Un plat qui se mange tiède
Le sous-genre du « rape and revenge », popularisé par quelques longs-métrages d’exploitation controversés comme La Dernière Maison sur la Gauche (de Wes Craven), Thriller : A Cruel Picture (de Bo Arne Vibenius), La Bête tue de Sang Froid (d’Aldo Lado) et I Spit On Your Grave (de Meir Zarchi) implique un positionnement moral douteux. Volontairement provocateur et politiquement incorrect, le genre a néanmoins fait les belles heures des salles d’exploitation et des vidéoclubs. Tous ces films proposent une variation sur la même histoire : ayant subi les pires assauts sexuels de la part d’hommes bestiaux et monstrueux, la victime, tel le phénix…
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Nuits de Chine
Lina (Xi Qi) et Xiaodong (Le Geng) sont les parents d’un garçon de dix ans. En cette fin de XXe siècle, le Dong Bei, région industrielle originellement prospère de la Chine, paie un lourd tribut au passage du pays à l’économie de marché. La crise ruine plus d’un couple. Si Xiaodong, peu ambitieux, se contente de vivre dans une relative médiocrité, son épouse tient à réussir pour éponger leurs lourdes dettes et ouvrir un restaurant. Confiante, comme beaucoup d’autres femmes de la région, elle part tenter l’aventure de l’exil en France, dans l’espoir de trouver une place de nounou et de revenir rapidement avec des fonds. Xiaodong n’aime…
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La vie est un jeu de cartes
Parti en 1991 à Bujumbura, au Burundi, en tant que réalisateur-animateur de l'atelier Graphoui, Philippe de Pierpont réalise avec des enfants d'une école primaire un film sur d'autres enfants, des enfants qui intriguent par leur existence et qui interpellent les écoliers par leurs conditions de vie.
Les écoliers décident de faire un film d'animation sur les « birobezo », les « vauriens », ces enfants vêtus d' haillons, qui se terrent dans les oubliettes de la ville.
De marchés en stations services, les enfants des rues arpentent les quartiers à la recherche d'un petit boulot, une voiture à garder ou des caisses…
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Saint-Géry, Bruxelles. Un des cœurs vieillissant de la capitale est en prise aux ruptures générationnelles qui opposent les résidents retraités à la fureur nocturne des rues festives. L'occasion pour le comité de quartier de prendre les armes cinématographiques.
Plus que le portrait d'un lieu, Nuit et Jour à Saint-Géry est le portrait d'habitants en proie au délitement d'un confort et à un mode de vie qui s'étiole face à une jeunesse hurlante. Pour le meilleur comme pour le pire. Le comité réalisateur du film, malin et plus tout jeune, tente tant que possible d'éviter les amalgames. Ainsi, les vieux cons, petits bourgeois ne le sont qu'un…
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Récemment récompensé lors du festival Anima, Le Marcheur avait déjà marqué les esprits pendant le festival du court métrage de Clermont Ferrand où il avait reçu le prix du meilleur film d'animation francophone.
Animateur au sein de Camera etc., conférencier en charge du cours de Cinéma d'animation à l'Ecole Supérieure des Arts St-Luc à Liège, Frédéric Hainaut n'en est pas à son premier coup d'essai. En 2015, avec Un Homme sans, il trace le parcours d'un cyclo-voyageur qui vagabonde pendant plusieurs mois à travers l'Afrique. Il reprend l'idée de la marche, des pérégrinations dans son dernier…
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La liberté a ceci de difficile : elle est une énorme responsabilité pour celui qui la possède, ou croit la posséder. Dans son premier long-métrage, Guérin Van de Vorst nous fait le portrait nuancé et complexe d’un homme qui, au sortir de prison, peine à gérer son autonomie nouvellement acquise, tiraillé qu'il est par ses désirs, ses pires impulsions et les dangereuses promesses de sa religion.
Lorsque Ben (Vincent Rotiers) sort de prison, il n’est pas complètement dépourvu de moyens : il a un appartement meublé, il peut encore compter sur certaines connaissances, et quelques anciens amis. L’un d’entre eux lui procure d’ailleurs un travail,…
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Un an après avoir présenté au FIFF Le Dernier Gaulois, son film documentaire réalisé en animation, Samuel Tilman revient avec un polar hitchcockien de très bonne facture, qui se joue des faux-semblants, de la culpabilité et du système judiciaire.
Lorsque David est appelé à témoigner sur le meurtre d’une femme, personne dans son entourage ne prend la chose avec beaucoup de sérieux. Tout au plus, certains expriment une certaine inquiétude pour son bien-être, mais il ne fait pas de doute que ce père de famille et mari aimant n’a rien à se reprocher. Cette situation change progressivement lorsque certaines informations compromettantes apparaissent à son sujet, révélant…
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En quelques films, Alain de Halleux, diplômé en sciences nucléaires et réalisateur, semble s'inscrire dans une volonté de témoignage autour des institutions qui guident notre consommation. Mais de quelles manières et surtout à quel prix ? Beyond The Waves enquête sous un angle différent. Celui d'un artiste Japonais particulièrement sensible à la question.
C'est dans un narcissisme exacerbé mais totalement assumé que le film prend sa source. Ce pêché d'égo, c'est celui de Taro Yamamoto, acteur dont l'existence fut chamboulée par l'accident nucléaire de Fukushima. Sa vie, sa vision, sa conscience politique et environnementale donneront,…
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Dégâts des zoos
L’ombre de Wes Anderson plane sur le troisième film d’Antony Cordier (Douches Froides, Happy Few) : famille dysfonctionnelle, personnages tragi-comiques, relation frère-sœur quasi-incestueuse, goût prononcé pour l’absurde, images colorées… Mais bien plus qu’un vulgaire succédané de La Famille Tenenbaum, Gaspard va au Mariage réussit à trouver ce subtil équilibre entre différents genres, autant drame familial que comédie loufoque et décalée. Le film a pour décor un zoo, paradis perdu et métaphore évidente des troubles qui secouent les membres d’une famille de farfelus en train de sombrer peu à peu…
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... Ah oui, mais non !Et les loyers faudra payerAu Béguinage je veux resterMaître de mon foyer, de mon foyer.parce que brodé par borisCe dédale aux gestes minuscules ouïs me perce et me perd donne parole à l'essentiel rien...
Serge Meurant
Ces quelques mots pour dire le plaisir que j'ai pris à voir le film Magnum Begynasium Bruxellense.J'ai pensé à ces dérives "excentriques" des autistes de Deligny, à ces imperceptibles tourbillons qui s'ouvrent comme un oeil...Il y a quelqu'un qui marche dans le film et impose sa démarche au spectateur, sans que celui-ci soit "voyeurisé" ou enseigné.Plutôt qu'au discours, Boris Lehman s'est attaché à rendre…
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Un scientifique au poil…
« Etendre l’esprit de justice et de fraternité à tous les animaux une fois que l’Homme se sera affranchi du racisme et du colonialisme », voilà l’ambitieux objectif que s’était fixé Bernard Heuvelmans (1916-2001), un Belge hors du commun, méconnu du grand public, mais très proche de personnalités comme Hergé ou Henri Vernes, qui étaient ses amis. L’Abominable Homme des Neiges de « Tintin au Tibet » et bien d’autres planches signées Hergé sont inspirés de ses recherches ! Le documentaire de David Deroy est un véritable bond en arrière dans les années 60 qui nous fait (re)découvrir…
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Chaleur étouffante, montagnes de sables, décors magnifique, Drôle de pays nous emmène dans une marche dans la désert marocain avec douze jeunes en difficultés psychiques.
Ce court métrage de Clémence Hébert dévoile des personnalités diverses, il y a les fans de Harry Potter, les chanteurs amateurs et les cascadeurs. Tous marchent vers une destination inconnue du spectateur. Où vont-ils ? D'où viennent-ils ? Pourquoi ont-ils décidé de marcher dans ce désert ? Des questions auxquelles nous n'aurons peut-être jamais de réponses.
Ce film aux paysages désertiques laisse place à l'imaginaire mais montre aussi les difficultés…
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Avec La Porte Ouverte, le spectateur est au plus près de jeunes autistes. Il assiste à leurs quotidiens (réveil, repas, balade) et est face à leurs vies dans les bons comme les mauvais moments...
Ce film, tourné dans des camps de vacances à l'Institut la Porte Ouverte à Blicquy, met en scène un établissement où les jeunes peuvent s'exprimer comme ils le souhaitent. Entre danses, chants, piano et guitare, ils extériorisent leurs émotions par la musique.
Par le biais de ses films, Clémence Hébert expose la maladie et ne cherche pas à la cacher. Celle-ci va au plus près de ces jeunes et est spectatrice de leurs vies. Que ce soit dans le désert comme dans Drôle…
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Gonna Fly Now…
« Qui c’est qui monte qui monte? C’est la petite bête. C’est la bêbête. C’est la petite bête à Bon-Dieu… » chantait le Grand Jojo, déguisé en matelot sur son album « Plein Tube » en 1980, dans un vibrant hommage à notre amie la coccinelle. (L’insecte, pas la voiture...) Cette leçon essentielle d’entomologie rythmique, Pierre Coudyzer l’a bien retenue puisque c’est devenu le leitmotiv de son épatant court-métrage animé. Il a simplement troqué la chanson du Jojo (aux paroles trop complexes pour le public moderne) pour une jolie mélodie signée Danny Elfman. Ce qui lui a valu…
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En février 1958 se tenait à Droixhe, dans la banlieue liégeoise, l’inauguration d’un ensemble d’immeubles qui faisait alors rougir les adeptes les plus radicaux des lignes architecturales brutalistes et puristes de la cité radieuse. Un rêve verdoyant que l’on se pressait de visiter Été 1997. Le rêve urbanistique a viré au cauchemar. Les horizons cimentés et tours de béton préfabriqués prennent l’espace en otage.
Les habitants, issus d’une quarantaine de nationalités différentes, cohabitent, tous parqués dans ces tours postmodernes. Autant de portraits vivants qui occupent cette forêt urbaine coulée par le désespoir sans véritable…
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