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50/50 - J'adore le cinéma de Vincent Lannoo

Publié le 30/03/2021 / Catégorie: Dossier

En juin 2017, la Fédération Wallonie-Bruxelles organisait l'Opération "50/50, Cinquante ans de cinéma belge, Cinquante ans de découvertes" qui mettait à l’honneur 50 films marquants de l’histoire du cinéma belge francophone. Ces films sont ressortis en salle pendant toute une année et de nombreux entretiens ont été réalisés avec leurs auteurs. Le site internet qui se consacrait à cette grande opération n'étant plus en activité, Cinergie.be a la joie de pouvoir aujourd'hui proposer et conserver tous ces entretiens passionnants où une grande partie de la mémoire du cinéma belge se donne à lire.

 

Vincent Lannoo entreprend des études de cinéma à l'Institut des Arts de Diffusion (IAD) où il réalise un premier court métrage intitulé Meilleurs vœux puis Nathan, son film de fin d'études. En 1998, il réalise un autre court métrage de fiction de quatorze minutes J'adore le cinéma avec Olivier Gourmet, sous la forme d'un reportage avec lequel il remporte deux récompenses au Festival international du film de Bruxelles. En 1999, il réalise un court métrage de cinq minutes : Si j'avais 10... pauvres
C'est en 2001 que Vincent Lannoo se fait connaître dans un faux documentaire à petit budget Strass, avec Pierre Lekeux et Carlo Ferrante. Ce long métrage tourné en vidéo est essentiellement remarqué pour être le premier (et unique à ce jour) film belge Dogma, mouvement lancé par le Danois Lars von Trier. 
En 2005, il réalise Ordinary Man avec Carlo Ferrante, Christine Grulois, Stefan Liberski et Olivier Gourmet. En 2010, il réalise VampiresLittle Glory, écrit par François Verjans, est son premier long métrage tourné en langue anglaise. Il met en scène Cameron Bright et la jeune Hannah Murray.

50/50 - J'adore le cinéma de Vincent Lannoo

Didier Stiers : Jusqu’où J’adore le Cinéma est-il autobiographique ? 

Vincent Lannoo : A New York, où j’étais parti quelques mois, j’ai rencontré des producteurs qui m’ont conseillé de réaliser un long-métrage quand je serais de retour à la maison et qu’on verrait bien ensuite… Et puis l’idée m’est venue de faire un atelier de cinéma dans mon ancienne école secondaire. J’allais pouvoir trouver un public d'un peu tous les horizons, d’un peu toutes les minorités. Mais il m’est plus ou moins arrivé ce qui arrive au garçon dans le film et on m'a demandé de partir pour les mêmes raisons. Au départ, je voulais parler de l’immigration, et je me retrouvais face à une double intolérance : celle de ces jeunes face à l’homosexualité, et celle de la direction face à ces jeunes. J’ai donc réécrit cette histoire… pour me rendre compte qu’aujourd’hui, elle est encore, malheureusement, bien d’actualité.

 

D.S. :«Un bon film est un film qui parle de  bonheur» , affirme un des personnages du film. Et dans ce cas, le réalisateur « rend les armes » ?

V.L. : Non je ne crois pas, tout le monde fait ce qu'il veut. Je trouve personnellement plus intéressant de parler des difficultés, de ce qui m'angoisse dans le monde. Mais, ce qui est assez marrant, c'est qu'on nous demande beaucoup ce bonheur. De la comédie. On nous dit qu’il faut que ce soit un peu du « feel good movie ». C'est le grand terme aujourd'hui, le « feel good movie ». Je trouve ça intéressant, mais je pense à Chaplin : il tournait une comédie qui pouvait être très engagée politiquement. Alors, passer deux ans, ou même un an, pour un court-métrage, à faire ça, pour moi, ça n'a pas d'intérêt.

 

D.S. : Est-ce une impression ou, au vu de votre filmographie, vous avez toujours aimé vous frotter à des sujets de société « délicats » ?

V.L. : Ça ne m'a jamais refroidi, au contraire ! Je me suis toujours dit qu’avec mes origines belges très classiques, je n’avais pas vraiment de légitimité à parler d’immigration, de la Shoah ou d’autres sujets qui, pourtant, m’intéressent. Mais, justement, c’est par ce prisme-là que je le fais, parce qu’il y a des choses à raconter partout, et toujours matière à donner mon point de vue.

 

D.S. : Depuis Trepalium diffusé sur Arte, vous vous êtes également tourné vers la série télé. Le format long vous convient mieux ?

V.L. : J'avais très envie d'aller vers des histoires plus longues et les séries sont des histoires encore plus longues. Mais chaque format est vraiment un objet particulier, a son type de discours et sa grammaire. Je me suis parfois dit que j’allais refaire un court-métrage, mais je ne suis pas vraiment dans la même catégorie et ça n’irait pas, quant aux commissions ou aux festivals… C’est un marché totalement différent. On peut faire le tour du monde avec un court-métrage dès qu’il marche un petit peu. On fait alors non seulement plein de rencontres, mais on s’exerce aussi à raconter des histoires, à diriger des acteurs et on réalise un vrai film qui a même parfois une vie plus longue qu’un long-métrage. La preuve : J’adore le Cinéma me suit encore aujourd’hui !

 

Didier Stiers 

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