 10 000 ou 15 000 euros maximum – la production avait trouvé quelqu’un qui venait de toucher un héritage. C’était donc complètement à l’arrache : on a tourné en deux ou trois semaines avec une toute petite équipe, mais avec une cohésion. Il y avait un scénario, mais Benjamin travaillait toujours avec une part d’impro. Il part du principe que le texte ne doit pas être figé. Une fois qu’il est en bouche, il faut qu’il évolue avec les comédiens. Il laissait parfois tourner la caméra très longtemps. Je me rappelle qu’on parlait beaucoup de Cassavetes : on laisse tourner la caméra, on voit ce qui vient, on essaie… C’était assez particulier comme film, parce que c’est une histoire d’amour impossible entre une femme cannibale, qui a besoin de manger ses amants, et un homme agoraphobe, joué par Nicolas Gob, qui vit dans la forêt et qui a peur du contact. Il la trouve, couchée à terre, inanimée, sans savoir ce qu’elle fait là, et il en tombe amoureux ! Comment t’aimer sans te manger ? Comment t’aimer en acceptant d’être approché ?… Après, il y avait des scènes plus sanglantes, dans lesquelles je mangeais mes amants et j’ai trouvé ça très drôle à faire. J’adore les films d’horreur. Au sein de l’équipe, c’était très amical, on a tourné dans la confiance, en vivant des trucs extrêmes, mais sans difficultés. Pour ma première scène, j’avais la tête couchée dans la terre, en nuisette. Je suis restée couchée pendant 45 minutes, le temps que tout soit prêt, de nuit, dans des conditions de froid extrême. Mais le respect était tellement fort que j’ai voulu tout donner… Ensuite, avec Benjamin, nous avons tourné Solitaires – Le Bal des Sauvages, qui s’est tourné, je crois, sur une dizaine d’années. Benjamin avait déjà filmé des images avant notre rencontre, il fonctionne sur le principe du « besoin de tourner », c’est un truc viscéral. Parfois, il m’appelait : « Ce soir, on tourne, est-ce que ça te dit ? On tourne au Nouvel An, on profite qu’il se passe quelque chose en ville, on y va… » C’est quelque chose qui me plaît, évidemment, de ne pas devoir attendre une réponse ou passer un casting. Ensemble, on avait convenu d’une couleur de personnage, de quelques éléments, pas plus, et il me mettait en situation avec Jean Collard, son acteur fétiche, qui est malheureusement décédé l’an dernier, avec qui j’avais toutes mes scènes. Il filmait toute la nuit, notamment le soir de Nouvel An où il nous a filmés jusqu’à 6h, notamment en train de regarder un feu d’artifice. Ensuite, il tournait d’autres scènes avec d’autres acteurs et ça a donné un côté patchwork. Une fois que le film a été monté, on a retourné d’autres scènes, cette fois un peu plus écrites, pour faire des charnières. Un deuxième Solitaires s’est fait de la même manière : j’ai tourné des trucs il y a trois ou quatre ans, que je n’ai jamais vus, et Benjamin continue de le tourner, ça se peaufine… Récemment, nous avons aussi tourné Le Trou, une série pour la RTBF, sur la chaîne Tipik, quelque chose de complètement absurde et de très drôle. Je joue la boss de Tipik, un personnage plus mature et assuré, très différent de ce que j’ai fait avant. Ça se passe dans les bureaux de la RTBF, où il y a un trou… et des choses sortent et entrent de ce trou !...
C. : Depuis une dizaine d’années, on t’a vue dans un grand nombre de courts-métrages et de clips musicaux pour des groupes belges. Y en a-t-il quelques-uns en particulier que tu nous recommandes ?
H. C. : J’aime faire des courts, parce que j’aime bien les prémices, découvrir un univers, les premiers pas de quelqu’un. Le premier court auquel je pense, c’est In Exequiel (2013). C’est fou, le réalisateur, Mounir Ben Bachir, n’avait jamais rien fait auparavant. Il n’a pas fait d’école de cinéma, il venait de nulle part en tant que réalisateur. Quand je l’ai rencontré, j’ai trouvé qu’il avait une énergie, quelque chose de frais, une conviction, une envie d’être là, une flamme qui se perd un peu dans le cinéma, parce que faire un film, c’est difficile, ça met des années, on se demande souvent si on ne ferait pas mieux d’abandonner. Parfois, tu fais ton film, mais on t’a imposé tellement de choses que ce n’est plus ton film. Lui, il est arrivé vierge de tout, avec une envie de tourner, mais en connaissant ses faiblesses aussi, en proposant à ses deux acteurs principaux, Julien De Broeyer et moi, de potentiellement réécrire avec lui, de beaucoup répéter, de tester. On s’est fait confiance, on a dit : « On va chercher, on va improviser ». On a regardé beaucoup de documentaires, parce que les deux personnages prennent de l’ayahuasca et moi, j’aime regarder des films pour me documenter. Mounir a fait confiance à son chef op’, à ses acteurs, à son équipe : « Ce sera NOTRE projet ! »… Et je pense que ça se sent dans la finalité. C’est un bon réalisateur, qui a commencé intelligemment : il s’est donné les moyens, sans budget, mais en faisant confiance aux gens autour de lui. C’est un de mes meilleurs tournages.
C. : Récemment, on t’a vue dans la mini-série Invisible sur la RTBF. Tu m’avais raconté après la diffusion que ça avait été très éprouvant à tourner, notamment cette scène inspirée d’Orange Mécanique, avec tes paupières collées et tes yeux grand ouverts...
H. C. : J’avais des sortes de Stéri-Strips sur les paupières, donc je ne pouvais pas fermer les yeux, pendant qu’on me projettait des images que j’étais obligée de regarder. Ce qui était dur, c’est que je suis arrivée à la fin du tournage et on sentait la fatigue. Je devais tout de suite être dedans, sans avoir eu le temps de rencontrer l’équipe. C’est vrai que cette scène m’avait séduite, je trouvais que c’était quelque chose de fort. Mais j’ai été projetée sur ce plateau, j’étais nue, avec les yeux écartelés, dans une ambiance « hop, hop, hop, on tourne, on ne doit pas prendre de retard ! » Ça a donné quelque chose d’intéressant à l’écran, mais j’ai souffert physiquement ! Heureusement, ils ne m’ont pas laissée avec les yeux écartelés pendant des heures, mais c’est vrai que parfois, je devrais apprendre à dire non, à prendre les devants sur un plateau, à dire que j’ai ma place et qu’on n’a pas besoin de me torturer, même si ce n’est pas très longtemps ! (rires)
C. : On en arrive à Good Favour. Comment t’es-tu retrouvée dans cette co-production belgo-irlandaise ?
H. C. : Michaël Bier m’a appelée pour un casting : un film irlandais, en langue anglaise, mais une co-prod, avec une réalisatrice et une équipe de production irlandaises, une équipe image hollandaise, des acteurs danois, allemands et belges, et un tournage entièrement en Belgique, au Fourneau Saint-Michel, dans les Ardennes. Je me débrouille en anglais, mais j’ai pris le casting comme un exercice. J’ai eu un call-back, où la réalisatrice était présente, et là, je me suis mise à flipper, mais le rôle me plaisait vraiment beaucoup. C’est un rôle qui parle peu, le personnage n’a pas forcément beaucoup de scènes à première vue, mais on se rend compte que c’est quand même un personnage central, qui va être là à plein de petits moments, mais sans avoir de grosses scènes. Et ça, c’est quelque chose qui me plaît : pouvoir jouer par la présence plus que par du texte, surtout que c’était en anglais! J’ai souvent tourné en anglais dans des films flamands, mais là, c’était toute une équipe anglophone et j’étais dirigée en anglais ! Ceci dit, la réalisatrice voulait des accents différents, de partout, parce que ça se passe dans une communauté style Amish. Comme c’est un personnage qui a perdu un enfant – il a disparu au sens littéral – et qu’elle est un peu rejetée au sein de la Communauté, la réalisatrice m’a beaucoup poussée et m’a fait travailler sur la perte d’un enfant. Je crois même que j’ai pleuré pendant le casting. Elle m’a poussée loin, mais de manière intelligente, on voyait qu’elle savait où elle allait. J’étais très contente quand elle m’a dit que je faisais partie de l’aventure.
C. : Le film pose beaucoup de questions et ne répond à aucune. On reste dans l’ambiguïté du début à la fin, avec plusieurs interprétations possibles et c’est au spectateur de se faire sa propre opinion. Est-ce que cet aspect du scénario t’a séduite ?
H. C. : Oui, et en même temps, ce scénario a évolué, en tout cas au niveau de mon personnage, la fin du film a complètement changé. C’était une surprise agréable, parce qu’on en sait encore moins, on n’a aucune réponse et mon personnage, dans la version que j’avais lue, prenait une décision très forte, qui amenait une réponse au mystère. Je n’en dis pas trop pour ne pas spoiler, mais maintenant, dans la version finale du film, on ne sait pas très bien ce qu’il advient de mon personnage et il n’y a pas de réponse donnée. Mais ce n’est pas flou, c’est un film qui joue sur la sensibilité de ce que chacun va ressentir, de ce que ça va réveiller en chacun. Moi j’aime bien quand il n’y a pas de réponses, mais seulement si la ligne directrice est tenue et si la réalisatrice sait ce qu’elle fait et qu’on le sent. Je suis une grande fan de David Lynch, donc ce côté sensitif et sans réponses me parle beaucoup.
C. : Il y a eu beaucoup de co-productions belgo-irlandaises ces dernières années, notamment dans le domaine du fantastique. Tu es au générique de The Hole in the Ground, dans lequel tu fais la voix de la créature. Comment crée-t-on la voix d’un monstre ?
H. C. : Il leur fallait une création de plusieurs voix mélangées pour un monstre hybride. La question que m’a posée le réalisateur, Lee Cronin, c’est « Comment traduirais-tu un cauchemar par une voix ? » On a essayé pas mal de choses et je me suis un peu cassé la voix à force de chercher ! J’ai essayé d’imaginer ce qui me faisait peur quand j’étais petite : un monstre sous mon lit, une ombre qui grandit. Finalement, ils ont mêlé cinq voix : quatre voix d’hommes et la mienne. Ça donne quelque chose de très étrange. C’était très agréable à faire, parce que j’avais une liberté complète. Il m’a dit : « Je te donne mon univers, je te donne mes images, maintenant à toi de traduire tout ça avec ta voix, tu as carte blanche ». Et à partir de là, il me guidait. C’est exactement la manière dont j’aime travailler : dans la confiance, la liberté dans la contrainte !
C. : Beaucoup de jeunes actrices belges vont voir en France ou à l’étranger. Est-ce que c’est une aventure qui te tente ? Par exemple, as-tu un agent en France ?
H. C. : Oui, j’ai un agent en France. Je sais que je pourrais y tourner et y développer mon activité, mais pas pour me dire « je quitte le cinéma belge ». Je peux envisager d’aller tourner à l’étranger, mais pas du tout comme une fuite. Moi j’aime le cinéma belge, ce côté : « On n’a pas grand-chose, mais on y va, on tourne », j’aime sa simplicité. Les tournages français que j’ai pu faire étaient plus dans l’efficacité. Par contre, en tournant Good Favour, je me suis dit : Pourquoi ne pas tourner avec des Anglais, des Irlandais, même des Allemands. C’est une sensibilité plus proche de la mienne. J’ai beaucoup travaillé avec les Flamands, j’ai notamment fait beaucoup de courts-métrages pour le RITSC et je constate que je plais toujours plus du côté flamand. C’est fou, parce que je n’ai pas envoyé mes billes de ce côté-là, mais ils m’ont souvent rappelée. Ils croyaient que j’étais flamande – « Coppejans » ! Je leur répondais que je pouvais tourner en flamand, mais que j’aurais un petit accent, mais ils me disaient toujours que c’était mieux que je parle en français ou en anglais.
Si tu es trop accroché à une idée, par exemple, « Je vais aller en France, parce que c’est là que ça se passe » - ce qui n’est pas vrai, mais c’est parfois ce qu’on dit -, ça ne va pas se passer, parce que tu te mets peut-être trop de pression. L’énergie circule et voyage quand tu lâches un peu de lest. J’ai surtout envie d’ouvrir toutes les possibilités en me laissant voyager, en faisant des rencontres. Mon trajet, c’est d’y aller lentement, en faisant des projets que j’aime. Je préfère ça à des gros projets où je ne me sentirais pas à ma place et où ça ne va pas bien se passer, quitte à moins tourner. Là, maintenant, je suis bien, je me laisse aller, au flux du vent. Je dis toujours aux gens avec qui je bosse : si on a un chouette résultat, c’est super. Mais le seul moyen pour moi d’y arriver, c’est de tester, d’aller jouer ! En général, je regarde le résultat des films que je fais, parce que c’est intéressant, mais égoïstement, je m’en fiche du résultat, c’est le trajet qui compte !